Apprendre, rouler, profiter... et remettre ça ? C'est ce que préconisent les constructeurs européens de motos (ACEM) et la Fédération Internationale de Motocyclisme (FIM) : la formation volontaire et continue des motards, pour ne pas tomber dans les pièges de l'excès de confiance, de la méconnaissance, de l'inattention... et de la route ! Explications.
Les épreuves du permis moto et les conseils du moniteur, l’anxiété des premières sorties et les inévitables erreurs de débutant, la simple joie de rouler et la sensation de contrôler pleinement son engin, vous en rappelez-vous ? Pas forcément, pas de tout, pas tout le temps...
Et pourtant, se remémorer toutes ces connaissances, ces apprentissages, ces soucis aussi parfois, peut permettre de déjouer les dangers qui guettent continuellement les motards et les scootéristes dont la formation élémentaire remonte pour certains à plusieurs décennies. C'est le cas pour la rédaction MNC, en tout cas !
C'est pourquoi l'Association des Constructeurs Européens de Motocycles (ACEM) et la Fédération Internationale de Motocyclisme (FIM) ont récemment lancé une campagne de sensibilisation intitulée "Apprendre - Rouler - Profiter - Remettre ça !" visant à "inciter les motocyclistes européens à franchir une nouvelle étape dans leur parcours en s'inscrivant à des programmes de formation certifiés".
Selon ces deux organismes, les participants à ce type de stages - non obligatoires mais fortement conseillés - auraient ainsi "accès à des outils et des connaissances avancés pour profiter de la moto en toute sécurité et de manière responsable".
Il en irait quasiment de l'avenir de cet "outil essentiel de mobilité et de loisir pour des millions de personnes à travers l'Europe" et pourtant menacé par son caractère hautement vulnérable : "l'amélioration de la sécurité des motocyclistes demeure une priorité absolue", martèlent ensemble l'ACEM et la FIM… ainsi que leurs collaborateurs !
Très concrètement, les constructeurs et la fédération sportive ont "développé en collaboration avec des écoles de formation de haute qualité et des instituts de recherche de premier plan, un nouveau guide fondé sur des données probantes à destination des formateurs moto cible les scénarios d'accident les plus fréquents".
Label de Qualité Européen pour la Formation Moto |
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Or d'après leurs études, "les facteurs humains jouent un rôle décisif dans les accidents de moto, renforçant la nécessité d'un apprentissage tout au long de la vie et d'une formation continue", militent l'industrie, des universitaires et des formateurs. La conclusion est logique… intéressante et/ou intéressée ?
Pour la justifier, l'ACEM et la FIM assurent que leur initiative est "fondée sur l'analyse scientifique des accidents menée par le Connected Motorcycle Consortium et développée grâce à une collaboration entre des écoles de formation de haute qualité, récompensées par le Label européen de qualité pour la formation moto (lire l'encadré, NDLR), et des institutions universitaires de premier plan".
Les plus curieux noteront que ces travaux ont été menés conjointement avec les écoles de formation KNMV (Pays-Bas), SMC (Suède) et VSV (Belgique) d'une part, l'Université Louis-et-Maximilien de Munich (LMU), l'Institut des sciences de la circulation de Wurtzbourg (WIVW), l'Institut pour la sécurité à moto (IFZ), le Centre de recherche sur les accidents de la route de l'Université technique de Dresde (VUFO) et le Conseil autrichien de la sécurité routière (KFV) de l'autre.
Ce guide gracieusement mis à disposition des formateurs permettrait à leurs élèves de "développer les compétences cognitives et pratiques nécessaires pour anticiper et éviter les situations dangereuses les plus courantes sur la route". Car on a beau avoir des milliers de bornes derrière soi, les prochaines ne seront pas les mêmes !
Il faut effectivement reconnaître que les situations à risque - à moto ou à scooter - évoluent à mesure que les années filent. À mesure donc que les réflexes et la dextérité du pilote s'émoussent. Et à mesure aussi que la concentration s'éparpille à cause de la sophistication galopante et de la "gadgetisation" affolante des machines… générées par l'offre, ou par la demande ?
Antonio Perlot, secrétaire général de l'ACEM :
"Le Label européen de qualité pour la formation moto est déjà un bel exemple de la manière dont l'industrie, les ONG, les formateurs et les organisations de motards peuvent collaborer avec succès pour améliorer la sécurité à moto. Avec l'ajout de partenaires universitaires de premier plan, nous faisons maintenant passer cette initiative au niveau supérieur en fournissant une boîte à outils pratique aux formateurs moto. Notre objectif est clair : améliorer la qualité de la formation volontaire à travers l'Europe et inciter les motards à poursuivre un apprentissage tout au long de la vie, menant à des niveaux plus élevés de sécurité et de performance de conduite".
Jesper Christensen, directeur de la commission Mobilité de la FIM :
"Notre objectif est de former des motards capables de penser par eux-mêmes, tout comme nos professionnels dans le sport. C'est plus qu'une simple question de technique. C'est une question d'état d'esprit. De conscience. De maîtrise. Que vous soyez sur un circuit, en train de sillonner des routes de montagne ou de rouler en ville, vous devez être capable de lire la route et d'anticiper de plusieurs secondes. Ces lignes directrices transposent cette intelligence à la route".
Dr Sebastian Will, Institut des sciences de la circulation de Wurtzbourg (WIVW) :
"L'Institut des sciences de la circulation de Wurtzbourg est fier d'apporter son expertise dans la recherche sur les facteurs humains à cette importante initiative. En intégrant une perspective scientifique dans la formation avancée des motards, nous contribuons à garantir que la sécurité à moto repose sur des méthodes fondées sur des données probantes. Ces Lignes directrices pour les formateurs représentent une nouvelle étape pour doter les motards des compétences cognitives et motrices dont ils ont besoin pour gérer les scénarios de circulation réels avec plus de sécurité et de confiance".
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