Grand Prix d'Indianapolis : déclarations, classements et analyses

Surfant entre les innombrables bosses du tracé américain pour se faufiler vers sa troisième victoire de la saison, l'espagnol Dani Pedrosa repart d'Indianapolis avec la satisfaction du devoir accompli. Doublé par le pilote HRC au septième tour, le texan Ben Spies termine à la seconde place et surtout premier pilote Yamaha devant Jorge Lorenzo et Valentino Rossi (lire nos comptes rendus des courses MotoGP, Moto2 et 125 à Indianapolis) !

Une sacré performance, acclamée comme il se doit par le public américain ! En espérant que cela encouragera les américains à suivre de plus près la catégorie reine : avec 62 794 spectateurs dimanche, le GP d'Indianapolis est l'un des rares rendez-vous du calendrier à connaître une baisse de fréquentation depuis son introduction au championnat du monde en 2008. Ce qui n'a pas empêché Dorna, le grand argentier du MotoGP, de signer ce week-end avec les propriétaires du circuit pour 2011.

Dani Pedrosa, Honda-Repsol (1er) : "Je suis vraiment très heureux de cette victoire et c’était vraiment difficile aujourd’hui avec cette chaleur (35°C dans l'air et 56°C pour la piste, NDLR). Je n’ai pas fait un départ parfait cette fois mais j’ai été assez rapide dans les premiers virages et je suis resté près des leaders. J’avais un bon rythme aujourd’hui et bien que Spies était assez fort en première position, j’ai réussi à le rattraper et à le doubler".

"Je suis vraiment content des performances de ma moto parce qu’elle était rapide dans les lignes droites et qu’elle se comportait aussi très bien dans les virages. C’était assez dur de rester concentré une fois devant et j’étais vraiment fatigué à la fin de la course. Je suis content parce que l’an dernier j’avais chuté alors que je pouvais gagner et je me suis donc rattrapé aujourd’hui. J’ai passé le cap des deux victoires MotoGP en une saison et j’en suis très heureux. Nous faisons du bon travail et j’espère garder cette dynamique pour le week-end prochain à Misano. Je tiens à remercier le team et tous les gens autour de moi".

L'analyse Moto-Net.Com : A l'évidence, cette troisième victoire ne relance pas vraiment Dani Pedrosa dans la course au titre mondial, puisque le leader du championnat Jorge Lorenzo repart des États-Unis avec 68 points d'avance sur le pilote HRC à sept courses de la fin de saison. Néanmoins, la compétitivité retrouvée du binôme "Pedrosa-RCV212" (cinq podiums lors des six derniers GP) fait plaisir à voir et doit surtout rassurer tant l'espagnol que son employeur !

D'autant que non seulement la Honda file comme un avion de chasse dans les lignes droites, mais elle se montre en outre extrêmement fiable : le HRC figure en effet parmi les teams ayant utilisé le moins de moteurs à ce stade de la saison. Un détail loin d'être négligeable, sachant que la nouvelle réglementation MotoGP contraint désormais les pilotes à n'avoir recours qu'à six moteurs pour les dix huit rendez-vous de la saison !

Ben Spies, Yamaha - Tech 3 (2ème) : "Je suis vraiment content de faire mon meilleur résultat en MotoGP devant le public américain et sur un circuit aussi célèbre. J’ai toujours dit que je voulais faire mon meilleur résultat à domicile et c’est donc une mission accomplie. Après avoir pris la pole position, j’ai fait un bon départ et j’étais content de mener pour la première fois en MotoGP. Je n’avais cependant pas le rythme pour suivre Dani qui a fait une excellente course aujourd’hui. Je suis content parce que je n’ai pas fait trop d’erreurs lorsque j’étais devant et que je suis resté régulier sur l’ensemble de la course. Lorsque Dani est passé devant, je savais que ne pouvais pas le suivre et je l’ai donc laissé partir afin de me concentrer et maintenir Jorge à distance en troisième position, ce que j’ai réussi".

L'analyse Moto-Net.Com : Au soir du GP d'Indianapolis chez Tech3, la satisfaction d'accompagner les premiers pas en catégorie reine d'un pilote du calibre de Ben Spies se disputait légitimement aux regrets d'avoir à le laisser filer dans le team Yamaha officiel en 2011 !

A domicile, le texan s'est en effet offert le luxe de se qualifier en pole - la première depuis le GP de Chine 2008 pour la structure de Bormes-les-Mimosas -, puis de mener sa première course MotoGP durant sept tours et de la terminer à une méritoire seconde place devant des cracks comme Lorenzo et Rossi !

L'américain confirme ainsi toute sa valeur et conforte son enviable double statut de premier rookie et premier pilote privé du championnat du monde (6ème avec 110 points). Au passage, "Big Ben" lance aussi un sérieux avertissement à son futur coéquipier : s'annonçant ravi de courir à ses côtés en 2011, Lorenzo a ainsi constaté que si le n°11 ne possédait pas (encore ?) la maîtrise et l'aura d'un Valentino Rossi, le discret et travailleur Ben Spies ne lui mâcherait pas le boulot chez Yamaha la saison prochaine !

