Après chaque course Moto GP, retrouvez les déclarations des principaux pilotes de la catégorie reine et l'analyse de leurs succès (et de leurs échecs) par la rédaction de Moto-Net.Com. Débriefing du Grand Prix moto d'Aragon 2013.
Sacrés veinards que ces Espagnols : ce sont encore trois de leurs compatriotes qui ont triomphé ce week-end dans la région d'Alcaniz (nord-est de l'Espagne) lors du Grand Prix d'Aragon !
Le MotoGP prend un nouveau départ |
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D'abord les victoires de Rins en Moto3 puis de Terol en Moto2 pour mettre en appétit les 60 000 spectateurs, puis le "plat de résistance" : la lutte entre l'infernal trio espagnol "Marquez-Lorenzo-Pedrosa" (lire notre compte rendu de la course MotoGP à Aragon) !
Une bataille dont l'issue a de nouveau tourné en faveur du plus jeune des trois, Marc Marquez, qui a causé la chute du malchanceux Dani Pedrosa en endommageant sa moto après l'avoir frôlé au freinage.
Marc Marquez, Honda-Repsol (1er en qualifs et 1er en course) : "Aujourd'hui c'était une course très éprouvante car j'ai dû faire deux retours, le premier après que Jorge s'est échappé en début de course, puis un autre après que Dani m'a passé".
"Je me sentais à l'aise derrière lui, mais je suis allé un peu large au freinage : j'ai relevé la moto et je l'ai légèrement effleuré. Je ne suis pas certain qu'il l'ait remarqué, mais il n'a pas eu de chance parce que l'équipe m'a annoncé que j'avais cassé le câble de son contrôle de traction et j'en suis vraiment navré !"
"C'est quelque chose de vraiment très rare... L'important c'est que Dani aille bien. Finalement, j'ai pu doubler Jorge et gagner, ce qui est important aussi bien pour les 25 points que mon moral".
L'analyse Moto-Net.Com : Contraint de relâcher les freins et de tirer tout droit pour éviter de percuter son coéquipier, Marc Marquez l'aurait finalement envoyé au tapis en sectionnant le câble qui sert à renseigner le contrôle de traction de la RCV de Pedrosa : une chute par "ricochet électronique", en quelque sorte...
"Bien entendu, c'est moi qui commets l'erreur puisque j'étais derrière, mais le contact était infime", se défend le leader du championnat qui s'estime surtout très satisfait d'avoir gagné "après deux victoires de Jorge, sinon il aurait pris encore plus de confiance"...
Dans le viseur de la direction de course - qui a demandé un rapport technique à Honda -, Marc Marquez doit prendre garde à ne pas forcer son exceptionnel talent simplement pour continuer à affoler les statistiques de sa première saison en MotoGP.
Mais allez expliquer ça à un surdoué de 20 ans, qui a remporté sept pole positions et six victoires en 14 courses face aux meilleurs pilotes du monde...
Jorge Lorenzo, Yamaha Factory (2ème en qualifs et 2ème en course) : "J'ai comme d'habitude essayé de creuser l'écart au début, mais quand Marc est revenu sur moi j'ai essayé de me détendre et de m'économiser afin de pouvoir rester avec lui jusqu'à la fin de la course. Il avait vraiment été plus fort durant tout le week-end. J'ai poussé jusqu'à la limite pour le suivre mais c'était impossible. Je n'ai pas d'excuse. Il était plus rapide aujourd'hui et nous devons penser à la prochaine course".
"Nous espérions améliorer la moto durant le warm-up. Au final, nous avions un peu amélioré la maniabilité dans les virages. Elle tournait mieux mais le freinage était moins bon et je perdais trop de terrain par rapport à Marc".
L'analyse Moto-Net.Com : Après ses deux victoires consécutives à Silverstone puis à San Marin, Jorge Lorenzo visait la passe de trois à Aragon, un circuit sur lequel il ne s'est encore jamais imposé. Avec 34 points de retard sur Marquez avant ce troisième rendez-vous espagnol (sur les quatre prévus au calendrier), le Majorquin n'avait de toute façon pas d'autre choix que celui de gagner !
Alors le champion du titre a tenté d'appliqué sa nouvelle technique consistant à s'échapper en début en course. Mais comme prévu par MNC dans son analyse du dernier Grand Prix de San Marin, ses adversaires l'ont vu venir et sont eux-aussi partis sur un gros rythme ! Malgré le temps perdu lors de sa sortie de piste, Marc Marquez est même progressivement parvenu à le recoller, puis à le doubler.
