La roue tourne, à moto comme ailleurs ! La gomme s'use et doit donc être remplacée - si possible - par un pneu moto encore meilleur... Cette banale évidence entraîne le remplacement du Michelin Pilot Road 4 par le nouveau Road 5. MNC a testé cette monte au profil routier qui conserve ses lamelles caractéristiques. Essai.
Chez Michelin, le millésime 2018 est assez chiche en matière de nouveautés avec seulement un nouveau pneu moto à se mettre sous la jante. Mais pas n'importe quel "boudin" : le Bibendum renouvelle sa référence routière Pilot Road 4, un pneu écoulé à "plus de 1,5 million" d'unités depuis 2014. Rien de moins qu'un véritable best-seller sur ce segment archi-concurrentiel.
Pas question de se rater donc avec son successeur Road 5, qui marque d'emblée son territoire en abandonnant l'appellation "Pilot" : désormais, ce sera Road 5 "tout-court" ! Le message est clair et souligne la vocation de cette cinquième génération : la route, loin, longtemps et dans toutes les conditions.
Comme son prédecesseur, le Road 5 se destine aux motos routières, aux sport-GT et aux roadsters, mais aussi aux trails dans sa déclinaison "Road 5 Trail" (dimensions ci-dessous). Logique puisque la plupart des maxi-trails sont finalement des motos routières à grands débattements et que leurs jantes à rayons quittent assez rarement le bitume.
Très attentif aux qualités des pneus concurrents, Michelin a calibré sa nouveauté à partir des performances réalisées par les Bridgestone T30 Evo, Continental Road Attack 3, Dunlop Road Smart 3, Metzeler Roadtec 01 et Pirelli Angel GT. Selon le manufacturier, le Road 5 est globalement meilleur partout, surtout sur le mouillé, et c'est précisément ce que montrent des essais réalisés par le MTE Test Center... mais commandités par Michelin !
MNC n'accorde qu'une importance relative à ces tests systématiquement favorables à la marque et préfère se faire sa propre idée via un essai... Cap sur Séville (Espagne) pour découvrir ce nouveau Road 5 sur un itinéraire routier d'environ 120 km et d'ateliers techniques sur le circuit de Monteblanco.
Le Road 5 reste fidèle à ses drôles de sculptures en lamelles, qui lui donnent des allures de pneu neige pour voiture. Rappelons que cette "Michelin X-SipeTechnology" - lancée en 2011 sur le Pilot Road 3 - améliore significativement le drainage en "cassant" le film d'eau. Pas vraiment esthétique, mais efficace : sur sol mouillé, MNC est toujours bluffé par les capacités de motricité et de freinage de ces pneus "lamellisés" !
Cette technologie "XST" franchit un nouveau cap sur le Road 5 : les lamelles deviennent "évolutives" - d'où leur nouvelle terminologie XST Evo -, c'est-à-dire que leur format et leur déformation évolueraient en fonction des contraintes et de l'usure. Le Road 5 freinerait de cette façon "aussi court" à 5000 km que son prédécesseur Pilot Road 4 à l'état neuf.
Le secret ? Les sillons sont dessinés de manière à s'élargir au fur et à mesure que le pneu s'use, pour compenser sa perte de hauteur de gomme. Malin ! Le Bibendum utilise l'impression 3D métal pour fabriquer les moules nécessaires à l'obtention de ces formes particulières d'entailles : une première sur un pneu moto Michelin.
Le grip sur le sec n'est pas oublié grâce à de nouveaux mélanges de gommes qui associent entre autres de la silice pour l'adhérence sur route mouillée et du noir de carbone pour optimiser le grip sur le sec. Mais sans surprise, la nature et la teneur exactes de chaque composant et des élastomères est classée "secret défense" !
Le fournisseur unique du MotoGP ne se fait en revanche pas prier pour indiquer que le Road 5 hérite à l'arrière de la technologie bigomme "2 CT+", testée par MNC sur le Power RS. Celle-ci repose sur des couches de gommes plus ou moins rigides, imbriquées sous différents angles, pour adapter l'adhérence et la stabilité selon l'inclinaison.
A l'avant, le Road 5 est un bigomme "classique" : la bande de roulement - environ "44%" de la surface du pneu - est plus résistante que les épaules, qui représentent environ "28%" de chaque côté à l'avant. Afin d'améliorer le grip sur l'angle maxi, une zone totalement "slick" fait son apparition sur les extrémités et donne une allure plus sportive au Road 5.
Côté durée de vie du Road 5, Michelin annonce entre "6000 km et 10 000 km" avec un train selon l'usage et les conditions, une longévité comparable à celle du Pilot Road 4. "Nous n'avons pas cherché à améliorer la longévité, mais à conserver ses performances sur le long terme", précise Michelin. Mais trêve de promesses théoriques : place à notre ressenti guidon en mains !
La découverte du Road 5 débute par des exercices d'évitements et de freinage d'urgence sur une portion de circuit arrosée en continu. Au guidon d'une Street Triple RS puis d'une MT-10, les premières impressions sont positives : la mise sur l'angle est progressive et la motricité excellente, deux caractéristiques rassurantes.
Bonne surprise également au changement d'angle : le Road 5 dévoile une vivacité sensiblement supérieure au Pilot Road 4, plus "lourdaud" pendant ces phases d'inclinaison. Maniabilité et précision sont les grandes gagnantes de cette évolution sur laquelle a longuement planché Michelin. Objectif atteint !
