Le groupe Pierer Mobility peine décidément à remettre sa marque vedette KTM sur de bons rails : le financement prévu par le plan de restructuration n'est pas encore réuni, à un mois de l'échéance. D'autre part, la reprise de la production serait mise à mal par des soucis d'approvisionnements.
Fin février, les (trop) nombreux créanciers de KTM acceptaient le plan de restructuration proposé par sa maison-mère, Pierer Mobility, qui prévoit le versement de "30%" des dettes d'ici le "23 mai 2025". Soit la bagatelle de 600 millions d'euros, tout de même, à réunir pour permettre à la marque de poursuivre ses activités avec la bénédiction des banques, sous-traitants et fournisseurs.
"La conclusion positive du processus d'investissement est, entre autres, une condition préalable à la restructuration de KTM AG et donc à la pérennité du groupe", rappelle le groupe autrichien, en insistant sur l'aspect vital de ce processus : "en cas d'échec du processus d'investissement, ce que le directoire ne prévoit pas actuellement, la société devrait appliquer les valeurs de liquidation à la comptabilité et établir un nouveau rapport financier annuel, faute de prévision positive de continuité d'exploitation".
Rappelons que le montant total des dettes de KTM est estimé à entre 2 et 3 milliards d'euros, alors que ses stocks de motos invendus dépasseraient les 250 000 unités. Prise au piège par ses ambitions trop élevées, KTM trébuche sous le poids des charges de toutes ces machines, en plus de leur coût de stockage. Des sommes colossales à avancer sans rentrées d'argent, faute de ventes : un cercle vicieux, voire toxique pour les finances de l'entreprise.
D'où la nécessité de collecter plusieurs centaine de millions d'euros auprès de ses partenaires pour à la fois honorer les termes de son plan de restructuration - soit le remboursement de 30% de ses dettes - mais également pour remettre en route sa production. Les partenaires en question comprennent notamment le partenaire indien Bajaj Auto.
Problème : "il est apparu que les mesures de capital proposées par le directoire et le conseil de surveillance à l'assemblée générale extraordinaire ne pourraient être mises en œuvre aux conditions proposées et dans les délais impartis", dévoile Pierer Mobility dans un communiqué légal du 22 avril 2025.
En conséquence, le groupe "reporte la publication du rapport financier de l'exercice prévue pour fin avril et vise une publication d'ici le 30 mai 2025". Ce report paraît peu rassurant dans ce contexte, alors que l'échéance interpelle : la logique voudrait que le bilan soit publié avant et non après la date butoir de la procédure de restructuration....
"La société travaille avec l'actionnaire principal sur une alternative pour lever le montant des fonds propres nécessaires au respect des quotas du plan de restructuration", développe Pierer Mobility. "Les résolutions relatives à toute mesure d’investissement doivent être adoptées lors d’une assemblée générale qui sera annoncée à une date ultérieure".
En parallèle, le quotidien local Der Standard dévoile des soucis de production à l'usine historique de Mattighofen (Autriche). Selon nos confrères autrichiens, le nouveau PDG de KTM Gottfried Neumeister - successeur de Stefan Pierer - aurait annoncé un nouvel arrêt de l'activité de fabrication suite à "de graves problèmes dans la chaîne d'approvisionnement".
KTM, qui vient par ailleurs de stopper la distribution de CFMoto dans certains pays d'Europe, est confronté à un problème logistique hélas prévisible. Ses fournisseurs historiques n'ont plus de pièces en stock, puisque leur production destinée aux motos Oranges a été mise à l'arrêt fin 2024 puis début 2025.
Sans compter que certains de ses sous-traitants ne sont probablement pas très chauds à l'idée de réapprovisionner une entité qui doit encore beaucoup d'argent à de nombreux créanciers, et dont la destinée apparaît encore assez contrariée à ce jour...
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