A presque 36 ans, l'espagnol Sete Gibernau sort de sa préretraite pour tenter de (re)taquiner Rossi et consorts au guidon d'une Ducati GP9. Un retour surprenant après deux ans d'absence, alors que la jeune génération n'a jamais eu les crocs aussi acérés.
Petit-fils du fondateur de la célèbre marque de motos espagnoles Bultaco, Sete Gibernau a été l'un des principaux animateurs de la catégorie reine en 2003 et 2004, face au déjà tout puissant Valentino Rossi. Athlète accompli, travailleur acharné, le pilote barcelonais est à l'origine de certains des plus beaux duels des années 990cc et sa rivalité avec Rossi a fait les choux gras de la presse spécialisée de 2003 à 2006.
Débutant la compétition en 1992 via le réputé Championnat d'Espagne de vitesse (CEV), Sete Gibernau démontre rapidement un talent certain et une détermination sans faille.
Bien aidé par sa nationalité et par son ascendance, le jeune homme gravit rapidement les échelons, jusqu'à parvenir au firmament du sport motocycliste en 1997 grâce à Wayne Rainey, qui le fait courir avec une 500 Yamaha (lire encadré ci-dessous).
Alternant les saisons fastes et les résultats médiocres, le catalan intègre néanmoins le giron du HRC en 2000 où il signe l'une de ses plus mauvaises années (15ème au général). Suzuki lui offre alors un pont d'or et Gibernau redresse la tête en décrochant la première de ses neuf victoires en catégorie reine, lors du GP de Valence. Le répit est cependant de courte durée. Il faudra attendre son arrivée au sein de l'équipe Gresini - et surtout, hélas, la disparition tragique de son talentueux coéquipier, Daijiro Kato, à l'aube de la saison 2003 (lire Moto-Net.Com du 19 avril 2003 et Moto-Net.Com du 29 novembre 2003) - pour enfin mesurer tout le talent du célèbre n°15.
Comme investi d'une mission mystique, "Gib" élève son pilotage au niveau de son ami Valentino Rossi et devient son adversaire le plus farouche au cours des saisons 2003 et 2004. L'italien lui livre alors une véritable guerre psychologique qui aura raison de leurs rapports privilégiés, plongeant de facto Gibernau dans des abîmes de doutes et de contre-performances qui aboutiront à une saison catastrophique au guidon de la Ducati GP 6.
Le couperet tombe en effet définitivement lors du GP de Barcelone 2006 (Moto-Net.Com du 19 juin 2006), lorsqu'il provoque l'un des accrochages les plus impressionnants de l'histoire des MotoGP qui met fin à sa motivation pour la course et aux - légitimes - espoirs de consécration suprême de son coéquipier, Loris Capirossi, première victime de l'erreur du pilote catalan...
Meurtri aussi bien physiquement que psychologiquement, Sete Gibernau choisit de se retirer de la compétition de haut niveau et épouse le mannequin Esther Canadas, avec laquelle il pense alors couler une retraite paisible...
Témoin de l'ascension d'une nouvelle génération de pilotes capable de détrôner son "meilleur ennemi" Valentino Rossi, Gibernau se laisse cependant aller à quelques essais durant la saison 2008 au guidon de la Ducati... D'autant que selon certaines mauvaises langues, le pilote s'ennuie ferme depuis sa séparation avec son épouse... Le démon de la course serait donc revenu le titiller !
Sete mieux avant ?
(Ouarf, trop fort l'intertitre, NDLR !) Rapide lors des séances d'essais privés concoctées par la firme de Bologne, Sete Gibernau se laisse convaincre de revenir en MotoGP la saison prochaine par Angel Nieto, qui lui fournira une Ducati d'usine GP9 au sein du tout nouveau team Onde 2000 dirigé par ses deux fils, Gelete et Pablo.
"J'ai vu Sete ce week-end, il était très enthousiaste ! Gelete et Pablo travaillent dur pour le team et Francisco Hernando - qui soutient le projet - est content. Il ne nous reste plus qu'à convertir ces efforts en résultats", déclare alors l'homme aux "12+1" titres mondiaux, après les premiers essais officiels effectués au lendemain du GP de Valence.
