Le pilote portugais Miguel Oliveira offre un superbe cadeau de départ à son équipe Tech3 : une victoire nette et sans bavure sur sa RC16, sa deuxième avec le team varois après son succès au GP de Styrie ! Le futur pilote officiel KTM s'impose devant Jack Miller et Franco Morbidelli. Compte-rendu, analyses des moments forts et classements définitifs.
Le départ de cette inédite finale à Portimaõ est donné sous un franc soleil automnal avec 22,2° dans l'air et 28,5°C sur la piste : conditions idéales pour profiter de cette piste aux dénivelés "montagnes russ-esques", que beaucoup de pilotes aimeraient désormais arpenter chaque année : la piste portugaise est à ce jour un circuit de réserve, utilisé uniquement en cas d'indisponibilité d'un circuit officiel (hélas souvent le cas cette année à cause du Covid-19...).
Le choix de pneus s'articule en majorité autour du pneu arrière dur en raison du caractère abrasif de ce tracé récemment resurfacé et de ses longues courbes rapides exigeantes pour les flancs (voir ci-dessous). A l'avant, le médium est préféré au mélange le plus dur... à l'exception notamment du local Miguel Oliveira (dur-dur), qui signe le holeshot à domicile depuis sa pole position sur sa KTM-Tech3 !
Le prometteur n°88 file ventre à terre devant Franco Morbidelli et Jack Miller, qui ont un compte à régler depuis leur fantastique duel du GP de Valence : le pilote Ducati est bien déterminer à prendre sa revanche sur son rival Yamaha qui s'était imposé dimanche dernier en Espagne...
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Du côté tricolore, Fabio Quartararo perd quelques positions pour se retrouver devant Joahnn Zarco, qui manque de se faire percuter par Joan Mir. Valentino Rossi - anonyme 17ème sur la grille - gagne une position, tandis qu'un accrochage entre Joan Mir et Francesco Bagnaia précipite la fin de course du pilote Pramac, qui semble à la fois souffrir d'un contact à l'épaule et d'un souci technique.
En tête de course, le suspens est de très courte durée : Oliveira défile comme à la parade sur ce circuit qu'il connaît parfaitement, enchaînement une série de tours sous les 1'40 pour se placer définitivement hors de portée de ses poursuivants. Le pilote KTM-Tech3 se forge jusqu'à 4 secondes pleines d'avance à l'entame du 15ème tour !
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Suivent Morbidelli et Miller, tandis que Pol Espargaro cravache sa KTM pour la dernière fois pour s'installer à la 4ème place loin derrière ce duo Yamaha-Ducati. Fabio Quartararo peine de son côté à se maintenir dans le Top 10 : "El Diablo" rétrograde tour après tour pour finalement terminer 14ème à 24 sec du vainqueur... Pire : le niçois croise la ligne d'arrivée à 21 sec de son coéquipier Morbidelli, pourtant sur une Yamaha moins évoluée.
Finale en demi-teinte également pour Andrea Dovizioso, qui navigue difficilement dans un Top 10 très compact pour sa dernière apparition sur Ducati. L'italien mettra le coup de collier final nécessaire pour remonter à la 6ème place, loin cependant de ses ambitions : "Dovi" est certes le deuxième pilote Ducati à l'arrivée, mais à plus de 12 sec de Miller...
Course à oublier aussi pour le nouveau champion du monde Joan Mir, qui se fait une belle frayeur avec un gros high side à la sortie d'une courbe à droite. Le majorquin, désarçonné, est visiblement en proie à un souci technique (électronique ?) : le n°36 rentre aux stands et abandonne.
L'officiel Suzuki n'aura jamais été dans le coup à Portimaõ : après des essais en dents de scie, le n°36 s'est poussivement qualifié 20ème (!) soit trois places derrière Valentino Rossi qui est aussi mis en difficulté par ce nouveau tracé. L'italien termine sa dernière course comme pilote d'usine à la 12ème position, derrière Maverick Viñales et devant Cal Crutchlow.
4th-15th all in one group! @polespargaro has a queue of riders chasing him! #PortugueseGP pic.twitter.com/1nPWNLZ8tn
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Johann Zarco signe pour sa part une 10ème position sur sa Ducati-Avinia, avant d'intégrer le team Pramac aux côtés du débutant Jorge Martin. Le cannois termine dans le dosseret de selle d'Alex Marquez, viré du HRC au profit de Pol Espararo et recasé chez LCR au détriment de Cal Crutchlow.
Aprilia enregistre une dernière performance intéressante pour ce final avec la 8ème place d'Aleix Espargaro, seul pilote à avoir pu découvrir la piste de Portimaõ avec sa MotoGP lors des essais début octobre. De quoi consoler la marque italienne de la chute de Lorenzo Savadori à trois tours de l'arrivée sur la deuxième RS-GP, à ce jour toujours vacante suite à la suspension de 4 ans pour dopage de Iannone.
Deux titres restaient à attribuer avant cette finale à Portimaõ : le sacre constructeur et la nomination du débutant de l'année entre Brad Binder et Alex Marquez. Rappelons que Joan Mir et l'équipe Suzuki Ecstar sont champions du monde "pilote et "team" depuis le GP de Valence.
