Suzuki a immatriculé 4414 motos et scooters (-11,8%) en France en 2022. Pour Moto-Net.Com et ses lecteurs Premium, le directeur commercial dresse le bilan : Covid long, occasions en ébullition, location mise en avant, stationnement payant, deux-roues électrique, contrôle technique... Interview MNC de Guillaume Vuillardot.
Moto-Net.com : Le marché français du motocycle est en baisse... comparé à une année 2021 déconfinée. Le bilan 2022 est donc positif ?
Guillaume Vuillardot (directeur commercial Suzuki France) : Nous restons sur un marché français de très bonne tenue au regard du volume, même s'il baisse légèrement. De nombreuses marques ont encore des difficultés d'approvisionnement. On peut donc considérer que c'est une belle année pour le marché de la moto.
MNC : Les multiples effets de la pandémie de Covid-19 restent sensibles. Lequel est le plus handicapant pour votre marque ?
G. V. : De la 1ere étape d'une moto jusqu'à la dernière en arrivant sur notre territoire, tous les process ont été impactés : le covid qui a obligé nos ingénieurs à se réunir physiquement moins souvent, l'approvisionnement des matières premières, les employés malades dans les usines, les containers non dispos, les bateaux difficiles à trouver et j'en passe. On se rend compte à quel point c'est un processus long et complexe de pouvoir retrouver une moto dans un showroom et avoir la possibilité de l'acheter. Toutefois, notre situation s'améliore au fil des mois : en 2023, que ce soit sur la production, les containers ou le transport maritime. Nous ne sommes pas encore en pleine capacité, mais cela n'a plus rien à voir avec la période covid. Nous visons sur notre prochain exercice fiscal (avril 23 à mars 24) à une progression de notre chiffre d'affaires de +50%.
MNC : À quel point les concessionnaires sont-ils bridés ? Leurs clients sont-ils compréhensifs ?
G. V. : Il est difficile d'évaluer le niveau du marché si du stock était présent en concession pour toutes les marques. Mais oui, nos clients comprennent la situation car tout le monde connaît les conséquences directes/indirectes du covid ! Dans tous les cas, aujourd'hui, nous sommes en mesure de livrer des motos assez rapidement, voir immédiatement.
MNC : Quels modèles ont particulièrement bien marché... pardon, roulé commercialement chez vous en 2022 ?
G. V. : Tout ce que nous avons reçu a été vendu. Nos chiffres de ventes sont le reflet de nos approvisionnements 2021/22. Et nous n'avons pas eu assez de motos pour répondre correctement à la demande.
MNC : Lesquels ont été le plus impacté par les ruptures de stock ?
G. V. : Tous les modèles ont été touchés, avec une amélioration au fil des mois de notre production.
MNC : Le marché de l'occasion est-il toujours en ébullition ?
G. V. : Le marché VO a suivi la tendance du marché VN : en baisse de presque 5% entre 2022 et 2021. Mais il reste à un niveau élevé. En regardant la tendance depuis 2019 ans, les faits marquants sont une progression de + de 4% des VO et la catégorie 35kw qui explose à +36% (et qui n'a pas baissé entre 2022 et 21). Donc le VO, cela reste un élément clé du marché.
MNC : Pour la première fois en France, les particuliers ont davantage loué qu'acheté leur nouvelle voiture (51 % LOA/LDD en 2022, Vs 10 % en 2012). Quelle est cette proportion dans la moto ? Quelle incidence a cette évolution sur votre activité ?
G. V. : La part locative chez Suzuki se développe de manière importante. Le volume a doublé en 2022. Les comportements sont en train d'évoluer. Il n'y a aucun doute.
MNC : En conséquence et d'après AAAdata, le prix moyen d'une voiture neuve est passé de 19800 euros en 2010 à plus de 32000 cette année. La valeur des motos montent aussi en flèche, non ? Les motards montent en gamme, en cylindrée ? Ou est-ce un effet pervers de la LOA ?
G. V. : En cinq ans, notre prix moyen a été multiplié par trois du fait de notre changement de stratégie : nous nous focalisons sur chaque vente, et avons orienté notre gamme vers des nouvelles motos de plus forte cylindrée ou de plus forte valeur. Donc l'augmentation de la valeur moyenne d'une moto Suzuki est une véritable conséquence de notre nouvelle manière de concevoir, fabriquer et vendre des motos.
MNC : À quel point le stationnement payant dans Paris a touché vos concessionnaires franciliens ?
G. V. : Tout d'abord, Suzuki est aujourd'hui un constructeur principalement de moto en Europe et en France. D'autre part, le marché francilien est l'un des plus importants en terme de vente de scooters. La mise en place du stationnement payant a eu un effet désastreux sur l'ensemble des professionnels qui vendent du deux-roues motorisés dans Paris.
MNC : D'autres grandes villes ne perçoivent pas davantage l'intérêt du deux-roues motorisés ?
G. V. : J'ai envie de vous dire qu'il n'y a qu'en France où les deux-roues motorisés ne sont pas vus par les pouvoirs publics comme un outil qui peut aider à désengorger les villes, fluidifier le trafic et réduire la pollution. Nous devons donc continuer à travailler, en particulier avec la CSIAM, avec notre réseau, pour continuer à faire progresser l'image des motos et des motards dans la société.
MNC : Chez les 125cc, certains équivalents électriques pointent dans les meilleures ventes. Mais ce sont des marques chinoises qui s'illustrent. Comment l'expliquez-vous ?
G. V. : Les marques chinoises se sont lancées dans l'électrique avant les autres constructeurs, et en investissant beaucoup.
MNC : Le contrôle technique peut-il servir notre cause ? En coinçant les rares motos et scooters trop bruyants, par exemple.
G. V. : Sur le bruit, il y a clairement une vraie et grosse problématique. Les comportements d'hier ne sont plus acceptables aujourd'hui. Nous devons tous prendre ce sujet à bras le corps et faire évoluer les mentalités. Avoir une moto, un scooter qui fait un bruit acceptable nous permettra de mieux nous intégrer dans la société. Ensuite, faire un CT visuel pour améliorer la rentabilité des centres de CT, je ne vois pas l'interêt pour le motard. Mais voilà, nous n'avons plus le choix.
MNC : Le contrôle technique permettra aussi de mieux connaître le parc roulant français. Ces statistiques globales doivent intéresser les constructeurs, non ?
G. V. : Oui d'une certaine manière. Mais les statistiques/informations qui nous permettent de suivre notre activité, d'analyser et comprendre comment fonctionne et réagit le marché cible sont déjà disponibles.
MNC : Quelles sont vos bonnes résolutions pour 2023 ?
G. V. : Rouler avec Tom Barrer, notre nouvel ambassadeur Suzuki !
MNC : Vous croisera-t-on au Salon de Lyon, qui lance traditionnellement la saison ?
G. V. : Bien sûr. Avec notamment la présence de nos nouvelles V-Strom 1050, V-Strom 800DE et 8S. Nous participerons aussi à de belles animations au sein du salon.
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