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DUEL
Paris, le 21 novembre 2014

Tricity Vs MP3 Yourban 300 LT : le 3-roues Yamaha défie la référence Piaggio

Tricity Vs MP3 Yourban 300 LT : le 3-roues Yamaha défie la référence Piaggio

Premier constructeur japonais à s'attaquer à l'hégémonie de Piaggio sur le segment des scooters à trois roues, Yamaha tente une approche détournée basée sur l'accessibilité. Suffisant pour détourner les permis B de leur ''cher'' MP3 Yourban 300 LT ? Duel.

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Un Tricity ludique, un Yourban rassurant

Facile à prendre en mains grâce à son poids plume, le Tricity nécessite pour la même raison bien moins d'énergie à manoeuvrer moteur coupé. Excellent braqueur, il fait demi-tour en 4,42 m mesurés, soit 43 cm de moins que le MP3 Yourban 300 LT : deux qualités appréciables en ville.

Nettement plus lourd et encombrant, le Piaggio a pourtant tôt fait de mettre à l'aise, y compris l'usager sans expérience du deux ou trois-roues. Son secret ? Le "Roll Lock", un système électro-hydraulique permettant de bloquer le train avant à l'arrêt ou à faible allure à partir du commodo droit et qui se désactive automatiquement à l'accélération.

Grâce au Roll Lock, un débutant peut donc découvrir le scooter sans l'appréhension d'avoir à le maintenir en équilibre. Dépourvu de ce type de dispositif pour contenir le poids et le prix, le Tricity exige un savoir-faire supplémentaire ou un minimum d'expérience sur deux roues. Et comme un deux-roues, il doit être béquillé en stationnement, contrairement au MP3 sur lequel il suffit d'activer ce fameux "Roll Lock".

A l'usage, le système Piaggio s'apprécie aussi lors des manoeuvres (on peut notamment pousser ou tirer le MP3 sans risquer de le coucher) et surtout aux intersections, où l'équilibre est assuré sans avoir à poser le pied au sol. Rassurant mais aussi pratique, surtout l'hiver car les jambes peuvent rester bien au chaud derrière un tablier matelassé et étanche optionnel !

Sans compter que les chaussures restent par conséquent propres et sèches, ce qui ne sera pas toujours le cas avec le Tricity les jours de pluie... Seuls inconvénients : si le MP3 n'est pas parfaitement d'aplomb lorsque le Roll Lock est activé, il se dirigera du côté où il gîte au redémarrage. Attention à anticiper cette réaction sous peine de se faire embarquer !

Par ailleurs, l'activation et la coupure du dispositif engendrent une brève alerte sonore, aussi agaçante pour l'utilisateur que pour les piétons alentours. A défaut de Roll Lock, le Tricity propose une maniabilité diabolique : son train avant réactif autorise des placements éclairs. Aucun trois roues n'avait jamais viré aussi promptement ! En cela, Yamaha n'exagère pas en affirmant que le Tricity offre une "nouvelle forme de mobilité".

Sur les deux scooters, les roues avant sont reliées à un parallélogramme inclinable tandis que les fonctions d'amortissement sont gérées indépendamment de chaque côté. Assez proches visuellement, les systèmes diffèrent pourtant techniquement. Le Tricity adopte entre autres deux fourches hydrauliques montées en tandem autour de chaque roue avant.

Très réussi, le mécanisme Yamaha autorise une conduite dynamique, voire ludique, comme le révèle un gymkhana improvisé par MNC autour d'une rangée d'arbres durant lequel la réactivité du Tricity et sa précision font mouche ! La moindre pression sur son guidon provoque une inclinaison immédiate et proportionnelle à l'effort donné, sans cette sensation de "retenue hydraulique" générée par la cinématique du train avant du MP3 Yourban 300 LT.

Pénalisé par son embonpoint et sa direction moins réactive car plus "freinée", le Yourban 300 LT dégage une inertie supplémentaire à l'origine de son comportement plus pataud dans les mêmes conditions. Autant dire qu'une fois "bien en mains", le Yamaha profite de tous ses avantages pour se faufiler dans des trous de souris; bien aidé par sa masse et sa largeur contenues ainsi que ses roues étroites !

Ergonomique et dynamique : le Yamaha séduit et réjouit

Ses capacités dynamiques s'apprécient d'autant plus vite que son ergonomie est très intelligemment pensée. Malgré une hauteur de selle égale à celle du Piaggio (780 mm), le Yamaha est plus accessible - même aux plus court(e)s sur pattes - car nettement moins large entre les cuisses. A l'inverse, le Yourban impose de s'avancer sur l'avant de sa selle pour bien toucher le sol en dessous d'1m75.

