La marque de motos électriques LiveWire a officiellement lancé hier soir à Paris une inédite S2 Alpinista. Ce roadster reprend la mécanique de l'originelle Del Mar (typée Flat Track) et du récent cruiser Mulholland, mais s'en distingue par ses jantes de 17 pouces. Présentation - et discussion - avec le boss européen, Dominique Dutronc.
Le lancement de cette S2 Alpinista devait être double : l'un à Paris (ville hôte des JO 2024), l'autre à Los Angeles (qui accueillera les JO 2028, avec Tom Cruise au guidon toujours d'une LiveWire ?!). Hélas, les terribles incendies ont eu raison de la "party" organisée en Californie, reprogrammée le 12 février prochain.
De notre côté de l'Atlantique en revanche, la fête s'est déroulée comme prévu. Pourquoi notre capitale ? Avec sa population nombreuse et variée, sa réglementation sulfureuse et assumée, "Paris est un laboratoire à ciel ouvert pour la mobilité urbaine", justifie Dominique Dutronc, directeur général de LiveWire sur la zone EMEA (Europe, Moyen-Orient et Afrique).
Arrivé aux commandes de la marque américaine en juin 2024, le nouveau boss européen est un ancien de la marque suédoise de deux-roues électriques Cake... débranchée il y a près d'un an, "outch". Il nous accueille au sein de la concession Harley-Davidson Paris Rive Gauche, maquillée pour l'occasion en espace d'exposition, mais qui fait office de "vrai" magasin LiveWire en temps normal.
Or c'est une première bonne nouvelle : la S2 Alpinista dévoilée hier soir peut être achetée dès aujourd'hui ! Il ne s'agit donc pas d'un obscur concept ou d'un prototype en argile : cette moto est "désormais en vente, avec un stock immédiatement disponible chez les concessionnaires en Amérique du Nord et en Europe", garantit la marque… sur facture fixée à 18 990 euros.
Les rares motards français à s'être offert la S2 Del Mar l'an dernier (32 immatriculations en 2024, 12 pour la "big" One) noteront une minime réduction de 300 euros concernant le tarif et, surtout, une grosse diminution de deux pouces de chaque roue : l'Alpinista reçoit des jantes de 17 pouces afin de répondre à la demande de clients... certains clients.
Selon Mister Dutronc, la Del Mar aurait beaucoup séduit les "bikers" américains grâce à son style Flat Track. Tout comme la deuxième version Cruiser lancée l'an dernier aux États-Unis et baptisée Mulholland, mais qui débarquera un peu plus tard sur le vieux continent moins adepte de fourche rallongée et guidon rehaussé...
Pour capter l'attention - et l'argent - des motards européens, il était préférable d'adopter de plus petites roues dans le but d'améliorer - grandement ? - le maniement et l'agilité de la machine (dont le poids passe de 198 à 197 kg, en passant). Pour mieux coller à "un programme urbain ou péri-urbain", convient en fait notre interlocuteur.
"L'un des points forts de ce nouveau modèle est sa paire de roues de 17", qui améliorent les capacités de conduite tout en réduisant la hauteur de selle de 28 mm par rapport à la S2 Del Mar", souligne habilement LiveWire, les fiches techniques du site officiel situant les selles à 792 mm sur le roadster contre 825 sur le "Flat Track". D'autre part, la S2 Alpinista bénéficiera d'un choix pléthorique en termes de pneumatiques...
"Associé aux pneus Dunlop Roadsmart IV, cet ensemble optimise la moto pour la conduite sur route, offrant des angles d'inclinaison impressionnants de 52,1° à gauche et 44,2° à droite, et garantissant un confort et une maniabilité supérieurs pour les trajets quotidiens comme pour les balades dynamiques sur des routes sinueuses", ajoutent ses concepteurs.
Certes, la S2 Alpinista et sa campagne de promotion "Via Ferrata" met en avant le caractère joueur de la moto dans les virages, et le plaisir que peut procurer cette monture silencieuse et dépourvue d'embrayage - c'est à la mode, y compris sur les motos "thermiques" ! - dans de magnifiques paysages montagneux.
Avec une autonomie maxi - de chez maxi - estimée à 144 km en usage mixte (194 km en ville), il faudra tout de même prévoir une rallonge pour parcourir la route Napoléon ! Ou des pauses préalablement et soigneusement anticipées afin de remplir les batteries : 78 minutes pour passer de 20 à 80 % de charge sur une prise de niveau 2… mais près de 6 heures sur le secteur.
Les autres données techniques sont plus réjouissantes, puisque "l'Alpinista est capable de passer de 0 à 60 (mph, soit 96 km/h, NDLR) en 3,0 secondes, avec une puissance de 84 ch et un couple de 263 Nm à la disposition du pilote", renseigne le constructeur US.
À titre de comparaison, le moteur électrique (le même que sur la Del Mar, toujours alimenté par une batterie de 10,5 kWh et équipé d'un antipatinage couplé à une centrale inertielle, ouf ?!) possède un couple maxi nettement supérieur à celui du Milwaukee-Eight 121 qui officie par exemple sur la monumentale CVO Road Glide : le V-Twin de 1977 cc (!) développe 183 Nm qui ne sont pas de trop pour catapulter l'engin de 393 kg tous pleins faits.
Autre bon point de la motorisation électrique : les 84 purs-sangs dont bénéficient l'Alpinista "en pic" sont officiellement réduits à 40 chevaux en puissance continue, rendant donc cette S2 et ses deux sœurs jumelles accessibles aux détenteurs du permis A2 ! Les motards débutants - et très aisés - sont donc les bienvenus.
Les américains travaillent-ils sur une S1 pour les permis A1 et les nombreux permis B ? "Nous étudions toutes les opportunités", se contente de répondre le DG européen. "Nous avons surtout un marché à créer et pour cela, il faut enrichir l'offre, multiplier les produits et attirer des compétiteurs", avoue-t-il en regrettant la faillite d'Energica, mais saluant la persévérance de Zero Motorcycles et se réjouissant du retour de Can-Am...
En France, les ventes de "vraies" motos électriques sont à la masse (huhuhu) mais la marque est confiante : avec l'essor de la voiture électrique, les mœurs des automobilistes - motards aussi, pour certains - ont évolués et les infrastructures sont bien plus solides qu'il y a 10 ans, au démarrage du "projet" LiveWire.
La marque "spin-off" de Harley-Davidson (le développement, la production et l'administration des motos Livewire se font toujours à Milwaukee dans le Wisconsin) travaille justement sur un autre projet à haut potentiel : un maxiscooter, extrapolation de la même plateforme S2.
Les lecteurs de Moto-Net.Com - qui, comme chacun sait, ont un peu plus de mémoire vive que les autres - se souviennent qu'il y a deux mois lors du salon Eicma 2024, LiveWire avait levé le voile sur deux versions d'un même projet mené en collaboration avec le spécialiste taïwanais Kymco, par ailleurs actionnaire de LiveWire.
"Début 2026, entre janvier et mars, nous sortirons notre premier scooter", nous confirme Dominique Dutronc. LiveWire tentera ainsi de court-circuiter BMW, à ce jour le seul constructeur à connaître un authentique succès en France dans le motocycle électrique (hors cyclo) grâce à son CE 04 (au C Evolution avant lui) et tout dernièrement sa mini moto CE 02. Affaires à suivre sur MNC, restez branchés !
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