Jorge Lorenzo, Fiat-Yamaha (3ème) : “Je ne devrais évidemment pas être déçu de ma troisième place mais je ne suis pas content de la course que j’ai faite aujourd’hui, je n’ai pas piloté aussi bien que je le pouvais et je n’ai pas pris un bon départ. Les conditions étaient très dures et je n’ai simplement pas eu la force physique pour faire les temps que j’avais faits durant les essais, c’était comme courir en Malaisie ! La piste était très glissante et il était très difficile de faire un bon usage des pneus, je crois que je suis assez chanceux d’avoir terminé troisième aujourd’hui".

L'analyse Moto-Net.Com : Après avoir signé sept victoires et trois secondes places en dix courses, la dernière marche du podium ne peut décemment pas s'assimiler à une contre-performance pour le pilote majorquin qui portait un casque aux couleurs d'Iron Man à Indy.

Conscient de ses limites et de celles de son matériel, Jorge Lorenzo a intelligemment géré sa course, sans traîner en route pour autant : longtemps bloqué derrière Dovizioso, le leader du championnat du monde a ainsi su donner le coup de collier suffisant pour bouter l'italien hors du podium final. Au général, l'officiel Yamaha engrange encore de gros points et conserve sa généreuse avance au championnat (251 pts contre 183 pour Pedrosa). Enfin, l'air de rien, Lorenzo termine une fois de plus devant son coéquipier Valentino Rossi...

Valentino Rossi, Fiat-Yamaha (4ème) : “La course s’est plutôt bien passée après le week-end que nous avons eu. La quatrième place est un bon résultat dans ces circonstances mais l’important est que j’avais un bon rythme de course et que je me sentais bien mieux sur la moto. J’ai fait quelques bons tours et je n’étais pas si loin des autres Yamaha. J’ai malheureusement payé pour mon manque de condition physique et j’ai finalement dû arrêter d’attaquer parce que je n’étais pas suffisamment fort physiquement. Je suis cependant satisfait parce que nous avons retrouvé de bons réglages et que j’ai bien piloté et si on repense à mes trois chutes, terminer quatrième n’est pas si mal. La semaine prochaine nous allons à Misano, pour ma course nationale !".

L'analyse Moto-Net.Com : Victime d'une chute en seconde séance d'essais libres, en qualifications et au warm-up - une première depuis ses débuts en catégorie reine ! -, Valentino Rossi a eu toutes les peines du monde à adapter son pilotage et sa M1 aux spécificités du tracé américain... sur lequel il s'était pourtant imposé en 2008 !

En manque de feeling avec sa Yamaha et très remonté contre le mauvais état de la piste, "Vale" a cependant réalisé une belle course au vu de ses essais catastrophiques et de sa condition physique : bien parti de sa septième place sur la grille, le n°46 est progressivement monté en puissance pour finalement terminer au pied du podium.

Cependant, l'italien doit absolument retrouver la confiance nécessaire pour se lâcher dès les premiers tours de course, sous peine de voir ses rivaux s'échapper inéluctablement. D'autant que dimanche prochain, le Continental Circus s'arrête à Misano - à un jet de pierre de Tavullia - et que toute l'Italie aura les yeux rivés sur le "Docteur" qui souhaite exorciser sa chute au Mugello en remportant sa seconde course à domicile...

Nicky Hayden, Ducati (6ème) : "Je n’arrive toujours pas à y croire, je suis tellement déçu. Je suis resté prudent sur les premiers tours parce que la chaleur rendait la piste très glissante. J’ai un peu perdu l’avant dans le troisième tour et mon genou gauche a tapé un vibreur, pile à l’endroit où le slider est attaché avec un velcro. Il y a beaucoup de virages à gauche ici et à partir de ce moment j’ai vraiment dû faire attention, je ne pouvais attaquer nulle part et j’ai terminé la course avec un énorme trou dans ma combinaison au niveau du genou. Je suis incroyablement déçu parce que nous avions la cadence pour faire une très bonne performance aujourd’hui".

L'analyse Moto-Net.Com : Alors que la même mésaventure est arrivée à Casey Stoner en qualifications, Nicky Hayden a fait les frais d'un slider baladeur devant les siens. De quoi nourrir de sérieux regrets, d'autant que le n°69 - qui vient de signer pour deux saisons supplémentaires chez Ducati - possédait effectivement le rythme nécessaire pour espérer scorer un podium.

Désormais septième au provisoire, à un point de Ben Spies, le sympathique américain a une nouvelle fois prouvé sa pugnacité à Indianapolis, puisqu'il a assuré une belle sixième place en course alors que sa combinaison Alpinestars frottait directement sur le sol dans les virages à gauche (voir photo ci-contre) !

