L'Association européenne des constructeurs de motos (ACEM) dresse des directives pour lutter contre le démontage des réducteurs de bruit sur les silencieux, en coopération avec plusieurs grands noms de l'échappement deux-roues. Explications.
"L'Association européenne des constructeurs de motos partage les préoccupations des citoyens, des politiques et des législateurs concernant l'impact du bruit dans la vie quotidienne", assure sagement l'ACEM, qui s'est rapprochée de plusieurs fabricants pour rédiger des directives de lutte contre la non-conformité des échappements adaptables.
Ces directives visent plus précisément à empêcher le retrait des dispositifs placés en bout des silencieux pour limiter leur intensité sonore, aussi connus sous le nom de "dB-Killer" (littéralement "tueur de décibels"). Ces chicanes prennent la forme d'un tube d'acier - souvent perforé - qui se termine par une coupole, pour ralentir les gaz d'échappement et diminuer le bruit.
A une époque que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître, ces "dB-Killers" étaient fixés par une simple vis : les démonter ne prennaient que quelques secondes. Cette opération libère davantage de "vocalises" de l'échappement, mais le rend du même coup non-conforme sur route… et sur de nombreux circuits !
Durcissement des règles oblige, ces chicanes amovibles ont ensuite été rivetées puis carrément soudées à l'enveloppe du silencieux. Mais cela ne suffit pas, loin s'en faut, à décourager les amateurs de "Full barouf", sans compter que certains modèles restent facilement "décapsulables"...
"Des silencieux homologués avec des chicanes trop facilement amovibles ou des dB-Killers sont aujourd'hui encore présents sur le marché, ce qui peut entraîner des niveaux de bruit inacceptables sur la route", confirme Antonio Perlot, secrétaire général de l'ACEM qui représente les constructeurs motos et scooters en Europe (18 membres).
"L'objectif est d'éviter des interprétations divergentes et inefficaces des règles pour les silencieux d'échappement, en particulier pour les équipements non d'origine (...)", poursuit le groupement de constructeurs.
L'ACEM s'est rapprochée des fabricants Akrapovic, Arrow, Giannelli, Lafranconi, LeoVince, MIVV et le SC-Project pour renforcer le cadre réglementaire en vigueur : cette collaboration se traduit par un document de trois pages présenté "aux autorités de l'UE" et aux "experts gouvernementaux de la CEE-ONU, le forum mondial de réglementation des véhicules".
Ce texte technique précise notamment que les échappements adaptables doivent être "inviolables" : les fabricants doivent prendre les mesures nécessaires pour que leur "intégrité ne soit pas facilement compromise". Les cônes de sortie ne doivent pas être démontables, tandis que "les chicanes et autres pièces doivent être soudées à l'échappement".
Si la conception du silencieux impose une chicane "dB-Killers", l'ACEM exige que son retrait ne puisse pas être réalisé "avec des outils facilement disponibles et peu coûteux tels qu'un tournevis, marteau ou pinces". Dans le cas contraire, ce démontage doit provoquer des "dommages permanents et irréparables" ou qui "empêche la réintroduction de la ou des pièces retirées".
Ces dégâts visent autant à dissuader les propriétaires - abîmer la précieuse enveloppe titane ou carbone fait rarement plaisir - qu'à faciliter l'identification d'un pot non-conforme par les forces de l'ordre. Rappelons à ce sujet que le contrôle technique s'approche à grands tours de roues et qu'avec lui va s'intensifier la lutte contre la "pollution sonore"...
"Ces directives aideront les autorités chargées de la réception par type à procéder à une évaluation plus harmonisée de la conformité des silencieux d'échappement", estime l'ACEM, qui va diffuser ce message dans son réseau. "L'appel est désormais lancé à toutes les parties prenantes pour qu'elles les appliquent sans délai".
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