Un dépassement jugé "assez facile" par le leader du championnat après la couse : Jorge Lorenzo n'a effectivement offert aucune résistance au pilote HRC, conscient de sa supériorité. Quelques tours passés dans sa roue suffiront à confirmer ce qu'il craignait depuis la pole record de Marquez en qualifications : en vitesse pure, le duo "RC213V-Marquez" est actuellement supérieur, malgré les progrès apportés par la nouvelle boîte de vitesses Yamaha.
Comme le soulignait malicieusement Valentino Rossi à propos de Marc Marquez : leur seule planche de salut serait que l'Espagnol passe en Formule 1... Déçu mais bon perdant, Jorge Lorenzo ne s'est cherché aucune excuse et préfère se tourner vers la prochaine course.
Dans son team en revanche, certains n'ont pas manqué de mettre en avant le fait que Marc Marquez avait calqué son choix pneumatique sur celui du Majorquin : les deux pilotes sont en effet les seuls à avoir couru avec un pneu avant tendre, un choix risqué que Jorge Lorenzo a pris après le warm-up dimanche matin...
Valentino Rossi, Yamaha Factory (4ème en qualifs et 3ème en course) : "La bataille a été très dure à la fin ! Bradl était juste derrière moi et Bautista était très rapide. Il m'a doublé et a pris un peu d'avance. J'ai réussi à revenir et à le doubler dans le dernier tour, à la limite, parce que je voulais vraiment monter sur le podium. Je devais faire attention parce Crutchlow n'était pas loin derrière".
"C'est toujours positif d'être sur le podium, mais j'espérais faire un peu mieux. Je voulais aller plus vite et j'avais été plus proche des autres sur le reste du week-end, surtout hier. J'avais choisi de partir avec le pneu avant dur, Jorge et Marc avaient le tendre, et au bout de quelques tours j'ai commencé à sous-virer et je ne freinais pas suffisamment. J'ai fait de mon mieux mais je n'étais pas assez fort. Le résultat est quand même bon pour le team et nous essayerons de faire mieux en Malaisie".
L'analyse Moto-Net.Com : Cela faisait depuis le mois de juillet que Valentino Rossi n'était pas monté sur le podium, depuis sa troisième place au Grand Prix des Etats-Unis ! Une longue période d'abstinence pour le Docteur, qui ne parle pratiquement plus de son désir de remporter un dixième titre mondial avant de raccrocher les gants...
"Mes plans pour l'avenir sont clairs : j'ai un contrat jusqu'en 2014 et, à ce moment-là, si je suis encore compétitif et que je peux encore me battre pour le podium, j'aimerais continuer encore deux ans", ambitionne-t-il plus modestement après sa 146ème apparition sur un podium en catégorie reine (182 toutes catégories confondues).
Interrogé sur l'inédite structure qu'il vient de dévoiler en Moto3, Rossi a tenu à préciser que ce "VR46 Racing Team" ne le priverait pas "d'une seule minute" dédiée à son engagement en tant que pilote.
Car même s'il sait qu'il est sur la phase descendante de sa carrière, il se sent encore capable de jouer la gagne lorsque l'occasion se présente, comme cela semblait un moment le cas ce week-end en Aragon : après des essais catastrophiques vendredi, Rossi a progressé jusqu'à signer le meilleur chrono du warm-up. Une performance qui intervient sur un circuit où il s'est "débloqué" sur sa M1, en progressant notamment au freinage lors de tests privés (lire MNC du 21 juin 2013).
En course toutefois, le nonuple champion du monde a vite perdu le contact avec les leaders, malgré une mise en jambes plus rapide que d'habitude : Rossi a effectué son meilleur tour en course dès sa deuxième boucle en 1'48.976, à seulement un dixième du chrono de son coéquipier Lorenzo. Sauf que le Majorquin l'avait déjà oublié loin derrière, en lui collant 1,7 sec dès le premier tour !
Jusqu'au cinquième tour, son rythme est resté comparable à celui du "trio-ibérique", avant de doucement ralentir pour s'établir grosso modo entre 1'50 et 1'50.5. Soit jusqu'à une seconde au tour moins vite que Marquez et Lorenzo. Une cadence qui ne reflète pas son véritable potentiel, puisqu'il a roulé plus vite que Lorenzo (1'49.889 contre 1'49.975) dans son dernier tour pour se mettre à l'abri de Bautista et Bradl !
Randy de Puniet (CRT), ART-Aspar (16ème en qualifs et 13ème en course) : "Je suis content parce que nous avons enfin eu un dimanche normal. Le début du week-end avait été compliqué et hier j'avais encore des problèmes de set-up. Je n'avais pas pu faire autant de tours que je le voulais mais j'avais un bon feeling ce matin pour le warm-up. Ça m'a aidé à aborder la course en confiance. Finir treizième, en partant seizième, est un bon résultat".
