Moto-e, le futur championnat de motos électriques organisé par la Fédération internationale de motocyclisme (FIM), se déroulera en marge de cinq Grands Prix européens en 2019. La grille prévisionnelle sera constituée de 18 motos italiennes Energica Ego qui ne couvriront que dix petits tours. Explications.
La coupe du monde FIM Moto-e, première compétition internationale de motos électriques disputée pendant certains Grands Prix MotoGP en 2019, prend sérieusement corps et ses acteurs principaux sont désormais connus. Dernière arrivée sur le plateau, la société de production d'électricité italienne Ente Nazionale per l'Energia Elettrica (Enel), a remporté cette semaine le casting pour devenir sponsor-titre de ce championnat de motos "à piles" !
Rappelons que Dorna - l'argentier du MotoGP - porte la casquette du scénariste et producteur avec la Fédération internationale de motocyclisme (FIM), que l'ancien directeur sportif de Michelin Nicolas Goubert s'occupe de la réalisation (directeur exécutif du Moto-e), qu'Energica hérite du rôle principal de fournisseur unique des motos avec son modèle Ego , tandis que Michelin donnera la réplique en tant que seul manufacturier pneumatique.
"Dorna et la FIM sont heureux d’avancer dans ce milieu de la mobilité électrique, une option que nous considérons comme une voie parallèle pour le futur", assure Carmelo Ezpeleta, directeur général de Dorna Sports. "Nous sommes convaincus qu’ensemble, nous pouvons obtenir avec cette Coupe un succès retentissant".
Les caractéristiques de ce championnat inédit se dévoilent petit à petit, notamment la durée des courses qui sera fixée à seulement "dix tours", loin des 25 tours bouclés en moyenne pendant un Grand Prix "thermique". Et cette longueur ne sera pas revue à la hausse de sitôt : "toutes les évolutions apportées à la moto seront mises à profit pour améliorer les performances plutôt que d’augmenter le nombre de tours", précise Dorna.
Les Energica seraient-elles incapables de couvrir plus de dix tours sans manquer "de jus", alors que cela ne représente qu'une distance comprise entre 40 et 60 km selon les circuits (Valence mesure 4005 mètres, San Marin 4226 m et Silverstone 5900 m, par exemple) ? Probable, dans la mesure où le constructeur de Modène (Italie) annonce une autonomie limitée à "100 km à la vitesse de 100 km/h" pour son Ego de série.
Sachant que ces motos électriques sont spécifiquement préparées pour "envoyer des watts" dans leur déclinaison "EgoGP" (vidéo ci-dessus) et qu'elles seront menées tambour battant sur circuit, leur champ d'action va drastiquement baisser. Les pilotes vont en effet tirer le maximum des 147 ch et 200 Nm de couple (!) délivrés par leur moteur électrique refroidi par huile, en théorie capable de faire passer cette moto de 0 à 100 km/h en seulement trois secondes puis de l'emmener au-delà de 250 km/h !
Mais une autre composante justifie ce format restreint à dix tours : le manque de temps disponible sur un week-end de Grand Prix, durant lequel se succèdent les essais puis les courses Moto3, Moto2 et MotoGP. Or le temps c'est de l'argent !
Impossible de porter atteinte à la programmation actuelle, et surtout pas aux horaires de la catégorie reine MotoGP qui sont soigneusement choisis pour capter la meilleure audience : départ généralement fixé à 14h00, juste après le gigot-haricots chez belle-maman ! Logique après tout : malgré une curiosité polie pour les Moto-e, la plupart des fans n'auront d'yeux que pour Rossi, Marquez, Zarco, Lorenzo et Dovizioso.
Dans un premier temps, en tout cas : le progrès technologique aidant, qui sait si cette catégorie ne gagnera pas à l'avenir en sex-appeal (à ne pas confondre avec le sexe-à-piles !) ? Si des constructeurs comme Ducati, Honda, Suzuki et Yamaha concentraient leur redoutable puissance de feu sur l'électrique, nul doute que des prototypes très performants verraient vite le jour...
Dorna et la FIM seront toutefois contraints d'aménager le programme pour y insérer le Moto-e puisque cinq courses "à piles" sont annoncées en 2019, toutes disputées sur des circuits européens le dimanche en plus des trois courses "thermiques" existantes. Et comme pour les autres catégories, ces compétitions électrisantes - ou pas ? - seront en outre précédées d'essais le vendredi et de qualifications le samedi.
