Ducati se donne jusqu'au Grand Prix d'Italie - prévu fin mai au Mugello - pour choisir l'équipier de son leader Francesco Bagnaia en 2025. Le très rapide Jorge Martin tient la corde pour succéder à Enea Bastianini, mais les prouesses de Marc Marquez sur l'ancienne génération de Desmosedici ne passent pas inaperçues !
Avec huit motos et presque autant de forts talents sur la grille, Ducati est dans une situation enviable en catégorie reine. Preuve en est, cette saison encore, sa domination sans partage sur le MotoGP : le constructeur s'est déjà imposé à quatre reprises sur cinq Grand Prix disputés, la cinquième manche revenant à un Maverick Viñales des grands jours sur l'Aprilia à Austin (USA).
Ses pilotes trustent les podiums et, en toute logique, les premières places du provisoire : Jorge Martin - sur sa lancée de son autoritaire doublé en France - mène avec 129 points devant le tenant du titre Francesco Bagnaia (91 pts), Marc Marquez et Enea Bastianini (ex-aequo avec 89 pts). Ironie du s(p)ort : ce quatuor est justement au centre de toutes les discussions chez Ducati pour la saison prochaine…
La marque de Bologne doit effectivement statuer sur la distribution des guidons de ses deux motos officielles, à ce jour attribuées à Pecco Bagnaia et Enea Bastianini. Le contrat du n°1 ayant été rapidement prolongé jusqu'en 2026, c'est plus exactement l'identité de son coéquipier qui alimente toutes les spéculations… Trois choix s'offrent à Ducati : renouveler Bastianini, promouvoir Martin - qui attend ça depuis 2022 - ou faire grimper Marc Marquez.
A ce jour, la probabilité que Bastianini (ci-dessous) conserve les couleurs officielles est faible : l'italien, aussi doué soit-il, peine à concrétiser les attentes placées sur lui depuis sa nomination aux côtés de Bagnaia. "Bestia" s'est malheureusement lourdement blessé pour sa première saison comme pilote officiel, avant d'ensuite rencontrer de grosses difficultés à s'acclimater à la Desmosedici 2023.
Résultat, le n°23 n'est monté sur le podium qu'à une seule reprise l'an dernier : lors de sa victoire au Grand Prix de Malaisie. Sa saison 2024 paraît mieux amorcée : deuxième au Portugal puis troisième en Amériques, Enea Bastianini avait le rythme pour jouer devant dimanche dernier au Mans. Mais il termine au pied du podium à cause d'un long-lap reçu pour son dépassement gênant sur Aleix Espargaro…
"J'ai la vitesse, mais parfois, il faut de la chance pour tout assembler… et ça n'arrive pas en ce moment pour moi", reconnaît-il avec une pointe d'amertume après le GP de France. "Cela me met en colère, mais Ducati voit mon potentiel (...). Ceci étant, Ducati voit aussi ce que fait Jorge : il a gagné la course aujourd'hui, c'est un pilote très rapide et je sais que la décision est très difficile".
La décision est d'autant plus ardue que la sélection ne se limite pas à Jorge Martin et Enea Bastianini. Marc Marquez entre aussi dans l'équation ! L'ancien chef de file Honda s'est classé quatrième dès sa première course longue au Qatar, avant de manquer le coche suite à des chutes au Portugal et en Amériques, puis de grimper deux fois sur la deuxième marche du podium en Espagne et en France.
Son splendide duel contre Bagnaia à Jerez a également marqué les esprits, tout comme ses spectaculaires remontées de la 13ème à la 2ème place au sprint et en principale au Mans ! Le tout avec une Demosedici satellite de l'année précédente, avec laquelle il ne s'est par ailleurs pas privé de dépasser la moto officielle de Bagnaia dans le dernier tour du GP de France. Bref, Marquez a parfaitement réussi son adaptation à la fusée Rouge.