Grâce à la deuxième place de Miller, Ducati décroche la couronne constructeur - pour la première fois depuis 2007 - avec 17 unités d'avance sur Yamaha, 19 sur Suzuki, 21 sur KTM et 77 (!) sur Honda, dernier constructeur sans avantage réglementaire. Aprilia, seule marque encore aidée par des concessions, ferme la marche à 170 pts de Ducati.
Le "titre" de débutant de l'année revient à Brad Binder, auteur d'une splendide victoire sur sa KTM officielle en République tchèque. Le talentueux sud-Africain termine avec 87 points, soit 13 de plus qu'Alex Marquez (74 pts). Petit camouflet pour Honda, dont le meilleur représentant au général est Takaaki Nakagami à la 10ème position - derrière le vainqueur du jour Oliveira.
La chute de Marc Marquez dès la manche d'ouverture à Jerez (Espagne) aura décidément été douloureuse pour le HRC, largué toute la saison en l'absence de son chef de file. Et les nouvelles ne sont pas forcément rassurantes pour 2021 puisque l'espagnol envisagerait une troisième opération... mais pas avec le docteur Mir, cette fois !
Franco Morbidelli s'adjuge pour sa part la courtisée deuxième place du classement général avec seulement 13 points d'écart sur le champion Joan Mir, dont le compteur reste bloqué à 171 points suite à son abandon ce dimanche. "Franky" est récompensé de sa solide fin de saison avec deux victoires et une troisième place en quatre courses.
Your #PortugueseGP podium
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Belle évolution pour le futur coéquipier de Valentino Rossi, qui explique avoir trouvé un déclic en mettant le gant sur des réglages appropriés sur un nouvel amortisseur Öhlins... pourtant mis de côté par Viñales ! L'italo-brésilien finit devant Alex Rins, qui offre un doublé à Suzuki sur le podium final malgré une dernière course terminée 15ème.
Rins, tombé vendredi sur son épaule blessée en début de saison, prévoit par ailleurs de subir une opération chirurgicale pendant l'intersaison pour évacuer les douleurs ressenties le restant du week-end à Portimaõ. 2020 restera décidément marquée par les blessures.
La quatrième place de ce classement définitif revient à Andrea Dovizioso, qui manque de très peu la troisième place puisque seulement 4 unités le séparent de Rins ! Sûrement frustrant pour le n°4, au sujet duquel certains confrères italiens assurent qu'une prime de un million de dollars était prévue dans son contrat avec Ducati s'il finissait dans le Top 3...
Le futur coéquipier de Marc Marquez, Pol Espargaro, réalise de son côté sa meilleure performance en MotoGP avec une solide 5ème place finale - premier KTM - devant Maverick Viñales, qui ironise (?) en réclamant à Yamaha la M1... 2016 ! "La dernière version homogène sur toutes les pistes", assure "Mack", qui a intégré Yamaha en 2017. Cherchez l'erreur !
La septième place revient à Jack Miller, futur pilote officiel Ducati aux côtés de Francesco Bagnaia. L'australien précède Fabio Quartararo, passé de favori pour le titre à la huitième place du classement général : la déception est forcément énorme pour le talentueux pilote niçois, qui recule de trois positions par rapport à sa première saison (5ème rang en 2019).
"Je ne suis pas totalement satisfait de cette année", confie-t-il à nos confrères de Canal+. "Bien sûr, je suis ravi d’avoir remporté les deux courses de Jerez, puis celle de Barcelone, mais malheureusement nous n’avons pas su conserver la régularité".
Fabio se console avec le titre "BMW M Award", qui récompense le pilote le plus rapide en qualifications : le n°20 détrône Marc Marquez, invaincu depuis 2013 dans cet exercice . "J'aurais quand même gagné quelque chose", relativise-t-il, tandis que son père recevra pour Nöel la sompteuse BMW CS2 remportée par son véloce fiston !
Le futur coéquipier de Viñales prévoit d'intensifier son travail avec un psychologue pour mieux canaliser ses émotions, mais exhorte Yamaha à améliorer la base de la M1 : le jeune niçois - auteur de trois superbes victoires cette année - avoue ne plus reconnaître sa moto et lui préférer de loin la version antérieure...
"Nous avons également connu un certain nombre de soucis avec la moto : on nous a notamment enlevé pas mal d'électronique juste après Jerez (pour brider les moteurs, suite aux casses et au souci de soupapes non conformes qui feront du tort à Yamaha par la suite, NDLR).
"C’était très difficile car 2019 avait été une saison parfaite : quel que soit le circuit où on allait, nous n’avions pas eu le moindre problème. Mais cette année, nous n’avons pas eu cette régularité : je suis donc satisfait d’un côté, mais triste de l’autre", reconnaît le talentueux n°20, qui a le temps nécessaire devant lui pour continuer à nous faire rêver.
