Grand Prix du Qatar : Stoner fait la passe de trois !

Victorieux des éditions 2007 et 2008 au Qatar, Casey Stoner et sa Ducati étaient les logiques favoris de cette mouvementée course 2009 : suite à de soudaines et incroyables pluies qui se sont abattues dans le désert qatari - pendant la course 125 et juste après la 250 - la première confrontation MotoGP de la saison a du être reportée au lendemain soir (lire Moto-Net.Com du 13 avril 2009) !

"C'est un coût supplémentaire important pour toutes les équipes : pour un team comme le mien, d'une vingtaine de personnes, c'est déjà 20 000 € de plus rien que pour les billets d'avion", indiquait Hervé Poncharal, team manager de l'équipe Tech 3 et président de l'IRTA (Association des teams). Consulté en urgence, chaque acteur de la catégorie reine a été sollicité et la décision de remettre la course au lendemain fut prise à l'unanimité :

"La quasi-totalité des équipes a dit "On y va". Seuls ceux qui n'avaient pas un intérêt sportif à rester ont voté contre. Mais la décision de reculer la course a été prise à la majorité avec huit voix contre trois", précise le français. Naturellement, avec des pilotes blessés, les équipes de Sete Gibernau et de Dani Pedrosa ont sans doute fait partie de celles optant pour l'annulation pure et simple de la course, voyant sans doute dans cet improbable revirement l'occasion de prolonger la convalescence des deux espagnols.

Plus surprenant, c'est le team officiel Ducati qui se serait lui-aussi opposé au report : non pas que la récente blessure en qualifs de Nicky Hayden préoccupe à ce point sa nouvelle équipe, mais Casey Stoner - auteur des meilleurs chronos de chacune des séances d'essais - estimerait que la dépense supplémentaire engendrée ne va pas dans le sens de la recherche d'économies, a priori une des premières préoccupations de la Dorna depuis cet hiver...

Logique, la réflexion de l'australien n'en prête pas moins le flanc aux interrogations : un pilote aussi bien placé sur le papier aurait-il vraiment intérêt à voir annuler une course où il est désigné comme grand favori ?

Pour beaucoup, il s'agit là d'un signe démontrant que le champion du monde 2007 n'est pas certain de terminer la course dans de bonnes conditions, suite aux blessures contractées à son poignet : il n'en fallait pas plus pour redonner de l'espoir à un Valentino Rossi, vaguement inquiet de la demie seconde que lui a collée l'aussie en qualifications !

Prenant place sur une piste - enfin ! - sèche, les 18 cracks de la catégorie reine sont accueillis sous les applaudissements des 4 500 spectateurs présents dans les tribunes : un nombre ridiculement réduit au regard de certaines courses disputées en Europe, où l'affluence dépasse parfois les 100 000 personnes ! La température de l'air est moyennement élevée (21°C), le vent absent : la première course MotoGP de la saison 2009 va pouvoir démarrer !

La course MotoGP : attrape moi si tu peux !

Départ : Casey Stoner fait le Holeshot devant Loris Capirossi et Valentino Rossi. L'impétueux Jorge Lorenzo passe le n°46 avec brio au bout de quelques virages, sous les yeux de Chris Vermeulen, Andrea Dovizioso et Randy de Puniet.

Agacé, car conscient que Stoner est déjà en train de s'échapper, le champion du monde en titre double rapidement Lorenzo, tandis que l'indéboulonnable Capirossi est collé au dosseret de selle de son ancien coéquipier chez Ducati !

Rapidement, le peloton s'étire et malgré le manufacturier pneumatique unique, les positions des pilotes - et surtout les écarts les séparant - reprennent la même physionomie qu'en 2008 : Stoner tourne comme un boulet de canon en tête de course, suivi par Capirossi qui commence à décrocher, puis Rossi, Lorenzo et Dovizioso.

Blessé et peu en confiance avec l'avant de sa moto, Dani Pedrosa pointe en dixième place, tandis que Marco Melandri tire tout droit dans les graviers : de retour en piste dans les dernières places, l'italien doit sincèrement regretter cette erreur, car jusque-là son week-end avec la Kawasaki-Hayate était assez positif.

