C'est en plein coeur de Paris (joli pied de nez aux dirigeants de cette cité interdite aux motos !) que la Fédération Française de Motocyclisme a tenu sa conférence de presse annuelle. L'occasion pour son président fraîchement réélu de revenir sur la saison 2024, féliciter ses champions et présenter les enjeux de 2025… et au-delà !
Arrivé au guidon de la Fédération Française de Motocyclisme (FFMoto ou FFM) en pleine crise du Covid-19, Sébastien Poirier est un président apprécié. Pas comme d'autres, hum… Réélu pour quatre ans en septembre dernier avec le soutien de 97 % des électeurs (dont, grande première, les moto-clubs), il vient de dresser le bilan d'une "saison 2024 de qualité".
Après avoir livré 102 615 licences (et autres titres de pratique comme le Pass'circuit) en 2022 puis 104 137 en 2023 (record battu !), la fédération baisse légèrement de régime : au 15 décembre, son compteur affichait 99 919. " Un chiffre qui s’inscrit dans la dynamique positive amorcée après la crise sanitaire avec un nombre de pratiquants à l’année de plus en plus important", se satisfait-elle néanmoins.
Selon la FFM, ce repli s'explique principalement par une météo globalement moins favorable. Le nombre d'épreuves au niveau national a d'ailleurs lui aussi légèrement fléchi, passant de 860 à 838. En revanche, la France a de nouveau organisé 17 épreuves mondiales, dont le Supermoto des Nations à Carole où les pilotes français ont brillé, comme toujours !
Pour rappel, l'équipe de France a triomphé pour la 13ème fois (10 de suite) dans cette prestigieuse compétition de Supermotard, grâce aux "bons vieux" Thomas Chareyre, Sylvain Bidart (qui prennent tous deux leur retraite en tant que pilote) et Steve Bonnal. L'équipe Junior s'est également imposée, dans la douleur et pour la troisième fois.
"Nous avons une chance extraordinaire d'accueillir toutes les épreuves internationales (Grand Prix de Motocross, de Trial, d'Enduro, MotoGP, World Superbike, etc.) ", insiste Mr Poirier, soulignant habilement que ce type d'événements "est bon pour l'économie locale". En termes d'écologie, le bilan est plus mitigé, mais la fédération bosse dessus, nous y reviendrons plus tard.
En 2024, la France a décroché 6 titres mondiaux, 11 victoires en Coupes du Monde, 11 titres Européens et gravi 37 podiums internationaux. MNC souligne le 18ème sacre (!) du SERT (Yoshimura Motul Suzuki) avec ses pilotes français Etienne Masson et Gregg Black, ainsi que la victoire Superstock de la concession Honda National Motos, bien connue des Moto-Nautes.
Sur asphalte toujours, "Kévin Rousseau prend l’aspiration d’Emmanuelle Clément (championne du monde 2022 et 2023 !, NDLR) et décroche sa première couronne mondiale en tant que passager", aux côtés du britannique Harrison Payne… et 53 centièmes de seconde devant leurs concurrents Marcus Schlosser et Luca Schmidt lors de l'ultime course décisive 2024 à Estoril !
Afin de remporter de nouveaux titres internationaux par équipe comme en individuel, la FFM continue d'investir dans le haut-niveau : le budget de 2,73 millions d'euros injecté en 2023 dans l'ensemble de cette filière "chère" au président, a permis de roder les plus jeunes, de faire tourner les espoirs (42 pilotes et 10 entraîneurs) et gagner les champions - bien - établis.
Sébastien Poirier a rappelé au passage que le circuit de Magny-Cours accueillera pour la première fois le Championnat du Monde FIM JuniorGP les 5 et 6 juillet 2025. Ce tremplin vers les Grand Prix moto se rendra de nouveau à Nevers en 2026 et 2027 avec, on l'espère, de plus en plus de pilotes français à encourager (17 ont concouru cette année, à travers 4 catégories).
Autre motif de satisfaction pour le président qui érigeait la jeunesse comme son principal cheval moto de bataille lors de son premier mandat : l'essor continu du programme Objectif Grand Prix démarré en 2022 et toujours parrainé par Johann Zarco "himself".
