A 29 ans, Randy de Puniet aborde sa cinquième saison en MotoGP avec sérénité : plus sûr de lui et toujours aussi rapide, le pilote Honda s'affirme ravi des progrès de sa RCV. Portrait et interview de l'unique français engagé en catégorie reine.
Tous au Grand Prix de France 2010 ! |
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Champion de France 125 en 1997 et 1998 puis sérieux prétendant au titre mondial en GP 250, Randy de Puniet se retrouve pilote d'usine Kawasaki pour sa première saison en catégorie reine en 2006 !
Ultra rapide, le natif de Maisons-Laffitte (78) subit cependant un apprentissage douloureux du MotoGP : entre une ZX RR pas des plus faciles à dompter et une tendance à vouloir trop en faire, Randy part souvent à la faute et connaît les affres de la blessure et du doute...
Mais le n°14, volontaire et ambitieux, s'accroche et cherche à progresser, soutenu par ses proches et son fidèle manager Eric Mahé. Éconduit par Kawa fin 2007 - alors qu'il venait de signer son premier podium au Japon -, Randy retrouve avec soulagement l'ambiance presque "familiale" du team Honda-LCR de Lucio Cecchinello, qui lui offre alors une Honda RCV plus compétitive et un encadrement aux petits oignons.
Pour autant, le tricolore vit une saison 2008 encore bien difficile, ponctuée de quelques coups d'éclats en essais et d'une belle sixième place en course à Laguna Seca (lire MNC du 21 juillet 2008 : le Grand Prix des Etats-Unis tour par tour), mais aussi de trop nombreuses chutes. Cette situation l'oblige à réagir durant l'intersaison : épaulé sportivement par l'ancien crossman français Yves Demaria, Randy prend conscience que sa fougue met à mal ses résultats - voire sa carrière - et qu'il lui faut désormais allier vitesse et régularité.
Moins tendu et acceptant de revoir ses objectifs à la baisse en course lorsque la situation l'exige, le pilote LCR réalise sa plus belle saison MotoGP en 2009 : régulier et prudent, Randy met surtout au point de pertinentes stratégies de course et saisit sa chance dès qu'elle se présente, comme à Jerez en terminant en quatrième position (lire MNC du 4 mai 2009 : le Grand Prix d'Andalousie tour par tour) et surtout à Donington où il monte carrément sur le podium lire MNC du 27 juillet 2009 : le Grand Prix de Grande-Bretagne tour par tour).
"Dans la ligne droite du Qatar, je restais au contact de la M1 de Rossi"
En difficulté lors des premiers essais de pré-saison, en grande partie à cause de l'acclimatation aux spécificités de sa nouvelle Honda RCV212 ("plus une vis du modèle 2009 n'allait sur la 2010 !, nous confie le pilote LCR !), Randy de Puniet renverse la vapeur lors des derniers tests au Qatar qu'il termine en septième position le deuxième jour (lire MNC du 20 mars 2009 : compte rendu des essais du Qatar).
Accessible et détendu, Randy a accepté de répondre aux questions de Moto-Net.Com à la veille de la reprise des hostilités, dans moins de 10 jours au Qatar (lire MNC du 16 novembre 2009 : calendrier des épreuves 2010). Interview.
Moto-Net.Com : La saison MotoGP démarre au Qatar le 11 avril, comment te sens-tu physiquement ? Ta cheville gauche fracturée durant la trêve estivale ne te fais plus trop souffrir ?
Randy de Puniet : Physiquement, je suis très bien préparé ! J'adore le sport, donc c'est toujours avec plaisir que je m'entraîne durant l'intersaison. Concernant ma cheville, je ne ressens quasiment plus aucune douleur et elle ne gêne presque pas lorsque je pilote : on peut donc dire que je suis au top à ce niveau.
M.-N.C. : Tes premières séances d'essais avec la Honda RCV212 cuvée 2010 ont été un peu laborieuses sur le plan des chronos, mais tu sembles avoir trouvé le déclic au Qatar avec le 7ème temps ?
R .d .P. : C'est vrai qu'à Valence ou à Sepang, j'ai pris du temps pour trouver mes marques. Honda s'était engagé à fournir une RCV client très proche des motos officielles et les japonais ont tenu parole, donc nous avons découvert une moto complètement différente de celle de la saison dernière ! Mais aujourd'hui, le team et moi avons défini une bonne base : je me sens très bien sur la Honda, j'ai un bon rythme et je pense qu'il ne nous reste plus qu'environ 10% de potentiel à grappiller sur les réglages et l'électronique.
