Nous sommes en 2020 après Jésus-Christ. Toutes les usines européennes de motos et scooters (Yamaha-MBK, KTM-Husqvarna, Ducati) ferment tour à tour en raison du coronavirus... Toutes ? Non ! Une petite manufacture d'irréductibles italiens résiste encore et toujours à l'envahisseur : MV Agusta !
Les responsables français des marques de motos et scooters l'avaient prévu : le coronavirus a eu raison de leurs usines basées en Europe. Chez Yamaha tout d'abord, la décision a été prise d'interrompre la production chez Motori Minarelli, son usine de moteurs à Calderara di Reno (Italie) et chez MBK Industrie, son usine d'assemblage final à Saint-Quentin (France).
"La santé de nos employés et notre responsabilité sociale sont nos priorités, c'est pour cela que nous avons décidé de suspendre nos productions dans ces deux usines devant la propagation de la pandémie de coronavirus", justifie Eric de Seynes, président directeur général de Yamaha Motor Europe.
"Nous accordons la plus grande valeur au savoir-faire et à l'engagement de nos employés qui ont démontré toute leur loyauté pour Yamaha et qui font face à une situation externe à l'entreprise sans précèdent. Pour leur tranquillité d'esprit nous mettons tout en œuvre pour qu'aucun employé ne soit pénalisé financièrement jusqu'au retour aux activités normales en Italie et en France", assure le grand patron français.
Les usines du groupe Yamaha sont fermées jusqu'à dimanche prochain (22 mars), mais cette pause forcée pourrait bien se poursuivre : "la situation sera revue chaque semaine", informe la marque nippone qui suivra l'évolution de la pandémie.
Chez KTM, si l'usine de Mattighofen continue actuellement de tourner, une fermeture anticipée est programmée du 30 mars au 10 avril afin d'éviter toute interruption de la chaîne d'approvisionnement en provenance du nord de l'Italie.
"De nombreux fournisseurs sont implantés dans cette région gravement affectée par le coronavirus. Grâce à cette mesure, KTM évite une éventuelle interruption incontrôlée de ses activités et anticipe une partie des vacances de l'entreprise en été à cette période de Pâques pour stabiliser la chaîne d'approvisionnement à long terme", calcule le groupe Pierer.
Les Autrichiens précisent que "la distribution de motocycles (KTM, Husqvarna et Gas Gas, NDLR) et la fourniture de pièces détachées ne sont pas affectées par ces mesures". En France toutefois, les responsables des trois marques invitaient hier leurs clients à se montrer prévoyants et prudents.
"Pour les deux-roues motorisés, l'activité de vente et de SAV reste ouverte au public, selon le respect des règles de distance dans les rapports interpersonnels et des autres mesures dites barrières, notamment d'hygiène, prescrites au niveau national, confirmaient-ils... quelques heures avant l'annonce d'un confinement pour 15 jours renouvelables.
"Nous conseillons aux clients (qui ont impérativement besoin de leur moto, NDLR !) de se renseigner auprès du distributeur sur les mesures prises (prise de rendez-vous, etc..) avant de se rendre en magasin, par tous les moyens disponibles : téléphone, site Internet, réseaux sociaux".
En première ligne face au coronavirus, Ducati avait adopté le 24 février des mesures de protection au sein de son usine de Borgo Panigale : "prise de température de chaque personne entrant dans l'usine, déplacements limités au strict nécessaire, forte impulsion au télétravail, réunions avec réduction des participants et de la distance entre eux, cantine avec des procédures spéciales et révision des horaires pour réduire le contact étroit entre les personnes".
Malgré cela, la firme de Bologne s'est vu contrainte de stopper sa production "du vendredi 13 mars au mercredi 18 mars inclus, afin de mettre en œuvre une série de travaux et d'actions sur les lignes de production, d'augmenter encore le niveau de sécurité des travailleurs et d'introduire un programme de travail en équipe pour réduire de moitié le nombre de personnes sur la chaîne de montage en même temps".
Or la fermeture de l'usine vient d'être prolongée jusqu'au 25 mars 2020, ceci afin "d'assurer le plein respect des nouvelles lignes directrices (protocole partagé publié le 14 mars), qui nécessiteront quelques jours de travail et des modifications supplémentaires des structures". Les cols blancs, eux, continuent de travailler mais de chez eux...
"Je suis fier de la façon dont les employés de Ducati font face à ce moment difficile pour notre pays", souligne Claudio Domenicali, PDG de Ducati Motor Holding. "Mes remerciements vont à tous ceux qui, au quotidien et même dans une situation difficile comme celle-ci, confirment la grande valeur d'une main-d'œuvre unie, solidaire mais aussi sensible et attentive".
"Pour eux et pour leur sécurité, des mesures et des choix comme ceux que nous faisons sont nécessaires et dus", ajoute le big boss italien. "Cependant, tous les services d'assistance à nos clients sont garantis, en premier lieu la fourniture de pièces détachées. Nous voulons rassurer les Ducatisti et nos concessionnaires du monde entier : nous nous organisons pour être prêts au redémarrage et, même en cette période d'indisponibilité, nous ne manquerons pas de vous accompagner".
Enfin, en Italie toujours, MV Agusta et ses représentants du personnel ont choisi de maintenir leur usine de Schiranna ouverte à un nombre réduit d'ouvriers, "en respectant à la lettre les dispositions urgentes contenues dans le décret du Premier ministre du 11/03 et des directives émises par la Confindustria Lombardia".
"Nous croyons qu'il est de notre devoir de ne pas baisser les bras face à cette situation de crise, afin que l'économie de cette communauté puisse se redresser une fois l'urgence passée", légitime Timur Sardarov, PDG de MV Agusta.
"Nous avons pris cette décision avec un grand sens des responsabilités, envers nos employés en premier lieu, mais aussi envers notre communauté locale qui ne peut se permettre de stopper l'unité de production, et envers toutes les industries connexes dont dépendent tant de travailleurs et leurs familles", observe le patron russe.
Les départements qui ne sont pas jugés essentiels au bon fonctionnement de l'usine MV Agusta ont toutefois été fermés, une partie du personnel a dû poser des congés (payés), une autre devrait pouvoir profiter de la CIG (Cassa Integrazione Guadagni) sorte de chômage partiel italien.
"Pour les employés qui continueront à venir travailler, la société a introduit un certain nombre de mesures pour prévenir et contenir la propagation de l'épidémie de Covid-19, comme la fourniture de masques faciaux, de gants, de gel assainissant et de détergents pour le nettoyage des espaces et des surfaces de travail, en plus de la limitation de l'accès aux zones communes", signale MV Agusta. Ils ne sont pas fous ces italiens...
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