En 2024 pour info, cette antichambre de l’European Talent Cup se composait de 8 championnats Mini OGP régionaux et 41 épreuves disputées dans les différentes ligues, du championnat de France Mini OGP (6 épreuves et 47 pilotes en moyenne Vs 24 en 2023 !) et du championnat de France OGP (7 épreuves et 27 pilotes en moyenne Vs 23). Les chances de trouver un nouveau Fabio Quartararo augmentent !
Lors de sa conférence annuelle, la FFM s'est encore félicitée de l'acquisition en début d'année du circuit de Motocross de Gueugnon (71) portant à 22 le nombre de sites de pratique rachetés dans le but de "pérenniser et développer l’activité motocycliste sur le territoire". Or pas moins de neuf autres "terrains" devraient s'ajouter à cette liste en 2025.
Propriétaire de 22 sites, la fédération ne gérait jusqu'à très récemment qu'un seul circuit en son nom : le circuit Carole, et ce depuis 2012. Le 15 octobre dernier cependant, la FFM est également devenu gestionnaire du circuit de Loon-Plage (59), succédant à l’ADASM qui œuvrait depuis 2002.
"L'arrivée de la Fédération doit surtout permettre de pérenniser le site de pratique des Hauts-de-France face aux différents défis et enjeux sociétaux et environnement auxquels le circuit fait face. Les équipes de la FFM sont à pied d'œuvre pour dupliquer une organisation éprouvée sur le tracé francilien", assure le président très fier de la nouvelle identité graphique qui concrétise le démarrage de cet ambitieux projet.
Pour son son second mandat, Sébastien Poirier entend intensifier le recrutement de nouveaux bénévoles, "indispensables à la structuration et à l’encadrement de nos activités". Pour consolider - et rajeunir ! - les rangs des marshalls et officiels, la FFM prévoit de digitaliser les formations "permettant à chacun de se former à distance, à son rythme et en toute simplicité".
Autre levier que la FFMoto va actionner pour la deuxième année consécutive : "la gratuité de la licence d’officiel pour les primo-accédantes est reconduite. Cette initiative a séduit 1200 nouveaux bénévoles en 2024". Or le taux de renouvellement aurait atteint un encourageant taux de 60 %. Bravo et merci à eux !
D'autre part, la FFM compte poursuivre sa féminisation : "de 2700 licenciées en 2010, nous sommes passés à 4800 en 2024", constate Sébastien Poirier. Pour mémoire, les motardes sportives étaient 4600 la saison précédente. Elles disposent à présent de championnats dans toutes les disciplines ! Mais une seule était présente sur la photo de famille des "champions 2024". Gloups !
En vitesse, la Women's Cup limitée cette saison à une seule épreuve à Magny-Cours, comptera quatre épreuves au programme 2025 : les 22-23 mars (32) à Nogaro, 12-13 avril à Nevers (58) encore, 17-18 mai à Carole (93) et 28-29 juin à Pau-Arnos (64).
Enfin, nous l'évoquions en début d'article : "la pérennisation de la pratique motocycliste repose sur une parfaite compréhension de l’impact environnemental de nos activités sur l’ensemble du territoire", conclue la FFM qui avait établi il y a pile un an, en collaboration avec la FFSA, un baromètre environnemental des sports mécaniques.
Passé le constat, la FFM compte bien "tirer les conséquences" de son originale et obligeante étude. Au-delà des "artifices" - c'est MNC qui le dit - comme l'emploi de carburant propre (sic) mis en place en MotoGP, la FFM souhaite traiter le principal "problème" : les spectateurs, dont le déplacement constitue l'écrasante majorité des émissions de carbone, mais qui sont indispensables d'un point de vue financier ! Or MNC voit toujours mal les motards se rendre aux GP en co-voiturage ou en train...
La Fédération Française de Motocyclisme peut s'inspirer des démarches menées par d'autres grands événements sportifs : les récents Jeux Olympiques ou le Vendée Globe lancé le 10 novembre dernier. En 2011 déjà, la FFM menait de multiples actions afin de se limiter son impact : par exemple, recourir plus souvent à la visioconférence pour ses réunions internes. C'était bien avant que le Covid ne popularise largement cet excellent mode de "transport de l'information", mais bien moins efficace en termes de sensations. Non ?
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