Kawasaki vient de boucler le premier semestre 2012 sur une baisse de -20,2% et totalise 7780 immatriculations. Le responsable commercial et marketing de la marque japonaise, Patrick Marchal, livre ses impressions à Moto-Net.Com et ses lecteurs. Bilan.
Moto-Net.Com : Que vous inspire le premier semestre 2012 du marché du motocycle en France ?
Patrick Marchal (directeur commercial et marketing Kawasaki France) : Ce que l'on peut dire objectivement c'est qu'à fin juin, le marché présente deux visages : -20% en 125cc et -2,3% en plus de 125cc. Le marché "125cc" est toujours très touché par la formation 7h devenue obligatoire en 2011 et ne représente plus qu'un tiers du marché total au lieu de la moitié. La 125cc a été touchée à la fois par la montée des tricycles (TQM) depuis trois ans et la baisse de nouveaux venus au scooter 125cc pour cause de formation.
En "+ de 125cc", le marché est beaucoup plus stable : il ne baisse que de 2,31% alors que la météo de 2012, les élections présidentielles et la sensation de crise économique entretenue par les médias ont eu une influence très forte à la baisse, en incitant les acheteurs à la prudence. N'oublions pas qu'à fin juin 2011, le marché des plus de 125cc enregistrait +5,7%. L'année 2012 est en léger retrait mais reste à un très bon niveau. En juin il progresse même de 9%, ce qui laisse perplexe mais s'explique clairement par un mauvais mois de juin 2011 et une petite éclaircie météo. Sur six mois, la tendance du marché "moto" est à la baisse pour toutes les raisons évoquées : six mois de 2011 anormalement forts, météo 2012 catastrophique, élections et débats divers, sinistrose aiguë dans les médias, ainsi que toutes les incertitudes et bavardages autour de la réglementation qui inquiètent un peu mais sans plus. Sur l'année 2012, nous misons sur le maintien d'une même tendance de fond avec une légère baisse qui devrait ramener le marché "moto + de 125cc" à celui de 2010, soit environ 100 000 motos, proche du bon chiffre de 103 000 en 2011. A l'intérieur des ces 100 000, la concurrence est rude et chacun défend ses positions âprement pour le bonheur des clients. Rien de catastrophique donc sur ce marché du motard passionné. Pour la 125 cc, c'est plus négatif et on peut craindre de conserver une tendance à -15% en 2012. Le "commuter" est en crise...
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MNC : En ce qui concerne votre activité, quel bilan tirez-vous de vos six premiers mois 2012 ?
P. M. : De notre coté, présent uniquement sur le marché moto (hors scooter), nous avons subi les mêmes aléas qu'indiqués ci-dessus. Si l'on prend nos chiffres bruts, notre baisse à fin juin est sensible mais est surtout due à une forte concurrence exercée sur la Z750 depuis 1 an (deux modèles concurrents sont arrivés fin mai 2011). Si l'on compare aux six derniers mois de 2011, nous sommes stables. Objectivement, nous avons soufferts d'une concurrence renforcée sur la Z750 mais nous avons su réagir avec l'ensemble de la gamme. Nous maintenons nos positions et restons un spécialiste incontournable de la moto. La Z750 reste n°1 des ventes moto, l'ER-6 est n°2, nous avons la confiance de nos clients et de nos concessionnaires : que demander de plus, sinon du soleil ?
MNC : Quels sont selon vous les faits marquants de cette première moitié d'année ?
P. M. : Je me concentrerais sur le psychologique. J'ai le sentiment qu'à force de nous dire que tout va mal, on va finir par le croire vraiment et là, ce sera vraiment vrai. Pour le reste et pour se limiter à la moto, on connait une effervescence produit forte, avec des nouveautés et des nouveaux concepts. La France est toujours un beau pays où il fait bon rouler et se faire plaisir, des revues "voyages" s'y consacrent avec succès. Malheureusement le deux-roues sert un peu de bouc émissaire à ceux qui sont probablement jaloux du plaisir des autres et qui préfèreraient nous voir à vélo plutôt qu'à moto. Oui, le plus marquant pour moi c'est que l'on oublie tout ça et qu'on se laisse casser le moral par des faiseurs de pluies qui ne relatent que les mauvaises nouvelles. Tout n'est pas parfait, bien loin de là, mais gardons le rêve et le plaisir. Pour cela, la moto reste un antidépresseur unique !
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MNC : Comment envisagez-vous le second semestre ?
P. M. : Après un printemps pourri, misons sur une belle arrière saison... Comme je l'ai indiqué nous pensons que le marché va garder un rythme équivalent et finira 2012 avec une légère baisse au cumul. Sur le marché des plus de 125cc, quasi stable, nous prévoyons de maintenir nos positions sur 2012. Et nos nouveautés vont nous permettre de nous relancer pour 2013...
MNC : Enfin, comment percevez-vous la création de la FF2RM (lire MNC du 4 juin 2012) ?
P. M. : A titre personnel, je suis surpris qu'une fédération se crée ex nihilo sans aucune pré-information ou concertation, se présente en défenseur des usagers tout en validant d'entrée des idées que les usagers combattent et oppose dans le texte fondateur de son site les deux-roues motorisés légers (50-125cc) aux motos (+125cc). C'est en fait la "Fédération française de défense des scooters 50-125cc" : pourquoi pas, mais appelons-la ainsi ! Sauver le scooter en sacrifiant la moto, drôle de programme... Les deux sont indissociables et doivent se soutenir. "Diviser pour mieux régner", la devise n'est pas de moi et a toujours fait ses preuves. Je ne pense pas que la multiplication des voix et l'incohérence des positions soient de nature à éclaircir le débat et aide vraiment à défendre les intérêts des utilisateurs. A titre professionnel, la CSIAM fera prochainement un communiqué commun aux constructeurs.
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