Le manager de Loris Capirossi et de Marco Simoncelli, Carlo Pernat, livre à Moto-Net.Com son analyse du MotoGP, ses prévisions sur l'avenir de la discipline et celui de ses pilotes, le retour aux 1000 et les prochains transferts du mercato... Interview.
Carlo Pernat, 31 ans de compétition |
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Malgré ses 62 ans au compteur, Carlo Pernat n'a que faire de la réforme de la retraite : ce passionné de compétition fait partie des figures incontournables des paddocks du Contental Circus, qu'il écume depuis 31 ans avec la même ferveur.
Lors du Grand Prix de France (lire MNC du 23 mai 2010 : compte rendu complet des trois courses), l'homme de confiance de Loris Capirossi (et le terme n'a rien de galvaudé puisque le n°65 répète souvent qu'une poignée de main suffit à sceller un accord officiel avec son manager !) a répondu à nos questions sur l'avenir du pilote Suzuki, mais aussi sur les nombreux bruissements qui tiennent le paddock MotoGP - et nos lecteurs ! - en haleine depuis plusieurs semaines... Interview.
Moto-Net.Com : Comment expliquez l'extraordinaire longévité de Loris Capirossi et sa motivation qui semble toujours intacte alors qu'il dispute sa 21ème saison en Grands Prix (lire encadré ci-contre) ?
Carlo Pernat, manager de Loris Capirossi en MotoGP : Tout simplement parce que Loris s'amuse encore et qu'il prend toujours beaucoup de plaisir à courir ! Je pense que c'est la raison principale pour expliquer la motivation d'un pilote : s'il s'amuse en piste, alors la motivation ne le quitte pas facilement. En revanche, lorsqu'un pilote commence à considérer la course comme un travail, la motivation et la joie de piloter diminuent rapidement...
Objectif 350 Grands Prix : Capi-T-Rex, un dinosaure pas menacé d'extinction ! |
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M.-N.C. : A 37 ans, Loris doit néanmoins commencer à songer à raccrocher le cuir, non ?
C .P. : Effectivement, il y a déjà réfléchi. Mais il se sent encore capable de faire de belles choses en MotoGP et notamment d'amener la Suzuki au contact des meilleures motos du plateau. C'est la raison pour laquelle il vient tout juste d'officialiser sa décision de continuer sa carrière pendant encore deux saisons, car il vise désormais 350 départs en Grands Prix ! Un record qui risque fort de ne pas être dépassé de sitôt ! (Selon certaines mauvaises langues, la décision de Capirossi pourrait aussi être liée à l'actuel redressement fiscal de 2 millions d'euros que lui inflige l'administration italienne pour évasion fiscale, NDLR).
M.-N.C. : Que manque-t-il aujourd'hui à la Suzuki pour permettre à Loris Capirossi et son coéquipier Alvaro Bautista de jouer devant ?
C .P. : Essentiellement de la puissance moteur. Les ingénieurs japonais ont très bien travaillé sur la question cet hiver, ainsi que sur la fiabilité. Mais il nous manque encore des kilomètres/heure pour tenir le contact des Yamaha, des Honda et des Ducati. Or c'est un point délicat car la réglementation va changer en 2012 et les MotoGP vont revenir à 1000 cc... Ce n'est donc pas évident de convaincre Suzuki de dépenser des millions d'euros pour continuer à développer la motorisation 800, alors qu'ils doivent déjà commencer à construire un nouveau bloc de 1000 cc ! En partie cycle en revanche, la Suzuki a beaucoup progressé et je pense que de ce côté, il ne manque plus que de petits aménagements. D'après Loris, il s'agit de la meilleure Suzuki qu'il ait eu l'occasion de piloter au Mans. (Suzuki n'aura malheureusement guère eu l'occasion de transformer ses progrès : blessé, Bautista a été contraint de déclarer forfait pour la course tandis que Loris a perdu l'avant dans les premiers tours, NDLR ).
M.-N.C. : Quelle place peut viser Loris en course sur cette moto ?
C .P. : Honnêtement, l'objectif est de faire entre 5 et 6. C'est le maximum auquel nous pouvons prétendre en l'état actuel des choses. Peut-être un podium dans certaines conditions mais objectivement, terminer régulièrement dans le top 5 serait déjà une grande satisfaction.
M.-N.C. : Loris rempile pour deux saisons : est-ce que ce sera toujours avec Suzuki, ou avez déjà pris des contacts avec d'autres équipes ?
