Souvenez-vous, il y a 10 ans jour pour jour, MNC publiait : "Premier constructeur japonais à s'attaquer à l'hégémonie de Piaggio sur le segment des scooters à trois roues, Yamaha tente une approche détournée basée sur l'accessibilité. Suffisant pour détourner les permis B de leur ''cher'' MP3 Yourban 300 LT ? Duel". En 2024, Yamaha tente d'imposer sa moto Niken GT et Kymco s'illustre avec son scoot CV3...
Moto-Net.Com réédite cet essai de 2014 en lien direct avec ces récentes publications :
Il y a dix ans, donc, sur le Journal moto du Net...
Sur un plan strictement arithmétique, comparer le Piaggio MP3 Yourban 300 LT et le Yamaha Tricity n'est pas une équation logique... Le Piaggio cube 278 cc, frôle les 23 chevaux et pèse la bagatelle de 211 kg à sec, alors que le Yamaha affiche 124,8 cc de cylindrée, une puissance modeste de 11 ch et un poids tous pleins faits très contenu - pour un trois roues - de 152 kg.
Dans la mesure où le tripode italien embarque 10,8 litres d'essence, la différence de poids s'établit donc - à la louche MNC - à environ 75 kg en incluant quelques litres d'huile. Énorme ! Ajoutez à cela les 2500 euros d'écart en faveur du Yamaha (6299 € contre 3799 €), et vous obtenez une somme de différences élevée. Trop élevée pour les opposer ?
C'est en tout cas l'avis du directeur général de Yamaha Motor France : "le Tricity n'a pas de concurrent direct dans la catégorie trois roues. Il est beaucoup plus léger, compact et abordable financièrement. Ses rivaux sont plutôt à aller chercher du côté des scooters 125 cc "traditionnels", à deux roues. D'ailleurs, nous pensons que certains de nos clients 125 cc à la recherche d'un surcroît de sécurité trouveront dans le Tricity une alternative idéale", affirme Vincent Thommeret interrogé par MNC.
Si le dirigeant français évite soigneusement d'évoquer son concurrent Piaggio, la comparaison s'impose pourtant d'elle-même : qui dit "scooter à trois roues" dit forcément "MP3", appellation devenue une marque générique suite au succès du tripode italien (150 000 ventes dans le monde depuis 2006, dont la moitié en France !). Une réussite incontestable et quasi incontestée malgré l'opposition - discrète, avouons-le - entamée par le Peugeot Metropolis et le trois roues (bientôt quatre) Quadro...
D'autre part le Yourban 300 LT, actuelle entrée de gamme au sein de l'offre MP3, et le Tricity possèdent un autre point commun ô combien déterminant : leur conduite est accessible avec un simple permis B (après formation de 7 heures pour les primo-accédants). Par conséquent, un automobiliste lassé des bouchons (pléonasme !) peut choisir l'un ou l'autre, indépendamment de la cylindrée deux fois supérieure et des performances elles aussi doublées du Piaggio.
Et l'une des raisons du succès du MP3 tient justement à cette possibilité d'accéder sans permis spécifique aux avantages offerts par une grosse cylindrée, notamment en termes de reprises et d'allonge (relire notamment notre Essai du MP3 Yourban 300 LT et notre Essai du MP3 500 LT ABS-ASR).
Cette situation s'explique par l'élargissement de l'entraxe entre les roues avant, de 420 mm sur un MP3 "standard" à 465 mm sur les modèles LT (pour "Large Tread", soit "voie large"). Une transformation minime qui leur permet d'entrer dans la catégorie "L5e", accessible aux permis B sans restriction de cylindrée et de puissance.
Statique : Piaggio soigne les détails
Moins longue et volumineuse (surtout à l'arrière) qu'un MP3 300 standard, la version Yourban 300 LT reste néanmoins imposante : avec ses 2040 mm de long et ses 765 mm mesurés au guidon, le plus petit des MP3 est un beau bébé ! Ses pneus de largeur supérieure à ceux du Tricity (110 mm à l'avant et 140 mm à l'arrière contre 90 et 110 mm) renforcent cet aspect intimidant - ou rassurant, selon les points de vue.
De son côté, le Yamaha fait valoir une compacité inédite pour un 3-roues : 1905 mm de long et 715 mm mesurés entre chaque extrémité de ses poignées. Des poignées par ailleurs parfaitement compatibles avec des petites mains car moins épaisses que celles du MP3. Bien vu, dans la mesure où le Tricity est conçu "aussi bien pour les hommes que pour les femmes", insiste le blason d'Iwata.
