Suzuki a immatriculé 5880 motocycles (+33,2%) en France en 2023. Pour Moto-Net.Com, le directeur de la marque japonaise analyse le succès des gros cubes, les tops et flops de leur gamme, l’occasion, les futurs motards, la moto électrique, les biocarburants, la vitesse moto, etc. Interview MNC de Guillaume Vuillardot.
Moto-Net.com : Tracté par les gros cubes (porté par le leader en particulier...), le marché français du motocycle a progressé de +8,3 % sur l’année 2023... Vous attendiez-vous à une telle hausse ?
Guillaume Vuillardot (directeur activités moto et marine) : Le marché est certes en belle progression et est parmi les 5 meilleurs des 40 dernières années. Mais si vous y regardez de plus près, vous verrez qu'il y a eu un grand nombre d'immatriculations dites concessions, en particulier sur la fin d'année 2023. La tendance n'est pas si belle que ce que laisse apparaître ces données.
MNC : La crise "sanito-industrielle" avait encore fortement impacté l’exercice 2022. Y a-t-il eu un effet ricochet sur 2023 ?
G. V. : Oui, encore un peu, même si cela a été bien mieux qu'en 2021/22.
MNC : Dans votre gamme, quels modèles ont particulièrement bien marché en 2023 ?
G. V. : Nous sommes dans une belle phase de reconquête pour la marque. L'arrivée des nouvelles V-Strom 800DE, V-Strom 800SE, 8S, Burgman 125, Avenis 125, Address 125, et le retour des GSX-S125 et GSX-R125 n'ont été que du positif pour nous. Nous terminons l'année avec l’une des plus belles progressions du marché.
MNC : Lesquels ont davantage peiné et pourquoi selon vous ?
G. V. : Les motos ont toutes des cycles de vie. Donc pas de surprises majeures chez nous.
MNC : Comment se porte le marché de l’occasion dans votre réseau ?
G. V. : Le marché VO est en très légère baisse au national mais on reste proche des 600 000 unités tous deux-roues motorisés confondus. Ce qui reste un très bon niveau. Spécifiquement dans notre réseau, nos volumes ayant progressé de plus de +30% sur le VN, les reprises VO ont également été plus nombreuses.
MNC : Les cyclomoteurs n’attirent plus - beaucoup - les jeunes. Comment comptez-vous convertir les utilisateurs de trottinettes et vélos électriques, en des passionnés de moto ?
G. V. : Je ne crois pas qu'il y ait nécessairement des passerelles entre les deux.
MNC : Quel est pour vous le plus gros frein à l’essor de la moto électrique : tarif élevé, autonomie faiblarde (Vs thermique), infrastructures manquantes, motards réfractaires...
G. V. : Je crois que vous avez bien résumé. Pour nous en tant qu'industriel, nous construisons des produits qui doivent avoir un intérêt pour le client final et qui soit en mesure de faire fonctionner et vivre notre entreprise. A ce jour, la moto électrique pour la route n'a pas de sens aux yeux des clients, pour les raisons que vous avez indiquées, et pas de sens au niveau industriel du fait des coûts et caractéristiques.
MNC : Dans quelle(s) mesure(s) les biocarburants et l’essence synthétique peuvent contribuer à sauvegarder les "bons-récents" moteurs techniques ?
G. V. : Nous ne nous cachons pas sur le fait que nous travaillons sur ces sujets et qu'à nos yeux c'est probablement l'avenir des motorisations dites thermiques.
MNC : Qu’illustre selon vous, le succès des marques européennes dans les championnats majeurs de vitesse (MotoGP surtout, WSBK et WSSP) et la perte de vitesse des japonais, voire leur désengagement pour certains ?
G. V. : Il faut regarder les faits avec objectivité. Prenons l'exemple de Honda : on ne peut pas vraiment dire que cette marque rencontre beaucoup de succès en MotoGP depuis 4 ans ou plus de 15 ans WSBK. Pourtant, si vous regardez la performance commerciale de Honda, en Europe par exemple, leur part de marché en 2023 oscille entre 20 et 25% selon les pays. Ils ont explosé les compteurs sur les volumes. Il y a très probablement plus d'un constructeur européen qui aimerait être à leur place en terme de business. Je vous invite donc à regarder les performances commerciales des constructeurs dits européens, qui par ailleurs fabriquent de plus en plus en Chine ou Thailande, mais qui vendent leurs motos comme des motos "européennes", avec le prix qui va avec.
En ce qui concerne Suzuki, nous avons vendu plus de 1,8 millions de motos dans le monde l'année dernière, ce qui place la marque probablement à la 6 ou 7ème place au niveau mondial des constructeurs moto. Pour vous donner un ordre d'idée, c'est 50% de plus que la totalité des ventes mondiales additionnées de BMW, Ducati, Triumph, KTM et Kawasaki.
MNC : Quelles sont vos bonnes résolutions pour 2024 ?
G. V. : Avoir des clients heureux de rouler en Suzuki, des concessionnaires et une équipe satisfaite du travail réalisé et des résultats obtenus.
MNC : Serez-vous au Salon de Lyon (du 7 au 10 mars), qui lance traditionnellement la saison ?
G. V. : Bien sûr. Nous serons présents une nouvelle fois sur ce salon passion, où nous présenterons notamment nos nouveautés GSX-S1000GX et GSX 8R mais aussi la 8S gagnante du concours Infinite Project.
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