Traditionaliste, Royal Enfield ? Partiellement, car il ne se passe plus un trimestre sans que la marque ne fasse vibrer l’actualité. Après une année 2024 bien remplie (Super Meteor et Shotgun 650, Himalayan 450, etc), un nouveau modèle pointe le bout de son phare pour 2025 : la Bear 650, considérée comme son premier Scrambler. Essai !
Premier scrambler, vraiment ? Certes, Royal Enfield passe pour une marque bien tranquille, peut-être trop pépère pour certains. Et pourtant, la firme lancée à Coventry (Royaume-Uni) a un passé en compétition : dès 1904, elle remportait sa première victoire avec sa Minerva, dominant une course de 5 miles sur le circuit de Brighton. Plus surprenant, RE ira jusqu’à briller au TT de l’Ile de Man en décrochant une 3ème place (catégorie Junior) en 1914.
Mais revenons à nos moutons. Ou revenons à nos ours, plutôt ! Le nom "Bear" rend justement hommage à un autre course mythique aux États-Unis, la Big Bear Race née en 1921 d’un pari fou entre deux amis : relier Los Angeles à Big Bear Lake, soit près de 160 miles à travers le désert.
Au fil du temps, l’épreuve a grandi jusqu'à devenir incontournable. Mais il a fallu attendre 1960 pour qu’un certain Eddie Mulder, alors tout juste âgé de 16 ans, crée la surprise en remportant le rallye au guidon de sa Royal Enfield Fury 500cc modifiée (n°249), écrasant - au sens figuré, hum - 700 concurrents au passage ! La légende était née.
Marier la nostalgie d’une époque révolue à la technologie moderne est un exercice subtil, voire périlleux. Royal Enfield maîtrise néanmoins cet art à la perfection, comme en témoignent ses Bullet 350/500 ou sa toutes récente Classic 650. Bien qu'inexistante historiquement parlant dans la gamme du constructeur, la Bear 650 n’échappe pas à l’exercice du néo-rétro. MNC fait le tour du propriétaire...
Jeune ! C’est le sentiment qui se dégage de ce pétillant scrambler. L'œil averti reconnaîtra sans peine le cadre et le réservoir de 13,7 litres empruntés à l'Interceptor 650. Mais la vraie surprise vient de sa roue avant inédite de 19 pouces qui renforce visuellement ses prétentions au tout-terrain.
Il souffle comme un vent de "Designed in California" (Made in India !) sur cette moto équipée d'une selle café-racer, d'un échappement relevé - mais pas trop pour éviter les coups de chaud - et de plaques latérales, clin d’œil à "Fast Eddie", le tout saupoudré de couleurs acidulés.
Le bicylindre à refroidissement air/huile de 47 chevaux à l'architecture "so British" apporte un véritable cachet à la moto, mélangeant héritage/classic et caractère/moderne avec brio. Les Moto-Anautes - qui comme cahacun sait, sont un peu plus observateurs que les autres - noteront et apprécieront peut-être sa teinte plus sombre que sur la Classic précédemment testée par le Journal moto du Net.
Dans une stratégie assumée de rajeunir sa clientèle, Royal Enfield mise sur et vise sans complexe la génération 100% connectée avec sa Bear 650. On note ainsi la présence d’origine d’un éclairage/clignotants LED intégral et d’un écran circulaire TFT couleurs de 4 pouces à connectivité Bluetooth, sur lesquels nous reviendrons plus en détails.
Animée par le même moteur que la Classic 650, mais allégée de 30 kilogrammes d'après la balance officielle du constructeur (214 kg tous pleins faits contre 243 très exactement), la Bear peut-elle être une alternative plus souple et joueuse ? Essai !
Avec sa hauteur de selle de 830 mm, la Bear se laisse facilement apprivoiser, même par les pilotes de petit gabarit, d'autant que son poids - bien que réparti vers l’avant - n’est en rien un problème. Béquille relevée, première enclenchée (clong) et c'est parti !
Quelques minutes après avoir essayé la Classic 650, MNC peut aisément comparer les deux machines qui pourraient intéresser les mêmes motards... Sur l’ours, la position est plus avancée que sur la classique, le buste est droit et la tête haute : une posture naturelle en somme, plus à même à anticiper et réagir aux imprévus de la ville.
La ville ? Parlons-en justement. En bon scrambler, cette Royal Enfield fait partie de ces motos au gabarit fin qui se faufilent sans effort, se jouant avec malice des pièges de la circulation, qu’il s’agisse du rush matinal ou des embouteillages du soir. Petit plus non négligeable : 80% du couple est disponible dès 2300 tours. Pratique !
Côté maniabilité, rien à redire : à l’arrêt ou même à basse vitesse, on ne se pose même pas de question. C’est intuitif et facile, tandis que le rayon de braquage est dans la norme.
