Meurtri par de nombreuses chutes, Cal Crutchlow songe sérieusement à ne pas prolonger son contrat avec Honda LCR... Une piste à exploiter par Johann Zarco, prêt à tout pour rebondir depuis sa rupture avec KTM ? Selles musicales...
"Je veux faire des choses normales comme emmener ma fille à l'école, jouer et courir avec elle. Je veux aussi marcher droit et ce n'est pas possible pour le moment car mon corps me fait mal", lâche Cal Crutchlow avec la franchise qui le caractérise...
A bientôt 34 ans (le 29 octobre), le natif de Coventry s'interroge sur la suite de sa carrière et envisage de ne pas renouveler son contrat avec Honda. En cause : la douleur des blessures passées, l'envie de profiter de la vie et le constat d'une vélocité déclinante. Ce dernier point résulte selon lui en partie de sa RCV 2019, dont il n'apprécie ni le train avant ni la gestion du frein moteur.
"Je ne suis plus aussi rapide qu'avant", reconnaît-il. "Je le suis en course, mais je ne le suis plus autant en qualifications. Et je n'arrive pas à comprendre pourquoi car je pense que je suis un meilleur pilote. J'essaie toujours de repousser mes limites au maximum, mais peut-être que ça vient de la combinaison entre la moto et moi"...
Résultat : Crutchlow part souvent à la faute et n'arrive pas à concrétiser les ambitions associées à ses trois victoires en MotoGP (deux en 2016, une en 2018). Après douze courses, ce personnage fort en gueule n'est que neuvième au provisoire 2019 sur sa moto pourtant directement soutenue par le HRC, avec seulement deux podiums et déjà trois résultats blancs (Amériques, Catalogne et Autriche).
L'ancien champion du monde Supersport - en 2009, déjà ! - voudrait également avoir "une vie un peu normale" et profiter davantage de sa petite fille Willow qui vient de fêter ses trois ans... A cette remise en question s'ajoute la réalité d'une douleur littéralement chevillée au corps depuis sa dernière grosse chute, survenue lors de la deuxième séance d'essais du GP d'Australie 2018.
Méchamment blessé à la cheville droite, le n°35 avait raté la fin de saison et passé de longs mois entre différents hôpitaux et centres de rééducation à souffrir le martyr. "J'ai cru ne plus jamais pouvoir piloter", confiait-il à son retour au guidon lors des tests hivernaux en février...
Honnête, Crutchlow estime par ailleurs avoir déjà donné "absolument tout à [son] sport" mais que ses efforts ne sont "pas suffisants pour gagner un titre en MotoGP ou être devant toutes les semaines, et je l'accepte". Terrible aveu pour un pilote de cette trempe, qui dit cependant avoir "apprécié [sa] carrière", même s'il s'ajouterait bien "quelques podiums par-ci par-là" !
Précisons que l'anglais n'est pas du genre à se plaindre : il jouit d'une condition physique exceptionnelle, directement liée à sa passion dévorante pour le cyclisme sur route. Le pilote Honda-LCR est un dur au mal et l'a récemment prouvé en grimpant sur le podium en Allemagne malgré un genou fracturé pendant l'entraînement !
Cette possible retraite de Crutchlow fin 2020 ouvre des perspectives pour Johann Zarco, qui explore toutes les pistes depuis sa retentissante rupture avec KTM après seulement six mois de collaboration ! Y compris la possibilité de devenir pilote d'essais l'année prochaine, pour ensuite rebondir en 2021 sur une bonne MotoGP... comme celle de Crutchlow ?!
Car aussi incroyable que cela puisse paraître, le français aurait en effet mis fin à son contrat de deux ans avec KTM sans avoir préparé d'alternative pour la saison suivante : autrement dit, le débutant de l'année 2017 - auteur de six podiums pour ses deux premières saisons - est actuellement sans guidon pour 2020 !
"Avant de quitter KTM, la meilleure façon de faire aurait été de travailler en cachette et d'essayer de trouver une autre possibilité, mais je n'ai pas fait ça", assure le n°5 qui a attendu de se sentir "au plus mal" et de ne plus arriver "à dormir la nuit" pour prendre son irrévocable - et douloureuse - décision.