Grâce à son plancher plat, le Yamaha réserve un accueil généreux aux pieds, aux jambes (mêmes longues) et surtout aux genoux, qui ne cognent pas dans le tablier. Vraiment bluffant compte tenu de ses dimensions et de la place occupée par son "double" train avant ! Le confort d'assise est en outre très correct, bien qu'entaché par une fâcheuse tendance à glisser vers l'avant causée par la légère inclinaison de sa selle.

Sur le MP3 Yourban 300 LT, la positon est globalement identique (dos droit, bras tendus et genoux repliés à 90°) mais l'ergonomie n'est pas aussi agréable : les bras sont plus écartés par le large guidon et les pieds jouissent de moins d'espace à cause du tunnel central et de la pédale de frein installée sur le marchepied droit, équipement spécifique aux MP3 "LT" imposé par la législation "L5e".

Son petit dosseret de selle de série permet en revanche de bien se caler, un point non négligeable lorsqu'on enchaîne les kilomètres. Dans ce cas de figure, sa protection supérieure s'apprécie à sa juste valeur, le buste et le bas du visage étant préservés des éléments.

Sur le Tricity, la déflexion de l'air offerte par la courte bulle est sommaire : tout le casque est exposé, ainsi que le haut du buste d'un pilote d'1m75. Tenue de pluie exigée en cas d'averses ! Quant aux jambes, elles sont parfaitement abritées derrière les imposants tabliers des deux tripodes.

Distancé en ville, le Yourban réagit en dehors

Chahuté en ville par ce rival aussi vif qu'ambitieux, le Yourban 300 LT concède effectivement quelques longueurs dans les portions les plus embouteillées. Pénalisé par ses mensurations plus généreuses, le MP3 parvient à rester au contact du Yamaha dans la plupart des cas, au prix toutefois d'efforts supplémentaires et d'un examen attentif de la situation.

Autrement dit, quand le Tricity autorise une conduite fluide et intuitive en toutes circonstances, le Piaggio requiert un "coup de guidon" expérimenté pour s'extirper des pires pièges tendus par la circulation urbaine. D'autant que le calibrage de son injection est un soupçon moins fine que celle - parfaite - de son rival, tandis que son variateur "décroche" plus tôt et moins progressivement à la coupure des gaz.

Dérangeant pour certains car cela contraint à compenser via les freins la soudaine absence de résistance mécanique (le frein moteur), ce phénomène est au contraire apprécié par d'autres, qui aiment finaliser leurs ralentissements "au frein". Dans un cas comme dans l'autre, pas de quoi couper les chevaux en quatre. Ou plutôt en trois !

Ce qu'il concède dans les ruelles bouchonnées, le Yourban 300 LT le reprend dès qu'une avenue dégagée se profile grâce à son "gros" moteur. Au démarrage, ces deux monos aux vibrations contenues font jeu égal : alerte et pêchu au regard de sa cylindrée et de sa technologie éprouvée (2 soupapes pour le bloc Yamaha, 4 sur le Piaggio), le moteur du Tricity fait décoller avec vigueur le trois roues japonais.

Le variateur réactif et la transmission par courroie transparente mettent en exergue la belle vitalité de ce moteur dérivé du Nouvo, un scooter produit par Yamaha "en" et "pour" l'Asie. Néanmoins, aussi vaillant soit-il, le monocylindre de 124,8 cc ne peut lutter face à son puissant concurrent de presque 280 cc : à peine le cap des 20 km/h est-il franchi que déjà le MP3 Yourban 300 LT prend les devants.

Plus la vitesse augmente et plus l'écart se creuse, les tests de reprises à partir de 50 km/h virant à la punition pour le Yamaha. Logique compte tenu de l'énorme différence de couple (24 Nm contre 10,4) ! Doté d'une plage utile extrêmement pertinente, le Yourban 300 LT accélère particulièrement bien de 40 à 90 km/h, puis allonge la foulée sans zèle - mais sans faiblir - jusqu'à 120 km/h.

Capable d'atteindre 130 km/h compteur avec de l'élan, il ne fait qu'une bouchée du Tricity dont l'accélération se tasse dès 80 km/h. Dépasser les 95 km/h demande autant d'espace que de patience, tandis qu'atteindre sa vitesse maxi, située autour de 105 km/h compteur, exige de plonger la tête dans le guidon !

Les limites du Tricity apparaissent logiquement dès qu'il s'éloigne du centre-ville : le premier "faux plat" abordé vent de face l'essouffle, rendant problématique l'accès aux voies rapides et les dépassements. D'autre part, si ses suspensions s'avèrent souples en ressorts, elles pâtissent de réglages hydrauliques trop fermes, surtout à l'avant.

