Après une ouverture de championnat au Qatar pour le moins extraordinaire, l'Intercontinental Circus débarque à Jerez de la Frontera où les Ducati, muselées par un tracé plus ramassé, devraient voir leurs concurrentes se rebiffer...
En remportant il y a deux semaines au Qatar la toute première course des 800 cc (lire Moto-Net du 12 mars 2007), Ducati et Stoner ont incontestablement marqué les esprits des spectateurs et installés le trouble chez ceux de leurs concurrents.
Les Rouges, vainqueurs de la dernière course de l'ère des 990 cc avec un autre australien (Troy Bayliss, lire Moto-Net du 30 octobre 2006) mais surtout de la précédente épreuve de Jerez avec Loris Capirossi (lire Moto-Net du 27 mars 2006), s'affichent donc comme de sérieux prétendants à la victoire ce week-end.
Il ne faut toutefois pas oublier que l'an dernier, Capirossi avait connu comme seule opposition celle du rookie Pedrosa, facilement écartée dans les derniers tours. En effet, Rossi avait été balayé par un Elias survolté à l'abord du premier virage, coupant court à un probable duel italien !
Et c'est bien là l'un des atouts du Grand Prix de Jerez : le fait d'être l'une des plus belles scènes de tragédie moderne ! Ainsi le souvenir du "Dernier virage" interprété par Gibernau et Rossi restera longtemps gravé dans les mémoires (lire Moto-Net du 14 avril 2005), de même que celui de "Roulons sous la pluie" sorti en 2004, avec cette fois Gibernau en haut de l'affiche (lire Moto-Net du 3 mai 2004).
Mais cette faculté de proposer aux fans et aux pilotes de superbes coups de théâtre ne doit cependant pas éclipser les autres intérêts de ce rendez vous, notamment son atmosphère festive - le mot est bien faible - et son tracé à couper le souffle !
Les autorités locales s'attendent à voir déferler durant les trois prochains jours près d'un quart de million de personnes partageant toutes la même passion de la course : "l'atmosphère sur ce circuit est extraordinaire, avec une foule de gens venant du monde entier", confirme Randy de Puniet !
Toni Elias assure même qu'à l'abord des trois courbes "Nieto-Peluggi-Senna de la section du stade", juste avant la cassure Ferrari et l'épingle finale, il peut "sentir la chaleur des fans" ! Un sentiment de proximité avec le public et de chaude ambiance partagé par l'ensemble du plateau, heureux de voir la tournée européenne débuter après un GP du Qatar plutôt tranquille !
Mais cette quiétude qatarie avait tout de même du bon, comme nous l'explique Valentino Rossi : "le Qatar était calme, ce qui était une bonne façon de commencer la saison car il n'y avait pas trop de distractions pour moi", explique le n°46.
Décidément incorrigible, l'italien glisse tout de même que "Jerez est toujours une superbe fête avec une ambiance fantastique, donc je l'attends avec impatience et j'espère que nous pourrons donner aux fans un bon show" !
Niveau spectacle, la piste offre en effet aux pilotes de quoi s'exprimer, d'autant que les nouvelles 800 cc devraient leur permettre de négocier les nombreuses courbes encore plus férocement qu'avec les anciennes 990 !
Et déjà, les remarques concernant les pneus vont bon train... Capirossi, vainqueur en 2006, insiste sur le fait que Jerez demande "une moto équilibrée et un bon pneu avant, car il faut beaucoup de confiance pour attaquer les virages rapides".
Or précisément, Michelin affirme haut et fort détenir la solution ! "Il s'agit d'un des circuits où nous nous sommes rendus deux fois durant l'hiver, et cela nous a permis de voir combien notre nouveau 16 pouces avant aidait nos pilotes", garantit Jean-Philippe Weber, responsable de la compétition moto chez Bibendum.
Un manufacturier français qui jouera d'ailleurs en quelque sorte "à domicile", puisque même si ses pneus de MotoGP sont toujours fabriqués au siège de la société à Clermont-Ferrand, "environ 9 000 personnes travaillent pour Michelin en Espagne, la plupart à l'immense usine de Lasarte qui produit la majorité des pneumatiques Michelin pour le monde entier", signale le n°1 de la catégorie.
Les résultats des essais IRTA (lire Moto-Net du 27 février 2007) tendent à confirmer l'avantage détenu par le fournisseur français, du moins sur pneus qualif, indispensables pour s'élancer d'une bonne place sur un circuit où les possibilités de dépassements sont limitées.
