Nuits-Saint-Georges : Marc Germain, Mickaël Pichon et Fabien Planet s'installent aux commandes du Championnat de France

Nuits Saint Georges, ville connue pour la qualité de son vin, le sera désormais aussi pour la qualité de son enduro ! Le moto club du Val de Vergy s'est en effet mis en quatre pour offrir un parcours de haute qualité enduristique aux 330 pilotes élites et nationaux engagés les 19 et 20 mai pour la deuxième épreuve du Championnat de France d'enduro.

Comme la plus part des sites en terres viticoles, le parcours s'est révélé dur et très technique par sa géographie et sa géologie : beaucoup de sous-bois, des passages pierreux composés de dalles lisses, de dévers et de chemins muletiers ont rendu de nombreux passages plus que délicats...

Et comme la difficulté du tracé de 90 km ne suffisait pas, les trois spéciales étaient concentrées sur une dizaine de kilomètres, laissant peu de temps aux pilotes pour récupérer de l'effort intense des spéciales !

Pleuvra ? Pleuvra pas ?

Les pluies de jeudi et de vendredi ont largement humidifié le parcours, mais la météo favorable de samedi a permis aux pilotes d'apprécier la qualité du tracé déjà très sélectif.

Mais dès la fin de course samedi, les pilotes auraient volontiers entamé une danse de la pluie pour conjurer l'avis d'orage prévu dimanche... Fred Bolley, champion du Monde de MX et nouveau venu sur la planète enduro, nous confie avec humour que "s'il ne pleut pas j'attaque, s'il pleut je rentre ! ".

Plus sérieusement, "il y a certains passages, je ne sais même pas comment on pourra les franchir sous la pluie", avoue Fred... Une crainte légitime puisqu'un peu plus tard dans la soirée, Jacques Lestrade - président du club organisateur et surtout enduriste confirmé - confie à Moto-Net.Com que "s'il pleut sur ce tracé, ce sont 15 pilotes qui seront à l'arrivée... Et on sait lesquels"...

En homme prévoyant - il est dans la vie courtier en assurances ! - M. Lestrade ajoutait que "nous avons non pas un plan B, mais un parcours B validé avec Jean-Luc Miroir si jamais il pleut". Mais çà, les pilotes ne le savaient pas...

Heureusement, tous les voeux émis par le parc coureur furent entendus : l'orage passa et seule une averse en milieu de matinée est venue servir d'alibi aux prévisions météo.

Les équipes de bénévoles sur le pied de guerre ont dévié le parcours dès que nécessaire, à la plus grande joie des pilotes nationaux qui n'ont pas forcément l'envie ni les moyens des enduros "jusqu'au boutiste" et dangereux.

Elite E1 : suprématie de Marc Germain

Marc Germain (Yamaha) domine largement la catégorie Elite 1. Samedi, il ne concède à Marc Bourgeois (Husqvarna) et à Julien Gauthier (HM Honda) qu'une spéciale chacun, comme s'il voulait leur faire plaisir... Au final, il termine en devançant Julien Gauthier (Honda HM) de 50 secondes tandis que Marc Bourgeois prend la 3ème place.

Pourtant, l'officiel Husqvarna a fait un très bon début de course et sort en tête du 2ème passage. Mais dans le dernier tour, en pleine attaque sur la spéciale, l'inclinaison de sa moto est telle qu'elle frotte sur une pierre ! Bilan : pot d'échappement écrasé... Il termine en devant rendre du câble sur les dernières spéciales. Julien Gauthier en profite et enlève la seconde place.

Dimanche, Marc Germain ne fait pas de quartier : seul le pilote Husqvarna arrive à profiter de la tendance "diesel" de Marc Germain et signe le premier temps de la première spéciale du jour. Ensuite, l'affaire est entendue : Marc Bourgeois et Julien Gauthier, respectivement 2ème et 3ème, sont à plus d'une minute du pilote Yamaha.

Au classement provisoire, Marc Germain est donc incontestablement en tête. Mais la bataille s'annonce rude pour la seconde et la troisième place entre Marc Bourgeois et Julien Gauthier, car trois points les séparent après quatre manches... Restez connectés !

