Dans sa rubrique Des mot(o)s et débats, MNC décortique un thème lié à la pratique du deux-roues et confronte ses idées avec celles d'acteurs du monde de la moto. Deuxième sujet traité : la problématique de l'assurance des activités sur circuit...
Jusqu'à présent, la responsabilité civile ne pouvait être engagée sur circuit qu'en cas de faute caractérisée, qu'il s'agisse d'une séance d'entraînement sur un terrain de motocross, d'un roulage libre sur une piste de vitesse ou d'une compétition de side-cars organisée par un club.
Théorie de l'acceptation du risque : |
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Concrètement, votre RC n'était pas automatiquement engagée en cas d'accrochage sur piste - sauf bien entendu en cas de contact volontaire. Même chose pour les organisateurs d'événements, tenus légalement d'assurer la manifestation et ses participants en responsabilité civile (encadré ci-dessus).
A moins de prouver leur défaillance (circuit non conforme, par exemple), il était jusqu'à présent impossible d'engager leur responsabilité en cas de sinistre. Là encore, rien d'illogique : un club ou une société privée organisant un roulage n'y est pour rien si un pilote tombe par manque de concentration ou à cause d'un excès de confiance.
De fait, même s'il n'est jamais agréable d'y penser, la chute et la blessure font partie intégrante de la pratique du circuit, en vitesse comme en tout-terrain, quel que soit le niveau du pratiquant. Il s'agit d'un risque pris en toute connaissance de cause dans le cadre d'une activité sportive. En droit, cette notion de risque assumé se nomme "théorie de l'acceptation des risques" (lire encadré ci-contre).
Jusqu'ici appliquée partout dans le monde, cette jurisprudence valable dans tous les sports (foot, tennis, rugby, sports mécaniques, etc.) implique que les participants soient pleinement conscients de ses risques inhérents et, surtout, qu'ils les acceptent. Par exemple, un boxer - même amateur - accepte l'idée d'avoir un jour le nez fracturé par un direct parfaitement correct sur le plan sportif.
Mais depuis le dernier épisode de "l'affaire Guittet" (encadré ci-contre), cette acceptation des risques est juridiquement remise en cause. En clair, en se basant sur ce revirement de jurisprudence, un sinistré peut désormais engager - et gagner - une procédure même en l'absence de faute.
A la base, cette initiative visant à éviter qu'un sinistré se retrouve démuni est louable... sauf qu'elle entraîne une recherche de responsabilité sans précédent. Car pour indemniser une personne, encore faut-il pouvoir désigner un responsable. Et si possible un responsable solvable, tant les sommes peuvent rapidement crever le plafond de la plupart des contrats d'assurance...
"En cas de tétraplégie, un pilote peut toucher 4 à 5 millions d'euros d'indemnisation, une somme qui a doublé en 20 ans", nous révèle Alex Boisgrollier. Conséquence : les assureurs ont revu leurs tarifs à la hausse, annonçant dans la foulée des augmentations annuelles allant de 25 à 100% ! Et ces hausses touchent aussi bien les couvertures contractées par les pratiquants que celles des organisateurs.
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