Un nouveau type de radar numérique, pivot de la future chaîne de contrôle sanction automatisé, est en activité sous le tunnel du Fréjus avant son déploiement à grande échelle. La liste secrète des premiers emplacements.
C'est parti : la répression antivitesse la plus large, la plus automatisée, la plus rapide et la plus implacable possible est en marche.
Bien que le délégué interministériel à la sécurité routière Rémy Heitz s'en défende - "ce n'est pas un outil de répression, c'est un outil de sécurité routière" -, le nouveau système automatisé va permettre de sanctionner systématiquement le moindre excès de vitesse, indépendamment de sa dangerosité pour soi ou pour autrui.
"Nous allons semer l'insécurité chez les contrevenants", fanfaronne le colonel de gendarmerie Cailloz devant les journalistes réunis en Savoie pour la présentation officielle des nouveaux équipements fixes et embarqués...
C'est à bord d'une Renault Mégane break gris métallisé, immatriculée 3741 TW 73, que l'on découvre le premier radar doppler mobile à prise de vues numériques SVR 2000, développé par la société française Positive et présenté pour la première fois au Salon Milipol du Bourget en 1999 (lire Moto-Net du 1er décembre 1999). Dès qu'un véhicule dépasse la vitesse limite paramétrée manuellement par les forces de l'ordre, la caméra numérique réalise une magnifique photo couleur transmise au PC soit sur une disquette Zip, capable de stocker 300 clichés contre 36 pour les appareils argentiques actuels, soit par liaison sécurisée.
Après une recherche dans le fichier national des immatriculations, dans celui des véhicules volés et dans celui des loueurs de voitures, le système édite automatiquement un avis de contravention qui est adressé par la Poste au propriétaire du véhicule. L'amende arrive donc au plus tard une semaine après l'infraction, contre plusieurs mois aujourd'hui. A terme, un seul centre national gérera l'ensemble du traitement post-infraction. Il pourrait être situé à Rennes où se trouve déjà le centre de paiement des amendes, mais des appels d'offres sont en cours pour d'autres villes de France.
Cette admirable débauche de technologie permet-elle de flasher par l'arrière ? En clair, les motards sont-ils concernés ? "Oui !", s'exclament en coeur les représentants de la Mission interministérielle de contrôle sanction automatisé présidée par l'ingénieur général de l'équipement Jacques Sicherman. Mais si la réponse fuse sans ambiguïté au niveau théorique, en pratique les acteurs réels de la chaîne, confrontés aux réalités du terrain, sont beaucoup plus mesurés.
"Tout à fait entre nous, explique un gendarme interrogé par Moto-Net un peu à l'écart, le phénomène moto est très marginal. Lorsqu'un motard est impliqué dans un accident avec un autre véhicule, ce n'est quasiment jamais de sa faute. Et puis, les gendarmes qui effectuent les contrôles sont souvent eux-mêmes motards, si vous voyez ce que je veux dire"... Un discret clin d'oeil suffit pour comprendre que dans au moins huit départements de Rhône-Alpes et d'Auvergne, aucun radar n'est dirigé vers l'arrière des véhicules.
Sans compter que de nombreux parquets demandent encore la photo du conducteur avant d'engager des poursuites, ce qui exclut les contrôles par l'arrière. "Les contrôles par l'arrière sont extrêmement rares, assure un procureur de la République en activité dans la région, car cela multiplie les risques de contestations qui alourdissent la procédure". "A la limite, mieux vaut laisser passer les motos, car elles sont tellement minoritaires que le jeu n'en vaut pas la chandelle", confirme son homologue de la ville voisine. "Pour l'instant, pour l'instant !", s'empresse de préciser l'attachée de presse à l'oreille très fine, avant de suggérer de poursuivre la visite...
Dans le tunnel du Fréjus, entre France et Italie, c'est un radar Multanova 6F2 de conception allemande, commercialisé par la société suisse Multanova et distribué en France par Mercura, qui a été retenu. Deux cabines, situées à 4 km de l'entrée française du tunnel, surveillent les deux sens de circulation à 70 km/h. Au delà de 79 km/h c'est l'amende assurée, soit par interception à la sortie du tunnel soit par traitement automatisé. L'appareil ne nécessite une intervention humaine que pour vider le disque dur toutes les 1000 photos.
Enfin, au risque de se fâcher avec cette attachée de presse pourtant charmante, mais soucieux de faire avancer la grande cause nationale de la sécurité routière, Moto-Net a pu se procurer la liste secrète - provisoire - des 100 premiers emplacements prévus sur les 1 000 que devrait compter le territoire d'ici 2005... Car puisque ce ne sont "pas des outils de répression mais des outils de sécurité routière", autant savoir précisément où ils sont planqués ! En avant-première, voici donc les principaux extraits de cette liste.
Moto-Net du 24 octobre 2003 : le gouvernement publie la carte officielle des nouveaux radars
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