Les grandes dates de Sete Gibernau |
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Seizième lors de ce premier galop d'essais grandeur nature, Gibernau affiche effectivement une volonté débordante et un enthousiasme à peine entaché par un chrono à près de deux secondes du meilleur temps établi par son chef de file, Casey Stoner : "je suis très enthousiaste à l'idée de redevenir un pilote MotoGP, je m'amuse de nouveau en pilotant et c'est une bonne opportunité pour moi. C'est mon objectif : piloter et me faire plaisir. Je suis prêt à réapprendre, même à 35 ans", déclare l'intéressé qui fêtera ses 36 ans la semaine prochaine.
"j'étais très impatient de revenir", poursuit-il : "ça faisait trois ans que je n'avais pas piloté à Valence (forfait en 2006, NDLR). C'est beaucoup, mais j'y ai pris beaucoup de plaisir. Nous sommes des professionnels et on a réuni un bon groupe. Mais nous devons aussi bosser sur les essais pour améliorer nos façons de travailler ensemble. Je vais apporter toute mon expérience et mon savoir-faire et essayer d'être rapide le plus tôt possible", promet le vétéran.
Pour autant, l'ex-vice champion du monde se heurte à plusieurs écueils : ses adversaires ne l'ont pas attendu pour progresser et l'arrivée de jeunes pilotes comme Stoner (22 ans), Pedrosa (23 ans), Dovizioso (22 ans) et Lorenzo (21 ans) a considérablement "boosté" la catégorie, poussant du même coup les Barros, Biaggi et Checa vers la retraite et obligeant Rossi himself (29 ans) à se surpasser pour reconquérir le titre mondial ! En outre, le maniement de la Ducati 800 se veut sélectif, comme ont pu en faire l'amère expérience Elias, Guintoli et surtout Melandri en 2008...
Un challenge audacieux
Neuvième des récents tests de Jerez - à 1,427 seconde du meilleur temps (lire Moto-Net.Com du 29 novembre 2008) -, Sete Gibernau mesure aujourd'hui la difficulté de sa tâche, d'autant que son team fait ses premiers pas dans la catégorie : "je sais que je vais avoir de nombreuses lacunes au début, mais au fil du temps j'espère que mon expérience m'apportera certains avantages qui se traduiront en résultats positifs", confie le nouveau n°59, Alex de Angelis l'ayant privé de son n°15 fétiche. Constatant que les autres pilotes "sont tous assez confiants et savent ce qu'ils font, mais moi pas encore", Sete Gibernau reste serein et aborde cette opportunité comme un défi : "j'aime aller à la limite, j'aime ressentir ces sensations revenir, me tester et voir si je peux de nouveau le faire".
Un challenge audacieux pour lequel le pilote du team Onde 2000 a déjà dû renouer avec les tables d'opération : Gibernau s'est ainsi fait opérer par le Dr Ignacio Ginebreda à la clinique Dexeus de Barcelone afin de retirer la plaque métallique posée sur sa clavicule gauche : "l'opération s'est bien passée", a déclaré le catalan après l'opération. "Avec le Dr Ginebreda, nous avions décidé de retirer la plaque (posée en 2006 après le crash de Barcelone, NDLR) afin qu'elle ne me gêne pas la saison prochaine. Il semble que ma clavicule ait bien récupéré et je suis impatient de me remettre à piloter", certifie le vétéran espagnol qui va profiter de la trêve hivernale pour se reposer, avant de reprendre le guidon début février pour les prochains essais à Sepang.
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Plateau : Les pilotes et leurs motos 2025
02 mars : GP de Thaïlande
16 mars : GP d'Argentine
30 mars : GP des Amériques
13 avril : GP du Qatar
27 avril : GP d'Espagne
11 mai : GP de France
25 mai : GP de Grande-Bretagne
08 juin : GP d'Aragon
22 juin : GP d'Italie
29 juin : GP des Pays-Bas
13 juillet : GP d'Allemagne
20 juillet : GP de République Tchèque (sous réserve)
17 août : GP d'Autriche
24 août : GP de Hongrie (sous réserve)
07 septembre : GP de Catalogne
14 septembre : GP de Saint-Marin
28 septembre : GP du Japon
05 octobre : GP d'Indonésie
19 octobre : GP d'Australie
26 octobre : GP de Malaisie
09 novembre : GP du Portugal
17 novembre : GP de Valence
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