Rossi passe Capirossi au freinage de la ligne droite et part à la chasse sur Stoner qui a déjà creusé un impressionnant écart : avec 2,976 sec d'avance, l'Aussie semble farouchement déterminé à "punir" ses adversaires ! Pourtant, le n°27 déclarera avoir été contraint de gérer la consommation de sa GP9 durant la première partie de la course...

" Nous avons eu un petit souci de consommation et l’équipe m’a indiqué qu’il fallait piloter de sorte à ce que je n’épuise pas mon carburant : j’ai essayé de passer plus rapidement dans les virages et de rouler en utilisant des rapports plus élevés", indiquera - un brin provocateur ? - le véloce pilote Ducati en fin de course.

Jeune loup aux dents longues, Andrea Dovizioso se montre lui-aussi à son aise et recolle rapidement aux échappements de Loris Capirossi : l'officiel Honda se hissera à la troisième place au freinage de la ligne droite. Pedrosa passe Randy de Puniet et pointe désormais en huitième place. Décevant depuis quelques temps, James Toseland n'est que 12ème, derrière se trouvent Mika Kallio et sa Ducati Pramac.

Le finlandais réalise lui une bonne première course et taxe rapidement Randy de Puniet en difficulté avec l'avant de sa RCV : surpris par le rapide manque de grip de son pneumatique avant, le français est imprécis dans ses entrées en courbe et se fait illico déborder par Alex de Angelis.

Au 7ème tour, Jorge Lorenzo reprend du poil de la bête et double Andrea Dovizioso au freinage de la ligne droite des stands, tandis que James Toseland part jardiner dans les graviers ! Dans le même tour, Loris Capirossi s'envole en perdant l'avant sous les yeux de Colin Edwards : heureusement, le jockey italien glisse sans se faire mal et le "vieux lion" se relève déçu, mais indemne.

"Le pneu avant ne se comportait pas comme d’habitude", se désolera le n°65, frustré - comme beaucoup d'autres pilotes - de l'inattendu comportement de son pneumatique avant. "J’avais bouclé 25 ou 30 tours avec le même pneu en essais et j’avais eu de bonnes sensations, mais aujourd’hui j’avais l’impression qu’il était mort au bout de cinq tours !"

Pendant ce temps, Vale continue son forcing sur le leader de la course et progressivement, le n°46 parvient à grignoter son retard sur Casey Stoner : au neuvième tour, la Yamaha ne pointe plus qu'à 1,9 sec de la Ducati officielle ! Loin derrière, le coéquipier de Stoner pointe en 13ème position : toujours en difficulté avec la Ducati GP9, Hayden précède la Honda du japonais Yuki Takahashi.

Au 10ème passage, Chris Vermeulen passe Dani Pedrosa sur un freinage impeccable. La manoeuvre donne des idées au bouillant Alex de Angelis et le n°15 tente sa chance par l'intérieur dans un long gauche. Mais le San Marinais remet trop de gaz en sortie de courbe et l'avant de sa RCV212 se soulève légèrement, contraignant de Angelis à écarter vers le vibreur... où l'infortuné Dani Pedrosa reçoit de plein fouet la Honda de son rival !

L'espagnol manque de très peu la chute et perd plusieurs secondes dans ce dépassement vraiment limite ! "Il a foncé droit sur moi, j’étais devant et il m’a percuté", s'indignera à juste titre Dani Pedrosa. "C’était un manque de respect, mais ça lui retombera dessus", menace le n°3 mondial qui semble tout de même avoir oublié l'incroyable épisode du GP du Portugal 2006, où entraîné par sa fougue, l'ibère faucha littéralement son coéquipier de l'époque, Nicky Hayden, alors en lice pour le titre mondial !