Sur les routes d’Alcalà de Henares, la Bear se révèle et dévoile un potentiel intéressant. À commencer par le moteur : malgré une puissance modeste, il procure un plaisir immédiat, avec un agrément surprenant. De plus, la consommation avoisine les 4,16 litres/100, offrant une autonomie d’un peu plus de 300 km.
Comment un bicylindre de 47 petits poneys peut-il autant donner le sourire ? Certes, il dispose de peu de vivacité à haut régime - architecture mécanique oblige -, mais il conserve un côté fun indéniable, sans parler du son qui s’échappe du silencieux légèrement relevé. Une sonorité un poil caverneuse qui fait du bien à l'ère du tout aseptisé et des normes castratrices.
Même sous une pluie battante, les pneus MRF Nylorex au dessin "cramponné" assurent une bonne tenue de route. Unique frustration : ne pas avoir pu les solliciter davantage sur un revêtement resté désespérément humide ! MNC note d'ailleurs une partie cycle bien ferme, peut-être même trop.
On trouve sur cette Royal Enfield 650 une fourche inversé de 43mm Showa et un double amortisseur arrière réglable en précharge signé du même fabricant. L'ensemble manque d’amplitude, et la selle, trop fine, aurait mérité quelques centimètres de mousse en plus pour améliorer le confort.
Question freinage, le feeling est bon et l’ensemble reste efficace malgré des simples disques de 320 mm à l’avant et 270 mm à l’arrière, équipés tous deux d’étriers double pistons Bybre (le Brembo indien). L’ABS, quant à lui, remplit son rôle et apporte une sécurité réconfortante, surtout par temps pluvieux comme ce fut le cas pour nous.
Et l'Off-Road dans tout ça ? Royal Enfield n'en avait pas prévu sur ce lancement presse et l'a justifié en classant sa Bear 650 parmi les - nombreux - "Scramblers routiers" sur son site officiel. Traduction ? L'ours est destiné au bitume goudronné plutôt qu’aux pistes poussiéreuses. Dommage ?
Doit-on pour autant remettre en question sa dénomination Scrambler ? Pas si sûr... La Bear reste une bonne candidate pour tout alchimiste rêvant de la transformer en baroudeuse hors-piste. Les ateliers de préparation s'en lèche déjà généreusement les babines !
L'écran TFT de 4 pouces est le seul clin d’œil adressé à la modernité, et comme souvent chez Royal Enfield, cette touche high-tech est habilement intégrée dans un design résolument rétro, grâce à sa jolie forme circulaire. Les indiens marquent ici un point en gardant l'esprit vintage, ornementé des commodités actuelles !
Google Maps, commandes multimédias et autres gadgets tout-connecté sont intégrés dans cette instrumentation entièrement couleurs. La navigation s'effectue via un petit joystick discrètement logé dans le commodo gauche… un peu trop petit hélas, et à la sensibilité très vive. Un conseil : rester patient et retirer les - gros - gants pour l’utiliser.
L’interface générale est dynamique et agréable, tout comme la fluidité des informations affichées (compte-tours à aiguille digital, jauge de carburant, témoins de rapport engagé et de béquille latérale, vitesse, horloge, température, etc). On retrouve également un port USB 2.0 type C, bien utile…
Le guidon n’est pas inconnu puisqu’il provient de l’Interceptor 650, reconnaissable en partie par sa barre de renfort centrale. On retrouve également les commodos simplistes dotés du distinctif bouton "basculeur" servant à réveiller le bicylindre. L’ensemble, sans être haut de gamme, est de bonne qualité et participe à l'aspect ludique et sympathique de la Bear 650.
Ce scrambler à la tenue élégante et aux finitions soignées dispose d’emblée d’un authentique capital sympathie. Moteur disponible et coupleux à bas régime, freinage au rendez-vous et instrumentation de bord fluide et agréable : on peut dire que la Bear est une belle réussite de la part de la marque indo-anglaise.
Seul principal bémol : l'Off-Road, car au vu de ses suspensions fermes, il y a fort à parier que ce scrambler restera sur route… Quoique, rien n'est impossible et RE propose un panel d’équipements assez complet pour transformer la Bear en grizzly plus sauvage.
Cette nouveauté 2025 est disponible en trois coloris en France : le Vert "Petrol" s'affiche à 7640 euros, le Gris "Golden Shadow" (à fourche dorée) est proposé à 7790 euros, et le Blanc "Two Four Nine" (à cadre vert) est vendu à 7890 euros. La LOA sur 37 mois sans apport est prévue, à 148 euros par mois : il parait que les jeunes n'achêtent plus, ils loups louent...
Rivales de la Bear 650 (bicylindre 47 ch, 53 Nm, 214 kg - 7640 euros) :
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CONDITIONS ET PARCOURS | ||
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POINTS FORTS BEAR 650 | ||
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POINTS FAIBLES BEAR 650 | ||
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