Interrogé sur France Info à propos de la baisse de la vitesse à 80 km/h, le délégué interministériel a curieusement assuré que les résultats de l'expérimentation menée pendant deux ans sur 81 km était bons... mais insuffisants pour faire une bonne étude accidentologique !
Dans un magnifique élan de solidarité gouvernementale, les responsables français continuer à tenter de faire croire aux citoyens que leur vrai problème, leur urgence numéro un, la clé de tous leurs problèmes, c'est le nombre d'accidents de la route (merci de rayer le chômage le niveau scolaire l'évasion fiscale la délinquance et les injustices sociales de la liste de vos préoccupations).
Pour mieux préparer les Français à la nouvelle augmentation des prélèvements obligatoires que ne manquerait pas d'entraîner cette baisse de la vitesse sur le réseau secondaire avec son inévitable pluie d'amendes supplémentaires, le ministère de l'intérieur a tenté d'expliquer qu'aucune décision ne serait prise avant le CISR du 18 janvier 2018, mais le premier ministre himself a déclaré sur Twitter qu'il était favorable à baisse à 80 km/h au lieu de 90...
Peu importe que le nombre de morts sur les routes françaises ait été divisé par deux en dix ans (et par 5 en 40 ans, sans même tenir compte de l'explosion du trafic !) : c'est désormais au tour du délégué interministériel, Emmanuel Barbe, de monter au créneau pour expliquer sur France Info que "si les 44 millions de véhicules en circulation en France roulent moins vite, il y aura moins d'accidents, c'est assez mécanique : le fait que ça ferait baisser le nombre d'accidents et le nombre de morts, ça ne fait pas l'ombre d'un doute".
Mais le passage le plus savoureux de cet entretien se situe à 4'10 : concernant les résultats de l'expérimentation menée par Bernard Cazeneuve, l'ancien ministre de l'intérieur, M. Barbe admet que ce n'est pas suffisant pour en tirer des enseignements significatifs : "nous avons évidemment des résultats, ça a marché pour faire baisser la vitesse assez significativement, ça a eu un impact sur le fait qu'il y ait un peu plus de personnes qui sont en léger excès de vitesse et ça a plutôt des résultats favorables en termes d'accidentalité, mais je refuse tout simplement de m'en prévaloir parce que deux ans et un tronçon aussi court (81 km, NDLR !), ce n'est pas suffisant pour faire une bonne étude accidentologique"...
"Il s'agit du nouveau chiffon rouge que le gouvernement agite pour masquer son impuissance à régler les vrais problèmes - crise économique, chômage, sécurité", écrivions-nous il y a bientôt quatre ans à propos de cette baisse à 80 km/h soutenue alors par Manuel Valls (mais si, l'ancien premier ministre) et reprise aujourd'hui par le gouvernement d'Edouard Philippe (mais si, le barbu)... L'histoire "en marche", en somme ?!
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