Premier pilote indépendant à s'imposer en MotoGP (ère moderne, 4-Temps) sur sa Ducati alignée par le team Pramac, Jorge Martin est soutenu depuis ses débuts par Red Bull. La boisson énergisante revient avec son pilote sur son parcours vers le sacre : blessure en 2021, échec de 2023, travail sur 2024… et un premier ''titre'' en Rookies Cup 2014 ! Portrait.
"Sans la Red Bull Rookies Cup, je ne serais pas là. Je peux vous l'assurer", témoigne humblement Jorge Martin, sacré champion du monde en catégorie reine des Grand Prix moto il y a tout juste une semaine sur le circuit de Montmelo à Barcelone (Espagne).
Issu d'une "famille normale, non pas que nous étions pauvres, mais normale", le madrilène s'était pointé une première fois aux sélections de la canette coupe organisée par la célèbre et riche boisson énergisante : "j'étais assez jeune , je n'avais jamais essayé une 125, mais j'étais rapide. Ils m'ont dit : tu es jeune, reviens l'année prochaine".
Le gamin d'à peine 13 ans reprend alors sa pocketbike et la route en compagnie de ses parents Angel Martin et Susana Almoguera (grands fan d'Alex Criville, premier et unique champion espagnol en GP500) : "pour aller de Madrid aux circuits de la côte méditerranéenne, Valence et Barcelone, nous voyagions tous les week-ends. Mes deux parents travaillaient du lundi au vendredi, c'était donc très difficile, même si je ne faisais que m'amuser", se remémore-t-il.
De retour aux sélections de la Red Bull Rookies Cup en 2012, celui qui portait alors le n°88 passe cette fois l'épreuve haut le gant. "Grâce à leurs conseils, j'ai progressé et quand ils m'ont pris, j'étais très ému parce que s'ils ne l'avaient pas fait, je pense que j'aurais abandonné la moto"…
Après une première saison 2012 de rodage partiellement gâchée par une blessure (12ème au classement final), Jorge Martin se révèle en 2013 : il termine deuxième de cette Red Bull Rookies Cup, largement battu toutefois par Karel Hanika, pilote tchèque bien connu des fans d'Endurance moto.
Grand vainqueur en 2014 devant son compatriote Joan Mir (champion sur Suzuki de MotoGP lors de la pas-si-drôle de saison MotoGP 2020), Jorge décroche son ticket pour les Grand Prix sur Mahindra, dans l'écurie Mapfre puis Aspar. C'est toutefois sur la Honda Gresini et en 2018 que l'espagnol décroche son premier titre mondial en Moto3, la même année que Pecco Bagnaia et Marc Marquez respectivement sacrés en Moto2 et MotoGP !
À défaut d'être spectaculaires et couronnées de succès, ses deux saisons en Moto2 lui donnent accès à la catégorie reine qu'il découvre au sein du team Pramac, aux côtés de Johann Zarco. Seul double champion en catégorie intermédiaire des GP moto, notre "Jojo" inter-national a lui aussi gagné la Red Bull Rookies Cup, en 2007, la toute première édition !
Hélas pour Jorge Martin, une sale blessure en début de saison à Portimao retarde son éclosion au plus haut niveau. Ses fractures du tibia, du péroné et des mains (!) le tiennent éloigné des circuits de longues semaines et le doute s'installe à nouveau sur sa volonté de poursuivre cette prometteuse mais douloureuse carrière...
"La chose la plus difficile à surmonter a été toute la douleur dans mon corps", souligne le petit pilote (1,68 m pour 63 kg) au grand talent et fort mental. "J'avais encore des problèmes lorsque j'ai gagné [sa première course] en Autriche [plus tard dans l'année]".
Extrêmement véloce mais bien trop inconstant en 2022, le "meilleur débutant" du MotoGP 2021 franchit un nouveau cap en 2023 : le n°89 ("son" n°88 étant déjà utilisé en MotoGP par Miguel Oliveira) du team Pramac toujours, dispute le titre mondial au n°1 officiel Ducati, Pecco Bagnaia, jusqu'à l'ultime course…
Cette année enfin, la cible est atteinte par Martinator, "un surnom que mon père m'a donné en raison de ma force, de ma capacité à surmonter et de ma persévérance. Certains chapitres de ma carrière sportive ont reflété ce surnom, comme la blessure au tendon de ma main nécessitant un gant "bionique" en 2018, ou la mauvaise chute à Portimao en 2021", explique le nouveau champion à un autre de ses fidèles sponsors, Alpinestars.
Red Bull se félicite pour sa part du succès de ses veaux poulains : "pour la toute première fois, des élèves de la Rookies Cup ont remporté le championnat dans les trois catégories lors d'une même saison". En effet, Ai Ogura (5ème en 2017 avec deux victoires et malgré quatre courses manquées) s'est imposé en Moto2.