"Après huit ou neuf tours, j’ai commencé à sentir des vibrations et je ne sais pas ce que c’était", poursuivra l'Asimo Honda, victime lui-aussi de soucis pneumatiques. "J’ai ensuite perdu de l’adhérence et lorsque de Angelis m’a touché, j’ai commencé à avoir mal à l’épaule. Ce n’est probablement pas grave mais je passerai quand même un examen".

En tête de course, Stoner réplique à la remontée de Valentino Rossi et hausse à encore le rythme : en quelques tours, le jeune australien reprend ainsi plus d'une seconde et demie à son rival ! Démoralisante, la manoeuvre a surtout pour but de jouer avec les nerfs de l'italien en lui montrant que quelque soient ses efforts, c'est Stoner qui tient les rênes de la course !

Au 15ème tour, Casey Stoner et Valentino Rossi continuent leur duel à distance, et le pilote Ducati gère facilement son avance sur son rival : celui-ci est d'ailleurs victime de quelques frayeurs en tentant de hausser le ton et semble comprendre que revenir sur le leader sera très difficile.

En neuvième place, Dani Pedrosa est sous la menace de Toni Elias : le coéquipier du virulent Alex de Angelis réussi à passer, mais l'officiel HRC repasse dans la ligne droite grâce à l'aspiration. Obstiné, Elias s'impose finalement sous les yeux gourmands de Randy de Puniet, revenu lui-aussi au contact d'un Pedrosa de moins en moins rapide.

Au 19ème tour, Stoner et sa Ducati à l'inédit châssis "full carbone" possèdent plus de cinq secondes d'avance sur un Doctor qui assure visiblement sa seconde place. Jorge Lorenzo devance Colin Edwards, Andrea Dovizioso, Alex de Angelis, Chris Vermeulen, Mika Kallio, Toni Elias, Randy de Puniet et Dani Pedrosa.

Dernier tour : En patron, Casey Stoner déroule tranquillement sa dernière révolution sur la piste qatarie, avec une incroyable avance de plus de 7,5 secondes sur Valentino Rossi ! Impressionnant d'aisance, le pilote signe - à 23 ans - sa 17ème victoire en Grand Prix d'un long wheeling sur la ligne d'arrivée, le tout sous les acclamations de son équipe !

Ils s'expliquent :

Casey Stoner (1er) : "Tout a marché très bien pour moi sauf dans les six derniers tours où l'avant a souffert des conditions de course. L'équipe a fait un travail fantastique et gagner est la meilleure manière de débuter ce championnat. A la fin j'étais un peu fatigué, mais je peux encore améliorer ma condition physique pour les prochaines courses. Au Japon l'an dernier nous avons fait une bonne course et j'espère que ce sera la même chose dans deux semaines".

Valentino Rossi (2ème) : "J'ai perdu du temps au départ pour doubler Loris et quand j'ai pu le passer, Casey était déjà loin. J'étais assez rapide et j'ai pu rester à deux secondes de lui mais ensuite le pneu avant était à la limite et j'ai failli tomber deux ou trois fois. J'ai donc décidé de ralentir et de rester concentré en réduisant mon rythme. Mais la 2ème place est un bon résultat et on démarre mieux la saison que l'an dernier (5ème, NDLR)".

Jorge Lorenzo (3ème) : "J'ai plus de difficulté à m'adapter aux Bridgestone, car je me sentais bien avec les Michelin. Nous n'avons pas été assez compétitif pour gagner et c'était très frustrant d'être aussi loin des deux pilotes de tête, en particulier sur ce circuit qui me convient bien".

Randy de Puniet (10ème) : "Je dois avouer que je suis quand même un petit peu déçu, car j'espérais sincèrement faire un meilleur résultat ici après ce que j'avais réussi à faire pendant les essais. J'avais vraiment pris un bon départ et j'ai alors pensé que la course allait se dérouler différemment et être plus facile pour moi. Mais j’ai brutalement manqué d'adhérence avec mon pneumatique avant. C'est d'autant plus étrange que je n'ai jamais eu ces sensations là pendant les tests du week-end : c'est un peu comme si j'avais roulé avec une gomme tendre".