La 15ème épreuve de MotoGP se déroule ce week-end à Phillip Island, l'un des jardins de Rossi. Considérée comme la plus rapide de l'année, cette piste est également technique et demande à la fois courage et précision aux pilotes...
Situé sur une île du sud de l'Australie à 130 km de Melbourne, au beau milieu d'une réserve naturelle, le circuit de Phillip Island compte parmi les épreuves les plus attendues de l'année : posée au pied d'une falaise, la piste australienne est selon les pilotes l'une des plus impressionnantes de la saison...
Présent au programme des saisons 1989, 1990 et sans interruption depuis 1997, le circuit fait l'unanimité au sein du paddock. Des discours de ces pros du guidon ressortent principalement trois mots : complet, technique et fun. De quoi réjouir les téléspectateurs qui assistent chaque année à de superbes combats ! Mais on entend aussi parler de vent, de froid et de goélands...
Le paradis des MotoGP
Comment ne pas apprécier ce tracé varié, qui combine virages serrés se négociant en première et courbes ultra-rapides permettant de faire fumer son pneu arrière ? Le relief offre également des virages atypiques, tel que Lukey Heights qui est un long gauche en aveugle tout en montée et en accélération sur l'angle, au bout duquel il faut sauter sur les freins avant de plonger dans une soudaine descente et négocier au mieux l'épingle suivante !
Ce circuit regorge d'enchaînements tous plus surprenants et impressionnants les uns que les autres comme le Doohan Corner en bout de ligne droite, dans lequel les pilotes peuvent emprunter de multiples trajectoires avant d'aborder Southern Loop dans des frottements de carénages fréquents.
Du coup, les réglages sont particulièrement délicats, le but principal étant de fournir au pilote une moto stable en courbe et un moteur le plus dosable possible. Avec une majorité de virages à gauche - dont deux extrêmement rapides, Lukey Heights et Swan Corner -, les pneus doivent présenter un flanc gauche endurant.
De plus, le GP australien étant programmé à la sortie de l'hiver (on est dans l'hémisphère sud), les amplitudes de températures entre le matin et l'après midi ou même entre les trois jours de compétition n'aident pas particulièrement les manufacturiers de pneus...
"The Island", comme les anglo-saxons surnomment le circuit, n'épargne pas non plus la mécanique puisqu'un vent de mer y souffle fréquemment. Quand on sait que la ligne droite est située exactement dans le même alignement, on imagine l'effort que doivent fournir les moteurs pour propulser les bolides à plus de 320 km/h !
Les pilotes sont également mis à rude épreuve puisque mis à part le froid et le vent, il arrive que les goélands jouent les perturbateurs et finissent sur des épaules ou dans des conduits d'aérations, comme c'était arrivé à Hayden l'an dernier ou plus récemment à Rossi (lire Moto-Net du 22 février 2005).
Le circuit préféré de Vale
S'il est une piste qui devrait porter le nom du génie italien, c'est sans doute celle-ci : inutile de préciser que Rossi apprécie ce tracé, tant les faits parlent d'eux-mêmes ! Si en catégorie 125, RossiFumi n'avait fini "qu'à" la 14ème place en 1996 puis à la 6ème en 1997, en 250 il s'était empressé de remporter les deux GP disputés...
En 2000, après une lutte acharnée tout au long de la course, Biaggi avait fini par s'imposer devant Capirossi, Rossi et Barros. Les quatre protagonistes avaient alors passé le drapeau à damier dans la même demi seconde ! C'était la première saison de "Valentinik", son surnom de l'époque, et il finissait à cette occasion deuxième du championnat derrière Roberts...
En 2001, l'italien mit un point d'honneur à remporter son titre avec panache. Il devança donc l'Empereur romain de 13 millièmes sur la ligne d'arrivée... et ce n'était que le début d'une longue série de victoires ! L'année suivante, le Doctor - vexé de s'être fait battre en Malaisie par Barros qui débutait juste au guidon de la RCV - gagna la course avec plus de 9 secondes d'avance...
Mais le GP d'Australie en 2003 fut sans nul doute la plus belle démonstration de Sa Sainteté au guidon de la Honda 4-temps (lire Moto-Net du 20 octobre 2003). En effet, ayant malencontreusement doublé sous drapeau jaune pour la deuxième fois de l'année (la première ayant eu lieu à Donington), Vale décidait de ne pas laisser échapper bêtement une nouvelle victoire... Pour cela, l'italien devait impérativement placer un écart de plus de dix secondes sur son poursuivant, Capirossi. Emporté par son élan, le champion du monde réalisa l'exploit de devancer Capirex de plus de 15 secondes sur une piste réputée pour ses grosses bagarres en tête !