Randy de Puniet, Honda-LCR (13ème) : "Honnêtement ça aura été pour moi la course la plus délicate depuis le début de saison... plus compliquée encore qu'en République Tchèque il y a deux semaines ! La piste est vraiment particulière ici avec beaucoup de changements de direction qui s’avèrent exigeants sur la longueur d'une course lorsque l'on est diminué physiquement. Le revêtement est ensuite relativement bosselé et tout le monde est en recherche constante d’adhérence. On s’est démené tout le week-end pour trouver des solutions techniques sur la moto, j'ai même essayé de modifier légèrement mon style de pilotage. Mais rien n'y a fait en fin de compte et je n'ai jamais pu me mettre dans le rythme".

L'analyse Moto-Net.Com : Derjo à 1'04.139 min du vainqueur, Randy de Puniet n'a été que l'ombre de lui-même depuis le début des hostilités à Indianapolis. Convalescent suite à sa double fracture du tibia-péroné contractée il y a seulement six semaines lors du GP d'Allemagne, le parisien a souffert physiquement, mais aussi techniquement.

Incapable de trouver la confiance nécessaire pour piloter sa Honda RCV212, Randy manquait de stabilité au freinage et de vitesse en entrée de courbes. Un week-end à oublier pour le n°14 qui peut s'estimer heureux du faible nombre d'engagés en MotoGP : grâce aux chutes de Stoner, Kallio et Melandri et à l'abandon d'Edwards, le pilote LCR repart tout de même des States avec les points de la treizième place.

Casey Stoner, Ducati (chute à 21 tours de l'arrivée) : “Je suis très déçu, ce n’était pas une chute grave mais ça a suffi à me sortir de la course,” a déclaré Stoner. “Je sais que beaucoup de pilotes ont chuté en perdant l’avant mais apparemment nous retrouvons la situation dans laquelle nous étions au début de la saison et nous avons vraiment du mal à trouver un bon feeling à l’avant dans les virages. C’est vraiment dommage parce que nous avions un bon rythme et je pense que nous aurions pu être sur le podium"

L'analyse Moto-Net.Com : Dominateur durant les deux séances d'essais libres, Casey Stoner pensait avoir retrouvé le mode d'emploi de sa Ducati GP10 en utilisant la toute nouvelle fourche Ölhins à Indianapolis. Hélas, l'australien s'est montré moins à l'aise en course, visiblement en manque de confiance avec son train avant sur les gros freinages.

Longtemps coincé derrière son coéquipier Nicky Hayden, Stoner s'est ensuite mis hors course en tentant de chercher l'ouverture sur Valentino Rossi. Avec cette troisième chute en course (après le Qatar et la France), la dernière saison chez Ducati du champion du monde 2007 commence gentiment à tourner à la débandade : quatrième au classement provisoire, Stoner ne possède en effet plus que cinq points d'avance sur Rossi...

Colin Edwards – Yamaha Tech3 (abandon au bout de 17 tours) : “J’avais un problème d’adhérence dès le départ, surtout dans les virages. Je faisais de mon mieux mais j’étais très loin de tenir le rythme alors je suis rentré pour mettre le pneu tendre, j’ai fait quelques tours et mes temps au tour se sont tout de suite améliorés. J’ai payé très cher mon choix de pneu aujourd’hui mais félicitations à Ben. Il atteint un excellent niveau et il peut être fier de terminer deuxième de ce groupe".

L'analyse Moto-Net.Com : Auteur d'une saison 2010 jusque ici transparente, Colin Edwards aura connu bien des galères à domicile : victime d'un mauvais choix de pneus qui le contraindra à repasser une première fois dans le box Tech3, l'américain abdiquera définitivement quelques tours plus tard. A sa décharge, le n°5 a aussi du composer avec le chagrin ressenti par le tragique décès en course de Peter Lenz, un pilote de sa connaissance âgé de seulement treize ans...

“J’étais anéanti en apprenant la nouvelle. Je connaissais Peter depuis un moment et nous étions amis avec lui et son père. Ils utilisaient mon motorhome ce week-end et la nouvelle m’a fait très mal au coeur. J’ai finalement décidé de courir, après y avoir réfléchi je savais que c’était ce que je devais faire", a commenté Edwards.

Avec une septième place à Laguna Seca et à Brno comme meilleurs résultats, le vétéran (36 ans) doit cependant se dépêcher de se reprendre, s'il souhaite conserver son guidon chez Tech3 en 2011...

Certes, Hervé Poncharal, team manager de Tech3, a annoncé vouloir continuer à travailler avec lui la saison prochaine - vraisemblablement aux côtés du pilote Superbike, Carl Crutchlow -, mais il reste à boucler le budget avec Yamaha USA qui fat le forcing pour qu'Edwards roule une année supplémentaire avant de devenir ambassadeur de la marque.

Prochain rendez-vous dès le week-end prochain pour le GP de Misano : restez connectés !

Résultats de la course d'Indianapolis