"Il y a trois endroits pour dépasser : le premier et le dernier virage et la fin de la ligne droite opposée à celle des stands", résume Randy de Puniet qui omet de signaler la dernière section rapide où les passes d'armes sont également possibles... et impressionnantes !
Dans ce rayon, celui qui s'y connait le mieux est sans conteste Rossi : toujours très incisif lors des batailles andalouses, Vale a remporté le GP de Jerez à six reprises sur cinq motos différentes ! Alors qu'il comparait sa M1 à un avion lors des essais IRTA, on pensait l'italien redescendu sur terre, "déposé" par la Ducati GP7 de Stoner...
Que nenni ! "Je pense que le Qatar a montré - malgré quelques points à améliorer - que notre moto fonctionne bien", rétorque le n°46. "Nous savons que nous manquons un peu (sic !) de puissance, mais je crois que nous nous améliorerons au fil des courses", assure-t-il tout en expliquant que cette faiblesse ne devrait pas être "un gros problème à Jerez".
Non, ce qui inquiète davantage le pilote Yamaha, c'est un local de l'étape... "Je m'attends à ce que Pedrosa soit très rapide ici, comme il l'était pendant les tests et je me prépare à livrer une grande bataille contre lui", prévient le septuple champion du monde et expert en bande-annonce !
Dani pour sa part n'accorde pas la même importance aux tests hivernaux : "j'ai pu courir vite et arriver près du haut du classement (2ème à 133 millièmes, NDLR), mais c'était également le cas au Qatar, donc nous devons rester concentrés", rappelle "Asimo" Pedrosa, programmé pour la victoire.
Visiblement, le jeune espagnol a été fortement impressionné par le rythme de son grand rival Casey Stoner pendant le GP d'ouverture. Le n°26 met donc l'accent sur le choix des pneus, conscient que ces derniers sont "extrêmement sollicités" et doivent permettre au pilote d'être "constant lors de la course".
Partageant le même box Repsol, Nicky Hayden devrait être en mesure de se placer correctement sur la grille (il était 4ème lors des essais IRTA), mais son objectif premier sera de réaliser une bonne course,"trouver un bon feeling avec la moto et me faire plaisir", précise le "Number One".
"Le championnat est long et je crois que j'ai les capacités pour accomplir mon boulot", estime le Kentucky Kid forcément déçu de sa 8ème place au Qatar. Sur une piste qu'il apprécie particulièrement, la réaction du champion du monde est donc très attendue !
Son compatriote Colin Edwards se trouve dans une situation comparable : très rapide pendant les essais hivernaux de Jerez, la Tornade texane a raté son entrée lors du GP Qatari, malgré une prometteuse troisième place sur la grille de départ.
"Je pense que je serai de nouveau aux avant-postes, mais cette fois j'espère le rester en course aussi !", s'exclame le n°5 du team Fiat Yamaha. Stoppé par l'accrochage entre son coéquipier et Toni Elias l'an dernier, Colin avait effectué par la suite une belle remontée. Alors qui sait ce qu'il pourrait faire cette année avec un bon départ !
Lorsqu'on évoque un "bon départ", on pense logiquement au jeune Casey Stoner, leader du championnat après sa brillante victoire à Losail. "C'était parfait : j'ai pu imposer mon propre rythme pendant la course mais sans pousser trop", se remémore l'australien.
Mais à Jerez, le n°27 ne pourra pas compter sur sa vitesse de pointe pour s'assurer la tête de la course, la ligne droite étant presque deux fois moins longue qu'à Losail (600 m contre 1068 !). En 2006, les meilleures vitesses en bout de ligne droite avaient été enregistrées par la Honda de Pedrosa et les Ducati de Gibernau et Capirossi certes, mais même la Yamaha de James Ellison ne leur rendait pas plus de 10 km/h.
C'est donc sur l'ensemble du tracé espagnol que Casey devra faire preuve d'une résistance sans faille, la même dont il disposait dans la partie sinueuse de Losail : une mise à l'épreuve déterminante qui permettra de savoir si le jeune pilote Ducati peut viser le titre dès cette année !
Beaucoup moins bien parti au Qatar, son coéquipier Loris Capirossi figure parmi les favoris de ce week-end. "La GP7 est très agréable sur Jerez, elle est un peu plus facile à piloter que la GP6 : plus agile et plus stable sur les freins", prévient Capi-T-Rex !
Concernant les pneus, l'italien compte sur le comportement habituellement exemplaire des Bridgestone sur la piste andalouse, "comme l'a prouvé notre victoire en 2006", précise-t-il. Et qui oserait le contredire ?