Mais sa "plus belle victoire sur ce circuit", Rossi l'a obtenue l'an passé au nez de son meilleur ennemi Sete... Che Spettacolo avait encore décidé de remporter son titre avec style : après être sorti de la piste dans le premier tour, Vale parvint à recoller les basques du catalan dès le 7ème tour. S'en suivit une bataille d'anthologie menée crescendo. Dans la dernière boucle, Rossi prit le Honda Corner trop large, compromettant grandement la fête prévue pour son sacre... Malgré cela, et au prix d'un superbe intérieur dans Lukey Heigths, Rossi remporta la course pour moins d'un 10ème ! (lire Moto-Net du 19 octobre 2004).
Cette année, le septuple champion espère que tout ira aussi bien : "nous avons eu quelques petits soucis lors des essais hivernaux mais lorsque nous avons effectué des essais à Sepang, tout allait bien alors que pendant le week-end du GP, nous avons eu des problèmes... Donc j'espère que pour Phillip Island ce sera le contraire !", plaisante l'italien qui reste cependant le plus grand favori.
Un invité de marque
Chris Vermeulen, vice-champion du monde Superbike 2005 (lire notre Dossier spécial Superbike 2005), s'apprête à faire son entrée sur la piste du Continental Circus.
Si il ne prétend pas concurrencer le Maître Rossi dès sa première participation, le jeune australien rappelle tout de même que le MotoGP reste son objectif, et que pour cela une belle prestation à domicile pourrait faire fléchir les derniers réticents au sein de la direction Honda... Chris se montre relativement confiant : "c'est un tracé rapide et coulant qui correspond à mon style". Qui de Hayden, Melandri, Capirossi, Rossi ou lui laissera les plus longues traces de dérapage ? Suspens !
Ce week-end, outre ses nouvelles couleurs Camel, Chris portera le numéro 17 au lieu de son habituel 77, déjà pris par James Ellison. On note cependant la présence du chiffre 7 : Vermeulen - comme Rossi et beaucoup d'autres motards - reste fidèle à Barry Sheene !
Sept pilotes et une seconde place
Le vice-championnat du monde n'en finit pas de rebondir car même si Biaggi (159 points) reste agrippé à la deuxième place du classement général depuis la rentrée, notamment grâce à la bousculade de pilotes derrière lui, la situation semble être en train de changer...
Le responsable de ce bouleversement en est Marco Melandri, qui ne pointe qu'à deux points de Max et qui, lui, ne se plaint absolument pas de sa RCV ! Après sa superbe course à Losail (lire Moto-Net du 3 octobre 2005) et une semaine de farniente sur les plages de Brisbane, le jeune Marco est "plein d'énergie et très relaxé", autant dire dans des conditions mentale et physique optimales !
A l'inverse, son compatriote Biaggi semble plus que jamais au fond du trou : "c'est un problème beaucoup plus grave que les réglages, il s'agit d'un problème de gestion du moteur", affirme sans rire le pilote Repsol, victime d'un souci technique lors de la dernière course... Max se plaint de problèmes en entrée de virage, de traction en sortie... bref, rien ne va plus ! Pour se consoler si sa moto ne marche pas, Max pourra au moins profiter de "chacune des vues du circuit qui ressemblent à des cartes postales"...
A sept points de l'Empereur se trouve Colin Edwards. L'américain attendait cette épreuve depuis longtemps puisqu'il possède avec ce pays beaucoup d'attaches (son père est natif d'Australie), mais il n'oublie pas pour autant ses deux objectifs : "gagner une des trois dernières courses et prendre la deuxième place au championnat". Entre ses huit podiums en Mondial Superbike et sa quatrième place l'année dernière, il faudra sûrement compter sur la Tornade texane !
Nicky Hayden - 150 points au classement général - se trouve lui aussi en bonne posture pour accéder à la deuxième place : le tracé australien, à l'image du Sachsenring, tourne dans le sens inverse des aiguilles d'une montre, sens dont raffole le Kentucky Kid qui confirme : "ce circuit est mon favori". C'est d'ailleurs sur cette piste que l'américain est monté pour la première fois sur le podium en 2003. Conscient de sa chance concernant les réglages "course" lors du week-end à Losail, Nicky se "focalise pour prendre rapidement la bonne voie"... tout en évitant de manger trop de plumes !
Loris Capirossi (148 points), qui a subi une petite baisse de régime lors de la dernière épreuve, compte sur le fait que "le pilote peut faire la différence" sur cette piste. Fort de ses podiums aux deux derniers GP d'Australie, Capirex pourrait rester le pilote à avoir marqué le plus de points depuis la reprise...