Son compatriote Johann Zarco boucle sa première et dernière année chez Avintia à la 13ème place au général, résultat qui aurait pu être meilleur encore au regard de la montée en puissance du français sur la Ducati 2019 : prometteur pour ses peformances à venir sur la Desmosedici 2020 l'an prochain chez Pramac !
Le pilote officiel que Fabio remplace n'est guère plus satisfait : Valentino Rossi termine sa saison à une anonyme 15ème position, pénalisé par ses trois chutes consécutives suivies de ses deux forfaits à cause du Covid-19 ! Saison à oublier pour la star transalpine, qui clôt de façon décevante son parcours comme pilote d'usine Yamaha...
Dommage au regard de la richesse de leur collaboration longue de quinze saisons : Rossi a décroché quatre titres avec Yamaha, 142 podiums dont 49 victoires ! Le Docteur aura connu l'époque des sponsors cigarettiers (Gaul...ses, Cam.. l), puis automobile (Fiat), puis téléphonique (Movistar) et, enfin, énergétique (Monster) !
The end of an era @ValeYellow46 completes his last race in full factory blue #PortugueseGP pic.twitter.com/RIJM8IK9Wu
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Sacré parcours pour le n°46 qui rejoint l'équipe privée Yamaha Petronas-SRT, où le "Docteur" continuera à recevoir un traitement et du matériel d'usine : Rossi devient pilote semi-officiel sur une M1 2020 (le développement est gelé pour tous l'an prochain), tandis que Morbidelli poursuit sa carrière avec une M1 à mi-chemin entre 2019 et 2020. Pas sûr que "Franky" s'en plaigne !
"Notre histoire est divisée en deux parties (2004 à 2010 puis 2013 à 2020, NDLR)", rappelle Rossi. "Et je dois remercier Yamaha pour m’avoir donné une autre chance après mes deux années avec Ducati : j’étais assez désespéré, donc pour moi il était crucial de revenir dans l’équipe d’usine", se souvient la star avec honnêteté.
Autre page qui se tourne : celle concernant Cal Crutchlow, qui quitte le MotoGP après dix ans parmi l'élite pour devenir pilote d'essai chez Yamaha à la place de Jorge Lorenzo. Le majorquin, piqué par ce choix, estime que "Yamaha change l'or en bronze" en le remplaçant par le britannique, qui selon lui sera surtout performant pour tester "la résistance des pièces" au regard de la fréquence de ses chutes !
Thank you @AndreaDovizioso and @calcrutchlow!
Two of the best to ever do it! We'll miss you next year! #PortugueseGP pic.twitter.com/xsfgRbG8jT
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Inutile de préciser que Lorenzo et Crutchlow ne passeront pas leurs prochaines vacances ensembles, le n°35 estimant pour sa part que Lorenzo doit "s'ennuyer chez lui" pour tenir de tels propos. Sachant aussi que le majorquin est loin d'avoir fait des étincelles au développement Yamaha, même si le constructeur l'a sous-exploité en limitant ses roulages pour des raisons peu convaincantes...
A noter également la fin de parcours pour Esteve "Tito" Rabat, débarqué de chez Avintia malgré son contrat pour 2021 pour y placer Luca Marini, demi-frère de Valentino Rossi. L'espagnol clôt sa carrière MotoGP à la dernière place à 48,4 sec du vainqueur : l'ancien champion du monde Moto2, énorme bosseur, assure par ailleurs qu'il ne "paiera plus un centime pour rouler".
Un mot enfin sur les champions du monde Moto3 et Moto2, sacrés ce dimanche au Portugal : Enea Bastianini remporte le titre Moto2 avec neuf points d'avance sur Luca Marini, aux côtés duquel ce jeune pilote italien de 22 ans fera équipe l'an prochain chez Ducati-Avintia.
The traditional Selfie of the CHAMPIONS #M1R @JoanMirOfficial#BeastMode @eneabastianini#SuperArenas @AlbertArenas75#MotoGP pic.twitter.com/4oiAOrT8oP
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En Moto3, Albert Arenas décroche la timbale à Portimaõ avec quatre unités d'avance sur Tony Arbolino. L'espagnol s'est imposé à trois reprises en début de saison, avant de connaître une deuxième partie avec moins de succès mais suffisamment de gros points pour le titre. Bravo champions !
Non classés
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Plateau : Les pilotes et leurs motos 2025
02 mars : GP de Thaïlande
16 mars : GP d'Argentine
30 mars : GP des Amériques
13 avril : GP du Qatar
27 avril : GP d'Espagne
11 mai : GP de France
25 mai : GP de Grande-Bretagne
08 juin : GP d'Aragon
22 juin : GP d'Italie
29 juin : GP des Pays-Bas
13 juillet : GP d'Allemagne
20 juillet : GP de République Tchèque (sous réserve)
17 août : GP d'Autriche
24 août : GP de Hongrie (sous réserve)
07 septembre : GP de Catalogne
14 septembre : GP de Saint-Marin
28 septembre : GP du Japon
05 octobre : GP d'Indonésie
19 octobre : GP d'Australie
26 octobre : GP de Malaisie
09 novembre : GP du Portugal
17 novembre : GP de Valence
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