Elite E2 : Mickaël Pichon s'impose

La journée du samedi a été très chaude entre Mickaël Pichon et Sébastien Guillaume : fait rarissime en enduro, les deux pilotes terminent la journée dans la même seconde à 681 centièmes !

Sébastien Guillaume (Husqvarna) prend l'avantage dans le premier tour et signe tous les temps scratches en spéciales.

Mickaël Pichon (KTM) n'aime pas les spéciales vierges : en tant que crossman, son pilotage excelle plutôt dans les ornières et les appuis. Et c'est au second tour qu'il lance son attaque, comme s'il laissait la trace se faire...

Aux arrière postes, Emmanuel Albepart (HM Honda) a du mal à contenir la fougue du jeune Christophe Nambotin (Gas Gas). Sur la lancée de ses résultats au Championnat du monde (WEC, lire notre Dossier spécial) en catégorie junior, Christophe est en pleine confiance et ose : il prend la 4ème place.

Dimanche, à l'inverse de samedi, Mickaël Pichon fait un meilleur premier tour et remporte la catégorie. Cette fois, Séb Guillaume est à 20', laissant la seconde place à Manu Albepart.

Samedi soir, Manu est peu satisfait de sa première journée. "J'ai un peu galéré dans la première spéciale", explique-t-il à Moto-Net.Com : "Séb m'a mis 20' dès le premier tour et je n'arrivais pas à lui reprendre. Il a fallu que je m'énerve à la fin pour contenir Chris ! "

Dimanche au contraire, Manu devait être plutôt heureux de sa performance en terminant à 11 s de Mickaël Pichon et en prenant la 2ème place à Sébastien. Réaliste, il confie à Moto-Net.Com que "c'est bien quand il faut se battre, ça nous fait progresser ! Je sens que j'attaque plus en France que sur le WEC. Peut-être parce que je me bats pour un podium, alors qu'en Grand Prix quand Johnny Aubert me met 30 secondes, je prends un coup au moral !"

Gilles Algay (pilote inter et rallyeman), manager du Team HM Honda, a mis en place sur le championnat de France d'enduro une organisation qui réussit à Emmanuel Albepart et à Julien Gauthier en E1 : "chacun a un suiveur qui les rejoint notamment aux spéciales et leur donne les temps des autres concurrents. Cela me laisse toute latitude pour allez voir les trajectoires en spéciales et leur montrer du bord de la piste"...

Elite E3 : doublé pour les pilotes KTM France Fabien Planet et Jean François Goblet

Fabien Planet fait un très beau début de championnat de France : sans erreur, il remporte les deux manches du week-end. Devançant de 4 secondes son coéquipier chez KTM - le pilote belge Jean-François Goblet - samedi, il part dimanche le couteau entre les dents ! Fabien frappe alors un grand coup et enchaîne cinq chronos en tête ! Jean-François Goblet (KTM) s'installe en deuxième place, pas véritablement menacé par Fred Bolley qui monte sur la 3ème marche.

L'impétueux Fred Bolley chute deux fois en spécial le samedi et perd de précieuses secondes... Mais l'initiation du crossman se passe plus tôt bien. On peut s'attendre à un peu plus de bagarre sur les prochaines manches, car tel que Fred l'explique à Moto-Net.Com, il vient de franchir une étape dans son adaptation à l'enduro : "je me suis maintenant bien adapté à la 300 Gas Gas, ça faisait quatre ans que je ne roulait plus en 2-temps. Il a donc fallu que je reprenne l'habitude et que je retrouve la sensibilité du pilotage 2T. Je trouve les 4-temps plus avantageux en spéciales, alors que le 2T est moins fatiguant en liaison".

Catégorie junior (moins de 21 ans) : premier podium de la saison pour l'équipe enduro de l'armée de terre

Benoît Fortunato est le premier pilote de l'équipe de France d'enduro de l'armée de terre à mettre ses bottes sur un podium de la saison en terminant troisième samedi et premier dimanche. Espérons que l'équipe "kaki" y retrouve toute sa motivation pour les GP à venir, et notamment pour les USA et le Canada prévus à leur calendrier !