Les pavés urbains et les cahots du réseau secondaire sont absorbés sèchement, ce manque de progressivité sur les irrégularités pouvant même altérer à haute vitesse la stabilité jusqu'ici irréprochable du train avant…

Offrant un meilleur compromis d'amortissement ainsi qu'une rigueur directionnelle supérieure sur le bosselé, le tripode de Pontedera conforte sa polyvalence accrue. Précisons toutefois que l'un comme l'autre apparaitront assez fermes pour les lombaires de l'automobiliste habitué au confort "ouaté" d'une berline ou d'un monospace !

Handicapante à très basse vitesse, la retenue hydraulique ressentie sur le MP3 apparaît comme un avantage dans les portions plus rapides, car elle distille un sentiment d'accompagnement sécurisant lors de l'inclinaison. Les débutants et les permis B apprécieront, les scootéristes "traditionnels" et les motards préféreront la mise sur l'angle plus instantanée et tranchante du Tricity.

Sur l'angle, le Yamaha se montre encore une fois plus ludique car son train avant renvoie plus d'informations et autorise volontiers les corrections de trajectoire. En conduite dynamique, le trois-roues d'Iwata enfonce le clou grâce à son excellente garde au sol. Bridé mécaniquement à 40° d'inclinaison, le Yourban 300 LT voit le Tricity lui faire facilement "l'intérieur", les plus sportifs s'amusant au passage à soulever quelques étincelles avec sa centrale.

Tenter de repousser les limites du MP3 Yourban 300 LT est inutile, voire risqué : une fois son train avant "en buté" sur l'angle, moduler la vitesse avec la poignée de gaz est impératif pour conserver la trajectoire désirée. Sinon le tripode italien élargit inexorablement le rayon de la courbe, obligeant à lécher le frein arrière pour rectifier le tir.

Au chapitre du freinage justement, les deux rivaux offrent d'excellentes capacités de ralentissement grâce à leur trois points d'appui au sol et à leurs trois disques de bonnes dimensions (240 à l'avant et à l'arrière sur le MP3, 220 à l'avant et 230 à l'arrière sur le Tricity).

Intégralement combiné, le dispositif Yamaha brille par sa simplicité et son efficacité puisqu'il suffit d'actionner un des deux leviers pour agir sur les trois roues. Seul bémol relevé par MNC sur une chaussée humide encombrée de feuilles mortes : la répartition vers l'avant est trop importante lorsque le seul levier gauche est fermement pressé, provoquant dans ces conditions des amorces de blocage des roues avant.

Duo à trois : avantage Tricity, mais...

Etonnamment, c'est le Yamaha Tricity qui réserve le meilleur accueil à un invité : sa selle basse et sa coque arrière plus étroite demande un "lever de jambes" bien moins prononcé que le Yourban 300 LT, sur lequel il est en outre fréquent d'accrocher les clignotants avec la jambe extérieure. Les mollets viennent en outre désagréablement au contact des galbes saillants de la partie arrière du Piaggio, tandis que l'espace de selle dévolu au passager est restreint par son dosseret pilote. Moins confortable de selle mais mieux suspendu (une qualité tout autant appréciable pour le passager, voire plus sur de longs trajets), le MP3 remporte les faveurs de l'invité grâce au Roll Lock, qui lui permet de monter et descendre sans que le conducteur n'ait à assurer l'équilibre. Ses poignées de maintien sont aussi mieux dessinées tandis que son rendement mécanique supérieur facilite énormément les déplacements - et surtout les "dépassements" ! - en duo.

La monte pneumatique de qualité inférieure du Tricity (Maxxis contre Michelin City Grip) ne l'avantage évidemment pas dans cet exercice, pas plus qu'elle ne favorise sa motricité sur revêtements glissants. Totalement indépendants, les leviers du Yourban 300 LT agissent à gauche uniquement sur l'arrière, à droite seulement sur l'avant.

Le mordant de ses trois étriers n'est pas excessif, mais la puissance reste suffisante. Éviter d'actionner uniquement le frein arrière est en revanche fortement conseillé, tant ce dernier bloque facilement la roue, provoquant - en insistant - des dérives incompatibles avec un freinage efficace.

En pressant la pédale sur le marchepied droit, la force de freinage peut être automatiquement répartie entre l'avant et l'arrière, comme l'exige la législation spécifique dont profite la gamme "LT". Dommage que ladite pédale soit si fastidieuse à utiliser : trop haute, elle impose de soulever le talon pour l'actionner et rend le dosage délicat.

Peu utile et dévoreuse d'espace à bord : à l'usage, on a rapidement envie de découper cette satanée pédale ! A noter que ces deux modèles sont de série dépourvus d'ABS, mais qu'il est depuis peu proposé par Piaggio sur sa nouvelle gamme MP3 LT ABS-ASR, en sus d'un anti-patinage.

