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Paris, le 20 novembre 2012

Ducati met au placard Preziosi, le père des Desmosedici

Ducati met au placard Preziosi, le père des Desmosedici

Humilié par le cuisant échec de sa collaboration avec Valentino Rossi, Ducati a décidé de revoir sa stratégie en MotoGP et de couper quelques têtes au passage. Comme celle de Filippo Preziosi, l'ingénieur à l'origine du projet Desmosedici et directeur général de Ducati Corse, qui cède sa place à Bernhard Gobmeier.

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Humilié par le cuisant échec de sa collaboration avec Valentino Rossi, Ducati a décidé de revoir sa stratégie en MotoGP et de couper quelques têtes au passage. Comme celle de Filippo Preziosi, l'ingénieur à l'origine du projet Desmosedici et directeur général de Ducati Corse, qui cède sa place à Bernhard Gobmeier.

Audi pose ses pions...

Moto-Net.Com l'annonçait la semaine dernière dans son analyse du Grand Prix de Valence 2012 : selon plusieurs sources, les jours de Filippo Preziosi à la tête du service course de Ducati étaient comptés. Hélas pour l'ingénieur italien, c'est désormais confirmé : en 2013, Bernhard Gobmeier (ancien directeur de BMW en WSBK) assurera à sa place les fonctions de directeur général de Ducati Corse…

La trajectoire de Filippo Preziosi chez Ducati

Originaire de Pérouge en Italie, Filippo Preziosi est un brillant ingénieur de 44 ans qui fit ses études à l'université de Bologne avant d'entrer chez Ducati en 1994. Passionné de moto et de mécanique, sa première tâche consista à transformer la toute nouvelle 916 en machine à gagner le World Superbike. Avec le succès que l'on connait : pour sa première saison en 1994, la 916 pilotée par Fogarty écrasa ses rivales.

Il travaillera avec le même succès sur les 996 et 998. Conscient de son génie créatif, Ducati le nomme directeur technique de son service course en 1999. L'année suivante, il se blesse lors d'un enduro en Afrique et reste tétraplégique. Plutôt que s'abattre sur son sort, il concentre toute son énergie dans son travail et continue à développer les Ducati de Superbike. En 2001, les Rouges lui demandent de réaliser la moto avec laquelle Ducati reviendra en MotoGP 4-temps en 2003 : la Desmosedici D16.

D'emblée, la GP3 se montre incroyablement véloce et inquiète les constructeurs japonais : Capirossi signe la pole dès le troisième Grand Prix à Jerez et remporte la première victoire Ducati en Catalogne seulement trois courses plus tard ! Suivent deux saisons un peu plus difficiles, où la moto connait tour à tour des problèmes de mises au point et d'adaptation aux pneus. En 2006, alors que la Desmo a retrouvé toute sa superbe et qu'elle est parfaitement en phase avec les Bridgestone, Sete Gibernau ruine les espoirs de titre de Capirossi en le percutant au départ du GP de Catalogne.

Ce n'est que partie remise, puisque l'année suivante un prodige nommé Stoner va totalement éclipser ses rivaux au guidon de la 800 cc : Preziosi a parfaitement tiré profit du changement de cylindré en se servant de l'électronique pour juguler l'énorme puissance du V4 de la Ducati. Résultat, la GP7 est un avion qui colle 14,8 km/h dans la vue à la Yamaha de Rossi lors des qualifications du Grand Prix du Qatar 2007 !

Les saisons suivantes seront marquées par des soucis rencontrés par la moto, puis par Stoner (allergie au lactose en 2009). Mais surtout, le principal problème provient du caractère exclusif de la Desmosedici : hormis Casey Stoner, personne n'en arrive à bout et ce n'est pas le remplacement du châssis treillis en acier par un monocoque en carbone qui arrangeront les choses…

Après une dernière campagne émaillée par les chutes - la plupart du temps de l'avant -, le n°27 quitte Ducati et rejoint Honda. A sa place, Ducati recrute à grands frais Valentino Rossi qui est chargé de remettre la Desmosedici dans le droit chemin. Hélas, la belle entente affichée entre le n°46 et Filippo Preziosi ne suffira pas à s'acquitter de cette tâche : en deux saisons chez les Rouges, le nonuple champion du monde ne gagnera pas un GP et ne signera que trois podiums.

Accusé de rester campé sur ses positions - notamment par le chef-mécano de Rossi - et de ne pas assez tenir compte des indications de son pilote vedette, Preziosi tente plusieurs fois d'inverser la tendance. Il remplace son fameux cadre monocoque par un périmétrique en alu et revoit à de multiples reprises la position du V4 dans le châssis. Il ira même jusqu'à secrètement solliciter l'aide de Masoa Furuzawa, le concepteur de la Yamaha M1, pendant l'été 2012 (lire MNC du 27 aout 2012) !

Mais rien n'y fait, et dans l'état-major Ducati, la colère gronde : non seulement, la contre-publicité générée par les mauvais de Rossi n'a rien de positif sur les ventes, mais le génie des Alpages parle ouvertement de quitter la marque de Bologne. Ce qu'il annoncera officiellement dès le mois d'août, malgré toutes les promesses faites par Audi et une offre financière généreuse : à l'argent, Rossi préfère une moto compétitive, ce qu'il sait retrouver en retournant chez Yamaha.

Un départ mal vécu par tous les acteurs de cet épisode et qui scellera probablement la mise au placard de Filippo Preziosi...

Tenu pour responsable du manque de résultats en MotoGP, le père de toutes les Desmosedici ferait l'objet du courroux du nouveau propriétaire de Ducati, le constructeur automobile Audi.

Très mécontents d'avoir perdu la star la plus charismatique du MotoGP juste après avoir déboursé une somme énorme pour s'offrir Ducati, les Allemands auraient exigés la tête de Preziosi sur un plateau. Ce que la marque de Bologne ne pouvait pas, évidemment, refuser à son nouveau taulier…

Filippo Preziosi n'est toutefois pas totalement écarté des activités de la marque de Bologne : à partir de janvier 2013, il prendra le rôle de directeur Recherche et développement, mais devra directement rendre compte au directeur général de Ducati, Claudio Domenicali. Vous avez dit "'placard' ?

Pas du tout assurent les Italiens : "ce rôle prestigieux et stratégique lui permettra de mettre à profit la grande expérience acquise au cours des 18 ans passés chez Ducati, dont 12 chez Ducati Corse, en destinant son talent au développement des motos de série"…

Cette réorganisation aux allures martiales s'étend à d’autres postes : Paolo Ciabatti a ainsi été nommé au poste de directeur du projet MotoGP Ducati. L'Italien fait son retour en catégorie reine, après avoir oeuvré en tant que directeur général et coordinateur du championnat du monde Superbike.

L'ingénieur Ernesto Marinelli assurera de son côté les fonctions de directeur du projet Superbike de Ducati. Toutes les décisions et les activités de Marinello et Ciabatti devront toutefois être coordonnées par Bernhard Gobmeier. Celui-ci rendra compte directement à Gabriele Del Torchio, le big boss de Ducati. Qui porte sur ses épaules toutes les exigences du groupe Volkswagen, via sa filiale Audi ! Espérons que tous ces remaniements portent leurs fruits...

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