Jérémy Joly, pilote officiel Sherco au départ de la journée de samedi, doit s'arrêter en raison d'une fracture à la main. Cette absence profite à Romain Boucardey qui, malgré deux jours irréguliers (premier et cinquième) se place premier au classement provisoire.

Mais tout reste possible chez les juniors, avec notamment l'incisif Adrien Metge (2ème samedi et 14ème dimanche) : sans une pénalité de 3 minutes prise en liaison, Adrien soufflait la première place à Benoît Fortunato !

Record en catégorie féminine

Un record d'engagées a été battu ce week-end avec huit partantes en catégorie féminine ! Les efforts et les initiatives de tous pour favoriser l'accès des femmes à l'enduro portent donc doucement leurs fruits.

Sur cet enduro particulièrement difficile, seulement trois concurrentes ont bouclé leurs deux tours samedi : Ludivine Puy, Audrey Rossat et Stéphanie Buisson.

Dimanche, six d'entre elles ont marqué des points au championnat. Mais la grande déception vient de l'abandon de l'officielle TM, Alice Genest, deux fois championne de France.

Les larmes aux yeux, Alice a pris la sage décision de suspendre sa saison 2007 : en décembre, elle s'était déboîté la cheville lors d'un trekking. Soignée, elle a repris la compétition moto à Massiac (lire Moto-Net.Com du 17 avril 2007). Mais la douleur trop forte l'a contrainte à stopper pour limiter la casse.

Samedi soir, l'émotion d'Alice était visible et touchante lorsqu'elle se confiait à Moto-Net.Com : "en six ans de compétition, je n'ai jamais abandonné en course... Je mets un point d'honneur à terminer. Depuis trois courses, la douleur est de plus en plus forte. Le premier tour a été un vrai calvaire et je me suis arrêtée au début du 2ème tour. Je prends un sacré coup au moral, mais je n'ai pas le choix. Dès lundi, je vois mes médecins. En attendant, je vais faire d'autres sports pour garder mon physique et pouvoir reprendre au plus vite à mon niveau"...

Alice doit notamment participer à la première équipe féminine qui représentera la France aux ISDE 2007 en novembre.

L'enduro est la seule discipline motocycliste où pilotes "Elite" et pilotes nationaux participent aux mêmes courses au même moment, en roulant sur les mêmes traces et en se battant contre les mêmes chronos sur les mêmes spéciales !

Un championnat national départage les meilleurs et les cinq premiers par catégorie accèdent à la catégorie Elite la saison suivante. L'enjeu est donc de taille pour les meilleurs de ces passionnés.

La majorité n'a pas la prétention de passer en Elite, mais juste de faire de belles courses et se prouver de quoi ils sont capables. Ce qui donne une vision tout autre de la course, tel l'acharnement qu'a mis Fred Abdellou, pilote de la ligue Ile-de-France et douanier à ses heures perdues, pour terminer les deux jours à Nuits St George : "la course a été épuisante ! Mais je suis très content. J'ai fini au moral ! Il fallait faire gaffe à tout et à chaque instant. Par petites sections, les difficultés n'ont pas arrêté de se succéder. J'ai roulé hypertendu et pas en confiance toute la journée de samedi. J'ai pris 50 minutes de pénalités mais je sais pourquoi : je me suis perdu, j'ai cherché mon assistance qui était partie car j'étais trop en retard au CH ! Faire toutes les spéciales à la suite c'est très dur, car on a pas le temps de souffler en liaison. Je crois que ça en a mis KO plus d'un ! Pour les poireaux, si tu veux finir, il faut choisir entre tout donner dans les trois spéciales ou aller vite en liaison pour être dans les temps... Faire les deux était mission impossible pour moi ! J'ai préféré jouer la sécurité en liaison et terminer. Dimanche, je suis reparti pour finir. Sur les dix gars du club engagés, nous n'étions plus que deux avec Stéphane Chenot à prendre le départ. Et là, j'ai vraiment fini au moral pour aller au bout et échapper aux vannes des potes en rentrant ! "

Prochain rendez vous les 16 et 17 juin à Bourganeuf (23). Restez connectés !