Le Championnat du monde 2005 tire à sa fin et c'est sur le circuit atypique de Valence que les pilotes vont se battre une dernière fois... Mais les enjeux varient et la pression n'est pas la même pour tous ! Présentation et tour du plateau.
Le circuit de Valence, nommé Ricardo Tormo en l'honneur de l'ancien Champion du Monde 50 cc, a été créé en 1999. La piste y est littéralement assiégée de tribunes à partir desquelles les spectateurs peuvent apercevoir la quasi-totalité du circuit. L'ambiance y est donc enflammée, le choeur des 120 000 spectateurs couvrant même parfois les hurlements des MotoGP !
Ce tracé qui compte parmi les plus lents de l'année offre souvent de belles bagarres. On se souvient notamment de la baston opposant en 2002 un Rossi fraîchement sacré en 4-temps à un Barros survolté au guidon de la RCV ! Le brésilien s'était montré impérial, se permettant de battre Rossi à la régulière pour la deuxième fois en trois courses !
Si le Doctor avait dominé de la tête et des épaules l'épreuve de 2003 (lire Moto-Net du 3 novembre 2003), celle de 2004 lui avait demandé plus d'efforts : Tamada et ses Bridgestone avaient animé le début de course, Rossi parvenant tout juste à garder le japonais en ligne de mire. A mi-course, Tamada avait baissé son rythme, laissant Valentino prendre le commandement qu'il ne quitta pas malgré un retour impressionnant de Max Biaggi (lire Moto-Net du 3 novembre 2004).
Les arènes de Valence
Le circuit de Valence est un stade dédié à la course moto même si Sylvain Guintoli, dans l'interview qu'il nous a accordée (lire Moto-Net du 2 novembre 2005), n'hésite pas à le comparer à un "circuit de karting géant !"
Il est vrai que, confiné entre de hautes tribunes, le tracé tortueux de Valence n'a rien de commun avec les pistes de Suzuka, du Mugello ou de Montmeló. Ce qui n'enlève rien à son intérêt, bien au contraire ! Commandée par un gauche rapide, la ligne droite d'à peine 900 m permet tout de même aux MotoGP de dépasser les 300 km/h ! Et le reste du circuit offre un enchaînement de virages ininterrompu où freinages sur l'angle et réaccélérations à basse vitesse sont particulièrement périlleux.
Les réglages de suspension sont facilités par l'absence d'irrégularités ou de bosses sur la piste. L'empattement des motos est plus court que d'habitude car les pilotes privilégient une machine agile et vive dans ces enchaînements de virages courts et lents.
L'autre caractéristique de cette piste est le fait que les pilotes y tournent dans le sens inverse des aiguilles d'une montre. De ce fait, c'est le flanc gauche des pneus qui s'use davantage, particulièrement dans l'avant-dernier gauche qui se négocie en quatrième à près de 200 km/h... Une particularité qui devra être prise en compte au moment de choisir les gommes...
Sans pression
Seul pilote à avoir marqué des points à chaque Grand Prix cette saison, Colin Edwards, quatrième, est désormais à 24 points de la place de vice-champion et à 15 points de Hayden 3ème derrière Melandri. L'américain n'aura donc qu'à contrôler Max Biaggi - ou plutôt l'ombre de celui-ci... - pour assurer sa quatrième position au classement général.
Outre la conservation de sa place au championnat, la Tornade Texane consacrera ce week-end à travailler son nouveau style de pilotage : "je déteste ce moment de ma carrière où je dois apprendre quelque chose de complètement nouveau, j'essaie de gagner de la vitesse en courbe en ajoutant des aspects du style 250 cc à mes instincts Superbike"... Ce changement - qui intervient trois ans après son arrivée en MotoGP - lui permettra-t-il de se battre avec Rossi en 2006 ? Début de réponse ce dimanche !
