Ça ne roule décidément pas fort pour le contrôle technique des deux et trois-roues motorisés : boudés par les motards, les centres tardent à s'équiper en céléromètre (pour vérifier le bridage des cyclos à 45 km/h) et en sonomètre… pour valider un pot d'origine remonté exprès et temporairement afin de valider le CT ? Explications.
Près d'un an après sa mise en œuvre, le contrôle technique moto continue de patiner sérieusement ! Parallèlement au désaveu des motards - ou à cause de celui-ci, justement ? -, les centres de contrôle ne semblent pas prêts à franchir les nouvelles étapes programmées cette année (oui, 2025).
Prévue le 1er juin prochain, l’entrée en vigueur du dispositif de contrôle de la vitesse des cyclomoteurs (qui ne doivent pas dépasser les 45 km/h, pour rappel) sera décalée au 1er mars 2026 ! Ceci afin de laisser le temps aux professionnels du secteur de provisionner, commander, roder, mutualiser… ou d'y réfléchir à deux fois ?
Mobilians (ex-CNPA qui fédère les chefs d'entreprises du commerce et de la réparation autos, motos, vélos, trottinettes, etc.) considère que cette pause de neuf mois permettra "de s’assurer de la disponibilité des matériels et du temps nécessaire au déploiement, à l’installation, aux tests et à l’utilisation de ce nouveau matériel et de diminuer la charge d’investissement des centres en 2025, lisser l’investissement et donc favoriser le maillage territorial".
Autre concession allouée aux professionnels du contrôle technique : le banc à rouleau qui servira notamment à tester la vitesse maximale des cyclomoteurs, pourra éventuellement être partagé par plusieurs structures. Celles-ci pourront ainsi partager les frais d'achat, d'entretien… et de contrôle technique (!) dudit céléromètre.
Après avoir obtenu ce premier report auprès du gouvernement - euh, lequel déjà ?! -, les professionnels du contrôle technique en demandent un second : celui de l’achat du sonomètre ! Censée intervenir le 1er mars prochain, son entrée en scène pourrait être repoussée au 1er juillet, au plus tôt.
Selon les estimations de Mobilians, "à deux mois de la date d’entrée en vigueur de la mesure du bruit, plus de 1700 sonomètres avaient déjà été commandés par des centres de contrôle technique - y compris dans le cadre de prévente de matériels non encore homologués -, soit 42,5% des centres proposant le contrôle technique des catégories L".
L'organisation patronale s'inquiète donc : "toutes ces commandes ne pourront pas être honorées par les équipementiers avant le 1er mars 2025". Mais elle garde la tête froide et souhaite néanmoins le maintien "du déploiement et de l’utilisation volontaire du sonomètre pour les centres équipés afin que les données soient remontées à l’OTC mais sans inscription sur le procès-verbal de contrôle technique, afin de ne pas produire de confusion auprès des clients". Bien reçu ?
La Fédération Françaises des Motards en Colère profite de ces successifs appels à la temporisation pour réaffirmer sa farouche opposition au "CT moto", jugeant que si les "les centres rechignent à investir" dans du nouveau matériel, c'est que "le boycott mis en place par la FFMC met à mal leur système économique !"
La fédération cherche d'ailleurs à détourner la nouvelle consultation publique en une tribune : "profitez-en pour ré-exprimer votre opposition au contrôle technique des deux-roues motorisés, l’inutilité de celui-ci et dénoncer l’inefficacité du contrôle sonore des échappements".
La FFMC rappelle à juste titre qu'il est très aisé pour certains motards - bricoleurs, il en reste ! - "de remplacer un échappement trop sonore par un autre conforme avant le CT". En colère mais citoyenne, la fédération regrette que ce contrôle n'ai "aucun impact dans la lutte contre les nuisances sonores". Car depuis des années, elle milite aussi pour que les motards et scootéristes respecte la tranquillité des autres…
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