Le dernier tour du Grand Prix d'Émilie-Romagne 2024 s'est animé par le dépassement en "block pass" d'Enea Bastianini sur Jorge Martin, contact à la clé. L'attaque victorieuse de l'officiel Ducati est jugée limite, tout comme l'absence de réactions de la direction de course.
Un certain malaise régnait dans le clan Ducati à l'arrivée du Grand Prix d'Émilie-Romagne, deuxième course MotoGP organisée sur le circuit de Misano (Italie)... D'un côté, les Rouges de Bologne exprimaient la satisfaction de voir l'une de leur moto officielle signer leur 100ème victoire en MotoGP et verrouiller au passage le sixième titre constructeur de Ducati en catégorie reine. Et ce, alors qu'il reste encore six manches à disputer !
Mais dans le même temps, la manoeuvre aux forceps d'Enea Bastianini pour s'imposer sur le leader du championnat Jorge Martin avait quelque peu refroidi l'ambiance voulue festive…. La vidéo de l'action en question ci-dessous parle d'elle-même : "Bestia" force le passage par l'intérieur à l'entrée d'un enchaînement à droite et vient au contact du leader du championnat. Martin est contraint de relever sa moto en direction du dégagement.
Enea Bastianini lui-même termine sa manoeuvre hors des limites de la piste, avec ses deux roues qui dépassent le vibreur dans la partie bitumée bleue. Autrement dit : l'italien était au-dessus de ses pompes, aussi bien à l'entrée du virage - négocié milieu de piste - qu'à la sortie où sa vitesse est encore trop élevée pour négocier la cassure. C'est d'ailleurs ce point précis qui interpelle Marc Marquez, pourtant loin d'être le "doux" dans ses dépassements !
"Dans la mesure où Enea est lui aussi sorti de la piste, il devait rendre sa position", estime le n°93. "Quand on fait un dépassement agressif, tant qu'on reste sur la piste, ça n'est pas un problème. Mais si on ne parvient pas à garder sa moto en piste, pour moi la position gagnée doit être rendue. Mais c'est à la direction de course de décider", ajoutait-il après la course.
La direction de course, étonnament, n'a pas jugé utile de mener la moindre investigation sur cette action. A l'opposé de ses sanctions prises à l'encontre de manoeuvres parfois bien moins "percutantes" ! "La direction de course ne prend pas de sanction ?", s'étonnait Marc Marquez à sa descente du podium. "Alors, je ne suis pas d'accord avec cette décision", a-t-il réaffirmé sans prendre parti pour son futur team.
"Selon moi, c'est un peu injuste de pousser un adversaire hors piste et de ne pas prendre le virage", estime également Luca Marini, qui pointe du gant l'obligation de Jorge Martin de relever sa moto pour éviter la chute. "Si Martin ne relève pas sa moto, il tombe", observe le demi-frère de Valentino Rossi. "Martin s'est en quelque sorte sacrifié pour qu'Enea ne soit pas pénalisé, car s'il était était tombé, Enea aurait été pénalisé !".
"Je n'ai vraiment pas les mots parce qu'un pilote en a touché un autre, les deux finissent au-delà des limites de la piste, et la direction de course ne lance même pas d'enquête !", s'insurge pour sa part Aleix Espargaro, "très inquiet" des répercussions de cet épisode sur les prochaines batailles...
Le futur retraité balaie par ailleurs les arguements soulevés par Enea Bastianini pour justifier son block pass : l'italien explique que Misano est un tracé compliqué pour doubler, alors que les MotoGP modernes complexifient par ailleurs les dépassements en raison des forts flux aérodynamiques.
"C'était ma seule opportunité de gagner la course", se justifie "Bestia", pour qui la fin justifie les moyens. "Quand on se bat pour la victoire, on donne quelque chose en plus dans le dernier tour et c'est ce que j'ai essayé de faire", conclut-il… avant de tenter de se dédouaner en chargeant sa victime : "Jorge a fait exprès de se jeter à l'intérieur", jure le n°23 !
"Oui, les motos sont difficiles à doubler", lui répond Aleix Espargaro. "Mais par le passé, on voyait déjà des pilotes en toucher d'autres et aller hors piste : ça arrive maintenant et ça arrivait déjà il y a 20 ans. Est-ce dur de doubler ? Oui, mais si on touche un pilote et que les deux vont hors piste, ce n'est pas lié à la moto".
Parmi les - rares - pilotes à défendre Bestianini, Pecco Bagnaia trouve sa manoeuvre "normale" et la classe même comme un "dépassement de course". Naturellement, le fait qu'il s'agisse de son propre coéquipier et que sa victoire limite son retard sur Martin n'a aucune incidence sur son jugement !
