Honda fête ses soixante ans de présence sur le vieux continent ! Le constructeur de motos, scooters, autos, hors-bords, tondeuses, générateurs, avions, robots, etc (!) célèbre aussi sa première place sur le marché moto français 2021 en grimpant au septième... étage d’un immeuble parisien, pour une exposition éphémère.
Fondée par l’ingénieur Soichiro Honda et le financier Takeo Fujisawa le 24 septembre 1948 à Hamamatsu (comme Yamaha en 1889, mais la ville est aujourd’hui associée à Suzuki !), la Honda Motor Company sort dès l’année suivante sa toute première motocyclette : la "Dream" Type D.
En juin 1953, Honda San écrit en préambule du tout premier bulletin d'information de la société : "seules les entreprises qui comprennent l'esprit du consommateur et fabriquent des produits qui suscitent la joie et la passion gagneront leur soutien. Elles seules prospéreront". C’était il y a bientôt 70 ans, et la marque de Soichiro roule toujours !
Plus fort encore, le blason ailé a pris son envol en 2014, lorsque son premier petit avion à réaction s’ajoutait à la longue liste de ses produits : motos, scooters, autos, moteurs hors-bord, tondeuses à gazon, groupe électrogènes, robots humanoïdes, etc. Un rêve exaucé pour Soichiro Honda, passionné d’aéronautique depuis sa plus tendre enfance.
Il faut toutefois attendre juillet 1958, pour que le constructeur japonais dévoile sa poule aux œufs d’or. Sa première, à deux roues : le (Super) Cub ! En seulement quatre ans, le géant de Tokyo (capitale où siège l’entreprise) en livre un million d’exemplaires. Pour mémoire, le compteur affichait 100 (cent) millions d’unités en octobre 2017, un record absolu pour un véhicule motorisé.
Après l’Amérique, Honda débarque en Europe : en juin 1961 via sa première filiale basée à Hambourg alors en Allemagne "de l’Ouest", en septembre 1962 avec son usine de cyclomoteurs implantée à Alost en Belgique. "Il s'agissait non seulement de la première usine de production de Honda en "CEE", mais aussi de la première usine d'une entreprise japonaise", rappelle fièrement le constructeur.
Ce sont justement ses 60 ans de présence sur le vieux continent que la filiale française a décidé de célébrer en montant - littéralement - une exposition sur le toit du monde les toits de Paris, au Dernier Étage, "roof-top" couvert situé au 7ème étage du parking Redelé, place de Clichy à Paris.
Fait incroyable - aujourd’hui- : en 1960, les constructeurs japonais deviennent les premiers fabricants mondiaux de deux-roues motorisés devant les... français ! De 503 085 unités en 1958, les nippons sont passés à 880 659 en 1959, 1,473 million en 1960 et 1,803 million en 1961.
En comparaison, notre production nationale stagne : 969 945 en 1958, 955 046 en 1959, 1,003 million en 1960 et 1,094 million en 1961 (cf. le livre "Honda" de J-P Bejot). Peugeot, Motobécane et Vélosolex restent leaders sur le cyclomoteur et le vélomoteur, mais les Jonghy, Gillet, Gnome-Rhône, MGC, Monet-Gouyon ou Terrot ont trépassé, tout comme bon nombre de leurs concurrents européens.
Parallèlement, en 1963, la marque ailée se lance dans l’automobile : "le mini-camion robuste T360 convainc, la sportive S500 est portée aux nues", rappelle-t-on sur le site officiel français. Mais c’est en 1972 que Honda lance sa Civic, "très prisée des clients du monde entier, et vendue à plus de 27 millions d'unités dans 170 pays".
À titre de comparaison, la Toyota Corolla est à ce jour la voiture la plus vendue dans le monde : lancée en 1966, ses 12 générations (!) ont été vendues à 50 millions d’exemplaires. Suivent les pick-up F-Series de Ford qui totalisent 42 millions d’unités depuis 1948, la Golf de Volkswagen apparue en 1974 et produite à 38 millions d’exemplaire... et la Civic qui souffle ses cinquante bougies !
"La toute nouvelle Civic sera proposée exclusivement avec une motorisation hybride, devenant le dernier modèle à adopter le groupe motopropulseur avancé e:HEV", annonce justement Honda. "Elle s'inscrit dans les objectifs de la marque d'équiper tous les modèles grand public européens de groupes motopropulseurs électrifiés d'ici la fin de 2022". Modèles à quatre roues, bien sûr.
Les amateurs de sensations - très - fortes se réjouissent qu’une version Type R demeure au programme... Produite à Greensburg (Indiana, États-Unis) en raison de la fermeture de l’usine de Swindown (Grande-Bretagne, Union Européenne), cette auto pourrait bien être la dernière "thermique" de Honda. Un futur collector, donc ?
Aujourd’hui premier motoriste mondial, le blason ailé a concrètement pris le virage du "tout-électrique" il y a trois ans en proposant sa Honda e. Cette adorable "néo-rétro" fait l’impasse sur les rétroviseurs (de petites caméras sont installées de série, une première mondiale) et mise tout sur le numérique et le ludique.
