Questions-réponses avec Marc Marquez, nouveau champion du monde MotoGP 2016 titré au Japon hier alors qu'il reste encore trois courses à disputer.
Les lecteurs de Moto-Net-Com - qui, comme chacun sait, ont un peu plus de chance que les autres - ont vécu hier en direct le sacre du pilote Honda Repsol, qui affiche un cinquième titre mondial à son palmarès : trois en MotoGP (2013, 2014 et 2016), un en 125 (2010) et un en Moto2 (2012). Du haut de ses 23 ans, le jeune prodige catalan se livre au jeu des questions-réponses avec le HRC.
Vous avez gagné trois titres de champion du monde MotoGP en quatre ans. Que répondez-vous à ceux qui pensent que c'est facile ?
Marc Marquez : Dit comme ça, c'est vrai qu'on pourrait croire que c'était facile, mais ce n'a pas été le cas du tout. et chaque année a été très différente. C'est un sport où tout ne dépend pas de soi. Il y a beaucoup de facteurs en jeu qui sont liés à la moto, à l'usine, à l'équipe et tout le monde doit être à 100%, ce qui n'est pas facile. J'ai beaucoup appris l'an dernier parce que j'avais fait beaucoup d'erreurs qui m'avaient coûté le titre, mais je suis sûr que l'année prochaine sera encore différente. Le plus important, c'est de rester constamment dans le top 3.
Cette année nous avons assisté à de nombreux rattrapages in extremis, mais combien d'autres nous ont échappé ?
Marc Marquez : C'est vrai que vous ne voyez pas toujours ce qui se passe sur la piste. Hier encore pendant la course, je me suis rattrapé de justesse dans le virage 3. Ce n'est pas passé à la télé, mais je me suis vu par terre. A la télé vous ne voyez que les rattrapages plus spectaculaires, ceux où l'on n'arrive pas à concevoir comment j'ai pu ne pas tomber, mais il y en a beaucoup d'autres qui auraient pu se terminer par une chute. Ca fait battre le coeur, mais cette année ça m'est arrivé aussi pendant les essais parce que je recherche les limites pour pouvoir être en sécurité pendant la course.
Six résultats blancs l'an dernier, aucun cette année: Qu'avez-vous changé pour regagner le titre ?
Marc Marquez : J'ai essayé d'apprendre de l'année dernière et d'utiliser cette expérience, mais tout est relatif car ça dépend aussi de comment une saison démarre. Si vous commencez bien l'année, c'est beaucoup plus facile à gérer. Lorsque vous faites une erreur dès le début, le championnat se complique et il faut prendre davantage de risques. Quoi qu'il en soit, grâce à l'aide de toute l'équipe, j'ai beaucoup appris de l'année dernière pour gérer les situations les plus critiques, et donc je marque beaucoup de gros points.
Vous n'avez que 23 ans, mais vous avez déjà beaucoup d'expérience. Vous sentez-vous vieux ?
Marc Marquez : Vieux, ce n'est pas le mot ! Je me sens encore comme un enfant, pas encore adulte ! Je suis toujours en train d'apprendre et j'ai encore beaucoup de choses à faire dans ma carrière et dans ma vie. Nous sommes tous humains et peut-être que je vais faire plus d'erreurs ou répéter les mêmes erreurs, mais année après année j'acquière de l'expérience, non seulement sur la piste mais aussi en dehors des paddocks. J'apprends à mieux gérer la pression au cours d'un week-end de course, organiser les choses du quotidien à la maison et m'entraîner pour être en forme pour les courses. Je sens que j'ai grandi dans ces domaines.
Sur quels aspects pouvez-vous encore progresser ?
Marc Marquez : Cette année a été une saison incroyable. On a toujours des points faibles à améliorer, mais si je devais me donner une note je dirais 9,5/10, un demi-point en moins à cause du Mans. J'ai fait une erreur que j'aurais dû éviter. Une autre erreur a été de trop attaquer alors que je n'aurais pas dû, comme à Silverstone, même si je suis parvenu à terminer quatrième. Cette année a été vraiment excellente !
Qu'est-ce que la pression pour Marc Márquez ?
Marc Marquez : C'est difficile à expliquer, c'est quelque chose qui vous donne un sentiment d'insécurité, qui vous fait douter et vous rend anxieux. C'est quelque chose qui vous use mentalement et physiquement, et vous terminez le week-end complètement détruit. Toute cette tension consomme énormément d'énergie et il faut savoir la gérer. J'ai beaucoup de chance d'avoir une grande famille dans le paddock. Mon équipe me permet de déconnecter quand nous ne sommes pas en train de penser à la course et ça me permet de rester détendu.
Que pensez-vous du fait gagner le titre à trois courses de la fin de cette saison difficile ?
Marc Marquez : C'est un sentiment étrange, parce que je ne m'y attendais pas. Nous pensions arriver à Valence avec l'objectif de maintenir ouvertes les chances de titre. Si vous dites à quelqu'un qui n'a pas suivi le MotoGP cette année que nous avons gagné avec encore trois courses à disputer, il pourrait penser que ce fut une victoire facile, mais c'était l'inverse ! Cette année a été difficile, avec des moments où je ne me voyais pas être champion du monde. Mais nous sommes allés chercher des points course par course, en étant constants, alors que nos adversaires ont commis quelques erreurs. Je sais que les erreurs ne se produisent pas par hasard. Quand un pilote est capable de garder un rythme soutenu et de faire pression sur les autres, il augmente la possibilité qu'ils fassent des fautes.
