Près de 400 000 visiteurs se sont rendus dans le Hall 3 réservé à la moto au Mondial de Paris 2018. Cette fréquentation record dépasse toutes les attentes des constructeurs participants, qui se réjouissent de ce succès lié au regroupement avec le Mondial de l'Auto. Explications.
L'organisateur du Mondial de l'Auto et de la Moto de Paris a le sourire à l'heure de dresser le bilan de l'édition 2018 : interrogé par MNC, AMC Promotion décompte précisément "1 068 194 visiteurs" sur les onze jours d'ouverture au public (du 4 au 14 octobre), auxquels peuvent s'ajouter deux journées supplémentaires réservées à la presse et aux professionnels.
En 2016, la dernière édition du Mondial de l'Auto- avait attiré 1 072 697 visiteurs, soit 4503 de plus. Mais sa programmation s'étalait sur cinq jours supplémentaires (16) et englobait trois week-ends contre deux cette année. La fréquentation quotidienne a donc grimpé en flèche, donnant tort aux constructeurs automobile absents comme Volkswagen, Fiat, Ford ou encore Nissan, pourtant filiale de Renault !
"Nous sommes très heureux de cette édition, tant en termes d'affluence que de la réussite de nouvelles initiatives et de la bonne ambiance générale qui a régné", sé réjouit Laure de Verdun, responsable de la communication chez AMC Promotion, avant d'indiquer au Journal moto du Net que les visiteurs étaient "ravis de pouvoir découvrir la moto en plus de l'auto".
Car l'un des leviers actionnés pour améliorer l'attractivité du Mondial de Paris consistait à réunir les deux-roues et les quatre-roues, format commun déjà adopté par le passé puis abandonné en 1986. Cette "double affiche" permet aux visiteurs d'en avoir davantage pour leur argent, en plus d'ouvrir d'intéressantes perspectives de transferts d'un univers à un autre.
L'argument est surtout valable pour la partie moto, où s'étaient réunis la plupart des constructeurs à l'exception de BMW (présent uniquement sur son stand auto), Ducati (présent uniquement via sa marque Scrambler) ou du groupe Piaggio et MV Agusta (absents). L'objectif était de capter une partie de l'important flux d'automobilistes pour inverser une inquiétante tendance : l'érosion de la fréquentation du Mondial de la Moto (167 000 visiteurs en 2015 et 180 000 en 2013).
"Nous savons qu'il y a environ 2 millions de "permis dormants" en France, des gens titulaires du permis A mais qui ne pratiquent pas la moto faute de temps ou de moyens : ce sont entre autres ces personnes que nous visions lorsque nous avons décidé de revenir à ce format auto-moto", nous éclaire Jean-Luc Mars, président de la branche moto de la Chambre syndicale internationale de l'automobile et du motocycle (CSIAM).
Si le raisonnement présente effectivement des arguments favorables, il restait à mesurer la réelle concrétisation de ce fameux "ruissellement" de l'auto vers la moto, deux univers spécifiques avec des exigences et des modes de consommations totalement différents.
Par ailleurs, les réunir faisait courir le risque que le Mondial Auto étouffe le Mondial Moto, beaucoup moins visible dans les médias généralistes : MNC a pu le constater en interviewant un motard et automobiliste lillois venu découvrir les voitures... et qui ignorait carrément la présence d'un hall réservé à la moto !
Le bilan s'avère finalement excellent puisque "entre 390 000 et 395 000 visiteurs" se sont rendus dans le pavillon réservé à la moto, nous révèle avec Jean-Luc Mars avec une satisfaction non dissimulée. "C'est très, très au-dessus de nos prévisions les plus hautes", indique le directeur la filiale française de Triumph.
Précisons qu'il ne s'agit pas d'une estimation à la louche - façon manifestation - mais d'une comptabilisation physique réalisée à l'aide de capteurs placés à l'entrée du Hall 3 par la société parisienne What The Shop, "une start-up spécialisée dans la mesure du trafic durant les évènements", précise Jean-Luc Mars à Moto-Net.Com.
"Tous les constructeurs présents sont unanimement satisfaits et se réjouissent d'avoir pu constater une fréquentation élevée, dense et qualitative", poursuit-il après avoir consulté la plupart des exposants avant de nous livrer son analyse au lendemain de la fermeture du "Mondial Paris Motor Show", nouveau nom du Mondial de Paris.
De son propre aveu, avoir frôlé la barre des 400 000 visiteurs est un résultat "surprenant, dans le bon sens du terme" : la fréquentation est multipliée par 2,3 par rapport au précédent Mondial de la Moto, qui avait cependant duré cinq jours de moins que cette année (6 jours Vs 11). Jean-Luc Mars et les autres constructeurs moto n'en espéraient pas tant !
