Souvenez-vous, il y a 20 ans jour pour jour, MNC publiait : "Suite à un communiqué de la Fédération française des motards en colère intitulé Les mensonges de Sarkozy, le ministre de l'intérieur répond dans un courrier de deux pages qu'il serait heureux de les recevoir pour en parler. Echange d'amabilités..."
Moto-Net.Com réédite cet article de 2004 en lien avec ces récentes publications :
Il y a vingt ans, donc, sur le Journal moto du Net...
Dans un communiqué du 19 janvier intitulé "Les mensonges de Sarkozy", la Fédération française des motards en colère (FFMC) interpelle vigoureusement le ministre de l'intérieur sur sa politique de sécurité routière basée sur la répression.
"Il ment en faisant croire qu’on ne peut pas se défendre contre le contrôle sanction automatique. C'est faux car cette mesure a été prise dans l’urgence, sans cohérence avec les lois existantes. Les procès verbaux adressés aux contrevenants présentent des irrégularités qui sont depuis toujours sanctionnées par les tribunaux.", explique notamment le Comité de défense droits et libertés mis en place par la FFMC, composé de deux membres du Bureau national et de deux avocats au Barreau de Paris.
"Je crois nécessaire de vous apporter plusieurs précisions juridiques sur le dispositif de contrôles automatisés, dans la mesure où vous ne semblez pas connaître les dernières évolutions de notre droit", rétorque sèchement Nicolas Sarkozy dans un courrier de deux pages daté d'aujourd'hui : "j'aurais aimé vous éclairer sur ce point, mais votre communiqué omet de préciser les irrégularités en question".
"Il ment en disant que le contrôle sanction automatique est définitif, alors que le système n’est qu’expérimental, il a été validé pour un an seulement par la CNIL", poursuit la FFMC. "Personne n'a jamais affirmé l'inverse", réplique Sarko : "l'autorisation qui a été demandée à la CNIL ne concernait que (...) les 100 premiers appareils à mettre en place en 2003. La CNIL a donné un avis favorable. Nous avons saisi la CNIL afin qu'elle autorise (...) les 1000 appareils suivants à titre définitif".
"Il ment en oubliant de signaler que pour mettre en place le contrôle sanction automatique et retrouver les flashés, des fichiers sont croisés, au mépris du droit des personnes et de la loi informatique et libertés", relève encore la FFMC. "Il y a effectivement consultation du Fichier national des immatriculations, du fichier des véhicules loués ou encore du fichier des changements d'adresse de la Poste, admet le cow-boy de Neuilly. Mais je me permets de vous rappeler que c'est justement sur ce point qu'a porté la consultation de la CNIL et que celle-ci a donné un avis favorable".
"Il ment en affirmant que les comportements des conducteurs se sont améliorés. Les comportements ont changé : les conducteurs ralentissent sur les voies rapides et quelques tronçons de nationales connus pour être équipés de radars et repartent de plus belle une fois la voie dégagée. Par contre, les distances de sécurité se réduisent et les micros bouchons se généralisent", déplore la FFMC. "Il est vrai que (...) la mortalité des conducteurs de motocyclettes baisse dans des proportions bien moindre que celle des autres conducteurs. Je regrette de constater que les motards sont toujours une catégorie sur-représentée parmi les morts et que vous ne preniez pas en compte cette réalité pour diffuser un message plus responsable", assène alors le chantre du tout-répressif, semblant nier que les motards, vulnérabilité oblige, sont probablement parmi les plus responsables de tous les usagers de la route.
Au final, seule l'affirmation de la FFMC selon laquelle "le patron affirmé de la Sécurité routière n’est plus le ministre de l'équipement mais celui de l'intérieur" n'est pas contredite par l'intermittent de la Place Beauvau. Gilles de Robien appréciera...
Enfin, tentative d'ouverture et/ou manoeuvre pré-électorale, le courrier se termine par un mot de la main de Sarkozy himself : "Je serai heureux de vous recevoir pour en parler !". Les puristes auront noté l'absence de "s",signifiant qu'il s'agit d'un futur simple et non d'un conditionnel...
"La FFMC s'y rendra, indique la Fédération après avoir pris connaissance de ce courrier - non sans rappeler qu'elle avait déjà formulé sans succès une demande de rendez-vous - pour "faire des propositions pour une politique de sécurité routière axée sur la prévention et la formation et exprimer sa condamnation de la répression excessive et notamment de l’automaticité des sanctions".
Décidément, après Gilles de Robien qui rêve lui aussi de "rencontrer les motards" (lire Moto-Net du 13 janvier 2004), cet intérêt du gouvernement à l'égard de nous autres "conducteurs de motocyclettes", à deux mois des régionales, est extrêmement touchant... Mais ne serait-il pas plus simple de nous laisser rouler, tout bêtement ?
Intéressant, non ?
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