Loris Capirossi sort d'une convalescence qui l'aura empêché de participer à un prometteur GP d'Australie à l'issue duquel Checa, son coéquipier, est monté sur le podium (lire Moto-Net du 17 octobre 2005). Son poumon droit ayant subi une hémorragie, l'italien est encore interdit de vol mais cela n'atteint en rien sa motivation: "j'ai voyagé en mobil home mais mon envie de courir est si grande que j''aurai pu venir à pied !" Et même si sa forme ne sera pas "au top", si la piste de Valence n'est pas sa préférée, si "elle est trop étriquée pour les MotoGP" à son goût, Capirex pourrait bien faire des étincelles, à l'image de Troy Bayliss qui termina troisième de l'épreuve en 2003 ou Tamada qui signa la pole l'an dernier avec les Bridgestone.
Chez Suzuki, John Hopkins sera rejoint par le pilote essayeur Nobuatsu Aoki, remplaçant d'un Kenny Roberts Jr qui ne pourra disputer sa dernière course au guidon de la GSV-R. Triste fin donc pour le champion du monde 2000, qui pourrait cependant courir l'année prochaine au guidon d'une Roberts mue par un V5 Honda !
En 2006 et 2007, c'est Chris Vermeulen qui partagera le stand avec Hopper. Paul Denning est conscient que la saison à venir sera difficile : "ni Chris ni Suzuki ne se font d'illusions quant au poids de la tâche qui s'annonce, mais nous sommes confiants et pensons que Chris est le bon choix pour l'avenir". Le jeune protégé de Barry Sheene a encore beaucoup à apprendre : nouvelle moto, nouveaux freins (carbone), nouvelles gommes et nouveaux circuits... De plus, il semblerait que Honda - vexé de la fuite du jeune prodige - lui mette des bâtons dans les roues en lui interdisant de piloter une moto d'une autre marque avant 2006... Affaire à suivre.
Le pilote le plus serein du plateau est bien évidemment Valentino Rossi. Avec son titre en poche depuis trois courses, le titre constructeur et celui des équipes, Son Altesse Sérénissime ne court désormais plus que pour les records ! Au programme ce week-end : celui du nombre de victoires en une saison détenu par Doohan (12), que sa Sainteté pourrait égaliser, et celui du nombre de points remportés en une saison - aidé il est vrai par le fait que cette saison comprend un GP de plus que celles des six années précédentes...
A l'occasion du cinquantième anniversaire de la marque aux diapasons, Vale et Colin porteront les couleurs de Yamaha et de ses légendaires OW.
"Demi" pression
Les locaux de l'étape seront forcément un peu plus sous pression, à commencer par Sete Gibernau qui disputera sa dernière course au guidon de la Gresini - et vraisemblablement d'une RCV... Remplacé l'année prochaine par son jeune compatriote Toni Elias, le catalan est attendu chez Ducati... toujours officieusement. "Après une saison très difficile, durant laquelle j'ai beaucoup appris, je souhaiterais clore ce championnat avec un bon résultat", déclare Sete qui aimerait tant refaire son retard sur Biaggi (13 points) mais surtout se protéger de Capirossi qui n'est qu'à deux petits points de sa sixième place...
Carlos Checa ne peut s'empêcher de sourire en évoquant la saison prochaine puisqu'il s'apprête à effectuer le transfert inverse de Sete en passant de Ducati à Honda, vraisemblablement chez Pons aux côtés de son ancien coéquipier Biaggi. Mais les contrats n'étant pas signés, l'espagnol a intérêt à réaliser une belle prestation à domicile ! "Nous passons d'agréables moments car les progrès des pneus nous ont permis de tirer tout le potentiel de notre moto", assure Carlos qui "vise le podium et espère se battre pour la plus haute marche".