En Moto3, David Alonso s'est emparé du trophée dès sa seconde saison, cumulant à ce jour 18 succès en Grand Prix, soit déjà autant que Martin ! En 2024, le phénoménal colombien a empilé 14 victoires dont 7 de suite ! Âgé de 18 ans, il n'a sans doute pas fini de faire parler de lui. En attendant, c'est avec Jorge Martin que le "Taureau Rouge" s'est récemment entretenu. Interview.
Décris-nous comment tu te sentais après avoir loupé le titre l'année dernière. Combien de temps as-tu analysé la situation et à quelle conclusion es-tu parvenu ?
Jorge Martin : C'est toujours dur de perdre un championnat, mais cela sert aussi de leçon pour l'année suivante. Et c'est exactement ce qui s'est passé : j'ai appris beaucoup de choses et je me suis amélioré dans de nombreux domaines tels que les émotions, le contrôle des impulsions et la gestion des moments critiques. De plus, je sais mieux profiter de l'instant présent, ce qui était plus difficile pour moi auparavant.
T'es-tu préparé à la saison 2024 différemment des autres, après être passé si près du but ?
J. M. :Je me suis préparé en pensant à tout ce qui s'est passé pendant la saison 2023, les bons moments comme les mauvais. Je me suis beaucoup plus entraîné et je me suis concentré sur tout ce que je n'avais pas réussi à faire pendant l'année dernière.
Qu'as-tu changé dans ton approche mentale au cours de la saison 2024 : tu sembles plus en contrôle dans toutes les situations ?
J. M. :Cette saison, j'ai travaillé sur des aspects différents de ceux de la saison dernière, notamment sur le contrôle personnel, la gestion des émotions et la manière d'apprécier le moment présent. Mon équipe personnelle est beaucoup plus soudée et j'ai su m'entourer de personnes qui m'aident au quotidien et qui savent gérer mon environnement de manière à ce que je sois le plus à l'aise possible.
Y a-t-il eu des changements dans votre façon de t'entraîner ou de te préparer psychiquement ? La saison est longue. Comment fais-tu pour rester concentré et endurant ?
J. M. :Les types d'entraînement sont restés plus ou moins les mêmes. Ce que j'ai changé, c'est la durée et la technique. Le cyclisme occupe la majeure partie de mon temps, combiné à la musculation et à un peu de moto. J'ai également réussi à mieux gérer mon régime alimentaire.
Ton grand rival au championnat, Pecco Bagnaia, et toi étiez autrefois colocataires en Moto3 : prenez-vous cette rivalité à titre personnel et quelle émotion t'a apportée la lutte pour le titre cette année ?
J. M. :La rivalité est toujours la même quel que soit le pilote. Au bout du compte, nous avons tous le même enjeu et ce que nous voulons, c'est battre le pilote à côté de nous, devant ou derrière, peu importe, mais gagner. J'ai une bonne relation avec Pecco, nous nous connaissons depuis des années et c'est un grand professionnel ainsi qu'un grand pilote. Mais cela ne fait aucune différence pour moi que ce soit lui ou quelqu'un d'autre qui court pour le titre contre moi, je ferais la même chose avec n'importe qui.
Quels sont les trois principaux facteurs qui ont conduit à la réussite globale de ta carrière en MotoGP ? Quel rôle joue la Red Bull MotoGP Rookies Cup dans cette réussite ?
J. M. :La persévérance, la confiance et l'effort. Ce sont trois aspects que la Red Bull Rookies Cup apporte dès le départ, car le niveau y est très élevé et tu dois toujours être concentré pour gagner.
Dans les moments difficiles, que te dis-tu pour continuer à avancer ?
J. M. : Je regarde en arrière et je vois ce que j'ai accompli et qui je suis devenu. Je regarde autour de moi et je vois l'équipe que j'ai, tant sur le plan personnel que professionnel. Alors je me dis qu'il faut aller de l'avant.
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Plateau : Les pilotes et leurs motos 2024
10 mars : GP du Qatar
24 mars : GP du Portugal
07 avril : GP d'Argentine (annulé)
14 avril : GP des Amériques
28 avril : GP d'Espagne
12 mai : GP de France
26 mai : GP de Catalogne
02 juin : GP d'Italie
16 juin : GP du Kazakhstan (reporté)
30 juin : GP des Pays-Bas
07 juillet : GP d'Allemagne
04 août : GP de Grande-Bretagne
18 août : GP d'Autriche
01 septembre : GP d'Aragon
08 septembre : GP de San-Marin
22 septembre : GP d'Inde (annulé)
22 septembre : GP Kazakhstan (annulé !)
22 septembre : GP d'Emilie-Romagne
29 septembre : GP d'Indonésie
06 octobre : GP du Japon
20 octobre : GP d'Australie
27 octobre : GP de Thaïlande
03 novembre : GP de Malaisie
17 novembre : GP de la "Solidarité"