À l'instar de nos quatre mousquetaires du Supersport, de nombreux pilotes inscrits au championnat du monde de Superbike ont eu droit à quatre journées de test avant de s'envoler pour l'Australie. Le champion Jonathan Rea a signé les meilleurs chronos, alors que la concurrence continue de pousser...
Sous un doux soleil à Jerez en fin de semaine dernière, contre un vent frais à Portimao avant-hier : quel que soit les conditions de roulage, Jonathan Rea demeure le plus rapide ! Détrôner le quadruple champion de World Superbike ne sera vraiment pas simple, surtout lorsqu'on jette un rapide coup d'oeil aux feuilles des temps (voir plus bas)...
Une seconde ou presque. C'est l'écart - le fossé ! - qui séparait Jonathan de son copain Alex Lowes, deuxième à l'issue de la dernière journée de tests sur notre continent. Le spectacle de Johnny continue donc ! Toujours aussi grandiose pour les fans du "Number One" et pour supporters des Verts (d'Akashi, pas de St-Etienne). Toujours aussi écoeurant pour les autres...
Les commentaires, les audiences, les reproches parfois : Rea n'en a que faire, à juste titre. Son objectif pendant ces essais hivernaux est de mettre au point la moto la plus rapide et la plus endurante possible. Rien ni personne ne le déviera de sa trajectoire. Impitoyable le "JR" ? Avec ses adversaires, assurément.
Rea se montre bien plus prévenant avec son matériel : "sur pneus de course, nous avons fait de nombreux tours et nous tournions encore très fort", assure son chef-mécano Pere Riba. L'invincible duo (?) a du travailler sur la partie-cycle de sa Ninja, pour l'adapter à la toute dernière version du 4-cylindres Kawa.
"Le nouveau moteur a un caractère légèrement différent en entrée et en sortie de courbe, les haut-régimes sont différents", décrit l'ancien pilote espagnol. "Cela affecte aussi le châssis et il faut tout coordonner. Honnêtement, nous avons fait un pas en avant et Johnny volait"... vers un cinquième titre d'affilée ?!
De l'autre côté du box, Leon Haslam n'a pas réussi à descendre dans les 1' 40 à Portimao, contrairement à Rea. Le remplaçant de Sykes au sein du team officiel Kawasaki n'est pas même entré dans les 1' 41 comme Lowes et Bautista. Mais cela ne s'inquiète pas, il a ses raisons.
Comme Jonathan, Leon a chaussé un pneu de qualification afin de péter un chrono, le second jour à Portimao. Mais le champion de British Superbike n'a finalement amélioré son meilleur chrono que d'un dixième de seconde. Il aurait manqué de chance : un drapeau rouge puis quelques gouttes de pluie auraient ruiné ses tentatives.
Alex Lowes assure lui aussi ne pas avoir réellement pu profiter du surplus de grip qu'offre la gomme tendre : il se serait retrouvé englué dans le trafic... À comparer les résultats des deux différents tests, on est tenté de croire le n°20 Yamaha : à Jerez, il n'avait cédé que deux dixièmes de seconde au "Dieu Rea".
Pilote le plus rapide le premier jour à Jerez, Lowes n'a pas quitté la deuxième place des trois jours suivants, position qu'il occupait déjà à l'issue des derniers tests en 2018. Il confirme ainsi sa grande forme et son statut de premier adversaire de Rea. Attention toutefois, le circuit de Philip Island qui inaugure la saison 2019 réserve souvent des surprises...
Bon dernier à Jerez en novembre dernier, Sandro Cortese était le deuxième pilote Yamaha le plus rapide sur le même circuit la semaine dernière ! Le "rookie" était un peu moins bien placé à Portimao, mais il devançait encore son très expérimenté coéquipier Marco Melandri.
Les vieux briscards du World Superbike doivent se méfier de cet allemand qui apprend très vite. Pour preuve, il a décroché le titre en World Supersport dès sa première année sur une R6 préparée par le team GRT, qui l'accompagne cette année en World Superbike ! On ne change pas une équipe qui gagne...
Nouveau venu dans la catégorie également, Alvaro Bautista poursuit son apprentissage en accéléré ! Contrairement à Cortese, le célèbre n°19 ne pose pas ses fesses sur une moto longuement testée, soigneusement développée et approuvée en course (trois victoires l'an dernier) comme la R1.
L'ancien pilote de MotoGP est chargé de rôder la toute nouvelle Panigale V4 R. Ses deux années sur une Desmosedici de Grand Prix l'ont peut-être aidé à trouver ses marques ? Mystère et boules de Pirelli, qu'il découvre également après huit saisons en MotoGP : six sur Bridgestone puis deux sur Michelin.
Pour compliquer ses tests, si l'ancien connait sur le bout des gants le tracé de Jerez, il n'avait jamais posé une roue sur le circuit de Portimao, particulièrement compliqué en raison de ses forts dénivelés et de ses nombreux virages en aveugle. Le champion de GP125 avoue avoir eu du mal au début, mais s'être éclaté ensuite !
Chez les Rouges de Bologne finalement, Chaz Davies a bien plus peiné : une chute à Jerez, dès le mercredi, l'a méchamment froissé... et ralenti : le n°7 gallois repart du Portugal en dehors du Top 10, à une seconde et demie de son nouveau coéquipier. Dur.
Les deux Panigale V4 R privées n'ont pas été plus performantes que le malheureux "Chazie" : Michael Rinaldi place la machine du team Barni derrière la n°7 d'usine, à une demi seconde, et devant celle alignée par l'équipe Go Eleven et pilotée par Eugene Laverty.