Sûrement pas Marco Melandri en tout cas, qui roule cette année sur gommes japonaises ! Perdu à la 14ème place des essais officiels de février, le hérisson italien se montre pourtant confiant : "nous nous sommes bien préparés pour la course pendant ces tests en termes de partie cycle et de choix des pneus".
À la fin des essais pourtant, Marco avait insisté sur le fait que Bridgestone devait trouver de meilleures gommes qualif pour accrocher le bon wagon en course. Une remarque tout à fait à l'opposée de celle - plus récente - de son coéquipier Toni Elias, ravi d'avoir pu s'élancer de la 4ème position il y a deux semaines...
Ainsi, Toni espère que son manufacturier lui proposera des gommes plus endurante ce dimanche, faute de quoi il pourrait connaître la même désillusion qu'au Qatar... Une déception qu'il ne souhaite naturellement pas revivre, surtout devant ses fans !
Remportée par Alberto Puig en 1995, puis par Criville en 1997, 1998 et 99, puis enfin par Gibernau en 2004, l'épreuve de Jerez en catégorie reine est une étape phare pour les pilotes espagnols.
Troisième pilote qui courra à domicile, Carlos Checa sera de nouveau "très ému" malgré sa grande expérience. Sur ses terres au guidon d'une RC212V chaussée de Michelin - comme Pedrosa -, Carlos tient là une belle occasion de briller !
"J'aurai beaucoup de fans autour de moi, ce qui est une sensation géniale, mais je dois me concentrer sur la course car je ne veux pas répéter l'erreur du Qatar", explique le n°7 du Team LCR.
Cette deuxième épreuve représente également beaucoup pour le français Randy de Puniet, parti lui aussi à la faute lors du premier GP. Chef de file Bridgestone à l'issue de la "séance qualif" des essais IRTA, Randy n'avait rencontré qu'un souci "d'arrivée de la puissance" sur sa ZX-RR, en partie supprimé grâce à une modification de la cartographie au Qatar.
Mais alors que quatre marques différentes (Ducati, Yamaha, Honda et Suzuki) s'offraient les quatre premières places, Kawasaki échouait à la 12ème place... Ce week-end, Randy ne se fixe pas pour objectif de compléter cette suite, mais espère tout de même se battre en tête !
"Si nous pouvons obtenir une bonne place sur la grille et prendre un bon départ, j'espère pouvoir me battre pour la sixième ou la septième place", prévoit le n°14 !
Une septième place obtenue au Qatar par Chris Vermeulen, considérée comme un bon résultat "vu d'où je partais" (13ème place sur la grille, NDLR). Le pilote Suzuki Rizla pointe du doigt la limitation du nombre de pneumatiques (14 avant et 17 arrière) qui contraint les teams à choisir seulement deux, voire trois pneus arrières de qualification, et ce dès le jeudi soir...
"Je dois décrocher une meilleure place sur la ligne de départ pour pouvoir rouler avec les hommes de tête", réalise l'ancien protégé de Barry Sheene.
De son côté, John Hopkins a prouvé au Qatar qu'il pouvait prétendre à une place sur le podium - et pourquoi pas la plus haute - en cas de domination des gommes Bridgestone sur certains tracés. "J'espère être en pleine forme, contrairement au Qatar, pour pouvoir donner tout ce que j'ai", témoigne l'anglo-américain.
Absent des essais officiels, John se rappelle aussi qu'il avait été rapide lors des essais de novembre (lire Moto-Net du 1er décembre 2006) : 5ème derrière Vermeulen, il sait déjà qu'il possède "le rythme pour être devant". À vérifier, donc !
Exceptionnellement, le team Suzuki engagera ce week-end une moto supplémentaire, portant le nombre de participants à 20 après l'arrêt des activités du Team Ilmor (lire Moto-Net du 16 mars 2007). Roulant loin de ses terres, Kousuke Akiyoshi ne devrait pas s'immiscer dans la lutte des tout meilleurs... bien qu'une boulette façon Elias soit vite arrivée !
En revanche, un autre pilote nippon devrait pouvoir faire partie du groupe de tête : Shinya Nakano ! Pour le moment relativement discret, le n°56 du team Konica Minolta pourrait bien surprendre son monde à Jerez...
"Tout le monde me dit que j'ai un style fluide issu de la 250, et que cela devrait parfaitement convenir aux exigences de ces nouvelles 800. J'ai essayé de changer de style par le passé, en étant plus agressif au freinage, mais cela ne m'a pas vraiment réussi… Je vais donc revenir à ce que je sais faire le mieux, mais j'ai besoin pour cela d'avoir un très bon feeling avec le pneu avant", note Super Shinya.
