Souvenez-vous, il y a 20 ans quasiment jour pour jour, MNC publiait : "Après avoir eu l'impression d'être like a hair on the soup en débarquant à Shanghai, Olivier Jacque s'est senti like a fish in the water et finit 2ème à moins de 2 secondes de l'Intouchable... OJ ou le triomphe de la motivation ?" En 2025, Zarco et Quartararo font tout leur possible pour contester la domination du patron du MotoGP, Marc Marquez.
Moto-Net.Com réédite cet article de 2005 en lien direct avec ces récentes publications :
Il y a vingt ans, donc, sur le Journal moto du Net...
En terminant deuxième du Grand Prix de Chine hier à Shanghai après s'être élancé de la 15ème position, Olivier Jacque crée bien plus que la surprise générale - y compris la sienne : il démontre à sa manière, tout comme Valentino Rossi chez Yamaha, Christophe Guyot en Championnat du monde d'Endurance ou au Mans et Serge Nuques au Moto Tour, que c'est le pilote et sa motivation qui font la différence, bien plus que la moto, les pneus, les réglages ou le fric.
Après deux ans d'absence, la rage de vaincre d'Olivier et son absence de pression ont en effet mis en évidence l'étrange manque de "gniak" des favoris qui, hormis Sa Sainteté, n'ont pas brillé sous les cieux chinois...
Habituellement grand gentleman, Gibernau semble peu à peu gagné par la Biaggi Attitude : il termine 4ème après être parti en pole et reproche aux ingénieurs Michelin de lui avoir imposé "un très mauvais pneu arrière"... L'Empereur romain himself, décidément peu à l'aise dans l'Empire du Milieu, prend le départ en 14ème position juste devant OJ et termine 5ème. "Le résultat n'est pas si mauvais", estime Biaggi qui attend toujours que le HRC se décide à "régler les problèmes".
A l'inverse, Olivier Jacque a fait preuve d'une détermination sans faille, bravant les éléments et les conditions de course désastreuses avec un rare panache. Certes, il n'avait aucune pression, comme ne manqueront pas de le faire remarquer les grincheux, et la pluie nivelle les performances. Mais justement : dans des conditions aussi éprouvantes - piste détrempée, visibilité réduite, adhérence limitée, buée sur la visière - et en l'absence de réel enjeu, combien de pilotes titulaires de leur guidon en catégorie reine se seraient contentés d'assurer le minimum syndical ?
Au lieu de quoi Magic OJ, même s'il admet rétrospectivement que "l'idée d'abandonner" lui a "traversé l'esprit quelques secondes", s'est véritablement dépassé, remontant pied à pied de sa 15ème place en avalant Bayliss, Capirossi, Melandri, Biaggi puis Gibernau pour enfin ne plus avoir dans sa ligne de mire que la roue arrière de Sa Sainteté (pour le tour par tour de cette remontée fantastique, lire Moto-Net du 2 mai 2005). Et terminer deuxième, quand c'est derrière Rossi, c'est un peu terminer premier !
Aurais-tu imaginé il y a quelques jours obtenir un tel résultat ?
Sûrement pas ! J'ai très peu roulé depuis deux ans, juste un remplacement pour Moriwaki l'année dernière sur les Grands Prix du Japon en septembre et de Valence en novembre. Comme il s'agissait d'un remplacement d'Alex Hofmann, blessé, Kawasaki m'a prévenu assez tard et je n'ai pas eu le temps de m'affûter physiquement. De plus, je n'avais jamais roulé sur la ZX-RR avant les quelques essais que nous avons réalisés quelques jours avant notre départ pour la Chine. De même, les pneumatiques Bridgestone étaient nouveaux pour moi et c'était notre premier roulage à tous sur le circuit de Shanghai. Beaucoup d'inconnues donc avant de poser le pied en terre chinoise...
Ce premier Grand Prix de Chine s'est déroulé sous une météo déplorable. En as-tu souffert pendant la course ?
Oui, j'ai été très handicapé par de la buée dans mon casque. L'eau restait sur ma visière, je ne voyais plus les virages, c'était l'horreur. J'ai mis un temps fou à doubler Sete Gibernau car je n'avais aucune visibilité. Seuls quelques centimètres carrés de visière sur le côté me permettaient de voir quelque chose ! Je devais tourner la tête à droite en permanence. Quand j'ai passé Gibernau et que je n'étais plus dans la chaleur de son moteur, c'est allé un petit peu mieux. Mais avant ça, c'était l'enfer ! L'idée d'abandonner m'a même traversé l'esprit, quelques secondes... Heureusement que j'ai persévéré !
Parti de la 15ème place, tu passes successivement Hayden, puis Biaggi, puis Gibernau... A quel moment de la course sens-tu que c'est possible ?
On ne va pas refaire l'histoire mais honnêtement, si je n'avais pas eu autant de problèmes de buée, je pense que la victoire était à ma portée... J'ai mis très longtemps à doubler mes adversaires et ça a été le summum pour passer Gibernau. Si j'avais pu le faire plus tôt, j'aurais pu espérer me bagarrer avec Valentino. Je ne termine qu'à 1,7 seconde et j'en ai perdu bien plus que ça à cause de ce manque de visibilité...
Qu'as-tu ressenti en passant la ligne d'arrivée ?
Je me suis dit "c'est incroyable !" Je n'en revenais pas ! J'ai vraiment donné le meilleur de moi-même, c'est aussi fort que mon titre de champion du monde 250 en 2000. Pendant trois ans, je me suis battu pour monter sur un podium de MotoGP. J'avais bien failli au Grand Prix d'Allemagne 2002, avant de me faire percuter par Alex Barros. Aujourd'hui est un grand jour pour moi. Je pense avoir étonné, et moi le premier. J'imagine que l'équipe de Rossi n'avait pas de pancarte "OJ" prête à lui passer pour lui signifier que j'étais derrière lui !
Comment s'est comportée la moto ?
La moto et les pneumatiques ont été parfaits du premier tour au baisser du drapeau à damiers. J'ai trouvé mes marques tout de suite, j'étais vraiment en phase avec la moto. L'équipe a réalisé un boulot fantastique et les réglages étaient conformes à mes souhaits. Je dirais même que le confort et la confiance sont montés crescendo : je me sentais de mieux en mieux au fil des tours. A mi-course, j'ai eu une pensée pour les équipes Kawasaki et Bridgestone et je leur ai dit merci !
T'es-tu fait peur sur cette piste détrempée ?
Non, pas vraiment. Hormis ce problème de buée qui m'aveuglait, la moto était vraiment bien contrôlable. J'ai fait quelques belles glissades que j'ai pu récupérer. Et une fois j'ai mordu la bande blanche. C'était chaud, mais j'étais tellement concentré que j'ai pu contrôler à chaque fois. Je pouvais vraiment prendre la mesure de l'adhérence.
A 15 jours du Grand Prix de France, comment envisages-tu la suite de la saison 2005 ? C'est le guidon assuré pour l'an prochain ?
Il est trop tôt pour le dire. Ce qui compte maintenant, c'est le Grand Prix de France au Mans dans 15 jours. Je vais être tellement heureux de disputer mon Grand Prix national et de retrouver mes fans. Je ferai de mon mieux, je vais tout donner. Mais il faut être lucide, cette deuxième place à Shanghai est tout à fait exceptionnelle. On ne va pas vivre ça tous les week-ends. Tout le monde en est conscient, moi le premier... Dites à Claude Michy, l'organisateur du Grand Prix de France, de faire brûler un cierge pour qu'il pleuve au Mans !
Intéressant, non ?
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