Ducati se retrouve par conséquent dans une position inconfortable : son deuxième guidon d'usine semble destiné à Jorge Martin, qui le réclame fort justement de par son statut actuel de leader du championnat. Le madrilène est très clair avec les Rouges : s'il n'obtient pas cette consécration en 2025, il s'en ira à la concurrence. KTM, notamment, lui aurait fait une offre ferme valable jusqu'à début juin…
Le vice-champion du monde ne s'en cache pas : son ego avait souffert l'an passé quand Ducati lui avait préféré Bastianini, alors même que le n°89 s'était battu pour le titre jusqu'aux derniers instants. Jorge Martin, aussi fier que rapide, ne supportera pas de nouveaux compromis : c'est la moto rouge qu'il veut, et rien d'autre. Peu importe de savoir qu'il pilote le même millésime avec soutien - et salaire - de l'usine chez Pramac !
"Je pense que je n'ai rien à prouver pour mon avenir", a précisé "Martin-ator" après son week-end parfait au Mans (pole record puis victoire au sprint puis au GP). "Quoiqu'il se passe durant les prochaines courses, que je gagne, ou même que je tombe, je pense que j'ai déjà fait tout ce que j'avais à faire".
Jorge Martin n'a pas tort… mais fait désormais face à l'octuple champion du monde, Marc Marquez ! Impossible pour Ducati de négliger l'option n°93, non seulement compétitif sur une "n-1" mais aussi (et surtout ?) extrêmement précieux sur un plan marketing. Cela peut paraître injuste, mais Marc Marquez draine davantage de fans et de sponsors que Martin et Bastianini réunis !
Un exemple ? Le n°93 est suivi par 4,6 millions de personnes sur sa page Facebook contre 193 000 pour Martin et 244 000 pour Bastianini. A titre de comparaison, notre champion Fabio Quartararo - pourtant très présent sur les réseaux - rassemble 999 000 amis… alors que Valentino Rossi écrase encore tout le monde avec 12 millions de followers !
"C'est Marc Marquez, un octuple champion du monde : c'est une bête au niveau marketing", fait remarquer Jorge Martin, conscient de la valeur de son rival. "Je comprendrais cette position (que Ducati le choisisse, NDLR). "Quoi qu'il arrive, je ne me retrouverai pas sans moto et j'aurai de bonnes options", rappelle-t-il.
Bref, installer Marc Marquez dans l'équipe officielle n'a pas que des avantages sportifs pour Ducati : c'est aussi l'assurance d'attirer projecteurs et partenaires. D'autre part, promouvoir l'espagnol permet aussi d'éviter qu'il ne s'en aille renforcer les effectifs concurrents. Car Marquez est également très clair sur ses objectifs : il convoite une moto de dernière génération pour 2025, "'n'importe quelle moto, n'importe quelle couleur, n'importe quelle marque", a-t-il précisé au Mans.
"Comme je suis compétitif, il est clair que l'année prochaine je veux essayer d'avoir la dernière évolution", ajoute l'ancien patron de la catégorie reine, qui expose les ressources pour le redevenir ! Reste que Ducati sacrifierait deux jeunes talents en le choisissant : Martin et Bastianini n'ont que 26 ans et encore de belles saisons à accomplir. A 31 ans, Marquez est davantage dans la dernière partie de sa carrière.
Dans ce contexte, un autre élément d'ordre financier vient apporter du piment supplémentaire : Marc Marquez est généreusement soutenu par plusieurs sponsors personnels qui sont en concurrence avec ceux de l'équipe officielle Ducati. Or, ce sont ces mêmes sponsors qui maintiennent son train de vie cette année : sa nouvelle équipe Gresini n'ayant pas les moyens de débourser des millions comme le faisait le HRC !
Le n°93 compte notamment Red Bull dans ses sponsors personnels mais également Samsung, Allianz, Oakley et Estrella Galicia. L'équipe officielle Ducati est de son côté enagée avec des rivaux frontaux de ces marques. Dans l'ordre : Monster, Lenovo, Unipol, Carrera et Contati Castaldi. "Parfois dans la vie, il faut prendre des décisions que l'on préfererait éviter", reconnaît Marc Marquez.