"Nous avons eu le temps la semaine dernière d'analyser les enregistrements de l'acquisition de données du Qatar et nous avons compris que Shinya manquait de confiance dans les entrées de virages rapides", poursuit son directeur technique Giulio Bernardelle, qui compte lui faire essayer un pneu avant différent vendredi matin... Suspens !
Kenny Roberts Jr cherchera lui aussi à améliorer ses performances et celles de sa KR212V : "nous irons petit à petit en nous assurant que notre package soit meilleur que pendant la première course", que le n°10 a terminé à une décevante 13ème place.
Une première course tellement décevante que l'américain espère que Jerez marquera le véritable début de sa saison 2007... Un espoir que partage le team D'Antin Pramac, même si la 8ème place d'Alex Barros à 8 secondes de la 5ème position n'est pas ridicule...
"Cela aurait pu être mieux si nous n'avions pas eu de mauvaises surprises", regrette même le célèbre n°4, avide de prouver qu'il peut encore briguer un podium en MotoGP malgré ses 36 ans ! "Gagner un Grand prix reste notre vrai but", précise même le lièvre brésilien qui totalise cinq cinquièmes places, une quatrième et une troisième en catégorie reine sur la piste de Jerez...
Moins gourmand que son coéquipier, Alex Hofmann espère quant à lui marquer de "bons points" dimanche. "Les derniers tests IRTA ne se sont pas si bien déroulés que cela, mais nous avons de bons réglages grâce à nos progrès effectués au Qatar", se rassure le pilote allemand.
Olivier Jacque, pour sa part, reprend son rythme de course : après avoir évolué dans l'ombre en tant que pilote de développement, le français se retrouve sous les projecteurs, confronté à la nouvelle génération de pilotes que sont Pedrosa, Stoner, Vermeulen ou de Puniet !
"Maintenant je sais que je suis toujours capable de courir et ça me fait appréhender le MotoGP avec davantage de confiance", se réjouit OJ. Pour son directeur, Ichiro Yoda, après avoir "montré son talent au Qatar", un départ de la troisième ligne et une arrivée dans le top 10 serait satisfaisants. Les paris sont ouverts !
Enfin, le team Tech3 tentera lui aussi d'augmenter son rythme, Sylvain Guintoli ayant brillamment obtenu son premier point à l'occasion de sa première course en MotoGP en tant que pilote titulaire - il avait fini 17ème en 2002 à Brno.
Gary Reynders, son chef mécanicien, peut être fier : "je suis content de lui ! On a bien travaillé durant le week-end, il a bien roulé en course, nous avions une bonne base pneumatique tant à l'avant qu'à l'arrière et les Dunlop se sont révélés très constants au niveau des chronos réalisés jusqu'à l'arrivée".
Tout juste manque-t-il aux gommes britanniques "encore un peu de performance", fait remarquer Hervé Poncharal, davantage satisfait par son poulain français que par Makoto Tamada, qui peine à trouver ses marques en course.
"J'ai juste manqué un peu d'audace entre le second et le cinquième tour, où j'ai perdu une demi seconde au tour, notait soigneusement Sylvain à la fin de sa course avant d'ajouter que "par la suite, je me suis beaucoup bagarré et j'ai beaucoup appris en observant les autres pilotes".
Comme d'habitude, le week-end s'annonce palpitant et le tour par tour exclusif de J. Arsouille le sera tout autant dès lundi sur Moto-Net.Com !
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Plateau : Les pilotes et leurs motos 2025
02 mars : GP de Thaïlande
16 mars : GP d'Argentine
30 mars : GP des Amériques
13 avril : GP du Qatar
27 avril : GP d'Espagne
11 mai : GP de France
25 mai : GP de Grande-Bretagne
08 juin : GP d'Aragon
22 juin : GP d'Italie
29 juin : GP des Pays-Bas
13 juillet : GP d'Allemagne
20 juillet : GP de République Tchèque (sous réserve)
17 août : GP d'Autriche
24 août : GP de Hongrie (sous réserve)
07 septembre : GP de Catalogne
14 septembre : GP de Saint-Marin
28 septembre : GP du Japon
05 octobre : GP d'Indonésie
19 octobre : GP d'Australie
26 octobre : GP de Malaisie
09 novembre : GP du Portugal
17 novembre : GP de Valence
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