La baisse de la vitesse à 80 km/h sur les routes prévue par le premier ministre à partir du 1er juillet 2018 a finalement eu un avantage : mettre en évidence le rôle des parlementaires au Sénat et à l'Assemblée nationale ! Dans le cadre du groupe de travail sur la sécurité routière, les sénateurs ont notamment ouvert un espace participatif pour recueillir les contributions des Français. Explications.
L'objectif de l'espace participatif ouvert sur le site du Sénat est de permettre aux élus "d'évaluer, sans a priori, l'utilité et l'efficacité pour la lutte contre l’insécurité routière de certaines mesures annoncées par le gouvernement, parmi lesquelles la réduction à 80 km/h de la vitesse maximale autorisée sur certaines routes, et de formuler toute proposition pour renforcer l’efficacité de la lutte contre l’insécurité routière".
"Avant de rendre leurs conclusions fin avril 2018, et soucieux d’associer à leur réflexion l’ensemble de la société civile, les sénateurs membres du groupe de travail vous proposent de leur adresser votre contribution grâce à cet espace participatif", expliquent Michel Raison (Les Républicains, Haute-Saône), Jean-Luc Fichet (PS, Finistère) et Michèle Vullien (Union centriste, Rhône).
Les sénateurs dénoncent également une campagne publicitaire du gouvernement sur la limitation de la vitesse à 80 km/h dans "plus de 300 supports de la presse quotidienne nationale, régionale, hebdomadaire et télévisuelle", qui illustre selon eux le "mépris du gouvernement" à l'égard du Parlement.
Les membres du groupe de travail du Sénat sur la sécurité routière s’étonnent en effet du "lancement d’une coûteuse campagne de presse officielle prétendant montrer aux Français "pourquoi il est nécessaire de baisser la vitesse maximale autorisée" sur certaines routes".
Michel Raison, Jean-Luc Fichet et Michèle Vullien déclarent "regretter vivement ce manque de courtoisie républicaine qui fait fi des travaux actuellement en cours au Parlement pour analyser le bien-fondé de cette décision" tandis que le président de la commission des lois Philippe Bas (Les Républicains, Manche) et le président de la commission de l’aménagement du territoire Hervé Maurey (Union centriste, Eure) estiment que "ce mépris affiché pour la fonction de contrôle du Parlement illustre une nouvelle fois la méthode précipitée du gouvernement, alors que la sécurité routière mérite des décisions réfléchies et concertées".
Le groupe de travail poursuit par ailleurs ses auditions afin d'y voir plus clair sur les tenants et les aboutissants de cette mesure phare du CISR du 9 janvier : après avoir entendu le délégué interministériel à la sécurité routière, ils recevront cet après-midi des représentants de la Fédération française des motards en colère (FFMC), de 40 millions d'automobilistes, de l'automobile club des avocats (ACDA) et de la Ligue des conducteurs (LDC).
Pour la FFMC, le chargé de mission sécurité routière Marc Bertrand expliquera "qu'une autre sécurité routière est possible, fondée sur la prévention, l’éducation et le partage de la route, pas sur la surveillance, les menaces et l’arbitraire".
Pour 40 millions d'automobilistes, le président Daniel Quéro s'attachera à "démontrer qu'une limitation de vitesse abaissée n'a pas d'intérêt en termes de réduction de l'accidentalité routière, d'abord parce qu'une telle mesure n'agit pas sur les principales causes de mortalité sur la route - qui sont l'alcoolémie et les stupéfiants au volant - et parce qu'il existe de nombreux exemples, en France comme à l'étranger, qui contredisent le modèle mathématique qui voudrait que "1% de réduction de la vitesse moyenne permette une réduction de 4% de la mortalité routière", seul et unique argument avancé par le gouvernement pour justifier cette décision d'abaissement de la vitesse".
"Nous ne manquerons pas également de souligner le fait que cette baisse de la vitesse maximale autorisée provoquera sans aucun doute une forte augmentation du nombre d'amendes-radars et représente donc un surplus de recettes pour l'État estimé à près de 340 millions d'euros !", poursuit le délégué général de l'association, Pierre Chasseray : "cela nourrit évidemment le sentiment de ras-le-bol généralisé dirigé contre la politique ultra-répressive mise en oeuvre par le gouvernement depuis des années, alors même que toute politique de sécurité routière devrait emporter l'adhésion de l'ensemble des usagers de la route".
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