Le groupe Orange constate un repli de ses ventes motos de 10 à 15% et prend en conséquence des mesures drastiques. Réduction du personnel et délocalisation en Inde et en Chine font partie des leviers actionnés par Pierer Mobility, propriétaire notamment de KTM, GasGas, Husqvarna et MV Agusta.
Pierer Mobility AG dresse le bilan de son premier semestre 2024, et ses conclusions ne sont pas bonnes : le premier constructeur européen de deux-roues avec ses marques KTM, GasGas, Husqvarna et - depuis peu - MV Agusta, constate des ventes "inférieures aux attentes", de l'ordre de 10 à 15% pour ses divisions deux-roues (moto et vélo).
Les raisons ? "La dynamique sur les principaux marchés moto de Pierer Mobility aux États-Unis et en Europe a considérablement ralenti", explique le groupe autrichien, pris de court par des volumes de ventes inférieurs à ses prévisions "après trois années de succès supérieur à la moyenne". En clair : après être passés au vert pendant le Covid, les voyants clignotent à l'orange…
Les comptables d'outre-Rhin pointent également du gant l'élévation des taux d'intérêts aux États-Unis et leur maintien à un haut niveau, situation "qui aura un impact négatif sur les prévisions de ventes sur le marché américain". Conséquence : les stocks de motos s'accumulent en concessions, ce qui représente "des capitaux considérables", souligne le comité excécutif dans son communiqué officiel.
Les concessionnaires - premiers à subir les invendus - seront soutenus grâce à des "délais de paiement" et des augmentations de remises. Mais attention précise Pierer Mobility : "ces mesures ont déjà entraîné une forte augmentation du fonds de roulement au cours du dernier exercice. La direction s'attend à ce que le fonds de roulement et l'engagement de capital associé restent élevés en 2024".
Autrement dit : du cash va être immobilisé sous forme de stocks en concessions au lieu d'être converti en chiffre d'affaires. "Cela devrait avoir un impact négatif significatif sur l'EBIT (résultat avant intérêts et impôts, NDLR) et le résultat financier de l'exercice en cours", regrette le groupe.
Face à ces résultats négatifs et à des prévisions qui le sont tout autant, le comité exécutif prend des mesures drastiques, voire radicales. Première d'entre-elles, sans surprise, un réajustement du "nombre de collaborateurs" : en clair, le groupe va continuer à réduire ses effectifs après avoir déjà supprimé 300 postes dans l'usine KTM à Mattighofen (Autriche) en décembre 2023.
"Cette réduction du personnel après des années de hausse des effectifs est douloureuse, mais nécessaire pour maintenir et sécuriser la compétitivité du site de production", se justifient les autrichiens. Un dégraissage lourd de signification au regard de la croissance observée jusqu'à présent : KTM avait doublé sa masse salariale "au cours des dix dernières années", rappelle le document !
Le manque de compétitivité de la fabrication en Europe est au passage égratigné, essentiellement à cause "des salaires élevés et des coûts croissants liés aux réglementations et à la bureaucratie". Le "Made in Europe" a un prix et des contraintes : raisons pour lesquelles les volumes de production à Mattighofen "sont donc considérablement réduits".
Ce raisonnement mène inéxorablement vers le deuxième levier d'économies actionné par Pierer Mobility : la délocalisation, pardi ! Produire en Europe coûte cher ? Fabriquons en Asie ! "La recherche et le développement conjoints avec le partenaire stratégique Bajaj Auto en Inde et le partenaire JV CFMOTO en Chine seront étendus sur les sites respectifs", prévoit le comité exécutif.
Le groupe reconnaît tirer profit des "conditions économiques favorables de ces régions pour garantir sa compétitivité", là où le secteur des sous-traitants européens souffrirait "d'une fragilité croissante". Au risque d'enfoncer des portes ouvertes, cette fragilité ne fera qu'amplifier avec la désaffection d'industries européennes…
Des économies sont prévues dans d'autres domaines, notamment en compétition où KTM est très, très impliqué. La marque Orange est présente à la fois en tout-terrain et sur circuit, à chaque fois avec de remarquables filières pour accompagner ses talents. Si la démarche est payante sur un plan sportif, elle l'est moins d'un point de vue comptable…
Vu sous cet angle, ce n'est certainement pas un hasard si le groupe autrichien supprime son éphémère équipe officielle GasGas en MotoGP l'an prochain... Rappelons qu'en 2025, les quatre RC16 alignées en catégorie reine (deux Factory et deux Tech3) seront toutes aux couleurs KTM.
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