Le constructeur italien évite soigneusement de prendre parti sur l'accrochage entre son champion du monde Pecco Bagnaia et sa nouvelle recrue Marc Marquez au Grand Prix du Portugal. Mais cette politique de l'autruche fonctionnera-t-elle si cette situation se reproduit entre les top pilotes Ducati ?
Marc Marquez, le loup dans la bergerie ? C'est la question que beaucoup d'observateurs se posent depuis son retentissant départ de Honda à Ducati… Car, en thérorie, Marquez débarque chez les Rouges avec des objectifs modestes : le n°93 ne cesse de répéter son ambition de reprendre du plaisir avant de penser aux résultats. "Le titre ? Vous n'y pensez pas !", sous-entend l'espagnol avec son sourire carnassier...
Sauf que personne n'est dupe : à 31 ans, l'octuple champion du monde (six fois en MotoGP) n'a rien perdu de son appétit dévorant pour la gagne. Marc Marquez ne s'est pas assis sur son rutilant contrat d'usine au HRC pour jouer aux observateurs béats sur une ancienne génération de Desmosedici chez Gresini ! Chassez le naturel, il revient au rupteur : la preuve au GP du Portugal où l'espagnol a trusté les avant-postes avec son premier podium à la clé en sprint.
Autre témoin de ses véritables intentions : son accrochage avec Francesco Bagnaia dans l'avant-dernier tour de la course principale, avec comme issue les deux Ducati hors des points. Certes, Marc Marquez n'est pas directement responsable de l'incident classé comme un incident de course par les commissaires. "Pecco" en porte à nos yeux davantage de responsabilités puisque le champion en titre percute le n°93 par l'intérieur en cherchant à décroiser leurs trajectoires.
Pour autant, ce premier incident prend des allures d'avertissement : Marc Marquez ne fera aucune "courbette" à l'actuel chef de file Ducati, y compris pour le gain d'une cinquième place comme à cet instant précis. Bagnaia pensait envoyer un message à son rival en répliquant aussitôt à son dépassement… Résultat : deux Ducati dans les graviers à la deuxième course seulement, et désormais la certitude pour Bagnaia que Marquez ne s'écartera pas de son chemin.
Avez-vous remarqué que Francesco Bagnaia - habituellement très courtois - s'est tenu écarté de Marc Marquez après leur sortie de piste (voir les photos de notre photographe Penny Rise) ? Aucun signe d'excuse ou de tentative de s'expliquer alors que les deux hommes étaient à quelques mètres l'un de l'autre. Le n°1, comme tout prédateur, sait reconnaître un autre prédateur !
"Pour moi, c'était une erreur de Pecco", tranche Marc Marquez. "Mais un contact ça peut arriver : il a essayé de répondre et il était trop optimiste. Mais on se battait pour la cinquième ou la sixième place : ce n'est pas nécessaire d'être aussi agressif pour deux points en plus ou en moins, toutefois c'est ce qu'il a décidé. Conséquences : zéro points pour deux Ducati", analyse-t-il.
Et chez Ducati, justement, comment gère-t-on cet "incident" ? En protégeant son double champion du monde ou en donnant raison à son expérimenté rival ? Sans surprise, le constructeur botte en touche et ne rentre pas dans les débats ! Car les Rouges ont conscience d'être assis sur une poudrière, qui pourrait leur péter au casque au prochain "accrochage" !
S'il jusge ainsi cet épisode "très regrettable", Luiggi Dall'igna estime que "tout commentaire supplémentaire serait totalement superflu". En clair : circulez, y a rien à voir selon le directeur général de Ducati Corse, principal artisan du retour au sommet de Ducati ! Même approche délicate de la part de Claudio Domenicali, PDG de Ducati, qui se contente d'avouer que "nous sommes tous un peu déçus, mais c'est la course".
"Peut-être qu'avec leur expérience, ils auraient pu être plus prudents", reconnaît-il néanmoins auprès de Sky SPort Italie. "Mais d'un autre côté, aucun des deux ne voulait abandonner même si ce n'est qu'une cinquième place qui était en jeu : ils ont été durs et ont tous les deux pris des risques. Je les comprends… mais je ne leur donne pas totalement raison : ce serait un bon résumé", avertit le big boss des Rouges.
"Je comprends que le sujet plaise aux journalistes mais j'essaie de ne pas me laisser entraîner dans la polémique : ça ne prend pas !", affirme en souriant Claudio Domenicali. Ducati gardera-t-il le sourire toute la saison ? Car une chose est certaine : l'arrivée de Marc Marquez dans ses rangs crée autant d'attentes que de crispations... dans les boxes comme sur la piste !
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