Quel rôle ont joué les nouvelles règles cette année ?
Elles ont joué un rôle crucial, mais malgré le résultat final je dois dire qu'au début de la saison, ce fut un gros problème pour nous. Au début nous étions derrière et les essais hivernaux ont été compliqués. J'ai eu plusieurs réunions avec Honda au cours desquelles je leur ai promis que je serai plus prudent. Je m'étais fixé comme objectif de marquer le plus de points possible dès les premières courses, et ils m'ont aidé dans la seconde moitié de la saison. Je leur ai demandé de montrer à tout le monde comment Honda était capable de réagir aux défis, parce que nous étions très loin de notre meilleur niveau. Et puis peu à peu nous avons réduit notre écart avec les autres, ce qui nous a permis d'avoir une RC213V très compétitive pour les trois dernières courses.
Après une pré-saison difficile, avez-vous pensé que le titre serait inaccessible cette année ?
Marc Marquez : C'est très important d'avoir confiance et d'y croire ! Je me souviens que pendant les essais hivernaux, beaucoup dans le paddock disaient que gagner le titre cette année serait presque impossible pour nous parce que nous avions plus de mal que prévu. Je me suis senti très motivé à ce moment-là, parce que ma conviction est que rien n'est impossible et qu'il faut toujours continuer à travailler. C'est vrai que ce fut un moment difficile, mais comme je l'avais dit à l'époque, Honda est Honda, c'est une grande usine parfaitement capable de réagir, et mon équipe c'est... mon équipe !
Quelle a été la pire journée de la saison ?
Marc Marquez : Pendant le test du Qatar, vers la fin du dernier jour... Puis nous avons fini par progresser. Au cours de la saison, le moment le plus difficile était au Mans. J'avais réussi à gagner deux courses (en Argentine et à Austin, NDLR), mais j'ai beaucoup lutté à Jerez et j'ai chuté au Mans. Quand Lorenzo a repris la tête du championnat avant le Mugello et la Catalogne, je me suis dit que ça n'allait pas être facile... Sauf qu'en réalité, ces courses nous ont permis de commencer à croire que le titre était possible.
Vous avez gagné le titre 2014 au Motegi, votre frère y a obtenu sa première victoire et cette année vous y gagnez un nouveau titre... Pourquoi ce circuit est-il aussi particulier pour vous ?
Marc Marquez : Pour être honnête, je ne sais pas ! Peut-être que ce sont les casques spéciaux que nous préparons pour le Japon (rires). Peut-être qu'ils me portent chance parce que ce n'est pas l'un de mes circuits préférés et pourtant j'y ai vécu des moments incroyables et éprouvé des sentiments vraiment inoubliables. Motegi n'est pas une piste sur laquelle j'ai beaucoup gagné et je ne m'y sens pas particulièrement à l'aise, mais c'est l'un des circuits où j'ai les meilleurs souvenirs de ma carrière !
Si vous deviez ne retenir qu'une seule course au cours des neuf dernières années ?
Marc Marquez : La course que je n'oublierai jamais est celle de Valence en 2013, quand je me battais à domicile pour mon premier titre MotoGP. Il y a une autre course que j'ai vécue de l'extérieur, mais je me sentais comme si je me courais. C'était encore à Valence mais en 2014, quand mon frère a remporté le titre Moto3. Je ne sais pas pourquoi, mais chaque instant reste gravé dans mon esprit.
Quel est le dimanche parfait quand il n'y a pas de Grand Prix ?
Marc Marquez : J'adore passer le dimanche sur un canapé (rires), en regardant le championnat d'Espagne, le MXGP, quoi que ce soit, puis dans l'après-midi peut-être regarder un match de football, certainement avec le Barça ! Nous sommes toujours en train de voyager dans le monde, donc quand on reste à la maison on cherche juste à se reposer pour recharger les batteries.
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Plateau : Les pilotes et leurs motos 2024
10 mars : GP du Qatar
24 mars : GP du Portugal
07 avril : GP d'Argentine (annulé)
14 avril : GP des Amériques
28 avril : GP d'Espagne
12 mai : GP de France
26 mai : GP de Catalogne
02 juin : GP d'Italie
16 juin : GP du Kazakhstan (reporté)
30 juin : GP des Pays-Bas
07 juillet : GP d'Allemagne
04 août : GP de Grande-Bretagne
18 août : GP d'Autriche
01 septembre : GP d'Aragon
08 septembre : GP de San-Marin
22 septembre : GP d'Inde (annulé)
22 septembre : GP Kazakhstan (annulé !)
22 septembre : GP d'Emilie-Romagne
29 septembre : GP d'Indonésie
06 octobre : GP du Japon
20 octobre : GP d'Australie
27 octobre : GP de Thaïlande
03 novembre : GP de Malaisie
17 novembre : GP de Valence