"Le subir, ça fait chier, évidemment, c'est normal", reconnaît tout de même le n°1. "Mais c'est quelque chose qui m'est aussi arrivé plusieurs fois avec Jorge l'année dernière. (...) Pour moi, c'est un dépassement de course normal. Agressif, mais juste".
"C'est difficile de doubler donc Bastianini devait tenter une manœuvre parce qu'il jouait une victoire", rappelle de son côté Johann Zarco. "Il y a un moment où il faut y aller et forcer l'autre à relever la moto ou avoir un contact. Si on ne fait pas ça, on est un cran derrière et on peut percuter l'arrière de la moto et tomber. Mais si on relâche trop les freins pour passer devant, on rate le virage, donc on n'a pas de solution".
Et le principal intéressé, Jorge Martin, comment perçoit-il cette opportunité manquée ? Rappelons que l'espgnol avait manifesté sa désapprobation avec un bras d'honneur à l'attention de Bastianini lors de sa sortie de piste. "Martin-ator" s'est cependant vite calmé, au point même de venir serrer la main de son bourreau pendant le tour d'honneur. Sport.
"J'ai fait un super week-end, je voulais gagner, et je pense sincèrement que j'étais le plus fort sur ce deuxième round à Misano", a expliqué le n°89 à sa descente de moto. "Mais j'ai dû gérer la situation avec Enea et sa manoeuvre un peu excessive puisqu'il est même sorti de la piste", analyse-t-il, en se concentrant sur l'essentiel : son avance sur Bagnaia passe de 7 à 24 pts suite à la contre-performance de son rival.
"Mais ça n'a pas d'intérêt d'en parler, parce que ça n'y changera rien", se résigne le pilote Pramac alors que son équipe s'est précipitée à la direction de course aussitôt l'accrochage. En vain… "Ils nous ont répondu que le dépassement était "ok" et que Bastianini ne serait pas pénalisé", rapporte le manager Pramac, Gino Borsoi.
"Nous savons désormais où se trouve la limite et, si à l'avenir nous avons besoin de faire quelque chose comme ça dans le dernier tour, nous pourrons le faire puisque c'est autorisé", avertit Borsoi avec une pointe de défi… Voilà qui promet pour la prochaine course ce week-end en Indonnésie ! Restez connectés.
Pos. | Pilote | Ecurie | Points |
1 | 89J. Martin | Prima Pramac Racing | 341 |
2 | 1F. Bagnaia | Ducati Lenovo Team | 317 |
3 | 23E. Bastianini | Ducati Lenovo Team | 282 |
4 | 93M. Marquez | Gresini Racing MotoGP | 281 |
5 | 33B. Binder | Red Bull KTM Factory Racing | 165 |
6 | 31P. Acosta | Red Bull GASGAS Tech3 | 157 |
7 | 12M. Viñales | Aprilia Racing | 149 |
8 | 41A. Espargaro | Aprilia Racing | 127 |
9 | 73A. Marquez | Gresini Racing MotoGP | 121 |
10 | 49F. Di Giannantonio | Pertamina Enduro VR46 Racing Team | 121 |
11 | 72M. Bezzecchi | Pertamina Enduro VR46 Racing Team | 108 |
12 | 21F. Morbidelli | Prima Pramac Racing | 102 |
13 | 20F. Quartararo | Monster Energy Yamaha MotoGP Team | 73 |
14 | 88M. Oliveira | Trackhouse Racing | 71 |
15 | 43J. Miller | Red Bull KTM Factory Racing | 58 |
16 | 25R. Fernandez | Trackhouse Racing | 49 |
17 | 5J. Zarco | CASTROL Honda LCR | 22 |
18 | 30T. Nakagami | IDEMITSU Honda LCR | 21 |
19 | 36J. Mir | Repsol Honda Team | 20 |
20 | 37A. Fernandez | Red Bull GASGAS Tech3 | 20 |
21 | 42A. Rins | Monster Energy Yamaha MotoGP Team | 15 |
22 | 44P. Espargaro | Red Bull KTM Factory Racing | 12 |
23 | 26D. Pedrosa | Red Bull KTM Factory Racing | 7 |
24 | 10L. Marini | Repsol Honda Team | 5 |
25 | 6S. Bradl | HRC Test Team | 2 |
26 | 87R. Gardner | Monster Energy Yamaha MotoGP Team | 0 |
27 | 32L. Savadori | Aprilia Racing | 0 |
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Plateau : Les pilotes et leurs motos 2025
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16 mars : GP d'Argentine
30 mars : GP des Amériques
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27 avril : GP d'Espagne
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25 mai : GP de Grande-Bretagne
08 juin : GP d'Aragon
22 juin : GP d'Italie
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24 août : GP de Hongrie (sous réserve)
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