En passant de Michelin à Bridgestone, Valentino Rossi relevait un double défi : quitter un partenaire au palmarès éloquent et intégrer une structure toute acquise aux indications de son grand rival, Stoner... Et maintenant, qui est le patron chez Bridge ?
On peut dire que ça n'a pas traîné : à peine le millier (!) de projecteurs étaient-ils éteints autour de la piste qatarie que déjà, les favoris pour le titre suprême s'affrontent par déclarations interposées...
Sur les cinq premiers pilotes à l'arrivée (Stoner, Lorenzo, Pedrosa, Dovizioso et Rossi), quatre affichent déjà des contentieux plus ou moins récents : ainsi, l'impétueux Jorge Lorenzo a immédiatement re-déterré la hache de guerre avec son ancien rival, Dani Pedrosa : "je n'ai pas aimé que Dani Pedrosa ne m'ait pas félicité à la fin de la course, bien que nous puissions tous faire et dire ce que nous voulons", s'indigne le bouillant n°48 dans la presse espagnole.
"Si j'étais lui, je serais allé féliciter un Rookie qui a fini à la deuxième place ! Toutes les autres personnes que j'ai vues au Qatar m'ont félicité : mécaniciens, pilotes, etc.", enrage l'espagnol auteur d'une superbe première course (lire Moto-Net.Com du 10 mars 2008).
Mais le jeune Lorenzo relativise pour l'instant sa performance et prétend - comme un certain Stoner l'an passé... - se concentrer sur les courses, pas sur le championnat.
Conscient du niveau très élevé de la catégorie reine, Jorge Lorenzo a salué la fantastique course du nouveau champion du monde avant de prendre la défense de son illustre coéquipier : "Valentino est le meilleur pilote de l'histoire de la moto : je le dis en toute sincérité et je ne comprends pas que certains considèrent qu'il est sur le déclin, alors qu'il a terminé 5ème avec des pneus qui ne fonctionnaient pas bien", soutient le double champion 250 cc.
Un soutien bienvenu pour l'illustre star italienne, blessée dans son orgueil en terminant à plus de 13 secondes de son adversaire pour le titre... Stoner rayonnait de joie sur le podium, heureux de prouver à tous que les pneus n'avaient pas une si grande incidence dans l'obtention de son premier titre mondial !
En outre, la vitesse de pointe entre sa Ducati et la Yamaha s'étant considérablement réduite par rapport à l'an passé, l'actuel n°1 semblait mettre Rossi au défi de trouver une excuse à son échec : le n°46 ne serait-il pas allé un peu vite en besogne en délaissant un manufacturier qui a obtenu 15 titres consécutifs depuis 1992 ?
Du côté de Clermont-Ferrand, on rappelle à l'envi que seulement six titres ont échappé à Michelin depuis 1976. "Nous avons appris beaucoup de choses de Valentino et nous estimons qu'il a aussi appris grâce à nous", précise Frédéric Henry-Biabaud, le directeur du département compétition.
De fait, le boss du manufacturier français met le doigt sur un sujet sensible : en quittant un partenaire qui lui a offert ses cinq titres mondiaux en catégorie reine, Valentino Rossi s'exposait à ne plus être - au moins dans un premier temps - le pilote numéro un de la marque.
Or ce n'est pas avec les performances enregistrées à Losail qu'il aura marqué les têtes pensantes de chez Bridgestone... Son meilleur tour en course est 0.540 sec plus lent que celui de Stoner et à partir du 8ème tour, il s'est montré incapable de descendre en dessous des 1.56 mn, prenant jusqu'à 1.2 sec au tour par le missile australien !
Pour autant, chez Bridgestone, on se montre mesuré sur la signification de ces écarts et on explique que les basses températures ont pénalisé tous les pilotes... sauf Stoner ! "Casey a été le seul pilote Bridgestone compétitif en pneus course sur la totalité de la distance", admet avance Hiroshi Yamada, directeur sportif du manufacturier japonais : "il a signé des chronos très impressionnants, mais les résultats de nos autres pilotes montrent que nous avons encore du travail à faire sur nos pneus pour des températures assez basses. Nous avons globalement souffert par rapport à nos adversaires, tant avec les pneus course que qualification".
Une précision de taille qui sera reprise par Valentino Rossi comme cheval de bataille : "Bridgestone avait un pneu de qualification avant l'an dernier, mais ils n'ont pas réussi à le rendre plus performant que leur pneu course. Je vais insister pour l'obtenir, car avoir un pneu de qualification avant qui fonctionne est un grand avantage", souligne le pilote aux 99 podiums en 500/MotoGP...
Une déclaration anodine pour cet habitué des enveloppes extra performantes qui ne durent qu'un tour, mais qui a eu le don d'agacer Casey Stoner : l'australien a tenu à bien montrer qu'il était le pilote qui avait amené Bridgestone au titre et qu'en conséquence, il serait celui qu'on écouterait dans le développement des pneus...
"Mon pneu avant de course fonctionne très bien et ne pas avoir de pneu avant de qualification permet d'économiser sur l'allocation de pneus sur le week-end", rétorque l'australien aux onze victoires en catégorie reine.
Surfant au sommet de sa gloire, Stoner ne semble pas encore voir pas le danger qui rôde cependant autour de lui : déjà seul pilote à faire fonctionner la Ducati, il pourrait s'avérer délicat qu'il devienne l'unique représentant Bridgestone sur le podium... Désireux de montrer à tous l'importance de la machine et des pneus dans la course au titre, Ducati et Bridgestone ne peuvent en effet se permettre d'en laisser tout le mérite au seul pilote !
Mais loin de ces raisonnements politiques, Casey Stoner enfonce le clou en rappelant à son adversaire qu'il est plus important de rouler vite en course qu'en séance de qualification : "je ne suis pas inquiet à propos des qualifications. Nous avons juste besoin d'être devant et ce n'est pas d'un très grand intérêt, selon moi, de commencer à développer un pneu avant de qualification"...
Un comble pour le Doctor, jusqu'ici seul habilité à soigner ses "victimes" à grand renfort de pression psychologique ! "Tant que je suis sur les deux premières lignes, ça ne me dérange pas", poursuit l'officiel Ducati de 22 ans qui déclare être "davantage préoccupé par les réglages en pneus de course".
Sur ce point au moins, le prodige de Tavullia ne saurait le contredire : à la demande d'un journaliste italien suite à une première course 2008 en demie teinte, Vale confirmera que le souci rencontré durant la course provenait de la destruction rapide de son pneu arrière, due à un mauvais accord entre sa Yamaha et le Bridgestone...
Espérons maintenant que son équipe trouve rapidement une solution, afin de permettre au septuple champion du monde d'accrocher une 63ème victoire en catégorie reine : l'italien réussira-t-il à prendre le meilleur sur Stoner à Jerez, comme l'an passé ? Réponse dans une dizaine de jours... sur Moto-Net.Com, bien sûr !
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