Cinq ans après le premier baromètre économique des sports mécaniques en France, la Fédération Française de Motocyclisme et sa consœur du Sport Automobile enrichissent leur étude en évaluant leur impact environnemental. Dans leur calcul, elles intègrent l’empreinte carbone, très importante, des spectateurs. Bilan et réflexions.
Près de 3 milliards. C’est en euros, le chiffre d’affaires généré par les sports mécaniques en France en 2022, selon le deuxième bilan dressé par la Fédération Française de Motocyclisme et la Fédération Française du Sport Automobile, et dévoilé ce mardi 13 décembre 2023 à Paris.
Pour mémoire, le CA des sports mécas avait été estimé à 2,3 milliards par la première étude déjà menée par le cabinet d'audit Ernst &Young Global Limited (EY pour les intimes). C’était en 2019, avant qu’un méchant coronavirus empêche notre monde de tourner normalement... et les pilotes moto et auto de rouler, aussi !
Bonne nouvelle donc : les sports mécaniques confirment leur rôle moteur dans l’économie de notre pays (3ème filière sportive, loin derrière les 7,5 milliards du foot et de ses droits TV) ainsi que "l’engagement des 130 000 participants et officiels qui animent les 1700 clubs, ligues et associations à travers la France", soulignent les présidents Nicolas Deschaux (FFSA) et Sébastien Poirier (FFM).
Grande première de ce second bilan, l’impact environnemental de ces activités est désormais analysé, quantifié même, car "notre rôle, en tant que fédérations, est de péréniser notre pratique tout en prenant compte des enjeux environnementaux auxquels sont sensibles grand nombre de nos passionnés".
Les trois quarts (73%) des 10 000 licenciés ayant répondu à l’enquête considèrent effectivement comme "importants" voire "très importants" les enjeux environnementaux, et 90 % estiment que les sports mécaniques ont un rôle important à jouer dans la transition écologique... dans la réduction des émissions de CO2, principalement.
Selon cette première étude environnementale donc, 366 millions de tonnes équivalent CO2 auraient été générés par les sports mécaniques en France l’an dernier : par les deux fédérations, leurs licenciés... mais aussi par les 3 millions de spectateurs qui ont assisté à "près de 1900 compétitions essentiellement régionales et départementales".
À titre de comparaison, cette saison 2022 des sports mécaniques représenterait "les deux tiers des émissions dues à l’Euro 2016 de Football". Attention, les dirigeants ne souhaitent toutefois pas "renvoyer la balle" vers d’autres pratiques paradoxalement plus polluantes.
"Nous sommes persuadés qu’en nous appuyant sur notre histoire marquée par l’innovation (dans le domaine de la sécurité à bord des autos ou en tant que motards, par exemple, NDLR) et en coordination avec les acteurs de la filière, nous pouvons développer une pratique plus éco-responsable tout en restant proches des attentes des passionnés de sports mécaniques", concluent les présidents des deux fédés.
Pour s’inscrire dans "une trajectoire bas carbone" qualifiée de tendance pour certains, d’indispensable pour d’autres, la FFM et la FFSA ont défini trois axes de travail : "accompagner nos associations locales pour une pratique plus respectueuse de l’environnement, réduire le premier poste d’émission : les déplacements, et s’appuyer sur la réglementation et les innovations pour diminuer notre empreinte carbone".
Les promoteurs des grands épreuves internationales de sports mécaniques endossent une "lourde" responsabilité dans le bilan carbone de la filière puisque le Top 10 des événements en France représentent 43 % des spectateurs (et 90 % des retombées financières, accessoirement).
En charge du Grand Prix moto de France - qui a instauré en 2023 le nouveau record d’affluence d’un GP de vitesse moto dans le monde avec 278 805 entrées sur le week-end -, Claude Michy approuve justement la politique volontariste et la transparence de la FFM et de la FFSA en matière d’écologie.
Le "G.O." du GP au Mans met toutefois en garde : pour que les sports mécaniques cessent d’émettre des gaz à effet de serre, il suffirait de les supprimer ! Or la récente crise sanitaire a confirmé que les gens ont un besoin - vital - de se divertir, que ce soit au guidon d’une moto sur circuit ou "derrière" un compatriote engagé en MotoGP et victorieux, parfois !
Comment réduire l’empreinte carbone des fans qui se rendent chaque année sur le circuit Bugatti pour suivre - via des écrans géants, globalement - leurs idoles de l’Intercontinental Circus ? En développant le covoiturage ? Moui, bof... En mettant en place des "Fan Bases" partout en France, comme cela avait été évoqué pour contrer les jauges maximales de spectateurs instaurées au coeur de la pandémie de Covid-19 ?
"Non, cela pourrait même augmenter les émissions de gaz à effet de serre", répond à MNC Monsieur Michy, considérant que les télé-spectateurs seraient plus nombreux encore et devraient aux-aussi se déplacer pour assister au Grand Prix, en "distanciel". Affaire à suivre donc, de chez vous et sur Moto-Net.Com bien naturellement.
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