Verdict : Yamaha ouvre une brèche dans la citadelle MP3

Pour un coup d'essai, le Tricity est un coup de maître et n'usurpe pas ce statut de "trois-roues le plus léger, compact et souple de sa catégorie" auto-attribué par Yamaha. Hyper attractif économiquement, ce nouveau trois roues va bousculer la domination exercée par Piaggio, en remplissant un créneau laissé vacant par les lourds et onéreux MP3.

Tricity, Yourban 300 LT : quid de l'entretien ?

Interrogés par MNC sur leurs préconisations d'entretien, Yamaha et Piaggio indiquent une périodicité fixée à - seulement ! - 4000 km sur le Tricity et 10 000 km sur le Yourban 300 LT (voir le programme dans nos Fiches techniques). Avantage MP3, donc ? Pas vraiment, car un contrôle général (niveaux, usure, etc.) est imposé à l'italien tous les 5000 km ! "Cette opération prend entre 15 et 20 minutes", nous explique Piaggio France.

Cet examen obligatoire pour conserver sa garantie se justifierait par le profil des utilisateurs : "beaucoup sont des automobilistes potentiellement peu ou pas concernés par des questions d'entretien, même courants. Cette démarche vise donc à pallier d'éventuelles négligences". Et à s'assurer du même coup de l'activité en concessions ? Reste que vérifier par soi-même le niveau de liquide de refroidissement du MP3 n'est pas simple car cela nécessite le démontage d'une partie de l'habillage avant. Le Tricity prend l'avantage sur ce point, avec son vase d'expansion facilement visible depuis l'arrière gauche. Vérifier son niveau d'huile moteur est aussi plus aisé, car sa jauge - située derrière l'échappement - est plus accessible que celle du Piaggio. Pourtant installée dans la même zone, la tirette d'huile du Yourban est un poil trop basse et proche du moteur pour être manipulée sans se salir les mains.

De là à déloger la firme de Pontedera du trône sur lequel elle est juchée depuis presque dix ans en revanche, c'est une autre paire de manchons ! Car ce que le plus accessible des MP3 concède au Tricity sur le plan tarifaire et dynamique, il le compense par ses avantages pratiques, son accessibilité quasi universelle - grâce à l'ingénieux verrouillage "Roll Lock", entre autres - et son champ d'action supérieur.

Limité par son moteur aux déplacements courts - et donc aux usagers habitant et travaillant en centre-ville -, le "petit" Yamaha n'offre effectivement pas la polyvalence du "gros" Piaggio, capable de s'affranchir aussi aisément des encombrements urbains que des trajets sur voies rapides, y compris en duo (voir encadré ci-dessus).

Et cette polyvalence revêt une importance considérable, si ce n'est déterminante, comme le soulignent justement les résultats d'une étude de marché réalisée par Yamaha avant la sortie du Tricity : "questionnée sur l’usage auquel ils le destinaient, la majorité (80%) mentionnait les trajets domicile-travail, mais 50% citaient les loisirs et 33% pensaient l’utiliser pour leur shopping".

Ce qui implique - inévitablement - des besoins en mobilité sur lesquels butera "mécaniquement" le Tricity, faute de puissance suffisante... A moins d'habiter à proximité directe de ses magasins préférés, de sa salle de sport habituelle et de son bureau !

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CONDITIONS ET PARCOURS

 
  • Modèles d'origine (sans options)
  • Kilométrage au départ : MP3 : 980 km / Tricity : 770 km
  • Pneus : Michelin City Grip (MP3) / Maxxis (Tricity)
  • Consos moyennes : 5,2 l/100 km (MP3) / 2,9 l/100 km (Tricity)
  • Problèmes rencontrés : RAS
 
 
 

POINTS FORTS PIAGGIO MP3 300 LT

 
  • Comportement dynamique rassurant
  • Confort global et aspects pratiques
  • Blocage du train avant utile et sécurisant
  • Plage d'utilisation mécanique
 
 
 

POINTS FAIBLES PIAGGIO MP3 300 LT

 
  • Poids élevé
  • Prix élevé
  • Frein arrière délicat à gérer
  • Ergonomie perfectible
 
 
 

POINTS FORTS YAMAHA TRICITY

 
  • Compacité et légèreté digne d'un 2-roues !
  • Moteur suffisamment vif en ville
  • Comportement sain et ludique
  • Prix extrêmement alléchant
 
 
 

POINTS FAIBLES YAMAHA TRICITY

 
  • Pas de blocage du train avant
  • Confort de suspensions passable
  • Champ d'action "mécaniquement" restreint
  • Lignes et présentation assez austères