"On peut brancher une console de jeu vidéo sur le tableau de bord ultra-large...", nous apprend Honda France. Super cool ? Bof. Super tendance plutôt : cette année, Honda collabore avec le club professionnel de jeux-vidéos GameWard "pour créer ensemble des contenus originaux à destination du grand public"... Grand et jeune public surtout car, sortis des écrans, l’attention des minots est dure à capter !
"La Honda e se recharge en 30 minutes à 80 % et son autonomie maxi théorique est de 220 kilomètres, mais dans les faits, elle en parcourt plutôt 180", témoigne à MNC un employé de Honda France. Ce dernier nous fait remarquer que cette autonomie est amplement suffisante pour une petite citadine... qui pèse une tonne et demie ? Oui, cela fait beaucoup, même "toutes charges comprises" !
Pour les déplacements urbains et péri-urbains, rien ne vaut le deux-trois-roues motorisé bien sûr ! Deuxième marché en Europe derrière l’Italie (269 600 immatriculations de motos et scooters de plus de 50 cc) et devant l’Allemagne (199 100 immats), la France représente un appétissant gâteau de 206 950 parts !
Honda ne commercialise pas - pas encore ? - de tricycles de type "MP3"... C’est donc sur un total de 194 552 motocycles vendus en France l’an dernier que la firme de Tokyo dévore 18,09 % des parts de marché : 35 202 immatriculations, soit 8123 immats de plus qu’en 2020 ou un bond de +30 % ! Un rebond, plutôt.
Les lecteurs Premium MNC - qui, on les remercie tous, soutiennent activement leur journal moto préféré, son indépendance et son (im)pertinence ! - se souviennent effectivement que la pandémie de Covid-19 avait fortement impacté Honda en 2020. Plus que ses rivaux d’ailleurs : -18,2 % pour le "challenger" en rouge contre -2,1 % pour le "defender" en bleu Yamaha et +1,6 % pour "l’outsider" BMW.
L’année 2021 n’a pas été simple pour les constructeurs moto en général, compliquée pour le Numéro Un mondial en particulier. Ses véhicules arrivaient par vagues en France, faisant grandement fluctuer les résultats de ses best-sellers d’un mois sur l’autre (CB125R, CB500F et CB650R surtout, un peu moins le Forza 125 produit en Italie).
"En fonction des arrivages et du jour au lendemain, notre partenaire Distribike se retrouvait avec des centaines de caisses contenant autant de motos et scooters à préparer au plus vite pour les envoyer partout en France et les livrer à nos clients qui ont fait preuve d’une extrême patience car nous ne savions pas toujours quand leur machine arriverait", nous confie Bruno Chemin, directeur des relations presse et publiques chez Honda France.
"Il ne faut pas imaginer que les cargos voyagent directement du Japon jusqu’en France ! Ils font de nombreuses escales en Asie du Sud-Est, en Inde, etc. Les chargements et déchargements des containers peuvent prendre plus ou moins de temps...", renchérit Bruno Skotnicki, attaché de presse moto.
Devant la flambée des prix des containers (x10 au pic de la crise !) et la faible prédictibilité des délais (on ne sait pas quand les bateaux partent, encore moins quand ils arrivent), Honda songeait très sérieusement court-circuiter le fret maritime en acheminant ses machines par train, à travers... la Russie ! Bon, le projet a récemment capoté.
"Nous avons averti notre réseau que les soucis d’approvisionnement risquerait fort de durer jusqu’à cet été, au minimum", se morfond l’équipe Honda France... Mais celle-ci n’oublie pas pour autant qu’au final, l’ensemble de l’année 2021 a été rudement bonne, exceptionnelle même puisque Honda a mis fin à 26 années de règne de Yamaha en France !
Or, "il ne faut jamais se fier aux deux premiers mois de l’année qui correspondent à une période creuse dans notre activité", prévient Bruno Chemin, "mais nous avons bon espoir que 2022 se déroule comme 2021". Cette nouvelle année coïncide d’ailleurs avec un autre anniversaire important : Honda souffle les trente bougies de sa sportive Fireblade.
Pour marquer le coup justement, Honda expose une CBR900RR aux côtés de la CBR1000RR-R "30ème anniversaire" ... et d’un moteur de NR750, l’un des plus gros mais beau four bide commercial de Honda moto sortie en 1992 également. "Le succès, c’est 99 % d’échecs", estimait à juste titre Soichiro Honda, disparu en 1993.
Pour info, 116 exemplaires de la Fireblade Bleu-Blanc-Rouge peuvent encore être réservés sur le site dédié. La livraison est prévue "dès mai 2022", mais Honda France précise que "le mois de livraison mentionné sur le site est à titre indicatif et vous sera précisé par le concessionnaire Honda à la signature du bon de commande".
Le prix de cette série spéciale de Fireblade 2022 est fixé à 26 999 euros, "hors frais de mise en service et d'immatriculation du véhicule, prestations spéciales demandées par le client et accessoires". L’équivalent de 9 Miimo 3000, haut de gamme tondeuses autonomes et connectées "Made in France" depuis 10 ans !
En effet, "une grande majorité des produits d’équipement Honda sont assemblés dans l’usine française Honda France Manufacturing située dans le Loiret, à Ormes". Depuis juillet 1986, ce site fournit le marché français et plusieurs pays européens "pour assurer une production au plus proche et des délais minimums". Un bon point, en ces temps troublés.
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