"Ce niveau de fréquentation dépasse très largement celui d'Intermot de Cologne", se félicite le dirigeant français, qui comme beaucoup redoutait la concurrence frontale avec l'important salon allemand placé exactement aux mêmes dates que le salon de Paris.
Ses craintes sont balayées par les résultats : bien aidé par l'auto, l'événement parisien surclasse son rival d'outre-Rhin et ses 220 000 visiteurs sur cinq jours ! Mieux : Paris se place à l'aspiration de l'EICMA de Milan (Italie), "poids lourd" des salons moto avec plus 650 000 visiteurs en une semaine !
Autre motif de satisfaction : la diversité des profils des visiteurs, qui tend à démontrer l'intérêt d'associer auto et moto au Parc des Expositions. "Jeunes, moins jeunes, femmes, hommes, familles : cette édition est allée au-delà de notre clientèle traditionnelle composée de passionnés", se réjouit le président de la CSIAM.
"Ce constat agréable rappelle que la moto touche toutes les tranches d'âge et toutes les catégories socio-professionnelles, qu'il s'agit tout simplement d'un moyen de transport grand public", estime Jean-Luc Mars, ravi d'avoir vu de nombreux "d'jeuns" faire des selfies sur ses motos et celles de ses concurrents !
MNC peut effectivement en témoigner : la jeunesse était assez fortement représentée sur le Mondial de Paris 2018, notamment du côté automobile. L'aspect "connecté" des voitures d'aujourd'hui attire les 16-18 ans, friands de nouvelles technologies : une piste à creuser sur les motos de demain ?
"Nous avons effectivement relevé une importante affluence de jeunes sur les journées du mercredi", nous répond Laure de Verdun quand MNC s'étonne d'avoir croisé autant de moins de 20 ans en milieu de semaine. "C'est encourageant pour l'avenir", note la communicante d'AMC en ajoutant que "les records de fréquentation passés ont été battus chaque jour".
"Oui, nous avons vu des jeunes, beaucoup de jeunes : ça aussi c'est un signal très positif", reprend Jean-Luc Mars. Le directeur général de Triumph France estime désormais qu'il faut surfer sur cette bonne dynamique pour améliorer la prise en compte de la moto dans d'autres domaines "comme la sécurité et les infrastructures".
Autre nouveauté 2018 : les exposants étaient autorisés à enregistrer des commandes directement sur leurs stands. Cette initiative visait à répondre à la demande de plusieurs constructeurs moto, qui souhaitaient améliorer leur retour sur investissement sur le salon parisien.
Logique, après tout : le Mondial constitue certes une excellente vitrine pour promouvoir les dernières technologies et faire connaître une nouvelle gamme, mais l'objectif principal est bien de les vendre, ces motos, pas uniquement de les exposer !
Concilier business et exposition ne semble pourtant pas aller de pair pour tous les exposants, comme MNC a pu le constater : sur plusieurs stands, aucune équipe commerciale n'était dépêchée pour faire signer des bons de commande. Etonnant.
Des constructeurs nous avouent être embarrassés avec cette pratique qui pourrait leur poser des soucis avec leur réseau. Comment choisir le vendeur ? Qui finalise la commande ? Vers quel concessionnaire diriger le client quand l'achat est acté ? Autant de problématique que certains ont préféré éviter.
"Beaucoup de marques ne prenaient pas de commandes, dont Kawasaki et Yamaha", nous confirme Jean-Luc Mars qui avait également fait ce choix sur son stand en tant que directeur général de Triumph France, "mais Honda l'a fait et semble satisfait".
Les doutes émis ces derniers mois sur l'intérêt du Mondial de la Moto à Paris semblent donc avoir été balayés par la forte affluence enregistrée pendant ces onze jours de salon : réunir auto et moto semble avoir été un pari gagnant dont se réjouissent tous les exposants.
"Il est trop tôt pour se prononcer sur quoi que ce soit, mais clairement tous les voyants sont au vert pour renouveler cette formule en 2020", approuve Jean-Luc Mars qui envisage néanmoins quelques pistes d'améliorations pour la prochaine édition.
"Nous avons tous vu ou subi l'attitude de la mairie de Paris et de la préfecture à l'endroit des visiteurs venus à moto, et c'est évidemment l'un des points négatifs à essayer de corriger", prévient le président de la CSIAM.
Lucide, Jean-Luc Mars sait qu'il sera difficile de "négocier avec l'équipe municipale" et prévoit plutôt de se concerter avec les autres constructeurs et l'organisateur afin de mettre au point des mesures concrètes pour améliorer l'accès et le stationnement à proximité du salon.
"Le succès de cette édition plaide en faveur de la moto : profitons-en pour nous en servir comme d'un levier pour agir sur des points problématiques comme celui-ci", conclut le dirigeant français. Rendez-vous en 2020, donc, peut-être en présence des constructeurs absents cette année ? A suivre naturellement sur MNC : restez connectés !
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