L’année 2021 avait été exceptionnellement bonne pour le marché du motocycle (motos et scooters de plus de 50 cc). En 2022, les immatriculations de 125 cc sont en repli de -2,4 % et celles des plus grosses cylindrées en recul de -7,9 %. Mais les volumes de vente demeurent haut dans l’absolu ! Bilan global.
Les chiffres sont formels : 2022 a été une grande et belle année pour les motocycles en France ! Sur les douze mois qui viennent de s’écouler, 182 576 motos et scooters de plus de 50 cc ont été immatriculés sur notre territoire. En ajoutant les trois-roues inclinables (MP3 et concurrents), le total atteint 192 714 immatriculations !
Il s’agit ni plus ni moins de la troisième meilleure performance depuis la grande récession de 2008. Et de la plus forte baisse enregistrée depuis 2012 ? C’est vrai, aussi. Mais il ne faut pas perdre de vue que l’année 2021 de référence avait été "notre" meilleure année depuis la crise financière, économique et sociale...
Paradoxalement, la crise sanitaire, économique et sociale a même donné un coup de fouet aux motocycles : méfiance envers les transports en commun (vis-à-vis du coronavirus), ras-le-bol des bouchons en auto, flambée du prix de l’essence ont joué en faveur des deux-roues de 125 cc et plus !
Pour Moto-Net.Com, le recul de -6,2 % observé en 2022 ne signifie pas que les français se détournent des motos et scooters. Il faudra néanmoins surveiller le nombre d’inscrits aux permis moto : ils étaient 176 812 en 2019, mais plus que 160 221 en 2021 (derniers chiffres à jour). À titre de comparaison, ils étaient 150 536 candidats dix ans plus tôt (137 466 en 2010).
De l’aveu même des constructeurs, "le niveau d’immatriculations traduit davantage une capacité à maintenir tant bien que mal l’activité de production et une chaîne logistique opérationnelle qu’un niveau de la demande", analysait en début d’année la branche moto de la CSIAM (chambre syndicale).
Il y a encore trois ans, l’analyse - mensuelle, comme le fait MNC depuis 20 ans ! - du marché du motocycle demandait de consulter deux calendriers : celui des lancements des nouveautés d’une part, celui des jours fériés et congés de l’autre. Un coup d’oeil au bilan de Météo France permettait d’affiner l’étude. Mais depuis l’apparition du coronavirus, l’exercice s’est diablement corsé !
En 2022, si les effets des confinements - et du passage à la norme Euro5 - n’interfèrent plus dans les statistiques (effets doubles, sur l’année en cours et sur la suivante), les soucis de production, d’acheminement et de livraison rendent quasiment impossible l’étude des chiffres mensuels, et brouille même notre vision sur l’année écoulée.
Les conséquences de la pandémie de Covid-19 restent sensibles. En Chine principalement, où la politique du zéro-covid tarde à faire ses preuves (hum). Ces dernière semaines, le SARS-CoV-2 et ses variants se propagent même dangereusement au sein d’une population très, très nombreuse et pas du tout, du tout immunisée.
Or ce lointain pays demeure l’usine du monde, même si cela pourrait changer puisque des ouvriers osent s’y révolter ! Pour information, le "Made in China" représentait un tiers des ventes de textiles et d’appareils électr-on-iques en France en 2015 (derniers chiffres de l’INSEE publiés en 2020...).
En matière de "matériel de transport", le Céleste Empire ne fournissait que 2,8 % des biens achetés dans l’Hexagone. Mais le boum des frêles trottinettes (aïe) et l’explosion des véhicules électriques (sic) a sans doute fait grimper ce pourcentage. Comme dans l’automobile, la Chine propose aujourd’hui des motos de gabarit et de finition supérieures... Nous y reviendrons.
En France, les approvisionnements en biens manufacturés et sophistiqués sont toujours compliqués. C’est le cas des motos et des scooters obligatoirement équipés d’ABS, souvent dotés d’antipatinage, parfois affublés d’écrans couleurs géants, de modules Bluetooth ou Wi-Fi, de centrales inertielles et autres radars...
D’autres facteurs viennent encore perturber le marché et son évolution : stationnement payant municipal, contrôle technique national, fin du thermique continentale (guerre nucléaire mondiale ?!) sont autant de bâtons jetés dans les jantes des constructeurs, des consommateurs, des conspirateurs observateurs, etc.
Résultat des courses : les ventes de 125 cc et de grosses cylindrées fluctuent grandement d’un mois sur l’autre ! Des "top" modèles disparaissent soudainement du Top 15 mensuel des ventes (voire du Top 100) sans crier gare et sont ponctuellement remplacés par des machines inconnues du grand public et méconnues des grands experts.
Parti sur les chapeaux "deux" roues en janvier 2022, les ventes de motocycles en France n’ont cessé par la suite de monter et descendre, au gré des arrivages ? Stable en février, légèrement positif en mars, négatif en avril, de nouveau positif en mai (ou presque pour les gros cubes), le marché a bouclé le premier semestre sur un mauvais mois de juin...
Au terme des six premiers mois cependant, les gros cubes se trouvaient dans leur Top 3 (sur MNC qui étudie le marché depuis 20 ans) tandis que les 125 cc tutoyaient leur meilleur semestre de la décennie ! MNC le signalait à la fin du premier trimestre : les français veulent toujours plus de motos !
L’été a vu les deux secteurs se séparer : alors que les 125 cc rebondissaient et amélioraient même leur score en août, les gros cubes continuaient de creuser... Les motards et leurs concessionnaires souffraient alors particulièrement souffert des températures extrêmement hautes et des stocks exceptionnellement bas.
Après un mois de septembre globalement timide, les 125 cc - et leurs équivalents électriques ! - ont de nouveau tenté de tracter le marché en octobre. Mais grâce à leurs volumes nettement supérieurs et dans un ultime sursaut, ce sont les grosses cylindrées qui ont sauvé la fin d’année, alors que les petites s’effondraient au contraire...
Qu’attendre de 2023 ? Mystère et boule de pneu. Les chefs d’entreprise se veulent optimistes : "en décembre 2022, le climat des affaires en France reste stable, indique l’INSEE, affirmant que "l’indicateur qui le synthétise (...) se situe à 102 pour le quatrième mois consécutif", soit deux points au-dessus de la moyenne de longue période.
"Dans le commerce et la réparation d’automobiles et de motocycles", précise même l’institut français, "l’indicateur de climat des affaires gagne sept points et atteint 105. Il repasse ainsi au-dessus de sa moyenne de longue période (100)". Hourra ? Pas si vite.
Taraudés par la hausse des prix et celle de l’âge du départ à la retraite, par la baisse du pouvoir d’achat et celle de la liberté de rouler - en centre-ville, ou vite, ou où et quand on veut ! -, les ménages français n’ont pas un grand opinion de leur niveau de vie et ses perspectives d’évolution...
Depuis un pic à -6 observé en juin 2021, le solde des réponses (amélioration Vs détérioration) a chuté vertigineusement ! Sa valeur est au plus bas (-69 en décembre 2022) depuis 1970 et les premières enquêtes INSEE en la matière. Idem en ce qui concerne l’opportunité de faire des achats importants : -41 en décembre dernier alors qu’il était à zéro en juillet 2021... mais à -62 en avril 2020 en plein confinement !
Les français n’ont pas le moral, mais ceux qui pratiquent la moto l’ont suffisamment pour renouveler leur moto. En temps de crise et à condition d’en avoir les moyens, il est toujours bon de se focaliser sur les fondamentaux : prendre soin de sa santé, profiter de ses proches... et faire de la moto ! Gaz.
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