Ses lignes arrondies et fluides mettent en exergue la sveltesse de sa silhouette, là où le Yourban 300 LT apparaît plus massif avec ses angles tendus et sa face avant trapue. Pour autant, le tripode transalpin bénéficie - à notre goût - d'un coup de crayon plus inspiré, surtout au niveau de la partie arrière dont le design paraît déjà daté sur le Tricity.
En les examinant de près, le MP3 conserve l'avantage grâce à la qualité supérieure de ses matériaux. Ainsi, même si l'assemblage des plastiques du Yamaha n'a rien à envier à celui du Piaggio, leur aspect et leur consistance sont moins flatteurs. Les traitements de surface et l'intégration des éléments mécaniques et électriques sont aussi plus soignés sur le MP3, à l'exception toutefois des durits de refroidissement liquide un peu trop apparentes.
Même constat au niveau des commodos du Tricity, certes fonctionnels mais de présentation austère. L'absence d'un coupe-contact et d'une commande de warning achèvent de trahir une volonté de tirer au plus bas le tarif de ce scooter fabriqué en Thaïlande. Produit à Pontedera, au siège du groupe Piaggio près de Pise (Italie), le Yourban justifie ici une partie de son surcoût.
Plus valorisant, le scooter italien dispose notamment d'une instrumentation entourée d'un cerclage en plastique chromé. Les fonctions indispensables (vitesse, deux trips, horloge, température moteur et jauge à essence) y côtoient des infos supplémentaires comme l'ampérage de la batterie et la température extérieure (lire notre Tableau comparatif des aspects pratiques et équipements en dernière page).
A peine moins fournie, la console de bord digitale du Tricity s'avère suffisamment riche. Elle est surtout plus lisible, notamment au niveau de la vitesse parfois délicate à déchiffrer d'un rapide coup d'oeil sur le compteur à aiguille du Yourban 300 LT. La possibilité de faire défiler depuis le guidon les données de l'afficheur Piaggio (via des boutons pressoirs au tableau de bord sur le Tricity) rattrape en partie ce désavantage pratique.
Sur le plan pratique, justement, les deux 3-roues comprennent l'essentiel (crochet d'arrimage au tablier, ouverture de selle au Neiman, béquille centrale) mais font l'impasse sur certains équipements pourtant loin d'être superflus : pas de prise 12 V ou de vide-poche, par exemple, des lacunes forcément plus dures à pardonner à ce "cher" Yourban !
Le Piaggio oppose cependant au Yamaha une capacité d'emport supérieure : un casque intégral, un antivol et des affaires de pluie entrent dans sa soute éclairée. En outre, la présence sur son tablier d'un élégant levier chromé servant à enclencher le frein de parking (absent sur le Yamaha) rassure - et assure ! - lors des stationnements en côte.
Dépourvu d'éclairage, le coffre du Tricity accepte de justesse un casque intégral ou un modulable à grosse coque, malgré l'encombrement inférieur généré par sa petite jante arrière en 12 pouces (14 sur le Yourban 300 LT). La raison de ce volume utile moindre réside dans le placement du réservoir d'essence, situé sous la selle sur le Yamaha pour favoriser la répartition des masses et libérer l'espace au plancher.
Sur le MP3, le réservoir court sous un "tunnel" entre les pieds qui grève l'ergonomie et l'accessibilité, notamment pour les utilisatrices en jupe (une pratique désapprouvée par MNC, mais si courante en ville que notre conscience professionnelle nous pousse à en tenir compte)... Ce tunnel proéminent rend en outre délicat l'arrimage de paquets ou d'un bagage type "trolley" entre les jambes.
En revanche, cette solution permet de rester confortablement assis pour faire le plein, un quart de tour de clé dans le Neiman soulevant la trappe d'accès au bouchon d'essence. Sur le Tricity, le plancher plat facilite l'accès à bord et dégage un bel espace pour les pieds, mais chaque arrêt à la pompe implique de descendre de selle, puis de la soulever pour accéder au réservoir.
Heureusement, le Tricity a l'appétit d'un moineau au régime avec 2,9 l/100 km pendant cet essai contre 5,2 l/100 km pour son rival, un écart logique compte tenu de la différence de poids et de performances. Cependant, en raison de leur réservoir riquiqui (10,8 litres sur le MP3 et 6,6 sur le Tricity), l'autonomie théorique n'est pas si éloignée : environ 210 km pour l'italien réserve incluse, 230 pour le japonais.
Pour découvrir la suite de ce duel :
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