"Je pense que j'aurais pu terminer devant Hernandez, mais aujourd'hui la différence de puissance était évidente. Je suis quand même satisfait parce que j'ai pu me faire plaisir, même si la moto bougeait beaucoup dans les virages. Nous pensons que c'était dû au pneu tendre. En dehors des secousses, notre moto a maintenant suffisamment de grip et globalement c'était positif. Nous sommes de retour dans les points, j'en suis content et j'espère continuer comme ça sur les prochaines courses".
L'analyse Moto-Net.Com : Même s'il se dit satisfait d'être parvenu à gagner trois places par rapport à des essais une fois encore délicats, le coeur n'y est pas : Randy de Puniet a hâte que sa saison se termine, tant il se sent mal à l'aise sur sa moto et dans son team.
Éclipsé par son coéquipier Aleix Espargaro - qui doit annoncer prochainement sa signature dans le team NGM Forwards - et régulièrement soumis à des pépins techniques, le Français a perdu de sa motivation et sa combativité. Plus préoccupant encore : Randy commence à envisager l'hypothèse de ne pas courir en Grands Prix, faute de proposition satisfaisante pour l'an prochain...
Il est vrai qu'à force de chanter les louanges du futur prototype Suzuki, le n°14 s'est notamment mis en porte-à-faux avec Aprilia, tandis que la concurrence est rude pour obtenir le guidon d'une des compé-clients Honda et Yamaha. D'autant que la cote du résident d'Andorre est aujourd'hui nettement moins élevée que celles de certaines "jeunes pousses" du Moto2 (Redding sur la RCV1000R de Gresini, par exemple) ou de pilotes MotoGP "bankables" comme Nicky Hayden ou Colin Edwards...
Avouant cette semaine préférer se retirer que continuer simplement pour remplir les fonds de grille, Randy de Puniet n'écarte plus l'option du World Superbike, une catégorie qu'il n'a pourtant jamais portée en haute estime... Mais s'il se dit prêt à intégrer le WSBK, c'est là aussi à condition de jouir d'un bon guidon : sa fierté serait sans doute trop écornée s'il devait courir sur une Superbike de seconde zone tandis que son "vieux copain" Sylvain Guintoli roule sur l'Aprilia d'usine !
Reste la piste Suzuki, avec qui il vient de boucler les derniers essais du futur prototype MotoGP à Misano lors du test officiel d'après course à San Marin, puis au Mugello dans le cadre de tests privés. Ces essais ont permis d'évaluer un nouveau châssis, un nouveau moteur - jugé "plus coupleux" - et un nouveau carénage, ainsi que des nouveautés électroniques pour améliorer le contrôle de traction et le frein moteur.
Au final, le prototype Suzuki se serait montré très compétitif, même si le meilleur chrono signé par Randy à Misano était tout de même deux secondes plus lent que la pole record remportée par Marc Marquez quelques jours plus tôt lors du Grand Prix de San Marin (1'34.882 contre 1'32.915). Un écart qui n'a pas diminué sur le tracé du Mugello : 1'49.260 pour Randy mercredi dernier, contre 1'47.157 pour Dani Pedrosa lors des qualifications du Grand Prix d'Italie.
Quoiqu'il en soit, même s'il décide de poursuivre l'aventure avec Suzuki en prévoyant d'être nommé pilote d'usine en 2015, Randy de Puniet devra trouver de quoi s'occuper la saison prochaine puisque la firme d'Hamamatsu ne prévoit rien d'autres que des essais l'an prochain et aucune wild card...
Une situation délicate pour le Français, qui s'avouait "un peu triste que ce soit le dernier test pour cette saison parce que j'ai pris beaucoup de plaisir à piloter cette moto et à travailler avec le Suzuki Factory Team. J'espère avoir d'autres opportunités de travailler avec eux et de continuer à améliorer cette moto"...
Dani Pedrosa, Honda-Repsol (3ème en qualifs et abandon sur chute en course) : “J'arrivais dans le virage et il (Marc Marquez, NDLR) a dépassé la limite, complètement raté le freinage, essayé de m'éviter et à ce moment-là il m'a touché et il est parti large. Quand j'ai rouvert les gaz, le câble du contrôle de traction était coupé, j'ai eu un gros highside et je n'ai malheureusement pas pu éviter la chute".
"Le point positif est que je vais bien physiquement. J'ai pris un bon coup sur la hanche et au bas du dos, mais il n'y a pas de quoi s'inquiéter. J'espère juste être en forme pour la prochaine course. Je repars sans le moindre point, mais aujourd'hui ce n'est pas moi qui ait fait l'erreur"...