Une alternative consiste à transférer Marc Marquez chez Ducati-Pramac à la place de Jorge Martin, qui récupère le guidon officiel de Bastianini. Marquez piloterait une Desmosedici de dernière génération avec soutien direct de l'usine, conformément à ses souhaits, mais sans les couleurs officielles. L'espagnol y gagnerait de conserver ses sponsors et une certaine tranquillité, au détriment du prestige du box rouge…
Ducati de son côté cocherait toutes les cases : Martin serait enfin comblé et Pramac forcément ravi de récupérer un calibre comme Marc Marquez ! Un dernier point qui n'est pas sans importance alors que Yamaha s'est rapproché du boss de Pramac pour en faire sa nouvelle équipe satellite en 2025. Autrement dit, si Marquez accepte le deal et remplace Martin dans la structure de Paolo Campinoti, Yamaha se retrouverait le bec dans l'eau !
Pos. | Pilote | Ecurie | Points |
1 | 89 J. Martin | Prima Pramac Racing | 129 |
2 | 1 F. Bagnaia | Ducati Lenovo Team | 91 |
3 | 93 M. Marquez | Gresini Racing MotoGP | 89 |
4 | 23 E. Bastianini | Ducati Lenovo Team | 89 |
5 | 12 M. Viñales | Aprilia Racing | 81 |
6 | 31 P. Acosta | Red Bull GASGAS Tech3 | 73 |
7 | 33B. Binder | Red Bull KTM Factory Racing | 67 |
8 | 41 A. Espargaro | Aprilia Racing | 51 |
9 | 49 F. Di Giannantonio | Pertamina Enduro VR46 Racing Team | 47 |
10 | 72 M. Bezzecchi | Pertamina Enduro VR46 Racing Team | 36 |
11 | 73 A. Marquez | Gresini Racing MotoGP | 33 |
12 | 20 F. Quartararo | Monster Energy Yamaha MotoGP Team | 25 |
13 | 43 J. Miller | Red Bull KTM Factory Racing | 24 |
14 | 88 M. Oliveira | Trackhouse Racing | 23 |
15 | 25 R. Fernandez | Trackhouse Racing | 18 |
16 | 21 F. Morbidelli | Prima Pramac Racing | 15 |
17 | 37 A. Fernandez | Red Bull GASGAS Tech3 | 13 |
18 | 36 J. Mir | Repsol Honda Team | 12 |
19 | 5 J. Zarco | CASTROL Honda LCR | 9 |
20 | 42 A. Rins | Monster Energy Yamaha MotoGP Team | 7 |
21 | 26 D. Pedrosa | Red Bull KTM Factory Racing | 7 |
22 | 30 T. Nakagami | IDEMITSU Honda LCR | 6 |
23 | 10 L. Marini | Repsol Honda Team | 0 |
24 | 6 S. Bradl | HRC Test Team | 0 |
25 | 32 L. Savadori | Aprilia Racing | 0 |
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Plateau : Les pilotes et leurs motos 2025
02 mars : GP de Thaïlande
16 mars : GP d'Argentine
30 mars : GP des Amériques
13 avril : GP du Qatar
27 avril : GP d'Espagne
11 mai : GP de France
25 mai : GP de Grande-Bretagne
08 juin : GP d'Aragon
22 juin : GP d'Italie
29 juin : GP des Pays-Bas
13 juillet : GP d'Allemagne
20 juillet : GP de République Tchèque (sous réserve)
17 août : GP d'Autriche
24 août : GP de Hongrie (sous réserve)
07 septembre : GP de Catalogne
14 septembre : GP de Saint-Marin
28 septembre : GP du Japon
05 octobre : GP d'Indonésie
19 octobre : GP d'Australie
26 octobre : GP de Malaisie
09 novembre : GP du Portugal
17 novembre : GP de Valence
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