La suite est connue : Johann Zarco sollicite un entretien avec son employeur après les qualifications du GP d'Autriche pour annoncer - à la surprise générale de son team et de son manager Jean-Michel Bayle - son incapacité à poursuivre le projet, faute de parvenir à s'adapter à la rétive RC16.
"Il s'est alors assis face à nous, vraiment tendu et les larmes aux yeux, disant qu'il ne pouvait plus le supporter et qu'il voulait mettre un terme à de son contrat", raconte le patron du département sportif de KTM, Pit Beirer, à la fois troublé et ému par la démarche : "sa décision était ferme et claire, mais en réalité si triste"...
L'émotion passée, Johann doit dorénavant assurer ses arrières et n'envisage à ce stade que deux pistes principales : un retour en Moto2 ou un poste de pilote d'essais, en remplacement par exemple de Jonas Folger qui semble ne pas s'épanouir au sein du nouveau "team test" européen mis en place par Yamaha.
"Revenir en Moto2 ne serait pas une mauvaise solution pour l'aspect sportif : avec une bonne équipe, j'aurais la possibilité de donner le meilleur de moi-même et je pourrais avoir pour objectif un titre mondial qui m'aiderait à me maintenir à un très haut niveau de performance, dans la tête et le corps, et donc à me sentir bien".
Assurant qu'une reconversion en World Superbike ne serait "pas encore" dans ses intentions, le coéquipier de Pol Espargaro dit en revanche avoir noué des contacts pour occuper un poste de pilote d'essais. Avec par exemple un certain Eric de Seynes, qui avait confié à Moto-Net.Com son souhait de renouer les liens entre Zarco et Yamaha ?!
"Je le ferais en tant que pilote d'essais, pas comme un pilote "retraité" mais comme un gars qui a faim de revenir", prévient pour sa part le n°5, qui aurait aussi dans ce cas en ligne de mire la Yamaha de Quartararo, pressenti pour remplacer Rossi ou Viñales en 2021 !
Reste toutefois le risque bien réel de sortir de l'univers MotoGP par la plus ou moins petite porte, sans aucune assurance d'intéresser de nouveau un team en catégorie reine : "c'est très facile d'être exclu du business", prévient notamment Rossi, qui a lui aussi connu le doute et les désillusions pour les mêmes raisons chez Ducati en 2011 et 2012.
"Plusieurs fois, j'ai pensé tout arrêter avec Ducati", admet le Docteur, "mais finalement c'était une bonne décision de ne pas avoir abandonné". De mémoire de MNC, le dernier pilote à avoir rompu un contrat en MotoGP est justement Cal Crutchlow : l'anglais était parti de chez Ducati fin 2014 après seulement une saison.... mais avec une offre de Honda-LCR en face !
Dernier scénario un peu fou : Johann Zarco succéderait à Jorge Lorenzo sur la Honda officielle la saison prochaine ! Le retour poussif du majorquin en Grande-Bretagne et son arrêt anticipé des tests à Misano (Italie) relance en effet la rumeur d'une rupture de contrat entre Lorenzo et le HRC en fin de saison.
La boucle serait alors bouclée pour Johann, sur lequel lorgnait le HRC fin 2018 avant d'apprendre sa signature chez KTM ! Autant de suppositions qu'il est pour l'instant difficile de confirmer, tant les enjeux sont importants et les bouches relativement cousues... Pincettes impératives pour les déguster !
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Plateau : Les pilotes et leurs motos 2025
02 mars : GP de Thaïlande
16 mars : GP d'Argentine
30 mars : GP des Amériques
13 avril : GP du Qatar
27 avril : GP d'Espagne
11 mai : GP de France
25 mai : GP de Grande-Bretagne
08 juin : GP d'Aragon
22 juin : GP d'Italie
29 juin : GP des Pays-Bas
13 juillet : GP d'Allemagne
20 juillet : GP de République Tchèque (sous réserve)
17 août : GP d'Autriche
24 août : GP de Hongrie (sous réserve)
07 septembre : GP de Catalogne
14 septembre : GP de Saint-Marin
28 septembre : GP du Japon
05 octobre : GP d'Indonésie
19 octobre : GP d'Australie
26 octobre : GP de Malaisie
09 novembre : GP du Portugal
17 novembre : GP de Valence
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