MNC compare les statistiques-clés des champions MotoGP depuis deux décennies pour situer les performances d'une nouvelle génération jugée moins talentueuse par certains observateurs. Le MotoGP, c'était mieux avant ?! Réponses en chiffres et graphiques.
"De mon temps, c'était autre chose" : la rengaine est aussi classique qu'universelle. Éducation, industrie, politique, nourriture, cinéma, musique, sport : pas une activité n'échappe au "c'était mieux avant", observation souvent biaisée par la nostalgie… voire parfois déformée par la mauvaise foi !
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Les Grands Prix moto n'y coupent pas depuis leur création en 1949 : chaque nouvelle génération est opposée aux précédentes, malgré toute la difficulté de comparer des performances justement… incomparables (!) de par les spécificités de chaque époque. Giacomo Agostini et son record de 122 victoires en est la parfaite illustration !
Cette "classique" hiérarchisation prend toutefois de l'ampleur ces dernières années suite à deux évènements successifs : le départ des vedettes du MotoGP moderne - Rossi, Lorenzo, Pedrosa et Stoner - puis la brutale interruption du règne de Marc Marquez, toujours pas remis de sa blessure au bras début 2020…
"Malgré tout mon respect pour la génération actuelle, celle que j'ai directement côtoyé avec Stoner, Pedrosa et Lorenzo était nettement meilleure : ils étaient spéciaux, exceptionnels", affirme sans détour Alberto Puig, team manager de l'équipe officielle Honda. Et pour l'ancien mentor de Dani Pedrosa, Marquez et Rossi se situent encore un niveau au-dessus !
Même son de cloche de la part de Jorge Lorenzo, qui conteste la légitimité des trois couronnes coiffées sans Marquez par Joan Mir, Fabio Quartararo et Francesco Bagnaia : "avec un Marc à 100% en piste, c'est évident que certains de ces titres n'auraient pas été gagnés", estime l'ancien triple champion MotoGP.
Pour tenter d'y voir plus clair, MNC s'est plongé dans les archives du MotoGP jusqu'à son entrée dans l'ère actuelle du 4-temps en 2002. Victoires, podiums, pole, moyenne de points : le Journal Moto du Net décortique les saisons victorieuses des huit pilotes titrés durant ces 21 ans, soit Rossi, Hayden, Stoner, Lorenzo, Marquez, Mir, Quartararo et Bagnaia.
Premier constat : le nombre de victoires des champions tend à diminuer, avec des écarts abyssaux entre certains millésimes comme les treize succès de Marc Marquez en 2014 - record à battre - et la victoire unique de Joan Mir en 2020, la plus faible performance en MotoGP 4-temps derrière les deux victoires du regretté Nicky Hayden en 2006.
Au total, 165 victoires ont été remportées sur 2002-2022 soit une moyenne de 7,86 par saison. Avec ses cinq succès en 2021, Fabio Quartararo s'inscrit donc dans une fourchette basse, mais n'a pourtant pas à rougir : Marquez ne fait pas mieux en 2016, tandis que Rossi et Lorenzo se sont respectivement imposés à six reprises en 2009 et 2012.
Reste que l'agrandissement du calendrier signifie davantage d'opportunités : avec 16 courses en 2002 contre 20 en 2022, Francesco Bagnaia avait par exemple quatre occasions supplémentaires d'étoffer son palmarès par rapport à son mentor Valentino Rossi. "Pecco" est finalement couronné avec sept succès, soit trois de moins que le premier pilote titré avec Ducati : Casey Stoner en 2007.
Ces données confirment une tendance observable en piste : les champions dominent moins la catégorie reine que par le passé. Finies les saisons où un pilote s'accapare au moins la moitié des victoires, comme l'a fait Rossi en 2002, 2004 et 2005 (11 succès) ainsi qu'en 2003 et 2008 (9), Stoner en 2007 et 2009 (10), Lorenzo en 2010 (9) puis Marquez en 2014 (13), 2018 (9) et 2019 (12).
Ce constat s'explique en partie par la multiplicité des pilotes capables de jouer les premiers rôles, avec un record de neuf différents l'année du titre de Joan Mir en 2020. Huit pilotes se sont encore partagés les honneurs la saison suivante - celle de Fabio Quartararo -, tandis que 2022 compte sept vainqueurs distincts.
Autre évolution : plus de motos jouent désormais la gagne, avec pas moins de cinq marques en haut du podium l'an dernier. Aprilia, Ducati, KTM, Suzuki et Yamaha se sont illustrés en 2022, à l'avantage notable de la Desmosedici qui totalise 16 pole, 12 victoires et 32 podiums. Rien d'étonnant compte tenu de sa surexposition : huit Ducati en piste !