Alex Barros (129 points), en bon vétéran du plateau, reste très mesuré dans ses déclarations : "comparé au Qatar et à la Malaise, Phillip Island sera bien plus frais, donc les conditions seront très différentes. Nous verrons bien, j'espère faire une bonne course"... Le Brésilien pourra-t-il profiter d'une attention portée sur son coéquipier Vermeulen pour réaliser un exploit ?
Chez Honda toujours mais au sein du team Gresini, l'heure est à la "positive attitude" chère au regretté Jean-pierre Raffarin : "au cours des essais de pré-saison j'ai été très rapide, nous avons donc des données très intéressantes et utiles pour le réglage de la moto", précise Sete Gibernau, huitième du championnat avec 126 points. Mathématiquement toujours en course pour conserver son titre de vice-Rossi, l'espagnol se montre motivé : "je suis convaincu que dès que nous aurons dépassé cette période difficile avec un résultat positif, nous reviendrons plus fort qu'avant !" Sete a prouvé qu'il avait les capacités physiques de le faire, mais où en est vraiment son mental ?
La famille Bridgestone
Neuvième du championnat avec 98 points, Checa peut également mathématiquement obtenir la seconde place. Mais le MotoGP ne se prête qu'un temps aux calculs hasardeux et il n'est pas déraisonnable de conclure que Checa se bat désormais pour la cinquième place... Carlos apprécie beaucoup la piste mais rappelle que "tout peut être gâché par la météo" et que "comme partout, la performance des pneumatiques influe énormément". A bon entendeur...
Dernier du Top 10, Shinya Nakano revient du Japon où il a effectué des tests d'aérodynamisme en soufflerie : "ce n'est pas facile d'être sur la moto en soufflerie à 180 km/h ! C'est une sensation surréelle, parfois la force du vent semble plus forte et plus directe qu'à 300 km/h sur la piste !" Shinya a d'ailleurs rapidement fait le rapprochement avec le vent qui souffle sur la ligne droite de "The Island" et qui "peut être un problème".
Makoto Tamada court sur Michelin mais certains le voient déjà revenir chez Bridgestone dès la saison prochaine... Le japonais veut "une revanche sur la contre-performance du Qatar" et sait qu'il lui faudra "clairement comprendre les performances" de ses pneus "pour les utiliser au mieux"...
Au sein du team Suzuki, le team manager Paul Denning se contente d'annoncer que "Kenny et John sont frais et dispos pour courir. Tous deux aiment le circuit et attendent avec impatience la course de dimanche", précise-t-il avant d'ajouter que "le team Suzuki MotoGP a travaillé loin des projecteurs sur des projets pour la saison prochaine et nous devrions avoir quelques infos bientôt"...
Mr le professeur OJ
Avec ses 25 points, Olivier Jacque se classe 17ème du championnat, juste devant... Alex Hofmann qu'il remplace à nouveau ce week-end et qu'il remplacera également la semaine prochaine à Istanbul !
OJ, qui a subi moult séances de kiné, ostéopathes et autres spécialistes de tout poil, se sent "globalement bien" après sa chute à basse vitesse lors de la première séance d'essai au Qatar. "Frustré de ne pas avoir pu rouler à Losail", le français se réjouit d'arriver sur une piste dont il connaît "chaque millimètre".
"Au mois de février dernier, j’ai donné un stage de pilotage de prestige aux côtés de Wayne Gardner et Daryl Beattie. Cette expérience a été très sympathique", explique OJ. "De nombreux motards français avaient fait le déplacement et j’ai gardé contact avec les organisateurs qui sont devenus de bons copains". Espérons que ces heures de roulage permettront à Olivier d'entrer dès les premiers essais dans le vif du sujet et de prendre le bon wagon lors de la course de dimanche !
N'oubliez donc pas de régler vos réveils pour dimanche matin (3h15 pour les 125 !) et rendez-vous dès lundi pour le tour par tour de Moto-Net en exclusivité double hémisphérique !
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Plateau : Les pilotes et leurs motos 2024
10 mars : GP du Qatar
24 mars : GP du Portugal
07 avril : GP d'Argentine (annulé)
14 avril : GP des Amériques
28 avril : GP d'Espagne
12 mai : GP de France
26 mai : GP de Catalogne
02 juin : GP d'Italie
16 juin : GP du Kazakhstan (reporté)
30 juin : GP des Pays-Bas
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04 août : GP de Grande-Bretagne
18 août : GP d'Autriche
01 septembre : GP d'Aragon
08 septembre : GP de San-Marin
22 septembre : GP d'Inde (annulé)
22 septembre : GP Kazakhstan (annulé !)
22 septembre : GP d'Emilie-Romagne
29 septembre : GP d'Indonésie
06 octobre : GP du Japon
20 octobre : GP d'Australie
27 octobre : GP de Thaïlande
03 novembre : GP de Malaisie
17 novembre : GP de Valence
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