L'analyse Moto-Net.Com : Drôle de façon de fêter ses 28 ans dimanche pour Dani Pedrosa... Encore une fois, la poisse croise sa trajectoire et l'envoie au tapis au plus mauvais moment. Car avant de s'envoler en highside suite au dysfonctionnement de son anti-patinage qu'aurait provoqué Marquez en le frôlant, "Pedro" était rien de moins que l'homme le plus rapide en piste.
Le n°26 a établi le nouveau record du tour en course dès sa deuxième boucle en 1'48.565, soit entre deux et trois dixièmes plus vite que Marquez et Lorenzo. Et ce chrono n'a pas été battu lors des 21 tours suivants : de quoi nourrir de légitimes regrets pour le Catalan, qui accuse désormais 59 points de retard sur Marquez et 20 sur Lorenzo suite à ce deuxième résultat blanc (forfait sur blessure au Grand Prix Allemagne).
Très remonté, Dani Pedrosa estime que cet incident aurait pu être évité si Marquez ne prenait pas autant de risques en pilotant toujours à la limite. D'un autre côté, si son jeune compatriote accumule les lauriers alors que lui ne s'est plus imposé depuis plus de quatre mois (au Grand Prix de France), c'est justement parce qu'il est toujours sur le fil...
Qui plus est, si la manoeuvre de Marquez était une fois encore assez audacieuse - surtout après avoir assuré que Pedrosa était encore le n°1 chez Honda ! -, ce "n'était pas la pire", comme le reconnaît Livio Suppo. "Mais le problème c'est qu'il a déjà fait d'autres mauvais coups et qu'ils s'additionnent", poursuit le responsable du team...
Cela étant, il s'agit vraiment d'un concours de circonstances extrêmement défavorables à Pedrosa : les deux motos se sont à peine touchées, mais ce bref contact aurait suffi à arracher le fil reliant le capteur de vitesse de la roue arrière à l'ECU de la RCV. Combien de chances y avait-il pour que Marquez endommage ce câble situé sur le bras oscillant de la Honda en redressant sa moto après un freinage raté ? Pas beaucoup, voire aucune dans la plupart des cas, mais hélas suffisamment pour entrainer Dani "Gato Negro" Pedrosa au tapis !
Pas satisfait par ces explications, le Catalan estime que des mesures devraient être prises pour "calmer" son compagnon d'écurie. Partagée, la direction de course a demandé un rapport technique au HRC afin de connaître tous les détails de ce qui apparaît pourtant comme un incident de course...
Un incident certes malheureux pour le n°26, mais dont l'origine provient autant de l'évitement "chaud patate" de Marquez que d'une défaillance technique. Le punir pour un enchaînement d'événements dont il n'est qu'indirectement responsable ne paraît pas très logique, même si le jeune pilote doit effectivement apprendre à tempérer ses ardeurs.
Mais est-ce vraiment à Dani Pedrosa de donner des leçons de savoir-vivre entre coéquipiers, lui a qui avait carrément fauché Nicky Hayden à Estoril en 2006, alors que l'Américain jouait le titre mondial avec Valentino Rossi sur la Honda Repsol ?
Le même Rossi a de son côté analysé la situation avec son sens de l'humour habituel : "je pense que Marc devrait être suspendu... pendant deux ou trois saisons : ça serait plus facile", se marrait la star transalpine hier soir !
Prochain rendez-vous dimanche 13 octobre sur le circuit de Sepang, pour le Grand Prix de Malaisie : restez connectés !
Résultats du Grand Prix MotoGP d'Aragon 2013
Non classés
Classement provisoire du championnat MotoGP 2013
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Plateau : Les pilotes et leurs motos 2025
02 mars : GP de Thaïlande
16 mars : GP d'Argentine
30 mars : GP des Amériques
13 avril : GP du Qatar
27 avril : GP d'Espagne
11 mai : GP de France
25 mai : GP de Grande-Bretagne
08 juin : GP d'Aragon
22 juin : GP d'Italie
29 juin : GP des Pays-Bas
13 juillet : GP d'Allemagne
20 juillet : GP de République Tchèque (sous réserve)
17 août : GP d'Autriche
24 août : GP de Hongrie (sous réserve)
07 septembre : GP de Catalogne
14 septembre : GP de Saint-Marin
28 septembre : GP du Japon
05 octobre : GP d'Indonésie
19 octobre : GP d'Australie
26 octobre : GP de Malaisie
09 novembre : GP du Portugal
17 novembre : GP de Valence
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