Complètement refondue pour 2019 également, la S1000RR est rapidement montée dans la hiérarchie du World Superbike : dépourvue de transpondeur le premier jour à Jerez, elle se classait avant-dernière le lendemain, mais figurait bien plus haut quatre jours plus tard à l'issue des tests de Portimao...
Tom Sykes s'est en effet hissé à 55 millièmes de seconde du Top 5 portugais ! Le champion du monde 2013 sait que la route piste est encore longue et s'estime même surpris d'être aussi rapide, si tôt. Après tout, l'équipe officielle BMW continue de dégrossir sa moto : parfaire la position du pilote sur la moto, trouver une configuration de base...
Avant de décoller pour l'Australie, la marque à l'hélice a tout de même tenu à dévoiler sa livrée 2019, naturellement très "corporate". Elle grille ainsi les Kawasaki et Ducati qui continuent de rouler dans leurs robes hivernales, noire carbone...
Enfin, l'unique Honda présente lors de ces deux derniers tests sur le sol européen termine à chaque fois lanterne rouge. Il s'agit de la - seule - moto engagée par le team privé Althea qui faisait rouler notre cher Loris Baz sur BMW en World Superbike l'an dernier, ainsi qu'Alessandro Delbianco sur S1000RR également, mais en catégorie Superstock 1000.
Le jeune italien monte cette saison en catégorie "rien" Superbike et prend doucement ses marques... Les deux pilotes du HRC, Leon Camier et Ryuichi Kiyonari, devraient hisser plus haut le blason ailé lors des tests "estivaux" programmés les 18 et 19 février à Phillip Island en Australie.
Jonathan Rea (Kawasaki n°1) :
"C'est un test super positif. Nous arrivions de Jerez où je comprenais encore la moto et l'asphalte là-bas. Ca rendait compliqué la perception du travail accompli au cours de l'hiver. Mais en venant ici, nous avions une base assez neutre avec laquelle travailler et beaucoup de données. Bien que les températures n'aient pas atteint une parfaite fenêtre opérationnelle, nous avons pu travailler correctement durant deux jours. Nous avons confirmé les pièces du châssis que nous avions testées à Jerez, et nous avons progressé en électronique. Nous avons commencé à travailler sur notre performance en course. Comparé à l'an dernier à la même époque, je suis vraiment content de mon ressenti après de nombreux tours avec le même pneu. J'ai pu essayer une gomme de qualification à la fin de la journée et cela m'a fait du bien, j'ai été très rapide. Nous avons coché toutes les cases, il n'y a juste quelques petits points que nous aurions pu revoir. Mais les priorités ont été respectées, et nous avons pu essayer de nouveaux pneus Pirelli".
Alex Lowes (Yamaha n°20) :
"Ce tests à Portimao a été très positif pour moi. C'est une piste sur laquelle j'avais eu un peu de mal avec la Yamaha. Au cours de ces essais, nous avons atteint un rythme soutenu et constant. Mon meilleur tour a été réalisé sur le pneu de "course sprint", car je me suis retrouvé dans le trafic avec la gomme qualif, donc je sais que je peux faire mieux. Mais ce n'est pas le chrono sur un seul tour rapide qui importe. Ce qui me fait plaisir, c'est que j'ai fait beaucoup de tours rapides et réguliers à chaque sortie, que nous avons réussi à compléter tout le programme prévu et que nous sommes maintenant en bonne position avant les tests et la course à Phillip Island. Nous avons été très fort cet hiver, nous avons travaillé dur, nous n'avons pas fait d'erreurs..; J'espère que nous pourrons récolter la juste récompense, avec un bon début de saison en Australie le mois prochain".
Alvaro Bautista (Ducati n°19) :
"Pour moi, ces journées de tests au Portugal ont été positives. Hier a été un peu plus difficile qu'aujourd'hui, car c'était mon premier roulage à Portimao, un circuit très difficile à apprendre et plein de montées et de descentes. J'ai donc eu un peu de mal, mais aujourd'hui je me suis senti beaucoup mieux sur la moto et je me suis amélioré. C'est la dernière fois que nous testons la V4 R avant de partir pour l'Australie, donc je voulais faire le plus de tours possible pour mieux la connaître. Nous sommes confiants parce que nous avons trouvé une bonne base, même si nous savons qu'il y a encore beaucoup de travail à faire".
Tom Sykes (BMW n°66) :
"Je tiens vraiment à adresser un grand merci à toute l'équipe BMW Motorrad WorldSBK. Nous avons continué de progresser de manière très positive, faisant un grand pas dans le développement de la S1000RR. Nous avons travaillé sur l'équilibre de la moto, en testant différents paramètres pour voir ce que nous obtenions en retour, en essayant aussi de nouveaux composants pour les freins, la suspension et l'électronique. Au final, beaucoup de choses ont été couvertes. Nous sommes également en train de peaufiner ma position sur la moto en apportant de petits changements à la selle, aux repose-pieds et aux leviers pour être le plus confortable possible. Je suis vraiment content que la plupart des tests soient désormais passés, j'ai l'impression que nous nous sommes beaucoup rapprochés de la configuration de base. C'est un pas de plus vers l'ouverture du WorldSBK à Phillip Island le mois prochain.
Alessandro Delbianco (Honda n°52) :
" Je suis satisfait de la façon dont se sont déroulés les quatre jours à Jerez et Portimao. J'aime beaucoup la Honda et je dois dire que c'est un honneur pour moi de piloter une Superbike. Je n'avais pas roulé depuis longtemps avant les essais, et j'avoue que je ne m'attendais pas à toute cette puissance. Cependant, je suis sûr qu'une fois la moto bien en main, nous serons en mesure d'obtenir quelques bons résultats ".
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