C .P. : Nous avons déjà des contacts avec d'autres teams, notamment Ducati Pramac et Yamaha Tech3, car la situation du team d'Hervé Poncharal est amenée à évoluer en 2011 : il est quasi certain que Rossi et Lorenzo ne cohabiteront plus dans le même team l'année prochaine et puisqu'il est déjà pilote officiel, Ben Spies remplacera logiquement celui qui quittera Yamaha Factory (un point de vue confirmé à Moto-Net.Com par Hervé Poncharal lui-même, NDLR). Cependant, si la GSV-R continue à progresser, Loris est tout à fait disposé à rester chez Suzuki car il se sent très bien dans le team.
M.-N.C. : Quelle est la date d'expiration de son contrat ?
C .P. : Loris arrive en fin de contrat cette saison, comme Rossi, Pedrosa, Stoner et Lorenzo notamment. Il n'y a que trois pilotes qui ont déjà signé pour 2011 : le deuxième pilote est celui dont j'assure aussi la gestion, Marco Simoncelli. Ensuite il y a Ben Spies (directement sous contrat avec Yamaha Japon et non avec Tech 3, NDLR) et Alvaro Bautista. C'est pour cette raison que le marché des transferts est déjà si ouvert après seulement trois courses !
M.-N.C. : Dans quelles écuries voyez-vous signer Stoner, Rossi, Pedrosa et Lorenzo en 2011 ?
C .P. : Aujourd'hui, c'est difficile de se prononcer avec certitude... Une chose est certaine : Honda a pris contact officiellement avec Casey Stoner, qui n'a pour l'instant rien signé. Le HRC a fait une belle offre à Casey et il doit rendre sa réponse au mois de juin : voilà la seule transaction en cours dont je sois sûr. Mais une autre donnée va influencer le mercato : les salaires que les usines seront disposées à verser aux pilotes ! Touchés par la crise, les constructeurs revoient leurs budgets course à la baisse. Or chez Yamaha par exemple, entre Valentino et Jorge, l'usine doit verser dans les 15 millions d'euros (dont 10 rien que pour le Docteur, NDLR !) et il leur sera difficile de maintenir ces salaires en 2011... Dans ces conditions, il serait logique que Yamaha ne parvienne à garder qu'un seul pilote de pointe et un second pilote moins "gourmand" comme Ben Spies. De toute façon, la cohabitation entre Rossi et Lorenzo a fait long feu et il est notoirement exclu que les deux restent chez Yamaha Factory l'an prochain. Enfin, Honda doit conserver un pilote espagnol de pointe pour que Repsol continue à sponsoriser le HRC : ce sera donc Pedrosa ou Lorenzo.
M.-N.C. : Quelle est votre opinion sur le retour aux 1000 cc prévu en 2012 ?
C .P. : Je pense que c'est une bonne chose, mais c'est aussi une obligation pour les organisateurs : la décision de passer à 800 cc a été la plus grande erreur de toute l'histoire des Grands Prix ! Ce sont des motos trop chères, dont le moteur coûte à lui seul 3 millions d'euros chaque année... Aujourd'hui, les constructeurs n'ont plus les moyens nécessaires pour continuer dans ce sens. En outre, ces 800 cc ont nivelé le talent des pilotes car l'électronique prend beaucoup trop d'importance dans le pilotage. Enfin, je pense que les 1000 cc devraient favoriser l'arrivée de nouveaux constructeurs comme BMW et Aprilia, qui ont préféré le Superbike au MotoGP en grande partie à cause de cette cylindrée 800 cc et de ses coûts astronomiques.
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Plateau : Les pilotes et leurs motos 2024
10 mars : GP du Qatar
24 mars : GP du Portugal
07 avril : GP d'Argentine (annulé)
14 avril : GP des Amériques
28 avril : GP d'Espagne
12 mai : GP de France
26 mai : GP de Catalogne
02 juin : GP d'Italie
16 juin : GP du Kazakhstan (reporté)
30 juin : GP des Pays-Bas
07 juillet : GP d'Allemagne
04 août : GP de Grande-Bretagne
18 août : GP d'Autriche
01 septembre : GP d'Aragon
08 septembre : GP de San-Marin
22 septembre : GP d'Inde (annulé)
22 septembre : GP Kazakhstan (annulé !)
22 septembre : GP d'Emilie-Romagne
29 septembre : GP d'Indonésie
06 octobre : GP du Japon
20 octobre : GP d'Australie
27 octobre : GP de Thaïlande
03 novembre : GP de Malaisie
17 novembre : GP de Valence