Le préparateur australien Purpose Built Moto dévoile l'une des plus remarquables réalisations sur base de Royal Enfield Super Meteor 650. Zoom sur le Projet Delta de Tom Gilroy et son équipe.
"Lorsque Royal Enfield nous a contactés pour créer une moto basée sur leur Super Meteor 650, je me suis demandé : "Pourquoi nous ?", raconte le fondateur de Purpose Built Moto. "J’ai vite compris que la raison importait peu : l’important était de saisir cette opportunité et de démontrer ce dont nous sommes capables lorsqu’on nous laisse une liberté créative et un contrôle total sur le résultat final d’une construction".
Et des libertés créatives, Tom Gilroy ci-dessous en assume un paquet avec cette transformation baptisée Projet Delta ! La moto sortie de son atelier de Burleigh Heads, dans la Gold Coast (Australie), colle une véritable claque : Purpose Built Moto fait preuve d'autant de talent que de goût. Impossible de reconnaître la Super Meteor 650 : on jurerait une moto de collection soigneusement conservée du début du 20ème siècle !
Il faut dire que pratiquement aucune pièce d'origine n'est conservée, hormis le bicylindre de 648 cc (47 ch et 52,3 Nm). Tout a été démonté et repensé dans le but de construire cette machine… à remonter le temps ?! Le plus impressionnant tient au train avant non conventionnel - conçu et fabriqué en interne en s'inspirant des fourches Girder - sur lequel se greffe une roue à rayons de 23 (!) pouces.
Un clin d'oeil aux (très) anciennes Royal Enfield, comme la Flying Flea produite à des fins militaires de 1939 à 1945. Mais oui : cette même "Puce Volante" que le constructeur indien ressuscite aujourd'hui avec un moteur électrique ! "Projet Delta marie les éléments de conception du "vieux monde" et le savoir-faire de pointe d'aujourd'hui", résume son concepteur.
L'arrière n'est pas en reste avec sa jante en 19" - les deux roues étant chromées à la main - et son monoamortisseur qui remplace les combinés d'origine. Toute la cinématique du train arrière a été redessinée, en plus d'être copieusement allégée. Purpose Built Moto estime à "12 kg" le poids gagné sur la seule partie châssis de sa moto.
"Les radiateurs d'huile modernes n'étant apparus sur les motos que dans les années 1970, nous avons souhaité les supprimer au profit d'un style plus vintage", explique le préparateur, dont la vision d'une Ténéré 900 sur base de MT-09 vaut aussi le détour. "Nous avons reconstruit les longerons avant du moteur et utilisé un système d'huile dans le cadre".
L'objectif est double : replonger dans le passé et alléger la ligne, tant "visuellement que physiquement". Au total, les efforts aboutissent à une perte de poids de "près de 80 kg" : Tom Gilroy revendique seulement "157 kg" pour cette Super Meteor 650 revue et métamorphosée. Sûr que le twin vertical doit nettement mieux respirer avec cette masse en moins à tracter !
A plus forte raison que Purpose Built Moto libère la mécanique par le biais de cornets d'admission en laiton : ces pièces élégantes proviennent d'un chaudronnier situé à Athènes (Grèce), qui les a réalisés à la main spécifiquement pour cette moto. Elles font écho à la ligne d'échappement en inox, avec sorties en queue de poisson comme dans les années 30.
La selle en cuir, strictement monoplace, abrite en partie l'amortisseur comme sur certains customs (coucou la Triumph Bobber !). Le tout est directement relié au bras-oscillant tubulaire : la Super Meteor est effectivement "super" allégée ! Idem pour le réservoir en aluminium riquiqui dans un objectif esthétique assumé.
"Sa taille réduite permet au moteur de dépasser et de préserver toute la finesse de la moto", explique l'officine australienne. "L'intégration de la pompe à essence dans ce minuscule réservoir a été un véritable défi, mais le résultat a été obtenu sans compromis sur le style".
Impossible de ne pas noter, le long de ce réservoir justement, le long levier en provenance du bicylindre. A quoi sert-il ? A passer les vitesses, pardi : à l'ancienne ! Noter que ce sélecteur manuel reçoit un levier inversé à son extrémité : il s'agit de l'embrayage, ici déporté pour alléger visuellement le poste de pilotage et le guidon.
"Le design du guidon est directement inspiré d'une Royal Enfield Bullet 350 de 1951 que nous avons récemment restaurée", dévoile le préparateur. "Son profil plat permet au pilote de se tenir droit et sa courbe inversée offre une belle vue sur le poste de pilotage".
Et en action, que donne cette Super Meteor comme (re)venue du siècle dernier ? "L'allongement de l'empattement, la conception des suspensions et l'utilisation de roues de 23 pouces garantissent une conduite stable à haute vitesse", assure Tom Gilroy, qui l'a poussée sur petite route à plus de 160 km/h !
"Le pilotage est plus complexe avec des changements de vitesse de la main gauche", admet-il. De même l'ergonomie et la tenue de route seraient "typiques d'une véritable machine vintage" : pour connaisseurs et amateurs avertis, en somme. Des motards, en tout cas, sensibles au très bel ouvrage.
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