Opération table rase : telle était l'ambition de Confederate l'été dernier en révélant son changement de nom et son intention de produire désormais des motos électriques. Six mois plus tard, la marque rebaptisée Curtiss lance sa première moto : la Warhawk, qui utilise un bon vieux twin S&S alimenté... au sans-plomb ! Explications.
"Il faut que tout change pour que rien ne change". Cette citation de l'écrivain sicilien Giuseppe Tomasi Di Lampedusa se prête assez bien à la situation de Confederate Motorcycles, constructeur américain réputé pour ses motos extrêmes aussi bien techniquement qu'esthétiquement...
L'été dernier, son président avait créé la surprise en prenant deux mesures radicales : d'une part l'abandon du nom "Confederate", qui évoque un passé peu glorieux de l'Amérique et des mouvements suprématismes blancs ("nous avons perdu de nombreuses ventes à cause de ce nom", reconnaissait Matt Chambers : "notre image de marque en a pâti, il est temps de l'arrêter"). Adieu donc "Confederate" et place à "Curtiss" !
Autre évolution, plus surprenante : l'abandon du thermique au profit de l'électrique en collaboration avec son compatriote Zero Motorcycle. Un changement d'orientation spectaculaire pour Confederate, dont la production s'articulait justement autour de gros V-twin S&S bien "tapés", comme sur la P51 Combat Fighter ci-dessus !
Cette reconversion électrique est censée prendre la forme d'une moto inédite appelée "Hercule", qui cracherait 175 ch et un ahurissant 393 Nm de couple (!!) via deux blocs "à piles" californiens. Mais le développement de ce colosse "électrifié" est encore en travaux (12, comme dans la mythologie grecque ?!) : à la place, Curtiss dévoile une moto à moteur... thermique proche, très proche des précédentes Confederate...
Impossible en effet de ne pas dresser un parallèle entre cette "nouvelle" Warhawk dévoilée par Curtiss et la FA-13 Bomber lancée l'été dernier par Confederate pour marquer son baroud d'honneur. La ressemblance entre les deux motos est frappante, au point d'avoir plus vite fait le tour de leurs similitudes que de leurs différences !
Premier constat, esthétique : la Curtiss reprend à l'ancienne Confederate le même coup de crayon hors du commun, fort d'un train avant à parallélogrammes en alu et d'une énorme poutre centrale qui sert à la fois de cadre, de boîte à air et de réservoir d'essence. La structure du bras oscillant est identique, de même que les jantes BST en carbone et l'intimidant pneu arrière en 240.
La finition de la Curtiss Warhawk est - comme sur la Confederate - du registre de l'exceptionnel, avec une profusion de matériaux nobles (aluminium de qualité aéronautique et carbone). Le tout assemblé à la main, sur commande, dans l'usine de Birmingham (Alabama, Etats-Unis).
Seules différences visibles : l'assise monoplace de la Curtiss Warhawk est plus courte que celle de la Confederate et surplombe désormais deux courts silencieux (sous le moteur sur la FA-13 Bomber). L'habillage chromé de la Warhawk enveloppe aussi davantage le moteur... thermique !
Car non, la première moto Curtiss n'est absolument pas propulsée par un moulin électrique : le coeur qui l'anime est un "classique" bicylindre en V refroidi par air-huile de chez S&S, le même - oh, surprise ! - que celui de la Confederate FA-13 Bomber. Un "very big bloc" de 2163 cc (!), dont les énormes gamelles sont gavées d'essence pour sortir 150 ch et 215 Nm de couple !
Et comme d'habitude chez Curtiss / Confederate, le prix de la bête est toujours aussi démentiel : 105 000 dollars pour une diffusion limitée à 35 exemplaires. Décidément, tout change mais rien ne change chez le constructeur américain !
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