Seule solution possible : raccourcir la durée des épreuves Moto2, Moto3 et MotoGP pour faire entrer au chausse-pied la compétition de motos électriques, modification tout juste entérinée pour sept circuits dès 2018. Cette réduction des tours parcourus sera comprise entre un et trois tours selon les tracés et concerne toutes les catégories (Moto3, Moto2 et MotoGP).
Les tracés concernés sont Austin (Etats-Unis), Jerez (Espagne), Le Mans (France), Barcelone (Espagne), Brno (République tchèque), Misano (Italie) ou encore Valence (Espagne). Les pilotes de Grands Prix s'y montreraient par ailleurs favorables au nom de la sécurité, potentiellement mise en cause sur ces circuits dans les derniers tours - probablement à cause de l'usure des pneus.
Quant au plateau de la Coupe du monde FIM Moto-e, il s'articulera en 2019 autour de dix-huit motos électriques dont deux engagées par chaque team privé actuellement présent en MotoGP. Soit quatorze Energica Ego alignées par les équipes satellites Aspar, Avintia, Gresini, LCR, Marc VDS, Pramac et Tech3.
"Les quatre autres seront reparties entre quatre teams du Moto2/Moto3", prévoit Dorna Sports, en donnant des détails sur le niveau minimum requis pour les futurs pilotes alignés dans ce championnat électrique : recrutés par les équipes, ils devront disposer "d’une expérience suffisante dans le monde du sport moto, afin que le niveau de compétition soit d’emblée élevé".
Selon nos informations, Dorna et la FIM auraient lancé dans ce but une opération séduction auprès de "jeunes retraités" des Grands Prix dans le but de constituer une grille susceptible d'éveiller l'intérêt du public. Parmi les intéressés figureraient notamment l'ancien pilote français Randy de Puniet, tandis que son compatriote Sylvain Guintoli a même déjà testé l'Ego en janvier à Alméria (Espagne).
Et certains de se prendre à rêver de voir leur idole Max Biaggi, Troy Bayliss ou encore Sete Gibernau remonter en selle pour de nouveau se tirer la bourre ! Du 2-temps à la propulsion à piles : la boucle serait ainsi bouclée ! Dans un registre tout aussi utopique, qui sait si un tel projet ne pourrait pas intéresser Casey Stoner, dont le départ en retraite à moins de 30 ans ne cesse de faire parler ?!
En attendant, un autre pilote du "bon vieux deux-temps" est déjà passé au guidon d'une Energica Ego préparée pour la Coupe du monde Moto-e : le sympathique Loris Capirossi, aujourd'hui chargé des questions de sécurité sur les Grands Prix pour le compte de Dorna.
"Le feeling est forcément différent de ce que j’ai pu connaître : au cours de ma carrière, j’ai évolué sur des deux-temps et des quatre-temps, avant de pouvoir tester cette moto électrique", explique le célèbre n°65, auteur de 29 victoires en Grands Prix dont neuf en catégorie reine.
"La première fois que j’ai roulé avec, en 2016, j’avais déjà été très surpris. Le poids est légèrement plus important peut-être, mais à vrai dire on ne le sent pas car le centre de gravité est positionné assez bas. Au final, je trouve cette moto assez agile", assure "Capirex", dont la carrière s'est arrêtée fin 2011 après une ultime saison en demi-teinte chez Ducati-Pramac (17ème).
"La puissance est quant à elle linéaire, il n’y a pas d’à-coups. Concernant l’absence de bruit, au début c’est un peu étrange, mais peu à peu je prenais plaisir à écouter le son de ce genou glisser sur la piste. Nous ne sommes qu’au début du développement, mais je pense que nous avançons dans la bonne voie", conclut l'ancien pilote italien, qui se verra peut-être offrir une "pige" en Coupe du monde Moto-e ?! Restez connectés !
Le MotoE se déroulera en marge de cinq Grands Prix européens en 2019 :
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Plateau : Les pilotes et leurs motos 2025
02 mars : GP de Thaïlande
16 mars : GP d'Argentine
30 mars : GP des Amériques
13 avril : GP du Qatar
27 avril : GP d'Espagne
11 mai : GP de France
25 mai : GP de Grande-Bretagne
08 juin : GP d'Aragon
22 juin : GP d'Italie
29 juin : GP des Pays-Bas
13 juillet : GP d'Allemagne
20 juillet : GP de République Tchèque (sous réserve)
17 août : GP d'Autriche
24 août : GP de Hongrie (sous réserve)
07 septembre : GP de Catalogne
14 septembre : GP de Saint-Marin
28 septembre : GP du Japon
05 octobre : GP d'Indonésie
19 octobre : GP d'Australie
26 octobre : GP de Malaisie
09 novembre : GP du Portugal
17 novembre : GP de Valence
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