Tech 3, qui devait être l'antichambre du team usine Yamaha, est en phase de devenir celle du team... Honda Gresini ! Après le transfert réussi de Marco Melandri l'an dernier, c'est en effet au tour de Toni Elias de quitter la M1 de Poncharal pour la RCV italienne ! Le jeune espagnol, de plus en plus efficace en cette fin de saison, aura à coeur de briller devant son public avant de marcher sur les traces - ou les plates-bandes ? - de Marco en 2006...
Alors qu'Olivier Jacque ne courra finalement pas ce week-end, Alex Hofmann espère "une fin positive pour sa saison à l'occasion de sa dernière course avec Kawasaki". L'allemand, qui n'a marqué de points qu'à cinq reprises cette année et figure deux places derrière OJ au classement général, n'a pas de guidon pour l'an prochain et voit ses espoirs de disputer la saison 2006 en MotoGP s'amenuiser gravement... La course de la dernière chance ?
Haute pression
Même prénom et même avenir incertain avec Alex Barros, dont la victoire au Portugal (lire Moto-Net du 19 avril 2005) cache mal une année irrégulière. Le brésilien possède heureusement d'excellents souvenirs sur cette piste qu'il apprécie beaucoup "malgré son aspect lent". Les 12 points qui le séparent de la 7ème place de Capirossi sont donc abordables, à condition qu'il retrouve ses sensations de 2002...
Une belle lutte s'annonce entre les deux japonais du plateau car Makoto Tamada n'est qu'à 9 points de Shinya Nakano ! Le pilote Honda, qui comme Hofmann s'est blessé dès le début de saison, s'était montré très à l'aise sur la piste espagnole l'an dernier mais avait été victime de l'usure prématurée de ses Bridgestone. Les Michelin, auxquels il ne s'est apparemment pas adapté, lui permettront-ils de tenir bon jusqu'au drapeau à damier ?
Mais Shinya Nakano n'est pas prêt à laisser s'échapper sa dixième place, un range qui ne le satisfait pas : "mon but était de finir mieux que 10ème au championnat, mais pour le moment c'est la place de Kawasaki avec les motos d'usine Honda, Yamaha et Ducati devant"... Le jeune nippon aimerait "terminer la saison avec au moins le même résultat qu'à Jerez", où il s'était qualifié et avait terminé la course à une encourageante cinquième place.
Mais les deux pilotes les plus attendus ce week-end sont bel et bien les prétendants au titre de Vice-Rossi : Marco Melandri et Nicky Hayden...
Après sa victoire en Turquie, Marco a pris une légère avance sur l'américain (195 points contre 186) et se montre posé : "le titre de vice-champion n'était qu'un rêve au début de saison, maintenant c'est un vrai but à atteindre. Je dois penser au championnat pendant ce GP". Mais sera-t-il prêt à laisser s'enfuir Rossi en tête de la course - c'est un exemple ! - pour se contenter de contrôler Nicky ? Rien n'est moins sûr...
Au final, Marco n'aura peut-être pas à se poser la question car Nicky Hayden fera sans doute en sorte de le pousser dans ses (derniers ?) retranchements... D'autant que Valence semble être une piste conçue pour le Kentucky Kid. Elle possède bien des points communs avec les circuits sur lesquels Nicky a brillé cette année (Laguna Seca, Sachsenring, Phillip Island...) : elle tourne dans le sens dans le sens inverse des aiguilles d'une montre, comme les pistes de dirt track que Nicky apprécie, et elle est très ramassée, ce qui lui rappelle les circuits américains. Reste que Hayden devra se débarrasser de ses mauvaises habitudes prises sur ce circuit : tomber ! Lors de ses deux participations, l'américain a en effet chuté alors qu'il se battait dans le groupe de tête.
Sous pression ou pas, une chose est sûre : les pilotes de MotoGP s'en donneront à coeur joie lors de cette dernière épreuve, tout comme J. Arsouille qui rendra sa dernière copie... pour 2005 !
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12 novembre : GP de Malaisie
19 novembre : GP du Qatar
26 novembre : GP de Valence
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