Deux courses, deux chutes et zéro point au compteur : la saison de Randy de Puniet ne pouvait pas plus mal démarrer ! Mais l'unique pilote français engagé en Moto GP a de la ressource et compte bien rapidement mener sa Ducati aux avant-postes. Interview.
Moto-Net.Com : Dans quel état d'esprit te trouves-tu après ces deux premières courses pour le moins délicates ?
Randy de Puniet : Je suis évidemment très déçu, d'autant qu'avec zéro point en deux Grands-Prix, je n'apparais même pas au classement provisoire : c'est la première fois que cela m'arrive ! Maintenant, au niveau vitesse et performances, je ne m'attendais pas à être si proche des leaders et çà, c'est plutôt positif. Au Qatar, je suis le troisième pilote Ducati sur la grille de départ (derrière Barbera et Rossi, qualifiés 6ème et 9ème, NDRL) et le premier représentant de la marque en qualifications à Jerez (à un souffle de la Honda d'usine de Dovizioso, NDLR !).
MNC : Au Qatar tu perds l'arrière de ta Ducati dès le premier tour, mais à Jerez, tu as semblé être victime de plusieurs problèmes : que s'est-il passé exactement ?
R .d .P. : En Espagne, j'ai effectivement connu plusieurs soucis : premièrement, dès le septième tour, j'étais en délicatesse avec mon pneu avant qui s'est détérioré très rapidement, car il était trop tendre compte tenu des conditions de piste. Je ne pouvais plus entrer en virage comme je le voulais et j'ai perdu jusqu'à deux à trois secondes au tour.
Ensuite, au dixième tour, ma commande de contrôle de traction s'est cassée : l'interrupteur pendait au guidon et je ne pouvais plus changer de cartographie d'injection, alors que j'aurais eu besoin de plus de puissance au fur et à mesure que la piste séchait ! C'est tout cet ensemble d'évènements qui ont finit par me conduire à la chute, à dix tours de l'arrivée. Ce fut une course cauchemardesque...
MNC : Durant les essais de pré-saison, tu as alterné le bon (comme aux tests de Valence et au Qatar), mais aussi le moins bon (comme aux tests de Sepang) au guidon de la Ducati GP11 : comment l'expliques-tu ?
R .d .P. : En réalité, on ne l'explique pas ! C'est incompréhensible, mais il s'avère que dès que la température est élevée, la moto ne fonctionne pas. Et comme c'était déjà le cas la saison dernière d'après mon équipe technique, cela m'inquiète un peu... Cependant, la situation s'est améliorée, notamment lors des derniers tests au Qatar où nous avons trouvé des solutions.
De plus, le gros avantage avec Ducati réside dans le fait que ma moto est très proche des machines d'usine et que nous avons un accès total aux données des motos de Rossi et d'Hayden, ce dont je ne bénéficiais pas en 2010 (au sein du team satellite Honda-LCR, NDLR). Cela permet de confronter nos choix techniques et de ce côté, il semble que nous allions dans la même direction que le team officiel.
MNC : Quels sont les points forts et les points faibles de la Ducati GP11 ?
R .d .P. : C'est une moto délicate à cerner et j'avoue que je comprends mieux pourquoi Stoner tombait aussi souvent la saison dernière et qu'il a fini par "péter les plombs" : j'étais dans le même genre d'impasse en Malaisie, où l'on n'avançait pas et en plus je chutais !
Sinon, l''électronique de la GP11 marche bien, même si son fonctionnement est totalement différent de la Honda. En revanche, le châssis est étrange : en fait, il y a un bras oscillant et une colonne de direction reliés entre eux par le moteur qui fait office de cadre.
Cette particularité technique nous cause pas mal de difficultés, notamment au niveau des réglages et du comportement avec des pneus usés : lorsqu'on perd le grip avec cette machine, elle devient incontrôlable ! En outre, la Ducati est une machine difficile à faire tourner, qui demande plus d'efforts pour être emmener en virage.
Enfin, beaucoup pense que le moteur de la Ducati marche très fort, mais c'est faux ! Le moteur des Ducati marchait très fort à l'époque des 990 cc ! Depuis le passage aux 800 cc, il est au même niveau que les autres, voire inférieur : au Qatar, j'avais la dernière vitesse de pointe (les V4 Ducati de 800 cc avaient pourtant fait référence en termes de puissance et de vitesse lors de la saison 2007, rappelez vous Stoner déboitant Rossi dans la ligne droite, NDLR !).
MNC : Comment ça se passe dans ta nouvelle équipe et notamment avec ton coéquipier Loris Capirossi ?
R .d .P. : Cela se passe très bien et il y a une très bonne relation dans l'équipe. Certes, le team est un peu "jeune", donc il faut mettre en place certains systèmes de travail, car il y a encore des incompréhensions qui parfois coûtent cher... D'autant que les membres du team ne parlent pas très bien anglais et que m'exprimer précisément sur la technique en italien ne m'est pas toujours facile ! Mais tout le monde progresse et je pense qu'on sera à 100% d'ici trois ou quatre courses.
Quant à Loris, c'est quelqu'un d'agréable, calme et absolument pas vicieux. Maintenant, c'est vrai qu'il est plutôt en fin de carrière, mais nous discutons beaucoup ensemble pour partager nos sensations.
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MNC : Quels sont est objectifs pour le reste de la saison 2011 ?
R .d .P. : J'espère tout d'abord sortir de la "zone rouge" au GP du Portugal (le 1er mai prochain, NDLR) et marquer des points et des gros, parce que je pense avoir les capacités et le package pour terminer dans le Top 8 à la régulière. Mes objectifs principaux sont de terminer premier pilote privé, devant le maximum de motos officielles, d'améliorer ma neuvième place de la saison dernière et de pourquoi pas décrocher un nouveau podium dans des conditions particulières comme à Jerez où j'ai manqué une belle opportunité.
Il ne faut pas oublier qu'avec notre petite structure, nous nous sommes plusieurs fois montrés plus rapide que les pilotes du team officiel, même si cela ne s'est hélas pas confirmé en course...
MNC : Que penses-tu du retour des 1000 cc prévu en 2012 et des nombreux bruits qui courent concernant l'hypothèse d'engager des MotoGP avec des moteurs issus de la série ?
R .d .P. : Je suis dans le même cas que toi : j'entends toutes sortes de choses et je ne sais même pas concrètement sur quels types de machines nous allons rouler l'année prochaine ! Maintenant, à mon avis, les organisateurs devraient arrêter de changer les règles du jeu tous les trois ou quatre ans sous prétexte de réduire les coûts, car cela oblige au contraire les constructeurs à dépenser beaucoup d'argent pour développer de nouvelles motos !
Maintenant, j'avoue que je ne suis pas très chaud à l'idée de rouler avec une moto dérivée de la série, car sinon, il s'agit selon moi plus ou moins d'une Superbike. Il existe déjà un championnat avec des motos dérivées de la série et c'est le Superbike : si ils lancent un second championnat avec ce type de motos, cela risque de donner le même genre de catégorie "bâtarde" que le Moto2. Or, le MotoGP, c'est la catégorie reine, la haute technologie, de vrais prototypes de course. Et c'est d'ailleurs pour cela que je veux continuer à y courir le plus longtemps possible !
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