Honda est le seul constructeur sans victoire : qui l'eût cru au regard de cette époque pas si lointaine où la RCV était l'arme absolue ? Comme en 2003 quand Rossi (HRC), Gibernau (Gresini) et Biaggi (Pramac-Pons) ont raflé 17 des 18 victoires ! La dernière revient à Loris Capirossi, pionnier du retour Ducati. Période sombre pour Yamaha, qui ne reverra la lumière qu'après l'embauche de Rossi…
Cette compétitivité élargie à davantage de protagonistes impacte fatalement les performances individuelles : impossible de remporter 72,2% des courses comme l'a fait Marquez en 2014 (!), quand sept ou huit autres pilotes s'imposent également. Résultat : cet accès plus ouvert à la victoire rend la domination plus difficile.
Doit-on en conclure que le resserrement du niveau empêche à lui seul la nouvelle génération MotoGP de reproduire les exploits de ses aînés ? Que des pilotes capables de mener le MotoGP à la baguette ne peuvent plus émerger face à cette montée en puissance généralisée ?
MNC ne le croit pas, au risque d'en fâcher certains : les nouveaux champions du monde ont peut-être moins d'opportunités pour empiler les victoires, mais pas d'inscrire des points. Engranger de gros points même quand la victoire se refuse est la condition essentielle pour un palmarès d'exception : en cela, la nouvelle génération peut progresser.
La preuve avec le graphique ci-dessous avec les moyennes de points inscrits par course : cette statistique évalue concrètement les performances des pilotes sur l'intégralité de leur saison. Ce critère réduit aussi l'impact de facteurs externes, comme le faible nombre de courses en 2020 à cause du Covid (moins de GP = moins de victoires possibles).
Dans ce classement, Rossi détient le record avec une incroyable moyenne de 22,3 unités par Grands Prix en 2003, au sommet de sa gloire sur la redoutable Honda RC211V 5-cylindres. Son premier titre - en 2002 - est scellé avec une moyenne de 22,2 points par GP, tandis que sa plus faible moyenne atteint tout de même 18 pts (2009).
L'italien est suivi de près - sans surprise - par Marc Marquez, qui est monté jusqu'à 22,1 points de moyenne lors de son dernier titre en 2019. Suivent Jorge Lorenzo (21,3 pts en 2010) et Casey Stoner (20,4 pts en 2007), loin devant la fragile moyenne de Joan Mir : 12,2 points, soit la plus faible de ces deux décennies.
Fabio Quartararo obtient la meilleure moyenne de ces trois dernières saisons avec 15,4 points par course, contre seulement 13,3 pts pour Francesco Bagnaia. De quoi relativiser l'importance des victoires : "Pecco" s'est certes imposé sept fois en 2022, mais sa faible moyenne de points traduit son évidente irrégularité.
Le porteur de la couronne paie ici ses cinq résultats blancs - du jamais vu pour un pilote titré -, ainsi que ses courses en retrait en début de saison notamment au Portugal (8ème). Constat similaire mais inversé pour Fabio Quartararo : ses deux dernières saisons débutent de façon très solide, avant de se terminer poussivement.
Cette incapacité à se maintenir aux avant-postes apparaît comme la principale différence entre génération : Rossi, Lorenzo, Stoner et Marquez au sommet de leur art n'étaient certainement pas plus rapides que Bagnaia et Quartararo, mais se montraient plus cons(is)tants.
A titre indicatif, même si comparaison n'est pas raison, Bagnaia se serait classé 3ème derrière Marquez (420 pts) et Dovizioso (299 pts) en 2019 avec son solde de 265 pts. Significatif alors qu'une course - 25 pts supplémentaires - était en jeu cette année à l'avantage de l'italien.
Même chose pour Fabio Quartararo : les 278 points qui l'ont mené au titre en 2021 valaient une 2ème place derrière Marquez en 2019. En 2015, le français aurait terminé troisième derrière Lorenzo (330 pts) et Rossi (325) et aurait été battu par Rossi (373 pts) et Stoner (280) en 2008.
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Plateau : Les pilotes et leurs motos 2024
10 mars : GP du Qatar
24 mars : GP du Portugal
07 avril : GP d'Argentine (annulé)
14 avril : GP des Amériques
28 avril : GP d'Espagne
12 mai : GP de France
26 mai : GP de Catalogne
02 juin : GP d'Italie
16 juin : GP du Kazakhstan (reporté)
30 juin : GP des Pays-Bas
07 juillet : GP d'Allemagne
04 août : GP de Grande-Bretagne
18 août : GP d'Autriche
01 septembre : GP d'Aragon
08 septembre : GP de San-Marin
22 septembre : GP d'Inde (annulé)
22 septembre : GP Kazakhstan (annulé !)
22 septembre : GP d'Emilie-Romagne
29 septembre : GP d'Indonésie
06 octobre : GP du Japon
20 octobre : GP d'Australie
27 octobre : GP de Thaïlande
03 novembre : GP de Malaisie
17 novembre : GP de Valence
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