M.-N.C. : Quelles sont les performances de cette nouvelle RCV ? Andrea Dovizioso (3ème au Qatar) et toi semblez à l'aise, mais ce n'est visiblement pas le cas de Pedrosa (13ème) et des autres pilotes Honda ?
R .d .P. : Personnellement, j'aime beaucoup ce nouveau millésime et je trouve que Honda a bien bossé durant l'hiver. La RCV 2010 est plus stable au freinage, elle offre plus de grip en sortie de courbe, use moins les pneus et dispose surtout d'un moteur plus puissant. Au Qatar, j'ai fait quatre tours rapides derrière Rossi et j'ai pu suivre son rythme, sans me faire décrocher dans la longue ligne droite des stands comme la saison dernière : c'est très encourageant ! Maintenant, il est vrai que Dovizioso et moi semblons les seuls à apprécier ces progrès. Les autres pilotes Honda se plaignent même des points que nous jugeons en progression...
"En ligne droite ou sur l'angle, la RCV 2010 semble n'avoir rien à envier à la M1"
M.-N.C. : Tu as pu suivre la Yamaha M1, qui est considérée comme "l'épouvantail" de la catégorie reine : quels sont les points sur lesquels elle te semble encore supérieure à la Honda ?
R .d .P. : Je dirais l'exploitation du moteur en sortie de courbe. En ligne droite ou sur l'angle, la Honda semble n'avoir rien à lui envier. En revanche, la M1 conserve un léger avantage pour s'extraire des courbes.
M.-N.C. : Ton style de pilotage est assez agressif et tu sollicites beaucoup l'avant de ta moto, comme c'était déjà le cas en 250. Est-ce conciliable avec une moto développée en priorité par des pilotes officiels qui ne la conduisent pas forcément de la même façon ?
R .d .P. : Au fil des saisons, j'ai "adouci" mon pilotage pour moins charger l'avant et moins user le pneu ou risquer la chute. Néanmoins, j'aime piloter de cette façon, en gardant beaucoup de freins en entrée de virage, et ça me réussit en termes de chronos. En outre, les possibilités de réglages sont tellement étendues sur la Honda, et encore davantage cette année, que l'on peut adapter relativement facilement la moto à tous les styles. Ce n'est qu'une affaire de mise au point et de ce côté, nous sommes à peu près parés.
M.-N.C. : Tu es en pleine forme, ta moto aussi, l'entente au sein de ton team est très bonne : 2010 s'annonce bien ?
R .d .P. : C'est vrai que j'aborde la saison avec confiance. J'aimerais réussir à finir régulièrement près des quatre hommes forts du championnat (Rossi, Lorenzo, Stoner et Pedrosa, NDLR) et tenter de remonter sur le podium en 2010... Et pourquoi pas, si l'opportunité se présente, signer ma première victoire en MotoGP !
"En 2010 je verrais bien Rossi, Stoner, Pedrosa et Lorenzo"
M.-N.C. : Quels sont les circuits du championnat qui te conviennent le mieux ?
R .d .P. : D'une manière générale, les tracés rapides. Sinon, je dirais le Qatar, Jerez, Barcelone, Phillip Island et Brno. Mais bon, il faut prendre les courses au fur et à mesure et réaliser ce qu'il est possible de faire.
M.-N.C. : La 250 laisse place au Moto2 en 2010 et il est prévu un retour aux 1000 en 2012. Que penses-tu de tous ces changements de réglementation ?
R .d .P. : Concernant le Moto2, il faudra voir à l'issue de la saison pour statuer. Mais j'ai l'impression que cette catégorie ne réduit pas autant les coûts que prévu et je trouve un peu dommage que la compétition entre constructeurs ne soit plus possible du fait du moteur unique. En outre, d'après les premières échos que j'ai entendus, les Moto2 s'avèreraient nettement moins drôles à piloter que les 250... Pour le MotoGP, je n'ai pas grand-chose à dire car le règlement change très souvent et que rien n'est vraiment défini.
M.-N.C. : Quels sont tes favoris en MotoGP cette année ?
R .d .P. : Je dirais Rossi, encore une fois, car il possède non seulement le talent et l'intelligence de course, mais aussi une moto aboutie et une équipe rôdée. Derrière, je dirais Stoner, Pedrosa et Lorenzo.
Reste à savoir désormais à combien de longueurs de ces "extra-terrestres" Randy terminera sa saison 2010 : et pourquoi pas à l'aspi de ces quatre motos d'usine, sur le cinquième rang du classement général pour sa cinquième saison en MotoGP ? C'est tout à fait possible si Randy parvient à saisir toutes les opportunités tout en évitant les erreurs, avec le soutien de tous ses fans !
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