Au freinage, le Road 5 fait preuve d'un comportement irréprochable même en pressant violemment et fermement le levier droit. L'adhérence et la stabilité sont au rendez-vous, ainsi qu'un excellent retour d'informations : la déformation du pneu est parfaitement perceptible, jusqu'au seuil où l'ABS entre inévitablement en action en raison de l'épaisseur d'eau.
Ces forte décélérations sur sol trempé - d'environ 140 km/h à 30 km/h dans notre cas - mettent en outre en évidence l'absence de mouvements de carcasse. Un vrai progrès par rapport aux anciennes générations de Pilot Road, parfois "remuants" sur les freinages d'urgence.
Quelques tours de piste sur le sec avec une Ducati Supersport et une BMW S1000XR valident ces premiers constats flatteurs. Les freinages à tres haute vitesse ne mettent pas à mal la stabilité du Road 5, pas plus que des prises d'angles généreuses : le nouveau Michelin a indubitablement gagné en sportivité, tout en évitant de flirter avec la réactivité d'un pneu sportif et son lot d'exigences.
En bon pneu au profil routier, le Road 5 conserve au contraire une appréciable "rondeur" à la mise sur l'angle qui le rend évident et prévisible. Chaque moto testée s'incline graduellement, sans manifester de vivacité excessive ni de résistance particulière, y compris sur le freins. Cette neutralité est parfaitement en accord avec son champ de compétences.
Sur route, la nouveauté Michelin fait valoir un temps de chauffe asez court et un niveau d'adhérence convaincant. Et c'est heureux car notre itinéraire d'essai, très sineux et quelquefois bosselé, était par endroits recouvert d'une fine pellicule de poussière qui affectait le grip des routes andalouses !
La facilité de placement et la bonne motricité du Road 5 permettent d'appréhender sereinement ces conditions piégeuses, avec toujours une excellente lecture du terrain et du travail du pneu. Ainsi, quand l'adhérence vient à être mise en défaut à la réaccélération, les décrochages sont relativement doux, donc prévisibles. Pas de brutale perte de grip, ni de soudain raccrochage à déplorer, même avec des motos très puissantes.
A l'avant, pas de mauvaise surprise : la précision directionnelle est préservée sur chaque moto testée par MNC (Z1000SX, MT-07 et Super Duke GT), avec peut-être même davantage de stabilité dans certains cas. Revers de la médaille : une petite perte d'agilité pour les motos les plus sportives, dont le train avant nous a semblé légèrement moins joueur.
Rien d'étonnant au demeurant, dans la mesure où certaines de ces motos reçoivent d'origine des pneus au profil plus dynamique, conçus pour une conduite disons plus... "engagée" ! Pour s'en assurer et confronter nos sensations, MNC aurait aimé disposer de pneus concurrents, mais Michelin n'avait malheureusement pas prévu ce type de comparaisons dans son programme.
Plus regrettable : aucune moto montée avec l'ancien Pilot Road 4 n'a été mise à notre disposition. Impossible donc de mesurer les progrès revendiqués, y compris sur le mouillé où nous avons dû nous contenter d'une impressionnante démontration réalisée par un essayeur maison. Spectaculaire mais pas très informatif à notre goût...
Cette première prise de contact avec le Michelin Road 5 révèle un excellent potentiel et une polyvalence digne de son apprécié prédecesseur. Ses capacités sur revêtement mouillé sont toujours aussi ahurissantes : les lamelles apportent clairement un avantage au freinage comme à l'accélération, avec une motricité tout bonnement bluffante.
Les progrès notables en matière d'agilité sont aussi à saluer, car ils rendent la nouveauté plus réactive et amusante que le PR4. Cette évolution participe à battre en brèche l'image "pantouflarde" traditionnellement associée aux pneus "Touring", dont la conception pragmatique les rend parfois moyennement amusants.
Avec son Road 5, Michelin a cherché à ajouter une touche de fun au programme, tout en entretenant les qualités requises dans ce segment capital (endurance, progressivité et polyvalence, notamment). La preuve avec le choix de motos mises à notre disposition par Michelin, davantage orientées "Sport" que "GT" !
MNC aurait cependant aimé découvrir le comportement du Road 5 sur une "vraie" moto routière type FJR1300, GTR1400 ou R1200RT, dont les exigences diffèrent en raison de leur poids nettement plus important.
Le Michelin Pilot Road est disponible dans la plupart des dimensions ci-dessous depuis le début de l'année. Quelques tailles n'arriveront qu'en juin 2018 pour la déclinaison Road 5 Trail. Interrogé sur le prix de ce nouveau pneu, Michelin est resté évasif : la nouveauté sera d'abord vendue entre "5 et 10% "plus cher que l'ancien Pilot Road 4, qui reste au catalogue en seconde ligne et dont le prix va progressivement diminuer.
Comme tous les pneumaticiens, Michelin rechigne à communiquer des tarifs car ils varient librement en fonction des points de vente : "le plus simple est de collecter des prix sur des sites marchands, puis de faire une moyenne", nous répond la responsable de la communication. Vérifications faites par MNC, cela donne environ 260 € pour un train en dimensions standards de 120/70/17 et 180/55/17.
Ce Road 5 est construit dans l'usine Michelin en Espagne, mais aussi en Thaïlande pour approvisionner "certains marchés asiatiques". A noter que le "bon vieux" Pilot Road 3 poursuit lui aussi sa carrière en troisième ligne, pour "se positionner avec une large offre et à tous les prix".
Dimensions Road 5
Dimensions Road 5 Trail
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